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lundi 28 janvier 2013

Un mot, une question (1) : Algérie


Un mot : Algérie

Une question : Peut-on justifier des actes barbares au motif qu'ils ont été commis « à une autre époque ? »



J'ai entendu ce week-end, sur une chaîne de télévision*, les propos édifiants d'une responsable politique. Cette femme qui fait partie des dirigeants du principal parti de l'opposition et qui, à ce titre, jouera peut-être un rôle important ces prochaines années, a été interrogée sur le passé de son père, ancien membre de l'OAS, cette organisation clandestine qui lutta au début des années 60 pour que «  l'Algérie reste française ».

Rien ne peut justifier les méthodes de l'OAS.
D'abord, parce que la cause qu'elle voulait défendre s'appuyait sur un postulat erroné : l'Algérie fait partie du Maghreb ; elle est devenue française parce qu'elle a été envahie, La domination violente qu'elle a subie s'est traduite pendant 40 ans par la destruction de villages, par de nombreux massacres de civils et de prisonniers. La population algérienne est passée à cette époque ( 1830 – 1872) de 3 millions à 2,125 millions d'habitants, soit une diminution de près d'un tiers.

Ensuite, parce que les méthodes utilisées par l'OAS sont indéfendables : assassiner des civils, personnalités politiques ou anonymes, commettre des attentats, préparer des putschs, sont des actes contraires à la morale, à la démocratie.

Bien sûr, il n'est pas facile pour un enfant de désavouer les actes commis par son père. Mais quand on a une responsabilité politique, on doit avoir le courage, si on désapprouve ces agissements, d'exprimer publiquement son désaccord. Ce ne fut pas le choix de l'intervenante. Bien au contraire, elle reprit, pour se défendre, un argument mille fois entendu, celui qui consiste à dire qu'on ne peut juger aujourd'hui, une action, aussi horrible soit-elle, qui s'est déroulée il y a mille ans, un siècle ou 50 ans en ce qui concerne cet épisode de la guerre d'Algérie.

Cet argument ne tient pas la route. Que l'on ait un jugement distancié sur des comportements remontant à la préhistoire, à l'époque où l'Homo sapiens se distinguait à peine de l'Hominidé, cela est compréhensible. Mais comment excuser les crimes commis par l'homme moderne nourri de morale et de culture et qui a appris qu'il ne fallait pas tuer et qu'il fallait respecter les autres ?
Les tortures imposées par des soldats, les viols, les assassinats, toutes les barbaries que l'Histoire a connues depuis 2000 ans, lors des invasions passées, celles liées au colonialisme, celles commises par le nazisme, tous ces actes ne trouvent aucune excuse.

On ne peut justifier des actes de barbarie au motif qu'ils ont été commis à une autre époque.



* On n'est pas couché – France 2

vendredi 25 janvier 2013

Mali et autres guerres


LE FAIT MARQUANT n° 2
  
Mémorial Vétérans du Vietnam - Washington

Dans le monde d'aujourd'hui, il est courant de dissimuler la réalité et de présenter une vision réductrice des faits ; cela permet parfois d'obtenir sur certaines questions une majorité d'opinions favorables, voire un consensus. Cette méthode n'a qu'un avantage momentané et ne résiste pas sur la durée à la réalité des faits.

Cette remarque s'applique parfaitement à la question de la guerre.

On entend dire fréquemment que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les gens ont la chance de vivre en paix. C'est vrai qu'aucun conflit n'a touché le monde entier depuis 1945, mais la guerre n'a cessé de faire des victimes : guerres du Vietnam, d'Algérie ( que pendant quatre décennies on a refusé de nommer guerre), guerres de Corée, du Liban, d'Israël-Palestine, d'Afghanistan, du Kosovo, d'Irak,de Libye, de Syrie... et d'autres encore.

Cacher la vérité, c'est aussi utiliser un vocabulaire plus soft  dans certaines circonstances : le mot guerre, trop effrayant, est alors remplacé par conflit ou opération militaire ; c'est parfois employer le terme le plus fort pour obtenir plus facilement  l'adhésion des citoyens : ainsi constate-t-on que le mot terrorisme est souvent  utilisé, et pas toujours à bon escient.

