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mardi 31 janvier 2017

L'actualité : la situation politique



  

   Guillaume 1er d’Orange avait beau dire « Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer", les choses vont mieux quand des signes concrets d'espoir se présentent.

   Il y a une dizaine de jours, la situation en France était figée sur une situation qui paraissait ne plus pouvoir bouger. L'élection à la présidentielle semblait se diriger vers un second tour opposant la candidate d'extrême droite à la droite. M. Fillon qui avait été désigné à l’automne faisait figure de favori (avec Mme Le Pen). La gauche au pouvoir avait tellement déçu que le président de la République avait renoncé à se présenter. L'écologie politique était en miettes, la gauche divisée….Et puis, il y a quelques jours, deux événements se sont produits et ont changé la donne.

  Une enquête du Canard enchaîné a apporté quelques informations qui ont troublé beaucoup de monde : on apprit que M. Fillon (qui promettait de redresser le pays en mettant en place une politique de rigueur demandant beaucoup de sacrifices aux gens modestes, en supprimant de nombreux postes de fonctionnaires) avait employé sa femme comme collaboratrice en lui accordant un salaire bien supérieur à ce que touche habituellement un(e) assistant(e) ; un de ses amis avait aussi embauché celle-ci dans une revue avec un salaire représentant plus de trois SMIC, le travail de la dame se limitant (selon l’ancien directeur de la revue) à deux courtes notes rédigées en deux ans !

  Si, à ce jour, l’emploi fictif n’est pas encore établi, une chose déjà est sûre : profiter de sa situation d’élu pour fournir d’importants revenus à sa famille est contraire à la morale, à l'heure où tant de gens ont du mal à trouver un travail, souvent mal payé. 
Le fait que les mesures préconisées par M. Fillon s’appuient sur une rigueur intolérable n’arrange pas son cas.
Tout à coup, l’avenir radieux qu’il envisageait s’assombrit ; sa victoire devient problématique.

   L’autre fait concerne la primaire du PS. Ce parti ayant perdu tout crédit après cinq années d’un pouvoir qui avait abandonné les fondamentaux de la gauche et s’était montré incapable de faire face aux enjeux du 21e siècle paraissait à l’agonie. 
   En éliminant le candidat de la continuité et en choisissant Benoît Hamon, les électeurs de gauche ont donné un signe très clair : ils se sentaient trahis et voulaient une politique radicalement différente. 
La prise en compte de la question écologique, une vision nouvelle du travail et de l’économie, la remise en cause de la croissance destructrice de l’environnement, des propositions audacieuses en faveur des jeunes, sont apparues comme de bonnes réponses à la crise globale.
Ces axes de travail qui vont dans le bon sens ont effacé  la résignation et ils ont fait renaître l'espoir.








samedi 28 janvier 2017

La phrase du week-end : Villages


Chaque samedi La phrase propose une réflexion sur des sujets variés (faits de société, littérature, art, voyages, nature, etc.) accompagnée d’une photo et d’un bref commentaire.


La citation
" À l'adolescence, la mémoire est tournée vers l'avenir plus que vers le passé, et les souvenirs que j'avais gardés de ce village n'étaient pas encore idéalisés par  la nostalgie."
              ( Gabriel Garcia Marquez) 




La phrase

J’aime les vieux villages pour deux raisons : la présence de la nature les rend hospitaliers et leur âme est dans la longue histoire que nous lisons dans les vieilles pierres des maisons, des  églises, des châteaux  et des pavés usés que les guerres ou la modernité ont épargnés.

Le complément



   Contrairement à  Gabriel Garcia Marquez, ce n’est pas la nostalgie qui me fait idéaliser les villages que j'ai connus dans ma jeunesse. Je ne cherche pas à travers eux à retrouver de vieux souvenirs ; il y en a de nombreux que j’ai découverts récemment au cours de voyages. Mon attachement est plus profond, il fait partie des utopies possibles pour le 21e siècle.

L’une des plus grosses erreurs commises par les décideurs au 20e siècle a été de ne pas enrayer la désertification des campagnes.*
Car les paysages ruraux sont des éléments essentiels de la qualité de vie.
Et puis n’oublions pas que notre nourriture provient des champs, des jardins, des vergers.
C’est pourquoi il est nécessaire de conserver les paysages qui n’ont pas été détruits par l’urbanisation et de faire revivre nos villages.
* Changer d’ère p.110





jeudi 26 janvier 2017

Lire et relire La Fontaine



   Jean de La Fontaine est l'un des auteurs français les plus populaires.
Né à Château-Thierry en 1621, il est séminariste à 20 ans, se marie à 26 ans, devient maître des eaux et forêts en 1652, père en 1653.
Sa première publication est une pièce (1654).
Les Contes et les Fables ont été écrits entre 1665 et 1694.
Il est mort en 1695.
*

   Depuis que l'école gratuite existe, les instituteurs ont contribué à faire la renommée de La Fontaine. Plusieurs générations d'élèves, à partir de la fin du 19e siècle, ont appris à l'école Le laboureur et ses enfants, La cigale et la fourmi, Le corbeau et le renard, Le loup et le chien…et ont retenu la morale de ces histoires :
« Rien ne sert de courir, il faut partir à point. »
« Plutôt souffrir que mourir
C'est la devise des hommes. »
« La raison du plus fort est toujours la meilleure... »

    Mais qui a vraiment lu l'ensemble des fables qui représentent douze livres ?
Un jour, dans une librairie, je tombai sur un livre imposant ; toutes les fables de La Fontaine y étaient rassemblées et elles étaient illustrées par Gustave Doré.


