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jeudi 29 mai 2014

Végétarisme : réponse à ceux qui déforment la vérité



Sur le site wikistrike.com, on peut lire un article qui pourrait troubler tous ceux qui ont décidé d'abandonner la viande au profit des fruits et des légumes ; on leur annonce que « les végétariens tuent 25 fois plus d'animaux par kilo » que les omnivores.
Cet article part d'une affirmation de Peter Singer, le philosophe australien connu pour avoir écrit La libération animale, livre qui lui a permis d'être considéré comme l'un des grands défenseurs modernes des droits des animaux.
Peter Singer est souvent au cœur de controverses causées par  certaines positions manquant de cohérence. Gary Francione, philosophe américain, lui aussi défenseur des animaux et  partisan du droit moral,   s'est opposé à Singer qui se veut utilitariste, c'est-à-dire favorable au bien-être accordé à tout être sensible.
Au nom de l'éthique, Francione refuse de tuer des animaux ; Singer, lui, reste dans une vision dépassée qui donne à l'homme le droit de tuer des animaux, dans un abattoir ou à la chasse.

Ceci étant précisé, analysons les arguments présentés dans cet article.
La démonstration souffre de faiblesses qui contribuent à déformer la réalité.
La première consiste à s'appuyer sur un exemple local, l'Australie, pays où l'élevage tient une grande place dans l'économie ( on peut d'ailleurs se demander si l'influence du lobby des éleveurs n'a pas orienté l'article). Il aurait été plus judicieux, pour faire un travail sérieux sur le végétarisme, de s'appuyer sur une étude mondiale de l'élevage.
La seconde erreur – et elle me paraît plus grave – est l'absence de vision écologique sur le long terme.
Contrairement aux arguments exposés dans le livre No steak qui place le végétarisme  dans le cadre de l'évolution humaine qui se poursuivra dans les prochaines décennies  et au-delà, on a dans l'article en question une critique de la situation actuelle de l'agriculture, limitée au territoire australien. L'auteur parle donc d'une aggravation des problèmes environnementaux liée à la monoculture, à l'emploi des pesticides, des engrais, des herbicides, il dénonce un affaiblissement de la biodiversité causé par le défrichage des pâturages qui cause la mort d'oiseaux de proie, de petits mammifères, de serpents, de lézards...
En ce qui concerne la biodiversité, l'honnêteté aurait été de rappeler d'abord le rôle joué depuis deux siècles par les activités humaines dans la destruction des milieux naturels (construction d'autoroutes, de lotissements, agriculture intensive).

On remarquera enfin que la démarche de transition entamée à l'échelle mondiale depuis huit ans et qui a pour but de concevoir un autre mode de développement en réduisant les pollutions, en relocalisant les productions, en économisant l'eau, est dans cet article complètement ignorée. L'agriculture de demain sera obligée d'intégrer  l'aspect écologique.

Or le passage au végétarisme s'inscrit dans une vision globale de la société dans laquelle il s'agira de nourrir tous les habitants de la planète, de donner un travail à tous, d'améliorer l'état de l'environnement et de ne plus faire souffrir les êtres sensibles qui ont, comme les humains, leur place sur la terre qui nous est commune.
C'est pourquoi le végétarisme est appelé à se développer. 




mardi 27 mai 2014

Sur mon bloc-notes ( semaine 22 - 2014)

À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus de lectures, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.



Europe

Le manque d'intérêt pour ces élections est confirmé par la forte abstention. C'est un échec pour les partisans de l'Europe qui ne réussissent pas à démontrer l'importance des enjeux de l'union européenne qui est pourtant l'échelle intermédiaire idéale pour rendre plus efficaces les décisions relatives aux problèmes écologiques et pour garantir la paix.
La progression au niveau européen des idées xénophobes et nationalistes n'est pas une surprise. Elle correspond à la montée d'un phénomène observé depuis une dizaine d'années : la banalisation des thèmes portés jadis par les extrémistes de droite ( l'immigration, le repli sur soi) et repris par certains intellectuels et politiques.
Les scores faibles obtenus en France par les partis de gouvernement sont un signal fort adressé aux politiciens déconnectés de la réalité que vivent de nombreux citoyens. Auront-ils la volonté de remettre en cause leurs programmes, leur conception des partis refermés sur eux-mêmes, afin de rétablir une confiance perdue ? S'ils ne le font pas, on peut prévoir des lendemains douloureux.
À la suite de ces élections, malgré la poussée des europhobes, la composition du parlement européen n'est pas bouleversée : le groupe le plus fort reste celui des conservateurs. Dans ces conditions, on peut craindre que la colère exprimée par les citoyens ne soit pas suffisamment entendue par la nouvelle assemblée.
Devant cette situation, quelles réponses peut-on apporter ?