C'est ce qu'on observe actuellement avec ce qui se passe au Mali.

L'empressement avec lequel la plupart des personnalités françaises ont salué l'entrée en guerre de la France dans ce pays est pour le moins prématuré. Comment porter un jugement pertinent sur une action qui vient de débuter et dont personne ne peut prévoir les conséquences sur le long terme ? Il suffit de constater dans quel état se trouvent aujourd'hui les pays dans lesquels des puissances étrangères sont intervenues ces dernières années : Iran, Irak, Libye...pour pouvoir affirmer que les guerres menées contre les régimes totalitaires n'ont rien résolu.

Nous vivons malheureusement  dans un monde où rien ne garantit la paix car le poids des intérêts économiques ( liés notamment au pétrole, à l'armement...) est si fort qu'il est confronté à des situations difficilement gérables, frôlant parfois l'absurde. Ne voit-on pas par exemple en ce moment des armes libyennes récupérées par des djihadistes tuer des gens au Mali ( comme l'écrit cette semaine le Canard enchaîné) ?

Dans de telles conditions, une paix durable à travers le monde reste un rêve lointain.

jeudi 17 janvier 2013

La poussée végétarienne


LE FAIT MARQUANT (1)

Ecouter la rumeur du temps présent c'est être attentif à tout ce qui touche l'humanité et la planète qui l'héberge : questions sociales, économiques, environnementales. Les objectifs peuvent être divers et se rejoindre parfois : les uns observent en tant que scientifiques ou journalistes, les autres en tant qu'artistes ou écrivains ; certains le font en tant que citoyens engagés, d'autres encore le font en mélangeant les genres.
Dans cette nouvelle rubrique dénommée Le fait marquant, je m'attacherai à signaler un fait ou un évènement qui me semble important et sur lequel évidemment je donnerai mon avis, en toute liberté comme d'habitude.



La poussée végétarienne

C'est la lecture du magazine Le Point du 10 janvier qui a lancé le débat sur les « vérités et mensonges » concernant la viande, à l'occasion de deux livres écrits sur cette question : 
« Halal à tous les étals » de Michel Turin et « No steak » d'Aymeric Caron, sorti le 16 janvier.
Plusieurs télés et radios ainsi que la presse écrite se sont aussi emparées du sujet.
Poser le problème de la viande il y a 40 ans aurait sans doute provoqué de nombreuses moqueries comme ce fut le cas lorsque des scientifiques, des philosophes et des militants, annonçaient au milieu des années 70 les difficultés auxquelles les gens des pays riches seraient confrontés s'ils ne modifiaient pas leur mode de vie. On a pu constater depuis la justesse de leurs prévisions.

En 2013, le discours des végétariens et végétaliens, des défenseurs des animaux, qui consiste à dénoncer les souffrances subies par les animaux destinées à la boucherie et à demander de ne plus manger de viande (ou au minimum de réduire sa consommation), est pris très au sérieux d'une manière générale.
Les arguments des opposants au régime carné sont irréfutables et poussent déjà certains défenseurs du bifteck à en reprendre quelques-uns ( notamment ceux concernant les pratiques de l'élevage industriel et le danger pour la santé d'un abus de viande).
Ces arguments sont de plusieurs ordres : motifs écologiques ( consommation d'eau nécessaire, surface de terres requise , pollutions, motifs éthiques ( refus de la souffrance animale et du droit de tuer des êtres sensibles), motifs liés à la santé ( à cause des pratiques dans les élevages en batterie).
Il est d'ailleurs étonnant de noter l'absence de discours clair des responsables de l'écologie politique sur cette question alors que ces trois thèmes ( environnement, santé, respect de la vie) qui les concernent de près auraient dû les faire réagir.

