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lundi 27 mai 2013

Sur mon bloc-notes : Semaine 22 - 2013



J'entame aujourd'hui une nouvelle rubrique ( intitulée  Sur mon bloc-notes ) que vous retrouverez chaque semaine. Ainsi le sous-titre de ce blog – Carnet de bord – sera mieux justifié.
À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus de lectures, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves seront une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.


Les métiers de demain :
Régulièrement paraissent des articles qui décrivent les secteurs d'activités dans lesquels on embauche. Ces données présentent peu d'intérêt car elles ne concernent que le court terme. Quand comprendra-t-on que l'urgence est de former des jeunes dont la qualité première sera d'être capables de s'adapter tout au long de leur carrière aux évolutions de la société ?

Georges Moustaki :
Les articles rédigés quand un personnage connu disparaît sont difficiles à réussir ; les hommages ont tous un air de ressemblance et on peut douter parfois de leur sincérité. Je me suis risqué une seule fois à faire cet exercice : c'était en mars 2010, à la mort de Jean Ferrat. Je ne recommencerai pas.
Georges Moustaki avait lui aussi un grand talent. Le meilleur hommage qu'on puisse lui rendre est de continuer à écouter ses chansons.

La transition :
Quand l'idée de développement durable est apparue, malgré les réticences que j'avais sur cette appellation, j'ai pensé que c'était un concept intéressant et je n'ai pas hésité à le promouvoir. Hélas l'idée a été rapidement dénaturée, notamment par les grandes entreprises, à des fins commerciales.
Au moment où débute la période dite de transition, cruciale pour l'avenir de l'humanité, je pense que nous – citoyens et associations – devons être très vigilants afin d'empêcher une fois encore le détournement du concept.
Pour cela, il faut rompre avec la pensée des siècles passés. L'ère industrielle s'achève, l'ère nouvelle doit avoir de grandes ambitions : développer les connaissances,  éliminer la famine et nourrir sainement les populations sont prioritaires.

Silences :
Les idées de poèmes viennent brutalement ; il faut, pour qu'elles ne s'envolent pas, les noter aussitôt. C'est ainsi que cette semaine, j'ai écrit sur mon carnet : Silences ( au pluriel car le silence prend différentes formes).
Silence des déserts, silence des montagnes, silence des forêts et des cathédrales...
Le travail sur les mots va pouvoir commencer. Combien de temps cela prendra-t-il ? Impossible de le dire.

Festival de Cannes :
Le cinéma a deux visages. C'est un art à part entière qui exige créativité et profondeur. Il a donné depuis ses débuts de nombreux chefs-d'œuvre en explorant l'âme humaine et les travers de la société, grâce à Chaplin, Bergman, Fellini, Visconti, Godard et beaucoup d'autres.
Et dans le même temps les cérémonies telles que le Festival de Cannes donnent du cinéma une image de frivolité souvent agaçante.




mercredi 22 mai 2013

Steiner, la poésie et ses mystères



Dans le Monde du 11 mai, il y avait une photo de Georges Steiner, le grand critique et philosophe, qui répondait aux questions de Nicolas Weill.
Avant même de lire l'article, j'ai observé la photo : ce penseur de 84 ans de renommée internationale arborait un beau sourire malicieux, avait le regard en coin et portait un modeste pull rouge. Il se présentait au journaliste tel qu'il est, un érudit qui reste modeste et constate humblement qu'  « on ne peut pas tout comprendre ».
Georges Steiner a écrit en 2011 " Poésie de la pensée". Ses idées sur le processus de création et les relations entre le créateur et ceux qui évaluent l'œuvre ( le public et les critiques) m'ont particulièrement intéressé.