L'utopie, c'est ce qui paraît impossible aujourd'hui mais qui sera la réalité de demain.

Au lendemain d'un vote qui reflète une grande inquiétude, cette phrase s'impose.

Certains intellectuels (sociologues, philosophes, anthropologues) nous ont alertés depuis de nombreuses années sur les dangers qui menaçaient l'humanité. Je pense en particulier à Edgar Morin qui, dès 1962, dans un ouvrage consacré à la culture L'esprit du temps décrivait les transformations  de la société occidentale et faisait des propositions sur l'avenir du monde. Dans les ouvrages qu'il écrivit ensuite, il ne cessa de développer des idées innovantes pour appréhender le futur.
La société n'a pas entendu suffisamment ces penseurs. Il me paraît utile que les intellectuels prennent part, aux côtés des citoyens, aux  débats à venir.

Jane Goodall
Elle est connue pour mener depuis 55 ans des recherches sur les singes et vient de décider d'élargir son action aux questions écologiques.
Interrogée récemment par Audrey Chauvet, Jane Goodall s'est adressée aux citoyens pour les inciter à prendre leurs responsabilités en respectant l'environnement, en veillant au bien-être animal, en achetant les productions locales.
Vous pouvez retrouver sur son site le détail de ses actions





samedi 24 mai 2014

Repères n° 5 : l'école en France

Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des témoignages et des réflexions basées sur l'observation, l'expérience et la théorie.



L'école : constat et propositions

1. Nul ne peut le contester, l'école française va mal ; depuis de longues années, des élèves sortent du système scolaire sans diplôme, certains maîtrisent à peine les notions de base et – fait très inquiétant – les inégalités ne cessent de croître.
Dans ce contexte, la vieille querelle entre anciens et modernes paraît dérisoire car elle est dépassée. En effet, comment peut-on encore défendre des méthodes qui ont pu donner satisfaction dans le passé lorsque le but premier de l'école primaire était de conduire les élèves au certificat d'études et lorsque la plupart des gens faisaient le même métier toute leur vie ?

Depuis un siècle, la société a changé et il paraît naturel que l'école évolue avec elle. Mais cela doit se faire sur une ligne claire : il ne s'agit pas de reproduire dans l'école les travers du système dominant mais il faut donner à chaque élève, quel que soit son milieu social, les outils qui lui permettront de vivre le mieux possible dans un monde changeant.

2 Lors de mes études à l'ENG (école normale de garçons) d'Arras, j'ai eu la chance de faire un de mes stages dans une classe où l'on pratiquait les techniques Freinet. Je rappelle pour les non-spécialistes que celles-ci s'appuient sur plusieurs principes : l'expression libre, le travail en groupe, le travail autonome, la coopérative scolaire. Cette pédagogie offre notamment l'avantage de tenir compte de la personnalité de chaque enfant ; le risque d'échec scolaire est ainsi fortement réduit. Hélas, cette pédagogie reste très minoritaire, l'Education nationale n'ayant jamais souhaité la vulgariser, la trouvant sans doute trop émancipatrice.

Par ailleurs, j'ai retenu de Condorcet la nécessité d'offrir à tous, les moyens de s'instruire tout au long de leur vie : d'où l'idée de l'éducation permanente. Mais il faut aussi qu'en dehors de l'apport de connaissances, l'école apprenne à apprendre afin de permettre à chacun d'enrichir sans cesse son savoir.

