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samedi 30 avril 2016

Une photo, une phrase n° 32: Rabelais, la Devinière



Rabelais
   François Rabelais est né près de Chinon, sans doute à la Devinière, on ne sait exactement en quelle année : 1483 selon les uns, 1494 selon les autres. Il est mort en 1553.
  Son parcours est plutôt étonnant : il fut d’abord ecclésiastique, puis entreprit des études de médecine et devint un médecin réputé, inventeur d’un appareil servant à réduire les fractures. Mais c’est en tant qu’auteur de Pantagruel et de Gargantua  qu’il a acquis la célébrité.
   Humaniste liant la science à la morale (Science sans conscience n’est que ruine de l’âme), philosophe de l’éducation, n’hésitant pas à mêler savoir encyclopédique et truculence, Rabelais est une figure marquante de la littérature.



La Devinière

   Avoir devant soi la maison où un grand écrivain, Rabelais, a passé une partie de sa vie est  un moment fort d’émotion : devant la bâtisse plutôt modeste  construite en tuffeau caractéristique du pays de Loire et au toit d’ardoise pentu, devant l’escalier dont les marches ont vu se poser  tant de pieds depuis cinq siècles, et avant même de pénétrer dans les pièces du premier étage, on imagine le jeune François courant et jouant dans ce paysage serein de la campagne tourangelle  qui plus tard inspirera l’auteur et fera naître des personnages hors du commun, Gargantua, Grangousier, Picrochole et tant d’autres qui nous ont fait aimer la littérature.


mercredi 27 avril 2016

Humeurs n° 16: IL Y A 30 ANS, TCHERNOBYL



« Ça ne fait rien, nous vivons un temps bien singulier ” 
( Georges Brassens - L’épave)

Humeurs : une rubrique qui dénonce les aberrations de la société moderne.



IL Y A 30 ANS, TCHERNOBYL

   Le 26 avril 1986, une terrible catastrophe nucléaire se produisait dans les environs de Tchernobyl, en Ukraine, l’une des quinze républiques de l’Union soviétique.
De nombreux liquidateurs - ceux qui interviennent sur les lieux de la catastrophe - périrent. Deux cent mille personnes furent évacuées. Des milliers de cancers de la thyroïde se sont déclarés, les décès liés à la radioactivité ont été estimés par Greenpeace à 90 000. 
Dans le Nord-Pas-de-Calais, des familles ont accueilli pendant des années des enfants de Tchernobyl. On était frappé par la pâleur de leur visage. 
Ces jours-ci, on a pu voir ce que sont devenues les villes proches de l’accident : tous les bâtiments ont été abandonnés, seuls circulent dans ce paysage lugubre des animaux, en particulier des loups dont l’espérance de vie est plus courte en raison de la contamination du secteur.

   L’accident de Tchernobyl a démontré l’opacité qui entoure le nucléaire, pas seulement en Ukraine mais aussi en France où, pour rassurer les gens, on a prétendu que le nuage radioactif n’avait pas traversé notre pays,  ce qui était faux.
Sur une radio, ces jours-ci, parlant de la catastrophe, un pronucléaire a accusé de sectarisme ceux qui réclament l’arrêt du nucléaire.
Ces gens-là ne manquent pas d’audace, eux qui ont imposé cette énergie en multipliant les mensonges et en cachant la vérité. 
                                                                 * 
Réponse à quelques mensonges   

   Le nucléaire serait l’énergie de l’avenir ?
Faux ! Dans la période de transition, et après celle-ci, trois principes sont nécessaires:la relocalisation des productions, la sobriété et la démocratie (ou transparence). Le nucléaire est une énergie centralisée, il demande une production en continu et il est opaque.

   Le nucléaire ne produirait pas de CO2 ?
Faux ! Pour extraire l’uranium, le transporter, construire les centrales, gérer les déchets...on émet des gaz à effet de serre.

   Le nucléaire serait une énergie bon marché ?
Faux ! C’est plutôt un gouffre financier, avec le démantèlement, le coût exorbitant de l’EPR (9 à 10 milliards de coûts supplémentaires pour Flamanville selon les spécialistes), le stockage des déchets prévu à  Bure (on parle de 25 milliards d’euros.)