D'autant plus que l'écologisme s'est fondé sur la contestation d'une société qui enferme l'individu dans certains préjugés, qui énonce des idées fausses pour imposer sa logique.
C'est bien ce qui se produit avec la consommation de la viande ( recommandée par beaucoup de médecins, imposée dans les cantines à l'école, soutenue par les gouvernements).
Comme je l'écrivais dans un autre billet : « Choisir de devenir végétarien est un acte de liberté qui permet de s’émanciper du discours entendu dès l’enfance, dans la famille, à l'école, dans l'entreprise, afin d'être en harmonie avec ses convictions ( respect des animaux, protection de l'environnement) ».
C’est donc un choix profond lié à un engagement qui concerne l'ensemble de la société.



mardi 15 janvier 2013

Changer d'ère (7)


Oui, l'humanité a un avenir


Nous vivons la fin d'une époque ; l'ère nouvelle reste à inventer. Les six billets rassemblés sous le titre Changer d'ère ont défini les préalables nécessaires au changement. Je les rappelle brièvement : 
- Il faut avoir la sagesse de remettre en cause les erreurs du passé et du présent, et avoir l'audace d'affronter le changement.
- Une nouvelle logique s'impose surtout en ce qui concerne l'économie.
- Il faut penser globalement et sur le long terme.
- L'autonomie de chaque être humain, sa liberté  : là est l'essentiel.

Cette réflexion sur un avenir possible n'est pas une vue de l'esprit. Elle s'appuie sur une réalité que je constate chaque jour dans mes activités : le dérèglement environnemental, la détresse des personnes sans emploi, sont visibles au quotidien, mais déjà la preuve est apportée qu'on peut changer les choses.
Et si elles sont encore insuffisantes aujourd'hui, les initiatives rompant avec la logique du système dominant commencent à émerger.
Au niveau des collectivités territoriales, depuis le sommet de Rio en 1992, dans le cadre des Agendas 21 des avancées ont eu lieu et la Région Nord/ Pas-de-Calais a montré l'exemple ; j'ai pour ma part, dès 1996, jeté les bases d'un tourisme durable bien ancré dans l'économie locale.
Au niveau de l'Europe, les projets soutenus s'inscrivent désormais dans le cadre d'un développement soutenable.
Quant aux entreprises, elles sont de plus en plus nombreuses à adhérer à la démarche RSE ( Responsabilité Sociétale des Entreprises) qui constitue un premier pas important vers un monde plus humain. Et puis il y a surtout l'émergence provenant des associations et de l'économie sociale et solidaire qui démontrent que de nouvelles formes d'économie sont possibles ( d'autres d'ailleurs sont encore à inventer).
Alors quand, au cours d'une des conférences que je donne sur la question, des gens me disent : « Vos propositions sont intéressantes, mais elles sont utopiques », il m'est facile de balayer leurs réticences : il suffit de leur rappeler cette réalité, sans masquer les difficultés qui sont elles aussi bien réelles.

EN GUISE DE CONCLUSION

Oui, le changement est possible, il suffit de le vouloir. Mais, il faut bien le dire, ce n'est pas gagné d'avance. Le passage à l'ère nouvelle rencontrera de fortes résistances : celles-ci viendront d'abord de ceux qui profitent du système actuel ( financiers, multinationales, dirigeants totalitaires...) Elles viendront aussi de certains citoyens des pays riches qui auront du mal à abandonner les habitudes que la société de consommation a ancrées dans leur esprit dès le plus jeune âge.
Il faudra persévérer, faire preuve de pédagogie pour faire émerger la société sobre et conviviale qui apparaît comme la seule issue possible.
Aucun modèle n'existe à ce jour et il n'est pas question de se retourner sur le passé comme on l'entend dire parfois. Il faut refuser l'idée que la société actuelle ne pourrait pas évoluer. Il faut poursuivre la marche en avant de l'humanité pour atteindre une nouvelle étape de son évolution.

Si l'on n'y parvient pas, l'humanité sera confrontée à des scénarios tragiques allant de l'inondation de régions entières aux conflits écologiques, à la progression des régimes totalitaires.
Ne soyons pas résignés ou peureux : agissons.

dimanche 13 janvier 2013

Changer d'ère (6)


Nous vivons la fin d'une époque ; l'ère nouvelle reste à inventer. Dans ce sixième billet de la série, voici quelques réflexions sur une voie qui me paraît être la seule possible.