3. Sur quels points essentiels l'école doit-elle progresser ?
Dans un billet publié en 1966 dans le Monde, j'avais défini deux objectifs pour l'école du futur.
Le premier est de développer chez l'élève les qualités qui lui permettront  de comprendre le monde et d'être un homme ou une femme libre, sachant vivre en société ; l'école doit donc aider le jeune à devenir autonome, à travailler en groupe, à être créatif, à avoir l'esprit critique, à s'adapter en permanence.
Le second objectif  est de donner à chaque enseignant une formation de qualité. La pédagogie n'est pas un art pour lequel on serait plus ou moins doué. Elle est une philosophie (qu'il est nécessaire de connaître pour savoir le but qu'on poursuit), elle est aussi une science qui demande des connaissances pointues, notamment dans le processus d'apprentissage, celui de la lecture par exemple.
On remarquera que ces deux objectifs ne sont pas encore atteints aujourd'hui.

4. La lutte contre l'échec scolaire ne dépend pas seulement de l'école. Cela demande une action conjuguée de l'Etat, des collectivités locales et du milieu associatif. Ce principe, je l'ai défendu dans les responsabilités que j'ai exercées dans ma région.
Pour lutter contre les exclusions, il faut réduire les handicaps dans la période essentielle située entre la naissance et six ans et poursuivre cette action pendant toute la scolarité. Il est donc important d'encourager et d'appuyer toutes les initiatives qui peuvent contribuer à l'amélioration de l'environnement social des plus démunis : la réduction des handicaps liés au langage, la prévention en matière de santé, l'objectif d'un logement décent pour tous, l'accès aux activités d'épanouissement, conseils aux parents...
Ce travail nécessaire pour aller vers une égalisation des chances a démarré en maints endroits mais il reste encore beaucoup à faire.




mardi 20 mai 2014

Sur mon bloc-notes ( semaine 21 )


À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus de lectures, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.


Question de vocabulaire
On connaît tous l'importance du choix des mots quand on veut communiquer. 
Lorsque François Hollande, s'exprimant il y a quelques jours à la télévision, déclare que le programme qu'il a présenté pendant la campagne de 2012 n'était pas « étincelant », tout le monde se rend compte aussitôt qu'il vient de faire une bourde.
C'est dans un souci de communication que le mot « contribution » a été préféré à « impôt ». Dans le premier cas, on veut donner l'impression que celui qui paie le fait de bon cœur, alors que dans le second cas on affiche l'idée que cela lui est imposé.
Il en est de même avec l'écotaxe qui avait mobilisé de nombreux Bretons contre elle. On parle désormais d'éco-redevance, en espérant que celle-ci sera plus facilement acceptée.


Action et écriture
Dans son livre Hôtel de l'insomnie, Dominique de Villepin écrit :
« Entre l'action et l'écriture, pour l'homme d'engagement, il n'existe pas de rupture, mais une même quête tenace de paix et de lumière .» 
Je partage globalement cet avis. Mais quand la volonté d'agir conduit l'homme ou la femme à choisir la voie de la politique jusqu'aux niveaux les plus élevés, il me semble difficile de concilier l'exigence de l'écrivain – et surtout celle du poète qui nous entraîne dans un univers ignorant les clivages politiques, un univers qui rassemble tous ceux qui cherchent dans les mots l'expression de la beauté ou de la spiritualité – et l'âpreté du pouvoir.
Il s'agit de deux mondes différents. Dominique de Villepin a pu s'en rendre compte quand il a exercé des fonctions ministérielles.
D'autre part, si l'écrivain a écrit sur Baudelaire, Rimbaud, René Char, Neruda, Saint-John Perse... des lignes admirables qui peuvent faire l'unanimité, il est clair que son action politique n'a pas connu le même sort.

Internet et rumeurs haineuses
Le phénomène de la rumeur qui vise à discréditer telle ou telle personne n'est pas nouveau mais, avec Internet, il a pris ces dernières années un autre visage.
Chaque jour, des informations fausses, des rumeurs ignobles, circulent sur le web. Des mensonges proférés par des personnages en quête de publicité, par des individus partisans de théories haineuses, sont relayés – sans vérification – par de pseudo-intellectuels, par des journalistes aigris, par des blogueurs racoleurs.
Faut-il accuser Internet de ces effets néfastes d'une expression qui s'égare ?
Bien sûr que non ; seule la médiocrité de certains humains est responsable de cette dérive. Celle-ci n'empêchera pas l'humanité d'avancer progressivement vers plus de fraternité en respectant les différences de chacun et les richesses de chaque culture.





samedi 17 mai 2014

Politique (s)

Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des témoignages et des réflexions basées sur l'observation, l'expérience et la théorie.