   Le nucléaire français serait sûr ?
Faux. Des militants de Greenpeace ont réussi à pénétrer dans des centrales nucléaires. Aucune de celles-ci  n’est à l’abri d’actions terroristes, une hypothèse qu’on ne peut ignorer dans le contexte actuel.

   Et puis, il y a la question morale qui à elle seule suffit pour refuser le nucléaire : il est irresponsable de laisser aux générations futures des déchets dangereux. Parmi ceux-ci, des déchets à vie longue émettent pendant des siècles ou des millions d'années des rayonnements nocifs voire mortels.
   L’avenir assurément n’est pas dans le nucléaire mais dans les économies d’énergie et les énergies renouvelables.


lundi 25 avril 2016

Regard - semaine17) : Intelligence humaine et non-humaine



Intelligence humaine et non-humaine

   En un demi-siècle, l’éthologie, la génétique, la psychologie ont fait d’énormes progrès. Quand j’étais étudiant, on pensait qu'il y avait une frontière nette entre l’homme et l’animal. Pour le premier on parlait d’une intelligence mesurée par le quotient intellectuel, pour le second, on évoquait l’instinct et le réflexe de Pavlov. Aujourd’hui la frontière est de plus en plus ténue entre l'animal humain et l'animal non-humain. Réponse à ceux qui nient encore la réalité scientifique.


***

   J’ai été frappé ces dernières semaines par l’indigence des arguments employés par certaines personnes (parmi lesquelles un chroniqueur et une prétendue philosophes) qui refusent d’admettre la proximité qui nous lie aux animaux non humains.
Et je ne parle pas des créationnistes qui mettent en doute la théorie de l’évolution du vivant !

  Une phrase revient souvent, avec quelques variantes, dans les arguments des spécistes : l’humanité a des génies, de grands penseurs, de grands artistes. Et ils nous citent Mozart, Beethoven, Shakespeare, Einstein et Picasso. Cela selon eux  prouverait la supériorité de l’homme.
Cette démonstration est spécieuse. 
D’abord, sur les milliards d’êtres humains qui ont vécu depuis la préhistoire, les femmes et les hommes de génie sont très rares. La plupart des humains ont des capacités ordinaires, certains naissent avec un handicap plus ou moins lourd. On respecte la vie des êtres humains, quel que soit leur degré d’intelligence.
Pourquoi cette règle morale ne s'appliquerait-elle pas à tous les êtres vivants ? 
    Par ailleurs, en ce qui concerne l'intelligence, il faudrait que les «animalo-sceptiques» actualisent leurs connaissances. L’intelligence ne s’exprime pas seulement par le biais du raisonnement, de la logique, de la pratique des langues.
C’est ce que j’avais rappelé dans un billet consacré à l’éducation, paru en décembre 2015, en citant notamment les travaux du psychologue américain Howard Gardner. Dès 1983, celui-ci avait balayé l’idée d’une intelligence logico-mathématique.
Voilà ce que j'écrivais :
« Pour Gardner, il y a des intelligences aux formes multiples. Il distingue entre autres l’intelligence relationnelle, indispensable dans la vie d’un groupe, l’intelligence créative qui permet l’innovation, l’imagination de récits, de solutions originales, l’intelligence émotionnelle qui est au cœur du comportement humain, l’intelligence pratique qui s’exerce dans de nombreux domaines pour concrétiser des projets ; elle est souvent liée au bon sens.» *
Or nous retrouvons ces formes d’intelligence chez de nombreux animaux.
Les mammifères, les oiseaux ont un  langage. Beaucoup d’entre eux expriment des émotions ; ils sont capables de compassion, au sein d’un groupe, ils manifestent également leur intelligence relationnelle. Et certains réussissent à résoudre des problèmes.
On définit encore l’intelligence comme la faculté à s’adapter à des situations nouvelles. Dans ce domaine, collectivement et individuellement, de nombreuses espèces ont montré leurs facultés d’adaptation aux changements climatiques, à la réduction de leur habitat (en allant vivre ailleurs).
Les seules espèces menacées de disparition sont celles qui sont victimes des actions humaines.

