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mercredi 28 septembre 2016

Gastronomie


   Gastronomie :  Art de la bonne chère.

   C'est ainsi que le Robert illustré définit la gastronomie en quelques mots. D'un côté, il y a l'art, celui de cuisiniers de talent qui préparent des plats originaux et sophistiqués, de l'autre,  des gourmets qui apprécient la cuisine fine.
Mais cette " bonne chère" est-elle bonne pour la santé, pour l'environnement, est-elle morale ? Autant de questions que nous allons aborder. 


La gastronomie classique

   Comme la chasse et la corrida, la gastronomie fait partie des traditions françaises. Ses défenseurs les plus acharnés refusent de voir ses aspects négatifs car elle appartient, disent-ils, au patrimoine culturel. Selon eux, il ne faut pas toucher au foie gras, à l’agneau de pré salé, au poulet de Bresse et à la sole meunière. Que le plaisir des papilles soit obtenu à la suite de souffrances et de la mort d’animaux qui auraient pu vivre plus longtemps, ces gens-là s’en moquent. Il faut d’abord soutenir les intérêts économiques et satisfaire une clientèle huppée qui ne se soucie pas du montant de l’addition.

   Le film de Marco Ferreri, La grande bouffe, sorti en 1973, donne une idée assez juste – bien qu’il s’agisse d’une fable - de ce qu’est cette gastronomie traditionnelle.
  Rappelons-en la trame. Quatre hommes lassés de leur vie monotone décident de s’enfermer pour organiser « un séminaire gastronomique ». Il s’agit de gens aisés : un grand chef, un magistrat, un pilote d’avion et un présentateur de radio. Leur initiative n’est rien d’autre qu’un suicide collectif ; à la fin, chacun d’eux meurt.
   Dans ce film, Ferreri dénonce la société de consommation et ses excès qui mènent à la destruction des êtres.

  Certes la gastronomie a connu quelques évolutions depuis l’époque de Louis XIV où la variété des plats proposés au roi étonne aujourd’hui. Mais cette notion d’excès existe encore de nos jours. Alors que des millions de gens ne peuvent se nourrir convenablement, le luxe étalé dans les restaurants gastronomiques paraît indécent.
 D’autre part, les plats de la gastronomie traditionnelle étant basés essentiellement sur la viande et le poisson ne répondent pas aux règles que nous imposent l’éthique et l’écologie.
 Pour toutes ces raisons, la gastronomie doit  prendre un nouveau cap.

La gastronomie nouvelle

  Il n’est pas question de remettre en cause les plaisirs de la table : il est toujours agréable de se retrouver dans une ambiance conviviale autour de plats appétissants ; mais il devient nécessaire d’apprendre à goûter de nouvelles saveurs, d’inventer de nouvelles recettes, de privilégier la qualité des produits (place au bio !), de conjuguer sobriété et joie de manger.
Cette gastronomie nouvelle est déjà proposée par de nombreux restaurants à l’étranger ; en France, certains chefs étoilés ont déjà pris conscience des enjeux écologiques :
« La planète a des ressources rares, il faut la consommer plus éthiquement, plus équitablement » a déclaré Alain Ducasse.
La cause animale a été prise en compte également : Joël Robuchon pense que « la cuisine végétarienne sera celle des dix prochaines années.»  
   Enfin, les mentalités commencent à changer !





lundi 26 septembre 2016

La bride sur le cou (semaine 39)


La bride sur le cou:‭ ‬décontracté,‭ ‬détendu,‭ ‬lâché,‭ ‬libre‭ ( ‬Le Robert,‭ ‬dictionnaire des synonymes‭)‬ 



Entre temps long et urgence

   Les périodes de transition ont toujours été marquées par le doute, l’incertitude, l’exploitation par des esprits conservateurs de la peur du futur en imaginant des scénarios catastrophiques. Nous avons droit à toutes ces manifestations depuis que nous avons changé de siècle.

   Au Moyen-Âge, on annonçait la fin du monde ; de nos jours - parmi d’autres sornettes - c’est le fantasme du grand remplacement que portent quelques «intellectuels » persuadés que la civilisation française (et plus globalement occidentale) est appelée à disparaître à cause de l’immigration.
   Bien sûr, même si elles ne sont basés sur aucun élément scientifique, toutes les théories fantaisistes doivent être combattues car elles polluent le débat démocratique et entretiennent un climat malsain  de préjugés et de haine. 