POLITIQUE 

La politique n'a pas bonne réputation. Il est temps de réhabiliter ce mot afin que ceux qui se sont éloignés d'elle s'intéressent à nouveau à elle. En effet si on laisse s'installer durablement le climat de méfiance qui se traduit à chaque élection par une montée de l'abstention, on affaiblit la démocratie. 

Politique : On oublie que ce mot souvent utilisé de nos jours dans son sens le plus restreint ( la pratique du pouvoir qui est l'objet de tant de controverses ) signifie dans son sens initial ce qui concerne l'organisation de la société dans tous ses aspects : le cadre administratif, le droit, les différentes activités humaines et les rapports de l'homme avec son environnement).
Très jeune j'ai appris à mesurer l'importance du fait politique dans notre vie quotidienne : aller à l'école, traverser la rue sur un passage clouté, coller un timbre - d'un certain prix - sur une enveloppe, profiter de congés payés... toutes ces actions relèvent de décisions politiques. Nous ne pouvons donc nous désintéresser de ce qui concerne la vie de chacun d'entre nous et encore moins des décisions qui concernent la solidarité entre générations, la paix dans le monde, la qualité du cadre de vie, l'état de la planète...

La politique, prise dans son sens large, est l'affaire de tous.
Dans son sens le plus noble, elle consiste à défendre l'intérêt général, à participer à la construction d'une société qui évolue pas à pas vers une amélioration des conditions de vie en réduisant les inégalités, en garantissant une meilleure qualité de vie. ( Ceux qui aujourd'hui refusent cette marche en avant de l'humanité en préconisant un retour en arrière nient l'histoire et se fourvoient dangereusement)

Chaque citoyen a les moyens d'agir selon ses compétences pour contribuer au progrès de la société : l'intellectuel ( philosophe, sociologue, écrivain...) apporte ses idées nouvelles dans ses écrits ou en participant à des think-tanks. Ses idées sont enrichies par le débat citoyen. D'autres agissent concrètement en mettant en place des initiatives innovantes qui profitent à tous. Ils œuvrent dans des associations, des ONG ou créent des structures dans le cadre de l'économie sociale ou solidaire, de la culture, des loisirs...
Depuis la révolution de 1789, ce sont ces minorités agissantes et visionnaires qui ont été à l'origine de toutes les évolutions sociales et sociétales. On peut dire qu'elles ont eu un rôle politique.

Et les politiques ?
Quand on parle des politiques, on pense en priorité aux élus, membres de partis.
La restauration de la confiance en la politique repose sur eux. Pour cela il sera nécessaire de remettre en cause certains principes ; celui de la professionnalisation me paraît être le plus urgent.
La démocratie de demain n'acceptera plus ces notables qui règnent dans leur ville, leur région, pendant 30 ou 40 ans ( déjà cette année, aux municipales, certains d'entre eux ont connu un échec révélateur).
Une démocratie vivante a besoin de renouvellement : le mandat unique devrait être la règle.
Il faut que l'homme ou la femme politique se présente comme un citoyen désintéressé mettant ses qualités au service de la société et qu'il respecte ses engagements. Alors reviendra la confiance.



jeudi 15 mai 2014

Eduardo, l'exilé



La veille, il disait avoir passé une belle journée en famille. La présence de sa fille aînée, de son beau-fils et de leur petit garçon avait rendu le repas de midi plus joyeux.
À table il avait à nouveau évoqué son projet de retourner au Portugal. Il rêvait de retrouver les lieux où il avait passé son enfance, de reprendre les longues marches le long du Tage, de ressortir ses cannes à pêche. Sa femme et lui n'imaginaient pas terminer leur vie dans ce coin de France où ils avaient vécu avec le sentiment d'être des exilés.
Puis, comme ils le faisaient chaque dimanche, par tous les temps, ils étaient allés jusqu'à la mer. Certes, il avait toujours la nostalgie des plages de sa jeunesse mais en marchant au bord de la Mer du Nord, il éprouvait un sentiment agréable de liberté qui lui faisait oublier la monotonie de la cité.