vendredi 22 avril 2016

À propos d’Antispéciste, le livre





   Je ne cesse de le répéter de chronique en chronique : ce monde a besoin d’idées et de pratiques nouvelles, il nous faut inventer un nouvel humanisme, franchir une nouvelle étape dans l’évolution de l’humanité. 
Nous entrons à petits pas dans une ère nouvelle que j’espère conviviale, mais rien n’est gagné d’avance, le pire pourrait arriver.
Dans ce contexte, la sortie du livre Antispéciste m’apparaît comme un message plein d’espoir. Qu’il ait été écrit par quelqu’un dont je suis très proche n’altère en rien ma vision. J’ai conscience que les idées qu’il contient ne seront pas toutes adoptées dans un futur proche. Je rappelais récemment qu’après le célèbre discours de Victor Hugo sur la peine de mort, il avait fallu attendre 133 ans pour voir celle-ci abolie. 
Le changement des mentalités concernant les rapports avec l’argent, les autres civilisations, les faibles, les  animaux non humains, prendra lui aussi un temps assez long. Mais il est important de définir dès maintenant les bases d’un monde plus civilisé.

                                                                *

    Il y a peu de temps encore, le mot antispéciste était peu connu. Aujourd’hui, on le retrouve dans le titre d’un éditorial du Point, sous la plume de Franz-Olivier Giesbert : L’antispécisme, un nouvel humanisme. Le journaliste-écrivain y rappelle le contexte actuel, l’action d’associations telles que L214 qui dénonce, vidéos à l’appui, les conditions de vie dans les élevages industriels, le massacre des poussins, la souffrance des vaches qui se voient retirer leur bébé, la maltraitance subie par les animaux  dans les  abattoirs. De quoi faire réfléchir le consommateur habitué à voir, quand il achète de la viande, des images idylliques qui cachent la réalité.
Toutes ces dérives ont une cause, le spécisme, c’est-à-dire la discrimination basée sur la hiérarchistation des espèces et la croyance en la supériorité de l’animal humain sur l’animal non humain.
L’antispéciste est donc celui qui refuse cette vision.

    Dans le livre No steak, Aymeric  avait déjà  apporté une vision nouvelle et globale sur la question de l'animal et de notre alimentation en intégrant l’éthique, l’écologie, l’économie, la santé... dans la réflexion pour  faire comprendre que l'animal n'est pas un objet, une machine mais un être  sensible ayant un désir de vivre.
Poursuivant dans cette voie, en remontant aux origines du monde et aux sources de la vie, il démontre la proximité biologique qui existe entre l’homme et l’animal, ce qui nous oblige à respecter celui-ci et à lui accorder des droits, le premier d’entre eux étant de le laisser vivre.

    Dans Antispéciste, la réflexion globale le conduit à penser que la société  libérale n’est pas prête à changer ses rapports avec le vivant. La seconde partie du livre apporte une vision précise et audacieuse de la société de demain : la République du vivant,  basée sur l’écologie  essentielle, une démocratie réelle - la biodémocratie (et la fin de la professionnalisation des politiques), la création d’une Assemblée naturelle défendant les intérêts du Vivant. Des propositions qui apportent une cohérence à l’ensemble du projet : mettre en place l’antispécisme.

    Cela sera possible quand on aura admis:
1) que l’homme fait partie du monde animal et que tout animal, quelles que soient ses capacités, a le droit de vivre.
2) que l’ultralibéralisme est incompatible avec ce projet. Car si les mauvais traitements subis par les animaux n’ont pas débuté avec l’ère industrielle (les superstitions et la volonté de domination existent depuis longtemps), leur situation s’est aggravée avec l’élevage industriel et la recherche du profit.
Il faut faire le pari que la morale, la science, l'intelligence humaine l'emporteront sur l'ignorance et les lobbys.

lundi 18 avril 2016

Regard2016- semaine 16) : Passer à autre chose






Passer à autre chose

   Tout être humain, quel que soit l’endroit où il naît, a droit à sa part de rêves ; la famille dans un premier temps et la société sont là pour lui l’aider à s’épanouir, pour lui apporter des espérances.
    Contrairement à ce qui se passe dans la nature où règne la loi du plus fort (parfois du plus habile), la société humaine qui a la capacité d’établir des règles conformes à l’éthique doit protéger les plus faibles et offrir à tous une égalité de chances.

