Rechercher dans ce blog

vendredi 28 septembre 2012

Livre : François Hollande Edgar Morin




 
DIALOGUE SUR LA POLITIQUE,
la gauche et la crise

Il s'agit là d'un petit livre de 80 pages qui s'appuie sur un entretien réalisé pendant la campagne présidentielle par Nicolas Truong qui interroge le candidat François Hollande et le philosophe Edgar Morin. La discussion porte sur deux thèmes : la conception de la gauche et la perception de la crise. Il faut noter que Nicolas Truong se fait discret pendant cet entretien, permettant ainsi aux deux hommes d'avoir un véritable dialogue.
L'intérêt de cet ouvrage court réside essentiellement dans la qualité d'écoute de l'homme politique et du sociologue. On est ici bien loin des confrontations des plateaux de télévision où l'invective et le bon mot l'emportent sur l'argumentation raisonnée.
On connaissait bien la vision de la société d'Edgar Morin, le philosophe de la complexité. Il reprend lors de l'entretien quelques-unes des idées exprimées dans ses livres, notamment dans La Voie : nous vivons une crise de civilisation qui nécessite un changement d'ère, nous devons dépasser la querelle croissance/décroissance et faire le choix de faire croître les activités utiles, épanouissantes et décroître celles qui déshumanisent et détruisent la planète.
On avait tendance à présenter François Hollande comme un social-démocrate qui se contenterait de faire quelques aménagements à la société actuelle. On constate sur bien des points une convergence avec la pensée du sociologue même si elle s'exprime dans un vocabulaire différent, Quand Edgar Morin souhaite la métamorphose de nos sociétés, François Hollande propose une transition, quand le premier rêve d'une France « une, indivisible et multiculturelle » le second lui répond qu'il préfère « renforcer la laïcité dans la Constitution ».
On notera enfin que les deux hommes s'accordent sur la nécessité de miser sur la jeunesse pour « changer la vie ».

mercredi 26 septembre 2012

Automne, le mot de la semaine (84)


Chaque semaine, voici - à partir d’un mot -  

une   réflexion développée brièvement... 

          Aujourd’hui,  le mot : Automne




Pour beaucoup d'auteurs, l'automne évoque la mélancolie, la tristesse. Verlaine entendait " les sanglots longs des violons de l'automne", Lamartine, le vent " qui gémit dans le vallon".
Je ne partage pas leur vision.
Cessons de faire rimer automne avec monotone. Je préfère pour ma part dire que l'automne
m'étonne.

Dans le cycle des saisons, synonyme de vie toujours renouvelée, l'automne m'apparaît avant tout comme la période où la nature a le plus de charme. C'est au début de l'automne que les forêts ont leurs plus belles couleurs, que ce soit en Sologne ou au Canada. C'est en automne encore que les brumes matinales donnent aux paysages un air mystérieux, propice à la rêverie.
Les sous-bois, les prés, dégagent après la pluie des odeurs d'une grande variété, senteurs qui proviennent des champignons, de la terre humide, des feuilles qui pourrissent.
Dans les sentiers forestiers, on ne peut s'empêcher alors de penser à l'activité fébrile d'un monde que l'œil ne perçoit pas: faune fouisseuse, bactéries et champignons microscopiques qui fabriquent l'humus sur lequel naîtront les nouvelles pousses.
L'automne est source d'inspiration.


lundi 17 septembre 2012

Les écologistes (en 2012)



Le chemin sera encore long...

    À plusieurs reprises dans ce blog,  j'ai lancé quelques réflexions sur les faiblesses du mouvement écologiste qui n'a pas réussi à ce jour à obtenir les changements qui permettraient de garantir la durabilité de la planète. La satisfaction de nombreuses ONG à la sortie de la récente Conférence environnementale et la promesse de décisions futures allant dans le bon sens ne concernent que la France. Au niveau mondial, la question se pose toujours. 

Comment l'écologie politique évolue-t-elle ? Dans de nombreux pays, les partis verts restent très minoritaires. Or, c'est bien connu, la politique est avant tout un rapport de force. En France, après leur score calamiteux à l'élection présidentielle, les Verts ont peut-être été heureux d'avoir un groupe parlementaire grâce à un accord passé avec les socialistes, mais leurs ministres, tenus à l'obligation de solidarité gouvernementale, ont perdu leur liberté de parole. Le chemin vers une société alternative qui  remet en cause le productivisme et choisit la sobriété n'est pas encore à l'ordre du jour...