Eduardo était né dans la banlieue de Lisbonne. Il avait dû quitter le pays natal à l’âge de seize ans quand son père, au chômage depuis plus d'un an, avait décidé de venir s’installer en France.
Celui-ci espérait trouver un travail dans le sud. Il dut y renoncer.
Finalement, le Nord l’avait accueilli. À cette époque, la sidérurgie prospérait ; dans la région de Dunkerque, on faisait souvent appel à la main d’œuvre étrangère. Eduardo et son père furent embauchés quelques semaines après leur arrivée.
Pour le jeune homme, ce fut une période difficile à vivre. Bon élève dans son pays, mais ne parlant pas un mot de français, il avait dû abandonner ses études. Tout lui manquait : ses amis, ses camarades, les paysages ensoleillés, les longues promenades à travers champs, les parties de pêche avec son grand-père…
Et puis, peu à peu, il s’était adapté à sa nouvelle vie. Quelques années plus tard, lors de vacances à Setúbal, il avait rencontré une jeune Portugaise. Ils s’étaient mariés l'année suivante et avaient eu deux filles.
Depuis six mois, Eduardo goûtait enfin les joies de la retraite. Quarante-quatre années de travail en usine l'avaient épuisé. Il ne comprenait pas ces écrivains qui chantent la beauté de l'acier rouge qui  fond. Lui, ce qu'il retenait des hauts-fourneaux, c'était d'abord la chaleur si difficile à supporter.

Le lundi après-midi, il a enfourché son vélo. Vers 16 heures, sur une petite route du Nord, l’inconscience d’un chauffard a brisé son rêve.
Eduardo a été renversé par une voiture ; selon un témoin, celle-ci roulait très vite. L'automobiliste ne s’est pas arrêté. 
Quand elle est arrivée à l'hôpital pour voir Eduardo, sa femme a appris qu'il venait de mourir quelques minutes plus tôt.



mardi 13 mai 2014

Sur mon bloc-notes ( semaine 20 -2014)

À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus de lectures, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.



Signe d'espoir
L'actualité est rarement souriante : ici c'est la sauvagerie d'hommes qui enlèvent des lycéennes, là de jeunes immigrés meurent sur une route en espérant fuir la misère. Ailleurs, dans des pays plus favorisés, des pervers sèment la haine.
Heureusement, il y a toujours quelque part un signe d'espoir qui s'offre à celui qui doute, comme je l'ai évoqué dans le poème Amsterdam. Il suffit de voir « ... soudain le sourire / de la femme qui passe, / lumineux, troublant comme / un tableau de Vermeer » pour avoir une image plus douce de l'humanité.

Européennes
Dans le précédent billet (Repères 3) j'expliquais les raisons qui rendent incontournable l'idée d'une communauté européenne. Certes la façon dont celle-ci fonctionne est loin d'être parfaite : on lui reproche en particulier un manque de démocratie. (Je ne parle pas des orientations qui sont le reflet de la domination d'une ligne politique libérale). Et on l'oublie trop souvent, dans beaucoup de domaines, les fonds européens ont aidé chaque pays à réaliser de nombreux projets.
Le principal danger qui menace l'Europe aujourd'hui est la montée des nationalismes. Chaque citoyen aura l'occasion, dans moins de deux semaines, de choisir les parlementaires qui proposent de bâtir une Europe plus solidaire, plus sociale. Ne gâchons pas cette occasion.

Contrôle au faciès

Tatiana Samoïlova vient de mourir le 4 mai à Moscou, le jour même de ses 80 ans.
D'elle on se rappelle avant tout le personnage qu'elle a joué dans le film Quand passent les cigognes. Son visage illuminait l'écran et surtout, elle interprétait admirablement le rôle de la jeune fille qui voit son fiancé partir au front.
Le fait d'être Russe ne lui a pas permis de faire la carrière internationale qu'elle aurait méritée. Elle restera l'héroïne d'un cinéma qui cherchait à sortir du carcan dans lequel le régime l'enfermait.

Plaisir des mots
Ceux qui aiment leur langue prennent plaisir à jouer avec les mots, à les étudier comme on le scientifique le fait avec les êtres vivants. Pour la plupart de ces passionnés, il ne s'agit pas d'un enfermement dans une tour d'ivoire ; les mots ne sont pas forcément un refuge qui permet d'échapper à la réalité de la vie. Bien au contraire, les mots existent pour exprimer la vie.
Philippe Delerm dirige une collection intitulée Le goût des mots (Points). On peut y lire des auteurs connus pour être des amoureux de la langue française  tels que Jean-Loup Chiflet, François Rollin, Alain Rey...




samedi 10 mai 2014

L'Europe une réalité incontournable

Repères : une série de billets sur les questions de notre temps ; des témoignages et des réflexions basées sur l'observation, l'expérience et la théorie.