Sur le premier thème, je me suis posé beaucoup de questions ; j'ai eu l'occasion  d'apporter un témoignage, il y a une trentaine d'années, lors d'une conférence dans laquelle, à partir de textes que j'avais écrits, je cherchais à expliquer comment naît un poème. 
J'ai tenté de dérouler le fil en partant du déclic initial – l'instant le plus mystérieux - pour aboutir au texte final ( je n'écris pas définitif car il m'arrive fréquemment de retoucher, des années plus tard un texte en vers ou en prose).
Il est impossible de définir un processus type, tant l'étincelle qui est à l'origine d'une création est varié : j'ai écrit le Chant de la mer* en écoutant la Mer de Debussy, chacune des strophes de ce poème en prose étant bâtie sur la mélodie ; le Porte-plume* fut d'abord une chanson, j'en ai fait le symbole d'un progrès discutable ; le poème L'instant* a été inspiré par un vieux banc usé, lors de vacances dans les Vosges,  et le dernier poème publié Minuit sonne* - jailli une nuit par hasard - a dormi pendant des années dans un carnet : je ne parvenais pas à le terminer.
Une chose est sûre : la création qui relève de l'imagination (poème, roman avec des personnages non réels) a pour point de départ un déclic qui vient de l'inconscient, du subconscient, c'est un phénomène qui s'impose au créateur. Ensuite arrive le travail conscient et consciencieux, comparable à celui de l'artisan qui cherche à faire la plus belle œuvre possible.
Pour sa part,Georges Steiner dit que c'est " le mystère de l'innocence qui caractérise la création." Cette affirmation me plaît.

En ce qui concerne les relations entre le créateur et ceux qui reçoivent l'œuvre, je partage son avis. J'ai toujours pensé que les commentaires sont des exercices inutiles, Steiner les juge " parasitaires". Il ajoute que " l'œuvre n'a besoin de personne".
Ce ne sont pas les critiques qui aident celle-ci à vivre, même si un succès momentané peut lui être favorable. C'est le temps qui est le meilleur juge.



vendredi 17 mai 2013

Les gens (n°25) : Humanité et humanisme





Dans sa chronique mensuelle d'octobre 2012, consacrée à la corrida qu'il considère à juste titre comme un acte de barbarie, Michel Onfray écrivait :

" Toute la civilisation est effort d’arrachement de la barbarie pour aller vers la culture ".
J'aime cette phrase parce qu'elle exprime en quelques mots l'enjeu principal de la société d'aujourd'hui, une société au bord du gouffre qui doit chercher, si elle veut survivre, une autre voie que celle qu'elle a prise il y a 150 ans.

D'une autre façon, certains expriment leur crainte du présent et surtout de l'avenir en cherchant refuge ailleurs, par exemple en préférant la compagnie des animaux à celle des humains. Je peux comprendre qu'une personne qui a été victime de la brutalité, de la lâcheté, du mépris, de la bêtise, d'une ou plusieurs personnes, puisse trouver un certain réconfort auprès de ses chats ou de ses chiens. Je fais partie de ceux qui aiment les animaux, je dénonce les souffrances qu'ils subissent et je pense que leurs droits doivent être reconnus. Mais je n'oublie pas les souffrances des gens sans emploi, des peuples affamés, de ceux qui vivent sous un régime dictatorial.
Notre devoir est de les aider, de les soutenir.

Depuis l'enfance, j'ai eu la chance d'être entouré de personnes de grande qualité : grands-parents, parents, femme, enfants, amis ; j'ai eu la chance de côtoyer des gens formidables : des professeurs passionnants, des militants motivés, des élus dévoués, des femmes africaines combatives, des bénévoles sur qui on peut compter, des intellectuels simples et modestes...Autant de personnes qui ont contribué à me donner une image positive de l'humanité.

Mais l'Histoire est remplie de personnages détestables et l'actualité nous montre chaque jour la face sombre de gens peu recommandables : lâches, menteurs, méprisants, racistes, xénophobes, homophobes, misogynes, exploiteurs, prétentieux, charlatans...
La nature de ces gens ne changera pas miraculeusement mais il appartient à la société de se donner les moyens de protéger les plus faibles, de créer les conditions pour que les rapports avec les autres, avec la nature, changent.
Et - c'est ce qui me ramène à la phrase de Michel Onfray - cela ne sera possible que si la civilisation évolue en continuant de faire reculer la barbarie et de faire progresser la culture, c'est-à-dire les idées humanistes : une morale basée sur le respect des autres, la solidarité, la convivialité.