Quant à l'écologie associative, elle souffre d'abord d'une trop grande dispersion et d'un manque de cohérence. Beaucoup d'associations ne se préoccupent que de la question environnementale, certaines sont fondées uniquement dans le but de lutter contre un projet ( autoroute, aéroport, tunnel...) et refusent de conduire leur action dans le cadre d'une vision globale de la société.
On peut regretter aussi l'attitude sectaire de certaines écologistes radicaux, de partisans de la décroissance, qui s'évertuent à dénoncer le comportement des consommateurs que nous sommes tous et préfèrent les culpabiliser alors qu'il serait plus judicieux de chercher à les convaincre en partant du principe qu'il vaut mieux que tout le monde change progressivement ses habitudes plutôt que voir une toute petite minorité vivre vertueusement.

Bref il faudra encore attendre  pour que naisse la société écologique.

vendredi 14 septembre 2012

Sérendipité, le mot de la semaine ( 83)

Chaque semaine, voici - à partir d’un mot -  une   réflexion développée brièvement... et sans a priori. 

          Aujourd’hui,  le mot : sérendipité



Ceux qui écrivent, et en particulier les poètes, ont un regard personnel sur les mots. Ils n'ont pas besoin d'en connaître forcément le sens précis pour faire travailler leur imagination : c'est la sonorité des syllabes qui déclenche des sensations agréables, des effets de surprise, des images d'évasion (Nabuchodonosor, Kilimandjaro...)
Le néologisme sérendipité, créé à partir d'un concept anglais inventé au 18ème siècle et qui vient d'entrer cette année dans les dictionnaires, fait partie de ces mots qui attirent la curiosité.
Ce nom que William Boyd définit comme la faculté de « faire par hasard des découvertes heureuses» est appelé à être de plus en plus utilisé ; le journal Le Monde, dans son édition du 24 août a consacré sous le titre Sérénité deux pages « aux heureux hasards de la médecine ».Le concept n'intéresse pas seulement les milieux scientifiques, les entreprises commencent à l'intégrer dans leur stratégie. Tous ceux qui agissent dans des domaines où la créativité est indispensable seront amenés à mieux connaître le processus qui, dans l'invention et l'innovation, mêle l'intelligence collective et le hasard et qui consiste à « faire par hasard, lors d'une recherche, une découverte inattendue et à en saisir la portée. » ( Petit Robert)

Quant aux pédagogues qui dans le passé ont découragé tant d'élèves en soulignant les erreurs commises ( appelées aussi fautes !), ils pourront tirer profit des travaux qui montrent comment l'erreur intervient positivement dans le processus d'apprentissage.

Enfin, tous ceux qui sont concernés par la création artistique et littéraire et qui s'interrogent sur le cheminement chaotique que prend la pensée depuis le jaillissement d'une idée (dû à l'inspiration, au hasard, à une lecture ou une rencontre...) jusqu'à l'aboutissement de l'œuvre, trouveront dans la sérendipité des éléments de réponse.

mercredi 12 septembre 2012

La Conférence environnementale





Nous connaissons tous les limites des réunions de concertation organisées par les gouvernements, les engagements non tenus, la remise en cause de certaines propositions : le Grenelle de l'environnement voulu par l'ancien président a laissé un goût amer à ceux qui y avaient participé.
Le nouveau gouvernement s'apprête à ouvrir une conférence environnementale, après plusieurs déclarations peu rassurantes de ministres. Fallait-il pour autant bouder cette rencontre ? Bien sûr que non. Parce que la politique de la chaise vide ne permet jamais de faire avancer les dossiers auxquels on tient, il est indispensable que les associations agissent en tant que contre-pouvoirs et proposent des solutions innovantes que les gouvernants hésitent à utiliser car ils sont enfermés (parfois malgré eux car les électeurs veulent des résultats immédiats) dans une logique de gestion basée sur le court terme.
La plupart des associations ( Greenpeace, Humanité et Biodiversité entre autres) ont bien compris la nécessité de leur présence à cette conférence.
Parmi les questions traitées, deux revêtent une grande importance : l'énergie et la biodiversité.
En ce qui concerne la première, il faudra réussir à faire partager l'idée que la priorité doit être donnée aux économies d'énergie et que la transition énergétique doit être engagée avec la résolution d'en finir le plus vite possible avec la dépendance au nucléaire et avec le pétrole.
Quant à la biodiversité dont on n'a pas réussi jusqu'à présent à ralentir la dégradation, il faut d'abord que la prise de conscience de son importance soit beaucoup plus forte puis qu'elle soit protégée par un changement radical des politiques responsables de son appauvrissement, en premier lieu l'agriculture et la pêche.
La mise en péril de certaines espèces provient en effet des pratiques agricoles ( déboisement, emploi de pesticides, insecticides...).  Quant à la pêche industrielle, elle est la cause de la diminution des stocks, de la dégradation des fonds marins.
Il est donc important que lors de cette conférence le lien soit fait entre la question environnemental et les questions économiques et sociales.