L'Europe est d'abord une réalité géographique : c'est un sous-continent qui est un appendice du continent Asie.
Elle est aussi une réalité culturelle.
Au fil des siècles, à la suite d'invasions, de nombreuses guerres et de traités, les pays qui composent l'Europe ont évolué et leurs frontières se sont dessinées lentement. Les peuples ont cultivé leurs particularités ( la langue, leur façon de vivre...) et après 2000 ans d'histoire, ils ont enfin commencé à mieux se connaître et à vivre en paix.
Si l'on fait encore aujourd'hui la distinction entre les peuples latins et anglo-saxons, les rencontres personnelles, les échanges, les actions communes ont réduit les différences et l'arrivée dans l'espace européen de personnes venues d'autres continents continue d'enrichir « la vieille Europe ».
Malgré les caractéristiques propres à chaque pays ( qui constituent un patrimoine qu'il faut préserver) il existe une culture commune au niveau européen. Celle-ci s'est manifestée dans tous les domaines ( la musique, la peinture, l'architecture, la littérature...) surtout dans les périodes marquantes de l'histoire de la culture, telles que la Renaissance, le romantisme, le surréalisme – qui a eu une portée internationale).

Pour toutes ces raisons, la création d'une communauté européenne en 1957 a été une heureuse initiative. 
Remettre en cause cette idée serait une erreur, une régression qui ferait le jeu du chauvinisme et de la xénophobie.
Cela ne veut pas dire qu'il faut se satisfaire de l'Europe d'aujourd'hui qui est le reflet de la société globalisée dont on peut constater chaque jour les faiblesses (chômage, problèmes écologiques, incapacité à agir de façon concertée sur la scène internationale.

Il appartiendra aux citoyens de se prononcer sur des orientations économiques, sociales et écologiques plus favorables.


jeudi 8 mai 2014

L'éducation à la paix



Dans un de mes derniers poèmes j'évoquais le destin de ces soldats morts à vingt ans, héros malgré eux car la guerre à laquelle ils participèrent leur avait été imposée :

" Là-bas dans la plaine / sous les croix blanches
 mornes / strictement alignées / ils dorment.
Et sur le cimetière / figé dans le silence / le soleil de midi / paraît insoutenable ".

Traverser les longues allées d'un cimetière militaire, comme ceux de Colleville et d'Arlington, procure toujours une forte impression de tristesse car cela nous fait penser à toutes ces vies interrompues, aux bonheurs que ces hommes jeunes n'ont jamais pu connaître.
Depuis 1945, les Européens essaient d'évacuer de leurs pensées l'idée de la guerre. Elle est pourtant toujours présente ailleurs, et il y a deux jours Jacques Attali, qui connaît bien les problèmes mondiaux, déclarait à la télévision que la situation en Ukraine l'inquiétait à tel point qu'il y voyait la possibilité d'une nouvelle guerre.

Peu de civilisations se sont bâties sur des idées pacifiques, en dehors de celle de Caral - au Pérou – qui entre 3000 et 1800 ans avant J.C. prospérait grâce au troc et préférait fabriquer des flûtes plutôt que des armes.
Une hypothèse prétend même que les premières civilisations se sont bâties sur le thème de la guerre : la peur aurait donné aux hommes l'idée de se regrouper pour mieux se défendre.
L'évolution de l'Homme lui a heureusement permis par la suite d'intégrer d'autres facteurs tels que la morale, la culture en tant qu'outil d'élévation et d'accès à la beauté...
C'est cette culture qui l'éloigne peu à peu de la bestialité, de la domination de l'autre.
L'évolution se poursuivra à l'avenir dans la construction d'une paix durable, en prenant au niveau mondial les décisions nécessaires à la réalisation de cet objectif.
Nous sommes actuellement à mi-chemin de cette démarche. La culture pacifiste est encore balbutiante et les antagonismes restent très présents dans certaines régions du monde.