  Un autre fait caractérise les périodes de transition : elles s’étalent sur un temps assez long, plusieurs décennies, voire plus d’un siècle. Ainsi, le passage du Moyen-Âge à la Renaissance que les historiens ont fixé à l'an 1453, ne s’est pas fait brutalement ; il a été préparé par des évolutions successives dès la moitié du 14e siècle.

    En ce qui concerne notre époque, la société fraternelle, juste et émancipatrice imaginée par les philosophes du 18e et du 19e siècles n’est toujours pas mise en place. Pourtant il existe dans notre pays une demande forte d’évolution sociale et d’amélioration de la démocratie que le parlement actuel - en raison du système injuste imaginé en 1958 - ne représente pas.

   D’autre part, la transition que nous vivons offre une particularité que les précédentes n’avaient pas : elle réclame des décisions urgentes pour lutter contre le désordre climatique. Nous avons seulement quelques décennies pour éviter que le processus devienne irréversible.
  Or cette lutte ne sera gagnée que si un changement radical en ce qui concerne la production, la consommation, le mode de vie, se produit.

   Entre le temps long habituellement nécessaire lors des transitions et l’urgence, on n’a pas d’autre choix que de prendre la seconde hypothèse. Ce qui paraît évident à beaucoup de citoyens n'a pas encore été accepté par bon nombre de dirigeants.
    
   Je ne peux croire que l'humanité acceptera le désastre futur. Des événements exceptionnels, d’origine humaine ou naturelle, imposeront un jour, avant qu'il ne soit trop tard, les décisions urgentes.

samedi 24 septembre 2016

La phrase du week-end n°5




Le billet du samedi, intitulé La phrase, apporte une réflexion sur des sujets variés (faits de société, littérature, art, voyages, etc.) accompagnée d’une photo et d’un bref commentaire.

La bonne école

Tableau de Jean Geoffroy
« La bonne école est celle où la personnalité de chaque élève est prise en compte, c’est une école où aucun jeune n’est en situation d’échec, une école qui donne l’envie d’apprendre et de coopérer, qui développe l’esprit critique, où chacun se sent heureux, c’est une école émancipatrice. »

Commentaire :

Bien entendu cette école idéale n’existe pas en France
 où les vieilles querelles sur les méthodes 
entre « anciens » et « modernes » sont pour la plupart dépassées. 
C’est un nouveau regard sur l’école 
et l’éducation en général 
(qui ne relève pas seulement de l’ Éducation nationale) 
qui s’impose, 
un regard enrichi par les récents travaux 
concernant les sciences humaines.


vendredi 23 septembre 2016

Humeurs n° 16



« Ça ne fait rien, nous vivons un temps bien singulier ” 
( Georges Brassens - L’épave)

Les billets regroupés dans cette catégorie illustrent cette sentence qui n’a pas pris une ride depuis 1966.

Trump et Sarkozy, deux Républicains

   L’un se prénomme Donald et il est Américain ; l’autre, Nicolas, est Français, il a des origines hongroises et grecques qu’il a oubliées : il affirme que ses ancêtres sont Gaulois et se voit en nouveau Vercingétorix, malgré le sort tragique du premier héros de l’histoire de France.
   Tous les deux aiment l’argent, tiennent des propos outranciers, n’hésitent pas à dire des contrevérités.Tous les deux appartiennent à un parti nommé les Républicains et l’un et l’autre  veulent être le prochain président de leur pays.

    Quand on pense à l’avenir du monde, il y a des hypothèses qui font froid dans le dos. La possibilité de voir D.Trump  accéder au poste de président inquiète. Voilà un homme d’affaires qui a réussi dans l’immobilier ; il est aussi un grand amuseur qui plaît au public en tant qu’animateur d’une émission de téléréalité, ce qui en soi n’est pas forcément une tare. 
Le danger vient de ses idées : nationaliste, populiste, D.Trump ne cesse d’attaquer les musulmans et il n’aime pas les immigrés. Cet homme est  un danger pour la paix, mais aussi pour l’avenir de l’humanité. Oubliant les études scientifiques sur le dérèglement climatique, il nie le rôle de l’être humain dans la dégradation de l’état de la planète. Aujourd’hui, les États-Unis ne sont certes pas un modèle, mais que serait-ce demain si un tel candidat était élu ?

En France, la situation n’est pas rassurante  non plus. L’extrême droite a déjà marqué des points sur le plan des idées : l’identité nationale, l’obsession sécuritaire, la stigmatisation des musulmans, des Roms, de ceux qu’elle appelle «les assistés» ont déjà été reprises par une partie de la droite et même par d’autres qui se disent de gauche.