Aujourd'hui : l'Homme libre



La société qui émergera après l'ère industrielle aura pour but de rendre leur dignité aux hommes et aux femmes du 21e siècle et des siècles suivants, quel que soit le pays où ils sont nés.
Cela suppose que chaque être humain ait accès aux biens essentiels à la vie de tous les jours et qu'il jouisse de toutes les libertés.

En 1576, avec beaucoup beaucoup de clairvoyance, Jean Bodin écrivait qu' « il n' y a de richesses ni de forces que d'hommes. »
La société industrielle n'a pas entendu ce message : elle a donné la priorité aux capitaux et aux choses matérielles. Le véritable changement consistera à mettre l'être humain  au cœur du projet de l'ère nouvelle.

Au début du 20e siècle, alors que les dérives du système productiviste n'étaient pas à leur paroxysme, Max Weber affirmait : «  Nous sommes passés du monde enchanté des hommes au monde désenchanté des machines. »
Il faudra briser ce désenchantement qui provient d'une perte du sens du monde, de la réduction de chaque individu au statut de producteur / consommateur, et conduit à l'absence de perspectives qui donnent de l'espoir aux gens.

Le réenchantement doit concilier le bien-être individuel et le bien vivre ensemble, l'autonomie de chacun et la bonne santé de la collectivité.

Réenchanter l'être humain, c'est vouloir que chacun retrouve sa liberté après avoir eu  la force de réagir contre l'uniformité, contre le conformisme. C'est faciliter son intégration dans un groupe social qui n'étouffe pas son individualité et où les générations se mélangent, où les hiérarchies sont atténuées, où les différences sont acceptées et les minorités respectées.

Réenchanter l'être humain, c'est prendre en compte l'homme multidimensionnel, un homme dont la vie ne se borne pas au cadre du travail auquel est liée l'obsession du chômage, un homme qui s'épanouit dans ses relations sociales, dans ses loisirs, dans la créativité, dans l'attachement qu'il porte à tout ce qui vit.
C'est rendre à l'homme sa dimension poétique, lui permettre d'exprimer en toute liberté sa pensée, sa sensibilité, la richesse qui est en lui et qui fait de chaque être humain un être unique.

Prochain billet : EN GUISE DE CONCLUSION

jeudi 10 janvier 2013

Changer d'ère (5)


Nous vivons la fin d'une époque ; l'ère nouvelle reste à inventer. Dans ce billet et ceux qui suivront, voici quelques réflexions sur une voie qui me paraît être la seule possible.
 

Billets précédents :
1. Sagesse
2. Nouvelle logique
3 .Tisser des liens (la pensée globale)
4. Le rapport au temps



Aujourd'hui : Indispensables équilibres

Aveuglé par un sentiment de puissance, l'Homme a cru que la technologie pouvait ne pas avoir de limites. Il a oublié que « science sans conscience » pouvait mener à la catastrophe. Il a oublié aussi son appartenance à une planète aux ressources limitées , il a oublié enfin l'un des principes de l'écologie définis par Barry Commoner : «   La nature en sait plus. »

L'ère nouvelle aura pour première tâche de réduire les déséquilibres causés par les activités humaines sur notre environnement.
D'abord, il faudra agir contre le dérèglement des cycles naturels aux conséquences néfastes. Celui du carbone produit le réchauffement climatique ; le raccourcissement du cycle de l'eau provoque inondations et sécheresse, et réduit la quantité d'eau potable. Une seule solution s'impose : le recours à la sobriété.
En ce qui concerne la nature, on sait que son organisation est parfaite : dans un écosystème, la recherche de l'équilibre est permanente. Cependant il faut se rendre à l'évidence : premièrement les espaces naturels non modifiés par l'homme sont devenus rares, deuxièmement la biodiversité ne retrouvera pas sa richesse antérieure. Le seul objectif réaliste est donc de ralentir puis de stopper le processus d'appauvrissement, notamment  en mettant fin à l'utilisation des produits polluants, en maîtrisant l'urbanisation et en aidant la nature à reconstituer les effectifs des espèces en danger.