   Avoir des rêves, ce  n’est pas vivre en dehors de la réalité, c’est s’accorder des moments où l’esprit vagabonde, où l’on s’adonne à la méditation, c’est aussi avoir des projets plus ou moins importants, c’est vivre le présent en imaginant des utopies qui pourront se réaliser dans le futur.
   Le drame de notre époque, c’est qu’elle n’apporte plus de rêves à la majorité des gens. Celui qui grandit en Syrie ou en Érythrée pense d’abord à survivre; s’il en a la force, son projet sera de quitter son pays, il placera son espoir dans la solidarité des gens plus chanceux que lui.
Celui qui en France  cherche en vain du travail depuis des années et doit faire la queue chaque semaine pour recevoir un peu de nourriture ne voit autour de lui aucun signe d’espoir.
  La vieille société industrielle ne peut répondre au désir d'égalité et au respect du monde de demain. Pourtant certains s’accrochent à elle par aveuglement ou par cynisme. En France le message des politiques en place est pathétique. Il suffit de repenser à la désastreuse émission de France 2 dans laquelle le président de la République intervenait pour défendre son bilan, émission d'ailleurs boudée par un grand nombre de citoyens. Pendant ces deux heures de discussion, aucun mot pouvant apporter une espérance n’a été prononcé. Aucune  proposition pour sortir de l’impasse; aucun message susceptible de redonner la confiance à ceux qui souffrent, à ceux qui doutent.

    Pour que celle-ci revienne, il faut passer à autre chose. La jeunesse qui se mobilise depuis quelques semaines ( avec l'initiative Nuit Debout) nous montre le chemin : ensemble, inventons l’avenir !





samedi 16 avril 2016

Une photo, une phrase n° 30 : la Loire



  J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte presque toujours avec moi un appareil photo, outil idéal pour garder les images que la mémoire pourrait oublier.



LA LOIRE

  « Pour comprendre le fleuve, il faut le suivre de la source à la mer, il faut appréhender les liens qui se sont noués entre lui et les hommes, il faut saisir sa dimension culturelle et poétique.» Voilà ce que j’écrivais il y a quelques années dans un billet intitulé Comprendre le fleuve.
C’est ce que j’ai fait pendant plusieurs années pour mieux connaître la Loire en vivant près d’elle quelques jours ou quelques semaines et en longeant ses rives à pied, à vélo, en auto ou en train...



La phrase

   Au  Mont Gerbier de Jonc, ce n’était qu’un maigre filet d’eau, puis le ruisseau a grossi,  est devenu fleuve fougueux à Monistrol, il a traversé des gorges verdoyantes et doublé de taille à Nevers, je l’ai vu s’assagir à Orléans et entrer à Blois,majestueux, fleuve épanoui de Saumur à Montjean, avec ses îlots ombragés et ses bancs de sable  ; c’est là, au cœur du Val de Loire, que j’apprécie le mieux ses charmes: l’osmose entre la nature si apaisante en cet endroit et le génie humain qui a construit ponts, abbayes, églises et châteaux élégants, y est parfaite.

mercredi 13 avril 2016

Horizon 2080 : Le scandaleux sommet de Pau

Le scandaleux  sommet 
pour l’exploitation pétrolière en eaux profondes



   Quelques mois après la Conférence de Paris sur le climat, confirmation est faite que la mine satisfaite affichée par ses organisateurs à la fin des débats cachait une réalité moins réjouissante : les textes adoptés ne comportent aucun engagement précis, ce qui ouvre la porte à toutes les dérives. Ainsi la France qui se dit exemplaire continue d’agir d’une manière incompatible avec l’objectif de limiter à 1° 5 réchauffement de la planète à la fin du siècle (refus de stopper le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires,etc...)
Et rien n’a été fait pour empêcher la tenue à Pau - du 5 au 7 avril - d’un sommet international réunissant les multinationales pétrolières et les opérateurs offshore dont le but est de développer  l’extraction du pétrole et du gaz en eaux profondes dans la perspective de “ réussir une baisse significative des coûts”, en d’autres termes : enrichir encore leurs actionnaires.

  Or - les scientifiques l’ont suffisamment répété - pour atteindre l’objectif  rappelé plus haut, il est nécessaire de réduire dès maintenant le recours aux énergies fossiles responsables de 80% des émissions de CO2 à travers le monde, ce qui représente 62 % des gaz à effet de serre. Progressivement, il faudrait arriver à l’horizon 2080 à un monde sans pétrole. 
   Certes, il existe encore d’importantes réserves de pétrole et de gaz mais celles-ci se trouvent dans des zones qui présentent trop de risques pour les écosystèmes. C’est pourtant ce que veulent faire ceux que Politis appellent les “pétrotrafiquants”, ces irresponsables cyniques dont le dessein sinistre aurait pour conséquence, selon les spécialistes, une hausse de la température de 9 degrés.