  Mais ces jours-ci, ce sont surtout les interventions de N.Sarkozy qui ont choqué beaucoup de citoyens. Son discours sur les devoirs du Français d’origine étrangère est un retour en arrière de soixante ans, à l’époque où dans les écoles, les élèves des colonies françaises devaient apprendre que leurs ancêtres étaient les Gaulois ! 
En 2016, plus personne n'ignore  l’histoire de la France où depuis 2000 ans des habitants de tous les continents se sont installés...
N.Sarkozy qui feint de l'ignorer prône l’assimilation des naturalisés, au mépris du respect des racines de toute femme, de tout homme qui sont tellement utiles pour que chaque personnalité se construise. 

  Comme D.Trump, N.Sarkozy est climatosceptique. Il déclarait en 2008 à la fin du Grenelle de l’environnement : «Notre société  ne peut plus vivre dans le gaspillage,  ne peut plus négliger les conséquences sur l’avenir de la planète de sa façon de vivre, de produire, de consommer ».
  Depuis, il  a changé de discours.  En 2016, il minimise le rôle joué par les activités humaines dans le dérèglement climatique, il remet en cause le principe de précaution mais propose ...un principe de précaution sécuritaire !
    Dans une société sereine, MM Trump et Sarkozy auraient peu de succès ; tous les deux comptent de nombreux supporters. C’est le signe que nous vivons dans un monde déboussolé.

lundi 19 septembre 2016

La bride sur le cou (semaine 38)



La bride sur le cou :‭ ‬décontracté,‭ ‬détendu,‭ ‬lâché,‭ ‬libre‭ (‬Le Robert,‭ ‬dictionnaire des synonymes‭)‬ 

De l'erreur du syndrome du Titanic
à la révolte

   Au début du 20e siècle, deux ans avant la première guerre mondiale, un drame frappa les esprits : le naufrage du Titanic causé par un iceberg qui se dressa sur la route du paquebot, faisant environ 1 500 victimes. 
  Quatre-vingt cinq ans plus tard, le film de James Cameron et l’histoire de ses deux héros, Rose et Jack interprétés par les superbes Kate Winslet et Leonardo Di Caprio, contribua à populariser cet événement tragique.
   Le Titanic est devenu l’un des symboles de l’ère industrielle qui a voulu, avec ce bateau gigantesque, montrer sa force, et n’a finalement montré que sa fragilité en  faisant un seul voyage pour n’avoir pu éviter une énorme masse de glace.

  Pour décrire l’état actuel du monde, Nicolas Hulot a écrit un ouvrage intitulé Le syndrome du Titanic. Dans ce livre, il compare les gens d’aujourd’hui aux passagers du paquebot qui s’amusaient et dansaient pendant que le bateau coulait.

   Cette comparaison contient une grosse erreur : les  gens qui étaient à bord du Titanic n’avaient aucune raison de s’inquiéter. Pour eux, danser n’était pas un signe d’inconscience, d’irresponsabilité, c’était une action naturelle dans le cadre d'une croisière.

   En ce qui concerne l’état de planète, c’est tout le contraire. Je le rappelais récemment, dès 1972, le rapport Nous n’avons qu’une Terre dressait déjà un bilan des problèmes écologiques qui aurait mérité des actions immédiates. 
    L’année suivante, sortait le livre d’Ivan Illich La convivialité dans lequel l'auteur dénonçait les méfaits de l’âge industriel :
« Les nations sur-industrialisées vont être acculées par la menace du chaos»  et il lançait le concept « d’équilibre multidimensionnel de la vie humaine», dessinant ainsi les contours d’une société nouvelle basée sur la liberté retrouvée et l'écologie.

   Depuis plus de quarante ans, la nécessité de passer à un autre mode de développement se fait attendre. Au lieu de s’améliorer, la situation s’est même aggravée en donnant une place plus importante à la finance. Les politiques ont abdiqué, les médias «classiques» se taisent, le système éducatif officiel entérine, beaucoup de citoyens se soumettent.

    Entrevoir un avenir meilleur demande une réaction forte : la révolte.

   Albert Camus écrivait dans L'homme révolté : « Source de vraie vie, (la révolte) nous tient toujours debout dans le mouvement informe et furieux de  l'histoire».

   La révolte ne demande pas de sang, elle réclame de la volonté, du courage ; elle impose de ne pas se taire devant la misère, la pauvreté, l’injustice, la destruction du vivant, la bêtise, le mensonge, le racisme.