Et nous sommes de plus en plus nombreux aujourd'hui à travailler dans ce sens.

mercredi 15 mai 2013

Ecrire c'est partager





Ecrire, c'est partager : partager des émotions, des idées. Cette conviction, je la mets en pratique depuis que j'ai commencé à écrire. 
Lorsque j'avais une vingtaine d'années, je présentais au public mes textes sous des formes variées, en les accompagnant de musique ou parfois de diapos. Quand des gens venaient à ma rencontre pour dire le plaisir qu'ils avaient eu à m'entendre, je me disais que j'avais atteint mon but : j'avais partagé quelque chose.
Aujourd'hui, Internet a bouleversé notre façon de communiquer ; le blog fait partie des outils conviviaux qui amènent l'information, la pensée, instantanément, partout dans le monde. Etre publié ne me paraît plus essentiel ; il ne faut pas craindre d'utiliser les technologies nouvelles quand elles apportent un progrès. (J'en profite pour remercier celles et ceux qui  lisent mes billets et qui  de temps à autre m'adressent un message sympathique).

Le blog n'est pas un livre et encore moins un recueil de poèmes.
Quand j'emploie le mot livre, je ne pense pas à ces nombreux ouvrages écrits rapidement par des célébrités qui n'ont rien à dire d'important. ( Combien d'arbres pourraient être épargnés chaque année!). 
Je parle du vrai livre, qu'il s'agisse d'un roman ou d'un essai, un livre construit après un temps de réflexion plus ou moins long, selon un plan qui lui donne sa cohérence, un livre bien écrit et dont le style plaît parce que l'auteur a beaucoup travaillé pour exprimer au mieux son talent. Les brouillons de pages écrites depuis des siècles sont la preuve de ce travail patient.

Avec la poésie, on entre dans un domaine différent. On imagine mal un poète se mettre chaque jour, à heure régulière, devant son ordinateur, taper le titre de son poème et se dire :
- Maintenant, au travail !
Georges Steiner, grand critique et philosophe, a beaucoup écrit sur ce sujet. J'aurai l'occasion d'y revenir prochainement.

Le blog, c'est encore autre chose. Et il y a une telle variété de blogs qu'il est difficile d'établir une règle générale ; je ne parlerai donc que de la façon dont j'ai  conçu le mien. C'est un carnet de bord qui reflète mes combats, mes passions, mes lectures, mes rencontres.
L'écriture y est spontanée. La page est écrite d'un seul jet, selon l'inspiration du moment. L'ambition n'est pas réellement littéraire, c'est le sens du message qui importe le plus.
Etre à l'écoute de ce qui se passe dans le monde en donnant la  priorité à ce qui me semble essentiel et en oubliant le dérisoire, essayer de convaincre le lecteur que certains combats méritent d'être menés ( améliorer l'état de la planète, lutter contre le désenchantement humain), transmettre une émotion poétique...voilà des objectifs qui poussent à écrire...


lundi 13 mai 2013

Devant la mer




Hier après-midi, sur la Côte d'Opale, entre Boulogne et le cap Gris-Nez. Malgré le soleil qui se montre timidement, il fait un temps de novembre.
Le vent souffle avec force. Les rares promeneurs qui arpentent les ruelles du petit village d'Audresselles ont ressorti gros pulls et parkas. Aucun vacancier sur la plage de galets.
Je suis devant la mer. 
C'est par un temps comme celui-là que la mer est la plus belle,qu'elle montre le mieux sa puissance et que notre côte mérite vraiment son nom d'Opale : sous le vent violent, les vagues qui viennent se fracasser sur les rochers ont la couleur de l'opale, cette pierre d'un blanc laiteux aux reflets irisés ; et l'écume qui vient  se déposer a la pureté de la neige.


Je suis devant la mer, la mer changeante qui me surprend toujours.
" Mais quand donc l'ai-je vue pour la première fois? Je ne saurais le dire. Elle m'est familière comme ces visages qu'on a toujours connus. Et je reviens vers elle subir l'envoûtement." écrivais-je dans Le chant de la mer. 
Aujourd'hui, je ne changerai  rien à ces lignes. J'ajouterai seulement que c'est le regard porté sur la beauté du spectacle offert par la nature qui provoque cet enchantement et que c'est la possibilité de découvrir chaque fois quelque chose de neuf qui renouvelle celui-ci.

" La mer, la mer, toujours recommencée
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux!"
écrivait Paul Valéry ( le Cimetière marin).