   Les grands médias qui préfèrent le dérisoire à l’essentiel n’ont pas beaucoup parlé de ce sommet de Pau qui a pourtant mobilisé  un grand nombre d’associations (entre autres Action Non-Violente COP21, Alternatiba, les Amis de la Terre France, Attac France, Bizi!, Chrétiens Unis pour la Terre, Emmaüs Lescar-Pau, Friends of the Earth International, Nation Océan et Surfrider Foundation Europe). 
Celles-ci ont organisé des actions de blocage et de désobéissance civile, des rassemblements citoyens qui avaient pour but de bloquer les entrées du sommet et de rappeler la nécessité de mettre en place des politiques permettant de réussir la transition. 
Elles ont manifesté leur désir de poursuivre leur action. Ne laissons-pas faire l’irréparable.

lundi 11 avril 2016

Regard (2016-semaine 15): Penser autrement






De la nécessité de penser autrement
(la caverne et le global)

  Je plaide pour un changement d’ère qui serait la suite logique de la période de transition dans laquelle nous sommes entrés, une transition véritable qui n’est pas celle de Ségolène Royal (laquelle n’a jusqu'à ce jour présenté aucune vision claire de la société future et se satisfait d’une transition où l’on ne change pas grand-chose, comme je le montrerai dans un prochain billet).
Le cœur de ce que j’appellerai la révolution lente et citoyenne se trouve dans l’adoption par le plus grand nombre d’une méthode de pensée libérée et globale.

  Il suffit d’observer les évènements qui se déroulent chaque semaine pour constater que les responsables politiques et économiques véhiculent des idées soit fausses soit réductrices. En les écoutant, on pense à Platon et à l’allégorie de la Caverne. Depuis l’Antiquité, l’Homme a fait dans ce domaine peu de progrès : comme les prisonniers captifs dans la caverne, ils prennent un théâtre d’ombres chinoises pour la vérité, ils vivent dans l’illusion. De nos jours, les médias tenus par les financiers, la publicité, les discours de faux philosophes conditionnent les humains en imposant leur vision erronée du monde.
L’affaire de “la mode islamique” illustre cette dérive d’une pensée brouillée par les stéréotypes, les relents xénophobes et la faiblesse de l’analyse. À propos d'un foulard de couleur, une philosophe féministe - applaudie par le Premier ministre - en appelle au boycott, une ministre compare  les femmes portant librement le voile  aux Noirs qui auraient accepté l’esclavage.
L’émancipation des femmes dans certains pays du monde est bien sûr une nécessité. Mais je ne pense pas qu’un tel discours à propos d’un élément de l’habit fasse progresser leur condition.

   La pensée doit être libérée des a priori, des idées fausses et des aliénations qui perturbent le jugement. Elle doit être également capable d’appréhender la complexité des problèmes. 
Là encore l’actualité nous fournit des exemples de la faillite de la pensée sans vision globale : la loi sur le travail (basée sur l’immédiateté, sur l’intérêt des entreprises, sans projet sur le long terme, sans prendre en compte les évolutions futures du travail), la lutte contre le terrorisme ( basée sur la riposte militaire, la répression, la limitation des libertés, alors que de nombreux paramètres entrent en jeu et sont laissés de côté).

   Ces deux erreurs commises dans la façon de penser  sont un frein à l'évolution positive de l'humanité. On ne pourra construire un avenir durable qu’en pensant autrement.

samedi 9 avril 2016

Une photo, une phrase : Fernando Botero

J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.

Fernando Botero

   En avril 2003, lors d’un voyage qui m’a permis de mieux connaître l’Italie, je me promenais dans Venise.  Pendant quelques mois, vingt  sculptures et vingt-cinq tableaux  de Botero étaient exposés. 
  Débouchant d’une ruelle proche du Grand Canal, je me retrouvai soudain sur une petite place où je ne vis qu’une chose :  une sculpture étonnante, œuvre de l’artiste colombien.  