La révolte est le moteur de la transformation du monde. 






samedi 17 septembre 2016

La phrase du week-end n°4




Le billet du samedi‭  ‬intitulé‭ ‬La phrase‭ ‬apporte‭ ‬une réflexion sur des sujets variés‭ (‬faits de société,‭ ‬littérature,‭ ‬art,‭ ‬voyages,‭ ‬etc.‭) ‬accompagnée d’une photo et d’un bref commentaire.



Amour maternel

 “ Celui qui prétend encore que l'animal n’est pas un être sensible a-t-il déjà vu une mère (qu'il s'agisse d'une guenon, d'une chienne, d'une chatte ...) qui protège son petit et l'entoure  de tendresse comme le fait toute femme qui aime son bébé ? ”

Commentaire :
Il est loin le temps où philosophes et scientifiques 
pensaient qu’une frontière infranchissable 
séparait  l’homme de l’animal.

 Les travaux de Darwin et les progrès de l’éthologie 
ont permis de rétablir la réalité. 

   Dès l’Antiquité, des personnes avaient eu l’intuition de cette réalité ; 
de nos jours, beaucoup de gens en ont tiré les conséquences 
en refusant de faire souffrir et de tuer tout animal. 

Dans un futur proche,  
l’exploitation de l’animal par l’homme (pour employer un vocabulaire 
utilisé encore par beaucoup de monde)* sera aussi décriée
 que celle " de l’homme par l’homme".

* ou : " l'exploitation de l'animal non humain par l'animal humain "


vendredi 16 septembre 2016

Le vieux sage





  De nombreux auteurs créent des personnages fictifs  afin d’exprimer leurs utopies et le regard qu’ils portent sur la société. Tel est le rôle du Vieux Sage qui apparaît de temps en temps dans ce blog.

Entre tristesse et colère

    Après deux mois passés dans un modeste bungalow posé au bord de la forêt, dans un village où les touristes sont rares, le vieux sage avait regagné sa maison, dans ce coin verdoyant de Normandie qui l’avait accueilli quarante ans plus tôt.

   Depuis son retour, il était partagé entre tristesse et colère. Il n’avait pas encore repris ses causeries ; il n’avait pas de projet de livre et l’inactivité lui était pesante. La promenade quotidienne avec son chien était le  moment de la journée qu’il appréciait le plus.

   Le vieux sage était triste car il ne reconnaissait plus le pays qui lui avait permis de retrouver la liberté et le plaisir de vivre parmi des gens aux opinions variées. Si avec le temps les épreuves subies dans sa jeunesse s’étaient estompées, parfois des images tragiques de la dictature lui revenaient : des amis avaient été torturés, certains étaient morts, lui-même avait connu la répression militaire.

   Depuis un certain temps, il constatait que l’esprit de fraternité n'était plus là. 

  Pendant l’été, une simple histoire de vêtement de plage était devenue une affaire d’état ; à la suite des attentats qui avaient touché plusieurs pays, certains confondaient à dessein les assassins avec les gens sans histoire qui fréquentaient les mosquées. Il avait même entendu un journaliste bien connu pour ses propos outranciers demander qu’on interdise de donner aux bébés français des prénoms étrangers !
  Ceux qui fuyaient leur pays à cause de la guerre ou de la misère n’étaient plus les bienvenus dans certaines villes. Des slogans d’un autre temps étaient à nouveau affichés sur les murs. On y lisait la haine de l'étranger.

   Le vieux sage qui avait toujours pensé comme Rousseau que l’homme naît bon et aime les autres, avait des moments de doute : sans nier le rôle joué par la société dans le comportement de ses semblables, il s’interrogeait sur la nature de l’homme. 

 « S’il ne faut pas généraliser, n’y aurait-il pas chez certains humains une agressivité, un instinct de puissance et de mort qui les poussent à détruire  tout ce qui les entoure et à se détruire eux-mêmes. Et que faire pour qu’ils se civilisent ? »
Il refusait le  pessimisme mais ne pouvait cacher son inquiétude.

Ainsi était le Sage.





mercredi 14 septembre 2016

Nous n'avons qu'une Terre n°2



«Soyons le changement que nous voulons voir dans le Monde » 
 (Gandhi)

   Après la COP 21 qui n’a débouché, comme les précédentes, sur aucun engagement concret de la part des pays, il faut continuer inlassablement de poursuivre le combat pour une nouvelle vision du monde. Un monde soutenable pour tous.
Ces chroniques sont une contribution à la construction d’un futur possible.