mercredi 5 septembre 2012

Rentrée scolaire 2012 : espoir et attentes





Dans l'ambiance actuelle pleine de doutes et de désenchantement, la rentrée scolaire 2012 apporte une lueur d'espoir.
Pour la première fois depuis longtemps, l'éducation redevient une priorité nationale. Les engagements pris pendant la campagne présidentielle, les déclarations du ministre Vincent Peillon et les mesures d'urgence prises pour affronter cette rentrée, sont des signes qui permettent d'espérer une refondation de l'école.
Rappeler l'importance de l'éducation de base donnée à l'école maternelle qui permet de réduire les inégalités sociales, à l'école primaire où se construit le socle des savoirs indispensables à la poursuite des études (lire, écrire, calculer, apprendre à être autonome et à travailler en groupe) était une nécessité.
Redonner une formation solide aux enseignants où se mêlent la théorie ( intégrant pédagogie, psychologie et connaissance de la société) et la pratique était indispensable.
Penser en priorité à l'intérêt des élèves et non plus à celui de l'industrie du tourisme pour choisir les rythmes scolaires les plus appropriés sera une autre avancée.
Ces objectifs annoncés vont dans le bon sens, mais cela ne suffit pas : il faudra ensuite s'attaquer au plus difficile, la reconstruction d'une école qui partait à la dérive, où beaucoup trop d'élèves étaient en situation d'échec (élèves ne sachant pas lire, d'autres sortant sans diplôme, jeunes diplômés ne trouvant pas de travail).
Je ne reviendrai pas aujourd'hui sur les pistes possibles pour aller vers une école de la réussite. J'en ai déjà exposé quelques-unes dans ce blog.
Je rappellerai seulement deux points qui me semblent essentiels :
  1. La perception de l'école doit être claire : depuis 50 ans, les errements ont été nombreux. L'élève doit comprendre qu'il ne vient pas en classe pour s'amuser mais pour travailler. De son côté, l'école doit prendre en charge les différences, ne pas décourager les plus faibles. Aller à l'école doit être un plaisir pour tous.
  2. L'école ne doit pas être déconnectée de la vie mais elle n'est pas le porte-voix de la société actuelle. Elle n'est pas un lieu d'apprentissage de la compétition comme le prétendent certains pédopsychiatres. On y apprend à travailler ensemble, à coopérer. Les qualités relationnelles et la dynamique de groupe sont déjà importantes dans les entreprises tournées vers l'avenir. Continuer de classer, de noter des élèves est devenu inutile.

lundi 3 septembre 2012

Impressions de rentrée




Le temps des vacances est fini. Les événements qui ont occupé les médias en juillet et en août sont déjà loin : le Tour de France que les gens continuent de regarder malgré les tricheries enfin reconnues, les Jeux olympiques et les dieux du stade qu’on admire pour leurs exploits, les prévisions  de la météo suivies de près car on a soif de bronzage...
Septembre est là et il faut à nouveau affronter la réalité. L’embellie sera sans doute  longue à venir. Encore faut-il, pour la préparer, définir la  société que nous voulons.

Pour ma part, trois  domaines semblent essentiels ; ils sont liés les uns aux autres.
L’humain : la société moderne confond les valeurs qui rendraient la vie agréable pour tous (la convivialité, le partage, la solidarité…) et les richesses confisquées par une minorité (profit, rentabilité, actions qui rapportent beaucoup).
Que 3 millions de Français soient sans emploi aujourd’hui (il faut y ajouter 5 millions de mal-employés selon l’Expansion de septembre), que des gens ne mangent pas à leur faim, qu’ils n’aient pas de logement, tout cela est insupportable.

L’environnement : Si la question sociale est importante, elle ne peut être déconnectée des problèmes environnementaux : le bien-être dépend aussi de la qualité de l’air, de l’eau, des sols, de la biodiversité…
On ne peut prendre des risques insensés menaçant les vies humaines, animales et végétales en les justifiant par la nécessité économique : privilégier le nucléaire après Tchernobyl et Fukushima, installer des plateformes offshore pour trouver un pétrole qui devient rare et disparaîtra bientôt, exploiter le gaz de schiste, cela n’a pas de sens.

L’économie : Il est urgent de la remettre à sa vraie place. Keynes exprimait cette idée par une belle image : « Les économistes sont présentement au volant de nos sociétés, alors qu’ils devraient être sur la banquette arrière. »
 Depuis 150 ans, la finance domine le monde. La priorité donnée à l’argent conduit aux aberrations les plus étranges : produire des déchets massivement pour en faire des sources de  revenus, acheter et revendre des droits à polluer  au nom de la lutte  contre le réchauffement climatique…
Autant de pratiques insensées alors qu’il faudrait s’appuyer sur des principes simples : l’éthique, le partage, le bon sens. 
Autant de changements nécessaires pour que les rentrées à venir soient plus heureuses.

Chroniques les plus lues