La phrase

   Qu’on apprécie l’homme (qui aime lire Pablo Neruda et Federico Garcia Lorca et qui s’est élevé contre le mauvais traitement subi par les prisonniers en Irak) ou qu’on ne l’aime pas ( notamment parce qu’il est fasciné par la tauromachie), l’artiste Botero ne laisse pas indifférent : le sculpteur est inclassable, il a su inventer un style qui fait que ses  œuvres sont reconnues au premier regard ; Giacometti s’était fait une réputation en créant des personnages filiformes, Renoir peignaient des femmes plus agréables à regarder que les mannequins d’aujourd’hui à la maigreur inquiétante, Botero, dans ses peintures et ses sculptures, présente des femmes et des hommes à la rondeur caricaturale qui sortent de son imagination car - c’est lui qui l’affirme - jamais un modèle n’a posé pour lui ( reste la question : pourquoi une telle exagération des volumes ?)

mercredi 6 avril 2016

Les débuts du 21e siècle : dates et faits

Les débuts du 21e siècle :
Les faits marquants


   On ne peut juger un siècle à ses quinze premières années. Cependant l’accélération de certains phénomènes et l’arrivée de nouvelles pratiques marqueront probablement ce siècle qui a débuté dans la tourmente.

Terrorisme
La date du 11 septembre 2001 a marqué les esprits par le nombre de victimes causées par les attentats (plus de 6 000 blessés, près de 3 000 morts) et par le mode d’action choisi par les terroristes : deux  avions se sont écrasés  sur les tours du World Trade Center  et un troisième sur le Pentagone. C’était l’œuvre d’Al-Qaïda.
Les années qui ont suivi ont vu la multiplication des attentats. Daech a pris la relève et pour l'instant le monde à bout de souffle n'a pas trouvé de réponse efficace à ce problème.  
   
Guerre 
Le 20  mars 2003,  les États-Unis interviennent en Irak. Ils accusaient Saddam Hussein  de détenir des armes de destruction massive et de soutenir Al-Qaïda. On a appris par la suite que c’était faux. Treize ans plus tard le chaos règne encore dans cette zone.

Réseaux sociaux
En  février 2004 a lieu le lancement de Facebook. Ses utilisateurs actifs sont estimés à 1,49 milliard en 2015. Une belle affaire pour Mark Zuckerberg : plus de douze milliards de dollars par an ! 
On loue la convivialité de Facebook sans trop penser à ses inconvénients !

Catastrophes 
Le 26 décembre 2004, un  tsunami se produit en Asie du Sud-Est. Le nombre de disparus et de morts s’élève à 250 000. 
Si le dérèglement climatique n’est pas jugulé, les catastrophes “naturelles” seront de plus en plus nombreuses.

Le danger nucléaire 
11 mars 2011 : Au Japon un séisme au large des côtes provoque un tsunami. Les morts et les personnes disparues se comptent par milliers (18 000). Les pronucléaires continuent cependant de dire que “ le nucléaire est l’énergie de l’avenir."

Santé
En 2010 la malnutrition mondiale n’est plus le premier danger pour la santé ; c’est l’obésité - avec 1,5 milliard de personnes touchées - qui vient en tête (925 000 personnes souffrent de malnutrition).

La démographie 
En 2011 la population mondiale  a atteint le seuil  de 7 milliards d’êtres humains. C’est beaucoup pour une Terre aux dimensions limitées ! C'est un sujet dont on parle trop peu.

Écologie 
Novembre 2015 : Après vingt conférences pour le climat décevantes, la 21e était très attendue. Elle fut fortement médiatisée mais pas à la hauteur des espérances. La lutte contre le dérèglement climatique attendra encore.

Migrations 
Le phénomène migratoire s’accélère. En cause, les guerres et la misère. En 2015, près d’un million de réfugiés et migrants ont traversé la Méditerranée. 5350 personnes sont mortes noyées. 
Pendant ce temps, la xénophobie gagne du terrain.