 En finir avec une pensée dépassée

   Il faut toujours tirer la leçon des échecs qu’on a subis. 
La faillite de vingt ans de développement   durable n’est pas due seulement à la cupidité de grands groupes qui produisent en déséquilibrant les écosystèmes, à l’aveuglement de dirigeants politiques s’obstinant à  suivre une voie sans issue ; elle résulte aussi de l’incapacité d'institutions, d'organismes et organisations à expliquer clairement et honnêtement les mécanismes écologiques et leurs enjeux. Je pense notamment au système éducatif (Éducation nationale, éducation populaire), aux associations et à tous les citoyens qui, tout en ayant conscience de la nécessité de changer le mode de vie dans les pays riches, continuent de consommer  comme au temps des Trente Glorieuses.

Règle n° 1 : Prendre en compte la complexité

   L’éparpillement des associations menant des actions ponctuelles, sur des thèmes restreints se rapportant à l’environnement, au vivant, ne suffit plus. La défense de l’écologie doit être portée par tous ceux qui veulent agir pour sortir du marasme actuel.
Cela suppose aussi qu’on en finisse avec une pensée dépassée et qu’on tire la leçon des principes de l’écologie : toute question doit être appréhendée de façon globale. La pensée complexe s’impose dans tous les domaines parce qu'il faut agir sur tous les paramètres qui contribuent au dysfonctionnement.

   L’écologie est «l’étude des interrelations des êtres vivants avec les milieux qu’ils habitent.» 
Ainsi l’a définie Haeckel en 1866. L’Homme est un être vivant parmi les autres. Contrairement aux autres animaux, son impact sur l’environnement est beaucoup plus fort : il ne se contente pas de prélever dans la nature ce qui est nécessaire pour vivre ; il a cherché depuis longtemps à dominer la nature, il l’a défigurée, polluée, pillée.
Contrairement à ce que prétendent les pseudo-écologistes, on ne peut lutter contre le dérèglement climatique, l’appauvrissement de la biodiversité, les cruautés subies par les animaux si l’on ne s'attaque pas à la racine du mal : les choix faits par la société industrielle.  
  Le productivisme irresponsable doit cesser. Nous devons mettre en place une nouvelle société. Place à la sobriété et à la solidarité.

Règle n°2 : Le choix du progrès moral

   Si l’Homme appartient au règne animal, il a la capacité d’améliorer sa nature grâce à la culture. 
Certes, dans la nature on observe des signes de coopération, de solidarité, d’empathie, c’est malgré tout la loi du plus fort qui s’applique. Le progrès technique qui a été fulgurant au cours des deux derniers siècles a oublié l’essentiel, l'éthique.

   C'est la recherche par l'Homme du progrès moral qui rendra possible le changement,  le respect du vivant, la solidarité, la justice.

Règle n°3 : Prendre d'autres voies

   Il y a quelques jours, le Premier ministre (qui représente bien la pensée des siècles précédents) s’opposait à la ministre de l’Écologie  sur la question des boues rouges rejetées -grâce à un droit accordé par l’État - par l'usine de production d'alumine de Gardanne, près d'Aix-en-Provence. Ces boues déversées dans les fonds marins sont toxiques. Elles sont donc un danger énorme pour l’écosystème marin.

   En disant qu’il  préférait soutenir l’emploi plutôt que préserver la nature, le Premier ministre a repris un argument qu’on entendait il y a quarante ans de la part d’élus locaux confrontés à l’opposition d’associations écologistes quand un projet ne respectant pas l'environnement se présentait. 
   Il a montré ainsi qu’il reste attaché à la vieille société, celle qui prêche la croissance et ne sait combattre le chômage.

Cette société n’est ni sensée ni soutenable. Les vieux mythes ne sont plus de mise. Il faut choisir d'autres voies.












lundi 12 septembre 2016

La bride sur le cou ( semaine 37)



La bride sur le cou :‭ ‬décontracté,‭ ‬détendu,‭ ‬lâché,‭ ‬libre‭ ( ‬Le Robert,‭ ‬dictionnaire des synonymes‭)‬ 

TRIOMPHANTS ET DEFAILLANTS



"Nous sommes technologiquement triomphants mais culturellement défaillants"
 (Edgar Morin, sur Twitter - septembre 2016)

   Certains  reprochent parfois à Edgar Morin d’expliquer la complexité du monde (c’est-à-dire les liens tissés entre différents éléments d’un système) de manière un peu compliquée. Il sait pourtant aller à l’essentiel en peu de mots comme il le montre encore dans ce tweet récent.