Les déséquilibres qui affectent la société dans différents domaines ( répartition des richesses, aménagement des territoires, connaissances et information...) peuvent et doivent être corrigés.

Passons en revue quelques-uns d'entre eux :

La démographie : l'accroissement de la population mondiale qui est passée en un siècle et demi d'un milliard à 7 milliards d'habitants a accéléré les déséquilibres mondiaux. Cette progression doit ralentir, grâce à la mise en place d'un programme ambitieux d'information et d'éducation afin de limiter le nombre des naissances. Il est en effet illusoire de croire que la qualité de la vie peut être assurée pour tous au-delà d'un certain seuil.

Le Nord et le Sud : l'objectif précédent ne pourra être obtenu que si l'on met fin à la pauvreté des pays en voie de développement où les naissances nombreuses apparaissent comme un moyen de survie. C'est par un changement économique basé sur l'équité ( en payant au juste prix les produits venant des pays pauvres et en ne pillant pas leurs ressources ) qu'on parviendra à réduire les maux dont ils souffrent : malnutrition, famines, privation d'eau potable, insuffisance de soins pour lutter contre les maladies...

L'aménagement des territoires : dans les pays riches comme dans les pays pauvres, la répartition des populations est déséquilibrée, rendant la vie difficilement supportable aussi bien dans les mégapoles que dans les campagnes. A l'intérieur d'un même pays, les inégalités entre territoires sont parfois criantes. Un aménagement équilibré doit prendre en compte ces deux problèmes.

Le local et le global : tout le monde a conscience que les questions économiques et environnementales dépendent du contexte mondial. Le principe de la mondialisation est donc nécessaire mais ses objectifs ne peuvent être ceux qui sont en vigueur actuellement.
La nouvelle mondialisation doit s'inscrire dans la perspective d'une société juste, solidaire, écologique et conviviale.
Mais en même temps, tout citoyen du monde doit pouvoir s'appuyer sur ses racines pour trouver l'épanouissement auquel il aspire, d'où la nécessité d'un équilibre entre le global et le local.

Les connaissances : le partage des connaissances et des informations est le moyen le plus approprié pour aller vers une démocratie vivante. C'est par l'échange constant entre les personnes ayant des compétences variées, quel que soit le niveau de chacun, que naîtront les idées neuves et que se construira l'ère nouvelle.

lundi 7 janvier 2013

Changer d'ère (4)


Nous vivons la fin d'une époque ; l'ère nouvelle reste à inventer. Dans ce billet et ceux qui suivront, voici quelques réflexions sur une voie qui me paraît être la seule possible.
 

Billets précédents : 
1. Sagesse
2. Nouvelle logique
3.Tisser des liens (la pensée globale)





Aujourd'hui : Le rapport au temps


En s'éloignant de la nature, l'homme a modifié son rapport au temps, ce qui l'a conduit à avoir des comportements curieux : parfois absurdes, parfois contre-productifs, souvent contradictoires et aberrants.
Autrefois rythmée par le lever et le coucher du soleil et par le cycle des saisons, la vie de l'homme subit depuis quelques décennies les contraintes d'un mode de vie imposé par la transformation du travail, par un aménagement du territoire qui oblige à se déplacer plus et par une perte des repères essentiels ( ceux qui contribuent à un art de vivre).

L'aberration la plus flagrante de notre époque concerne la place accordée à la vitesse. Depuis cent ans, celle-ci est devenue une obsession : de nombreux  progrès techniques, dans les transports et les entreprises, sont basés sur l'objectif d'aller toujours plus vite. En ce qui concerne les activités économiques, c'est bien entendu l'accroissement de la rentabilité qui est recherchée. Les premières publicités parues au début du siècle dernier pour pousser à la mécanisation l'annonçaient clairement : « Acheter les nouvelles machines coûtera moins cher que payer des ouvriers ».
La société moderne qui, d'un côté cherche sans arrêt à gagner du temps, en fait perdre par ailleurs à des millions de personnes. Il y a celles et ceux qui passent une heure, voire plus, chaque jour pour aller de leur domicile à leur travail, par le train ou le métro. Ceux qui prennent leur voiture connaissent matin et soir les ennuis causés par les embouteillages ( rappelons au passage que la voiture est l'exemple type de « l'outil » contre-productif).
Combien d'heures sont ainsi perdues qui pourraient être utilisées à des activités enrichissantes !
A ce sujet, il faut espérer que l'internet qui permet de réduire les déplacements liés au travail sera utilisé à l'avenir d'une manière de plus en plus pertinente, en gardant sa convivialité actuelle.