Technologie 
En 2012 les trois quarts des habitants de la planète possédaient un téléphone portable. On a appris récemment qu’il y a désormais en France plus de smartphones que d’habitants !
Le 5 avril 2016, la télévision française est passée à la haute définition. L’époque où il fallait se rendre dans un café pour voir en noir et blanc un  match de football paraît bien lointaine!
La technique progresse. On ne peut en dire autant des programmes.

lundi 4 avril 2016

Regard (2016- semaine 14) : Lueurs d'espoir




LUEURS D’ESPOIR

    Ce qui est intolérable dans la période actuelle - alors que les diagnostics sociétaux, sociaux, économiques, environnementaux ont été établis et que nous savons que des alternatives existent - c’est de constater que ceux qui dirigent le monde continuent de persister dans l’erreur, de se moquer des électeurs,  que les consommateurs sont trompés par les grands groupes. La France, autrefois à l’avant-garde des idées libératrices, s’est glissée anonymement dans le peloton des pays qui acceptent la régression sociale qu’entraîne le ralliement aux thèses de l'ultralibéralisme.
   Il n’y a plus d’espoir à attendre du côté d’un pouvoir élu sur des idées de gauche et qui va de reniement en reniement. Le mandat présidentiel paraît interminable et les derniers mois seront sans doute marqués par d’ultimes manœuvres d’un côté pour garder le pouvoir, de l’autre pour y accéder. La politique française est si cadenassée qu’il est quasiment improbable de voir émerger des responsables qui mettraient en œuvre la politique dont le monde a besoin, laquelle entrerait résolument dans le processus de transition écologique, rendrait le pouvoir aux citoyens en adoptant une nouvelle constitution et créerait de nouveaux rapports entre les humains et le vivant.
   Dans l’immédiat, il faut donc se contenter de quelques succès acquis pour éviter que les propositions les plus critiquables du gouvernement n’aboutissent. Le retrait du projet de loi sur la déchéance de nationalité est une première victoire. Le projet de réforme du code du travail a vu naître une opposition forte marquée par l'engagement des lycéens et des étudiants. On avait tendance à dire que la jeunesse se désintéressait de la politique, elle a prouvé le contraire dans les défilés. Souhaitons que cela soit le signe d’un renouveau.

   Un autre fait a marqué l’actualité : la cruauté inadmissible exercée  contre des animaux dans des abattoirs du Sud de la France. Il ne s’agit pas d’un simple fait-divers. Les actes barbares révélés par l’association L214 sont à l’image de la société mondialisée : manque de démocratie (il faut beaucoup de courage aux militants pour filmer ces scènes), violence, priorité donnée à la rentabilité en pratiquant un élevage industriel qui fait souffrir les animaux. Le ministre de l'Agriculture a rappelé à cette occasion son attachement au bien-être animal.
  Cessons d’être hypocrites : le bien-être animal et la mort imposée sont deux expressions incompatibles.

samedi 2 avril 2016

Un musée, un tableau : Kröller-Müller, le Pont-levis de Van Gogh



Quand je découvre une ville, je ne manque jamais la visite d’un de ses musées. Il m’arrive aussi de me rendre dans une ville uniquement pour voir une exposition qui me paraît importante.

Aujourd’hui : le musée Kröller-Müller

   Le musée Kröller-Müller que j’ai visité à plusieurs reprises est celui que je préfère. Situé à l’est des Pays-Bas près du village d’Otterloo, il présente plus de 20 000 œuvres dont la plupart font partie de l’art moderne. Parmi celles-ci, une très belle collection des toiles de Van Gogh. Le jardin des sculptures qui entoure le musée  est l’un des plus grands d’Europe

Le tableau : le Pont-levis près d’Arles (1888)





   Quand Vincent Van Gogh peint ce tableau (il en existe onze sur le même thème), il séjourne à Arles et n’a plus que deux ans à vivre. Sa santé mentale s’est dégradée. Il éprouve une rage de peindre qui s’accompagne d’une envie de peindre de plus en plus vite. Si l’homme est en souffrance, l’artiste connaît la période la plus prolifique et inventive de sa vie. Il s’éloigne des Impressionnistes en créant une nouvelle manière de peindre qui annonce l’art moderne : les personnages et les objets sont réalisés à grands traits, il emploie les couleurs vives (jaune, bleu, vert comme dans ce tableau). Le génie de l’artiste est à son sommet.

  En ce qui concerne ce tableau, il faut noter que l'intérêt de Van Gogh pour ce pont (conçu par un ingénieur hollandais), venait du fait qu'il lui rappelait  son pays natal où les ponts-levis étaient nombreux.

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