    Le «nous» qui commence la phrase désigne bien sûr ceux qui appartiennent à la civilisation occidentale, celle qui a longtemps cru (et certains le pensent encore) qu’elle est supérieure à toutes les autres parce qu’elle est à la pointe du progrès technique et scientifique.
   À cette croyance, on ajoute souvent l’aspect culturel : dans un climat détestable de xénophobie, certains n’hésitent pas à dire que la pensée et l’art occidentaux ainsi que la religion chrétienne sont supérieurs à ceux d’autres peuples.
Holbach (1723-1789) écrivait :
« La vie sauvage ou l’état de nature ne sont dans le vrai que des états de misère, d’imbécillité, de déraison.»
De nos jours encore, de pseudo-philosophes pensent la même chose.

   C’est ce sentiment de supériorité qui a engendré la plupart des maux qui ont conduit la civilisation occidentale dans l’impasse où elle est aujourd’hui : pillage et pollution de la nature, colonisation d’autres peuples entraînant un désordre mondial, invention d’armes ) susceptibles de provoquer la destruction de l’humanité...

   Oui, «nous sommes culturellement défaillants.»

   Si l’on donne à au mot culture le sens large qui la distingue de la nature et qui est tout ce qui concerne le comportement humain, on est obligé de constater que le monde occidental n’a pu empêcher la barbarie, la criminalité, les guerres...Dans le domaine environnemental, elle est coupable de détérioration.

  Comme l’a écrit Claude Lévi-Strauss, l’Occident aurait beaucoup à apprendre des sociétés que nous appelons primitives :
« La fraternité humaine acquiert un sens concret en nous présentant, dans la plus pauvre tribu, notre image confirmée et une expérience dont, jointe à tant d’autres, nous pouvons assimiler les leçons.»

 La civilisation occidentale a oublié l’essentiel : apprendre à vivre ensemble. Elle a oublié qu'il n'y a pas de progrès réel quand on délaisse le progrès moral. 


samedi 10 septembre 2016

La phrase du week-end n° 3


Le billet du samedi, intitulé La phrase, apporte une réflexion sur des sujets variés (faits de société, littérature, art, voyages, etc.) accompagnée d’une photo et d’un bref commentaire.

La beauté du végétal



“ Quand on se promène dans la nature, l'œil est  attiré par  l’élégance d’un frêne, par la couleur éclatante des digitales, mais  il faut savoir aussi regarder la beauté dans tout ce qui vit, car elle est également dans la modeste plante qui pousse au bord des chemins.”

Commentaire

           L’homme moderne a tendance à oublier 
tout ce qu’on doit à la nature.
Elle assure l’équilibre des écosystèmes, abrite les animaux sauvages, 
les nourrit. 
Elle apporte ses bienfaits à l’être humain : 
elle est un lieu de promenade, de détente, de méditation. 
Elle inspire les peintres, les poètes.
On ne demande pas à tous de l'aimer, 
mais simplement
de la respecter.

mercredi 7 septembre 2016

Nous n'avons qu'une Terre n°1



« Soyons le changement que nous voulons voir dans le Monde. » 
 (Gandhi)

Quarante ans d'irresponsabilité

    « Nous n’avons qu’une terre.» 
  Cette courte phrase est le titre d’un rapport qui fut demandé en 1972 par le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement qui se tint à Stockholm en présence de 152 conseillers représentant 58 pays.

  Ce rapport donnait un aperçu des problèmes constatés dans les relations entre l’homme et son habitat naturel. Déjà à l’époque, de nombreuses pollutions agissaient négativement sur les écosystèmes et le déséquilibre entre pays riches et pays pauvres se creusait.
« La pire de toutes les pollutions, c’est la misère», peut-on lire dans le rapport.

  Depuis la rédaction de cet ouvrage destiné à sensibiliser le public, 44 ans se sont écoulés.
En dehors des militants déjà convaincus (écolos de la première heure, antinucléaires, féministes...) peu de monde a entendu le message porté par le rapport. La société productiviste a continué de polluer, piller les richesses naturelles, en particulier celles du Tiers-Monde.