Concernant le temps, la seconde question qui devra être revue est celle de la durée de vie des objets. A l'évidence, c'est l'objectif de faire consommer toujours plus qui a conduit les firmes à mettre sur le marché des produits conçus pour être rapidement hors d'usage ou considérés comme obsolètes par l'arrivée de nouveaux objets plus performants.
Cette façon de faire coûte cher à la société qui subit les conséquences de ce gaspillage en dépense d'énergie, épuisement des ressources, augmentation des pollutions. Elle a aussi un coût pour les gens obligés de changer fréquemment des objets qu'on ne peut plus réparer.
Le bon sens et la préservation de l'environnement nous obligent à remettre en cause cette politique du tout-jetable.

Enfin, troisième point sur lequel nous devons agir pour entrer dans l'ère nouvelle : il s'agit de la façon dont nous appréhendons l'avenir. Une vision basée sur le court terme n'est plus de mise. Toutes les décisions importantes doivent être préparées en tenant compte de leurs conséquences sur le long terme. En ce qui concerne les décisions prises par les responsables politiques, on sait que le système démocratique – qui certes est le meilleur de tous – ne facilite pas les choses. Beaucoup trop d'élus adaptent leur vision à la longueur de leur mandat ; d'autre part, l'alternance conduit parfois les nouveaux élus à remettre en cause les décisions de leurs prédécesseurs ( en France, par exemple, depuis 40 ans, on a eu de nombreuses réformes de l'Education nationale). 
Sur cette question du fonctionnement de la démocratie de nombreuses améliorations seront nécessaires.

vendredi 4 janvier 2013

Changer d'ère (3)


Nous vivons la fin d'une époque ; l'ère nouvelle reste à inventer. Dans ce billet et ceux qui suivront, voici quelques réflexions sur une voie  qui me paraît être la seule possible.
 

Billets précédents : Sagesse (1)
Nouvelle logique (2)




Aujourd'hui : Tisser des liens ( la pensée globale)

Si nous voulons réussir la transition vers la nouvelle ère, il faut en premier lieu changer notre mode de pensée.
Commençons par  diminuer le spécialisation.

- Celle-ci déshumanise : dans les entreprises, le travail perd son sens. L'employé accomplit une tâche bien précise sans maîtriser l'ensemble ; en médecine, le spécialiste soigne un estomac ou un cœur sans connaître la personne dans sa globalité.

- Dans l'éducation, deux dangers existent : certaines formations pointues offrent peu de débouchés en terme d'emploi ; d'autre part, une spécialisation non reliée à d'autres connaissances est une aberration culturelle.

Prenons un exemple concret pour illustrer ces propos : Comment définir une politique de développement touristique pour le 21e siècle, dans le cadre de l'ère nouvelle ?

Bien sûr, il ne pourra s'agir que d'un tourisme « durable » c'est-à-dire un tourisme équilibré et de qualité s'appuyant sur les valeurs naturelles et culturelles du territoire et qui renforcera l'économie locale, en impliquant les habitants dès la conception du projet.
Sur ces bases, il faut prendre en compte tous les paramètres contribuant à la réussite du projet : la question des transports, la mise en valeur des richesses culturelles et paysagères, les hébergements et la restauration ( qualité et authenticité des produits), les activités de loisirs, la qualité de l'accueil ( formation initiale et continue, pratique des langues étrangères ), actions de communication, etc...
Toutes ces questions, traitées séparément aujourd'hui dans la plupart des cas, doivent être reliées entre elles pour le territoire donné et incluses dans une vision plus large ( les territoires voisins, la région, les pays limitrophes...)

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