Oui, regarder la mer pour mieux la comprendre est une joie dont on ne se lasse pas. Et je plains ceux qui s'allongent paresseusement sur le sable et qui n'ont jamais vu la poésie de la mer.

lundi 6 mai 2013

Le fait marquant n° 5 : Regard sur un anniversaire



Entre frustrations et conservatismes

Le premier anniversaire de l'élection du Président de la République suscite maints commentaires. Est-ce le bon moment pour faire un bilan ? Cela est prématuré. Jeter un regard le plus objectif possible sur ce début de mandat me paraît plus raisonnable.

Les frustrations
Ceux qui espéraient de cette élection un redressement économique symptomatique et une baisse du chômage sont forcément déçus. Même si quelques mesures pour l'emploi peuvent avoir des effets positifs dans les mois et les années qui viennent, on ne peut espérer un retour du plein emploi dans le contexte mondialisé actuel. On peut cependant souhaiter un peu plus d'audace : un  soutien massif  à des initiatives locales d'économie sociale et solidaire (dans le cadre de la transition écologique par exemple ) pourrait avoir des effets bénéfiques.

Les conservatismes
L'idée de changement profond se heurte en France au poids des conservatismes.
On l'a encore constaté ces derniers mois avec l'opposition forte d'une partie de la population au mariage pour tous. Mais tous les secteurs sont touchés : il est difficile chez nous de faire une réforme sérieuse de l'école ;   la question des rythmes scolaires soulève des résistances, ne parlons pas de la réforme nécessaire des méthodes pédagogiques !

La réforme administrative du pays, la limitation des mandats, indispensables à la modernisation, rencontrent l'opposition de nombreux élus.
La constitution écrite sur mesure pour le retour du général de Gaulle il y a 50 ans mériterait d'être revue pour répondre aux besoins d'une démocratie ancrée dans le 21e siècle.
Une plus juste représentation des mouvements et partis minoritaires éviterait sans aucun doute les joutes verbales, les dérapages haineux qui n'apportent rien à la démocratie. 

Le quinquennat ne fait que commencer, il reste quatre ans pour construire le changement.

vendredi 3 mai 2013

Paroles de chat n° 5


( Platon est un chat qui a été accueilli il y a dix ans par Boris, Sylvie et leurs enfants Emma et Jules. Ce chat a la particularité d'observer malicieusement le monde qui l'entoure)

LA CONVERSATION 



- Platon, il y a longtemps que tu n'as pas donné de tes nouvelles à tes lecteurs, ce n'est pas bien. Tu ne serais pas en panne d'inspiration par hasard ? m'a dit Boris ce matin.

- Non, ce n'est pas ça, j'ai beaucoup réfléchi ces derniers temps et j'aurais plein de choses à raconter, mais parfois je me demande si ça vaut la peine d'exprimer ce que l'on pense. Et puis les humains ont plein de problèmes en ce moment ; je ne suis pas sûr qu'ils se sentent concernés par des histoires de chat. Ils ont d'autres chats à fouetter, comme vous dites, vous les hommes.

- Platon, tu te trompes, les humains s'intéressent de plus en plus à vous, les chats, et aux animaux en général. Il y en a même qui prennent votre défense et ils sont de plus en plus nombreux à ne plus manger votre chair.

- Oui, j'ai constaté ça en écoutant la radio depuis le début de l'année. Voilà une nouvelle qui me fait plaisir ! Mais la bataille n'est pas encore gagnée. En Chine, ils sont encore nombreux à manger mes frères !

- Tu as raison Platon, mais je vais arrêter là notre conversation, je dois aller donner mon cours.

C'est toujours la même chose avec Boris : il se met à parler avec moi et brutalement il interrompt la conversation. Il a toujours une bonne excuse. Mais je ne vais pas me plaindre. Quand je vois la chance que j'ai d'être tombé dans une famille aussi sympathique, je me dis que j'aurais pu me retrouver dans une famille horrible qui vous abandonne au bord d'une route quand elle part en vacances, ou pis encore finir ma vie dans un laboratoire, loin d'ici.
J'ai une vie heureuse, je mange à ma faim et je n'ai pas besoin de gagner ma vie.
Tiens, comme il faut beau ce matin, je vais aller dans le jardin pour profiter du soleil. Sylvie s'y trouve déjà ; elle est en train de préparer la terre pour les prochains semis. Je vais la regarder travailler. 

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