  Il faudra attendre vingt ans pour qu’une initiative internationale soit lancée pour lutter contre le désordre écologique. Ce fut le sommet de Rio (1992) et la promotion du développement soutenable, vite dénaturé et incapable de stopper le phénomène de détérioration de la planète qui est une menace sérieuse pour l’avenir de l’humanité, notamment avec le dérèglement climatique.
Les conférences sur le climat, y compris la dernière, la COP 21, n’ont abouti qu’à des discours trompeurs.

   Quelques mois après celle-ci, la France n’a rien changé dans ses pratiques. La lutte contre le terrorisme est devenue pour le gouvernement le principal problème du moment. S’il ne faut pas nier son importance, il faut avoir à l’esprit que la question écologique est d’une autre ampleur.

Laissons parler les chiffres.
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- Selon le Monde du 25 novembre 2015, les attentats commis par 
l’État islamique 
ont fait un peu plus de 1600 victimes en 18 mois.
- Selon le rapport de l’OMS du 15 mars 2016, près d’un quart 
des morts
 constatées dans le monde sont liées à un problème 
environnemental.
- Le nombre de décès liés à la pollution de l’air s’élève à 7 millions 
par an dans le monde (source : notre-planète.info)
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Où est la logique ?

   Pour combattre le terrorisme, on se donne les moyens d’agir, on réduit les libertés individuelles. Pendant ce temps, on laisse les grands groupes polluer les océans, l’air et le sol, on met en danger la santé des gens, on détruit l’habitat naturel des animaux, on provoque leur mort et  certaines espèces  risquent de disparaître : chez les grands singes par exemple, quatre espèces sur six sont  en danger d'extinction : le gorille de l’est et celui de l'Ouest, l’orang-outan de Bornéo et celui de Sumatra.

  La société industrielle encouragée par des gouvernants qui n’ont pas pris la mesure des problèmes essentiels n’est pas durable.
On le sait depuis plus de quarante ans et l'on continue de faire semblant de croire qu'on peut continuer de produire et consommer comme il y a cinquante ans.

   





lundi 5 septembre 2016

La bride sur le cou (semaine 36) : Rentrées



La bride sur le cou:‭ ‬décontracté,‭ ‬détendu,‭ ‬lâché,‭ ‬libre‭ ( ‬Le Robert,‭ ‬dictionnaire des synonymes‭)‬ 

Rentrées‭ 

   Au mois d’août,‭ ‬le pays vit au ralenti :‭ ‬de nombreuses entreprises ferment,‭ ‬il devient quasiment impossible de trouver un plombier,‭ ‬les politiques se taisent  (‬ce qui n’est pas plus mal ‭)‬.‭ ‬Dès que revient septembre,‭ ‬c’est le grand réveil,‭ ‬l’heure de la rentrée.

  Celle des élèves et des enseignants a déjà été évoquée dans ce blog la semaine dernière,‭ ‬sous l’angle historique et psychologique.‭ 
Si nous regardons la rentrée de façon plus profonde,‭ ‬en nous interrogeant sur l’état de l’école et sur son avenir,‭ ‬c’est plutôt l’inquiétude qui domine.‭ ‬Une nouvelle réforme s’annonce,‭ (‬une de plus ‭!‬)  sans que la question essentielle ait été posée :‭ ‬comment enseigner pour réduire les inégalités‭ ‬constatées par le classement Pisa où la France arrive en‭ ‬25e position ‭?

Pour cela il faudrait une meilleure formation des enseignants basée sur la connaissance des processus d’apprentissage,‭ ‬ce qui n’a jamais été la préoccupation de l‭’‬Éducation nationale‭ (‬seules les écoles de type Montessori prennent en compte cette question‭).

   Autre rentrée, celle des politiques. Celle-ci intervient dans un climat malsain. Quand la politique retrouvera-t-elle les objectifs qui devraient être les siens : organiser la société pour que tous les citoyens, quelles que soient leurs origines, leurs idées, leur religion, vivent ensemble paisiblement, dans la liberté et la recherche de l’égalité ?
Tant que la constitution actuelle, complètement dépassée, sera en place, on ne  peut espérer aucune évolution positive.

   Pour les médias, la rentrée est l’occasion de se renouveler. La nouvelle chaîne publique  Franceinfo cherche à se démarquer des autres en traitant l’information de manière plus profonde. Espérons qu'elle réussisse.
On aimerait que le traitement de la culture bénéficie lui aussi d’une approche nouvelle. Comme a su le faire en son temps Jean Vilar pour le théâtre (avec le TNP) il faudrait que la radio et la télé rendent la culture plus attrayante et accessible à tous.