En France, combien de générations ont baigné dès l’enfance — notamment à travers les récits de l’histoire de France — dans le mythe de héros ayant bâti leur réputation dans des batailles : Vercingétorix, Charlemagne, Bayard, Du Guesclin, Napoléon, et bien d’autres encore !
Aujourd'hui encore, certains préconisent le rejet de l'étranger et voient dans le multiculturalisme un danger pour l'avenir alors que le sens de l'histoire est de rapprocher les peuples.

L’éducation à la paix doit être un des objectifs prioritaires de ce siècle.

jeudi 1 mai 2014

La transition écologique en France



Les 6 axes de la transition écologique présentés par Madame Royal, Ministre de l'écologie prévoient :
- la mise en place d'un nouveau modèle énergétique et la lutte contre le changement climatique.
- la protection et la reconquête de l’eau, de la biodiversité, des paysages.
- un volet santé (en lien avec l'environnement ), prévention des risques, économie circulaire.
- l'intégration de la politique des transports dans la démarche.
- la création d'emplois nouveaux et la référence à une croissance « verte ».
- la participation aux grands rendez-vous européens et internationaux.

Toutes ces propositions vont dans le bon sens. Mais il faudra attendre que le plan soit détaillé pour mesurer l'ampleur de l'engagement du gouvernement dans le processus de transition.

On verra notamment lors de la présentation du calendrier d'action s'il y a une volonté de ne plus perdre de temps ( rappelons que l'idée de transition a été lancée en 2005) . On mesurera aussi le niveau d'engagement financier permettant de mettre en place les mesures en faveur de la biodiversité, d'une autre politique agricole et du développement des transports collectifs qui réclame des ressources nouvelles ( quid de l'écotaxe par exemple ?).
En ce qui concerne l'agriculture, le virage vers l'agriculture biologique sera-t-il pris par un transfert des aides permettant le développement des productions locales respectueuses de l'environnement ?
Osera-t-on interdire les pesticides dont on connaît les dangers pour les humains et la nature ?
En matière de transport, l'aménagement du territoire sera-t-il repensé afin de diminuer les déplacements ?
Autant de questions qui permettront de dire si l'on entre dans une autre logique ou si l'on se contente de quelques mesures qui seront aussi peu efficaces que celles qui ont été prises depuis 20 ans dans le cadre du développement "durable".
Je rappelle que selon les acteurs engagés dans la transition – dont fait partie l'association Citoyens de la Transition que nous venons de créer sur la Côte d'Opale – la période de transition (horizon 2050) doit avoir pour but de développer progressivement et dès maintenant, une économie soutenable.

Six axes ont donc été choisis par la Ministre de l'écologie. On peut d'ores et déjà regretter l'absence d'articulation entre les actions de l'État et les initiatives locales ; or pour que la transition réussisse, il faut s'appuyer sur les projets de territoires dans lesquels sont impliqués les citoyens, les associations, les acteurs économiques volontaires et les élus.
Qu'attendent de l'État ces acteurs locaux ?
- Qu'il soutienne les initiatives locales, qu'il encourage par des mesures financières les citoyens et les petites entreprises qui veulent réduire leur consommation d'énergie, qu'il mette en place les structures alternatives qui permettront, par exemple, de se déplacer en se passant le plus possible de la voiture, de protéger davantage la santé en améliorant la qualité de l'air et celle des aliments, en soutenant l'économie sociale et solidaire...

Voici quelques propositions de Citoyens de la transition - CO qui montrent comment notre association envisage la transition :
- Toute activité économique doit être utile à la société.

- L'économie de la transition s'appuie sur la vitalité (qui exige le développement de certaines activités) et la sobriété qui permet d'économiser les ressources naturelles et l'énergie.

- Une nouvelle logique est nécessaire : il faut passer de l'idée de compétition à la coopération, de l'idée de concurrence à la complémentarité.
- Il faut penser autrement en tissant des liens entre les questions économiques, sociales et l'environnement, en ayant une vision sur le long terme.
- Il faut un autre rapport à la nature : passer d'une exploitation destructrice à l'idée de tirer parti de la nature en préservant les écosystèmes.
- En ce qui concerne les rapports entre les hommes, ils sont basés sur l'égalité, le partage, la solidarité.





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