   La rentrée littéraire : comme chaque année, ce sont des centaines de livres qui sont proposés aux lecteurs, ouvrages d’auteurs peu connus ou d’écrivains chevronnés comme Yasmina Reza et Salman Rushdie.

  Parmi tous ces livres, le choix est toujours difficile. C’est le hasard qui m’a fait découvrir La rentrée n’aura pas lieu, de Stéphane Benhamou, un livre qui nous parle de la France en vacances, à la fin du mois d’août. 
  Lassés de la vie quotidienne ennuyeuse et de l'ambiance anxiogène, les gens décident de ne pas rentrer chez eux. Le choix du repos, de la tranquillité comme forme de révolte, ce n’est pas courant. Ce livre plein d’humour et de dérision n’a aucune prétention; sa lecture apporte quelques heures de détente. Ce qui n'est pas négligeable en ce moment.

samedi 3 septembre 2016

La phrase du week-end n° 2

Le banquier repenti

Le billet du samedi, intitulé La phrase, apporte une réflexion sur des sujets variés (faits de société, littérature, art, voyages, etc.) accompagnée d’une photo et d’un bref commentaire.

AFRIQUE

«  Le jour où j’ai lu dans un journal qu'un homme venait de quitter l'univers de la  banque pour travailler dans l'humanitaire, je me suis dit qu’il avait simplement compris que gagner beaucoup d'argent ne suffit pas pour réussir sa vie. »

Commentaire

Il ne faut pas désespérer des hommes. 
Même s’ils sont conditionnés dès l’enfance 
par des messages qui leur font croire que la réussite 
est liée avant tout à une situation confortable 
qui leur permet d’avoir un certain pouvoir 
et d’acheter des objets qui sont des signes de richesse,
 il arrive que la réflexion sur le but de l’existence 
ou un événement exceptionnel réussisse à remettre en cause 
un mode de vie qui n’apporte aucune espérance.

Quand une personne choisit de se consacrer aux autres, 
à ceux qui souffrent dans sa ville, en France ou ailleurs dans le monde,
 elle donne un sens à la vie.





vendredi 2 septembre 2016

Rentrée des classes





  
   Quelques jours avant la rentrée, mon petit-fils qui a neuf ans disait avec humour :
- J’aime bien l’école, surtout le premier jour !
Cette phrase résume bien la magie des rentrées scolaires où tout paraît neuf, où l’on a l’impression de prendre un nouveau départ alors qu’on est dans la continuité d’un parcours.

  Beaucoup d’adultes ont la nostalgie des rentrées des classes de leur enfance.
C’est ainsi  que René-Guy Cadou évoquait dans le poème Automne sa joie de retrouver l’école après de trop longues vacances. Et dans son cas, la situation était particulière puisqu’il vivait dans l’école où enseignaient ses parents (lui-même deviendrait plus tard instituteur) :

«  Odeurs des pluies de mon enfance,
Derniers soleils de la saison !
...
La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées, 
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières 
Amassées par tout un été. » 


  L’émotion et l’appréhension ne touchent pas seulement les élèves ; le professeur débutant les connaît lui aussi. Le premier contact avec une classe est toujours un exercice redouté ; partagé entre l’enthousiasme et la peur d’échouer, il doit trouver la juste voie pour se faire respecter et faire aimer l’école à tous.

Des rentrées différentes

   Au fil du temps, les rentrées ont changé parce que la société n’est plus la même. Si l’école qu’évoquait René-Guy Cadou et celle que j’ai connue lors de ma première rentrée en tant qu’élève, quelques années après la seconde guerre, avait peu évolué dans son esprit et ses objectifs (un enseignement donnant les bases fondamentales pour mener la majorité des élèves au certificat d’études) et dans ses détails (les filles et les garçons séparés, l’instituteur en blouse grise, l’encrier et le porte-plume, le tableau noir et la craie…), elle connut, à partir des années 70, une transformation importante : tous les élèves entrèrent au collège quel que soit leur niveau, les classes devinrent mixtes, le stylo bille et le matériel informatique apparurent. Alors que les réformes manquaient de clarté, les problèmes sociaux pénétraient davantage au sein de l’école et peu à peu, le doute s’est installé parmi les enseignants, les parents et les élèves.

   L’instituteur de la première moitié du 20e siècle encourageait ses élèves en affirmant que faire de bonnes études leur permettrait de trouver plus tard un bon travail.

  Le professeur de 2016 doit apprendre à gérer l’incertitude.


  

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