Daphnis et Alcimadure - Illustration de Gustave Doré

   S’il met souvent en scène des animaux, La Fontaine décrit aussi la société de son époque à travers des personnages, tels que l’avare et la veuve.
Dans L'Avare qui a perdu son trésor, on voit un homme abattu par le vol de sa fortune. Un passant plein de bon sens, sachant que l'avare ne touchait pas à son argent,  lui conseille alors de mettre «  à la place une pierre /Elle vous vaudra tout autant ».
Dans La jeune veuve, c’est une femme inconsolable qui apparaît ; elle est si triste qu'elle veut entrer au couvent. Peu de temps après, elle demande à son père :
« Où donc est le jeune mari/Que vous m’avez promis ?.. »

Et l’on retrouve dans chaque fable une morale qui est venue jusqu’à nous :
« Plus fait douceur que violence » (dans Phébus)
« Aide-toi, le ciel t’aidera. » ( Le charretier embourbé).

   La Fontaine est aussi l'auteur d'un livre moins connu que les fables. Il s'agit des Contes et Nouvelles en vers, un ouvrage qui dans sa forme ne correspond sans doute plus au goût de notre époque. Qui, en effet, est prêt de nos jours à se plonger dans un livre dont les 440 pages sont écrites en vers ?
À leur sortie, les Contes furent très critiqués. L'auteur sortait de ses thèmes habituels pour raconter des histoires croustillantes qui choquèrent les prudes. La gaudriole ne plaît pas à tout le monde et encore moins aux hypocrites.

   On a souvent reproché par ailleurs à La Fontaine de s'être beaucoup inspiré d'auteurs anciens (Horace, Pétrone, Boccace, Ésope…) C'est vrai, mais il faut reconnaître que sa version est souvent  plus agréable à lire que l'œuvre originale.





mardi 24 janvier 2017

Choses vues, lues, entendues n° 6


Cette rubrique - Choses vues, lues, entendues – est en quelque sorte un carnet de bord. On y trouve des impressions et des réflexions nées de scènes que j’ai vues (dans la réalité ou sur des écrans), de propos entendus, d’autres inspirées par des lectures (articles, livres)… 



CHOSES VUES

   Au lendemain de la passation de pouvoir entre Barack Obama et D.Trump, la manifestation organisée à Washington par les opposants au nouveau président élu avec quelque deux millions de voix de moins que sa concurrente a démontré, par le succès énorme rencontré qu’un grand nombre d’Américains n’étaient pas prêts à accepter sans broncher de possibles décisions aberrantes.
   Cette initiative appelée Marche des femmes s’est déroulée dans plusieurs grandes villes des États-Unis et d'Europe. Elle avait surtout pour but de rappeler à Trump que  de nombreux citoyens refusent le sexisme.
  Mais, au-delà de cette question importante, c’est la personnalité de l’homme qui se trouve désormais à la tête du pays le plus puissant du monde et ses idées populistes, nationalistes et racistes qui inquiètent tous les démocrates.


PAGES LUES
   L’histoire a longtemps caché des faits parce qu’il s’agissait de tabous.
Ceux-ci sont fréquents dans divers milieux : la politique (les institutions, les partis, l’État), les religions, les relations internationales…
Dans le livre Les tabous de l’Histoire, Marc Ferro présente quelques exemples de tabous. Il évoque notamment les guerres mondiales, la mort de Nicolas II, les Juifs et le cinéaste Rainer Werner Fassbinder (1945-1982) fasciné par la question.
   Il donne une explication à l’existence de ces tabous : ce sont souvent les tenants de l’autorité (la papauté, la royauté, le pouvoir bolchevik…) qui ont imposé un « silence opaque », la crainte de représailles (enfermement, assassinat) rendant difficile l’éclosion de la vérité.
  C’est ainsi qu’aujourd’hui nous ignorons encore certains faits qui seront révélés dans plusieurs décennies, voire plus tard.

PROPOS ENTENDUS
   Pour bien fonctionner, la démocratie a besoin de vérité et d'honnêteté.
Dimanche soir, j'écoutais sur une chaîne d'info les commentaires sur la primaire du PS.  À plusieurs reprises, un journaliste parla du candidat « de la gauche utopiste ayant une culture d'opposition », l'autre représentant « la gauche de gouvernement ». Pourquoi ce jugement basé sur des préjugés ?
Un autre compara Benoît Hamon à Trump ! Il le qualifia de populiste et annonça sans rire que celui-ci allait fermer les frontières» !
Les journalistes ont pour mission d'informer les gens. En émettant des propos mensongers et des avis fantaisistes, ils déshonorent leur profession.
  Du côté des politiques, le mépris des citoyens est parfois aussi fort. Certains, pour cacher leur manque d’idées nouvelles utilisent les vieilles méthodes qui consistent à dénigrer l'adversaire. M. Valls est un spécialiste du procédé. Ses arguments sont pitoyables :
« Moi je suis crédible, lui ne l'est pas » dit-il en substance, lors de cette soirée, avant d’ajouter :
« Dimanche vous aurez le choix entre un candidat de la défaite annoncée, (Benoît Hamon), et un candidat de la victoire possible. »
Cette façon de concevoir la politique est d'une bassesse affligeante ; elle est devenue insupportable.





samedi 21 janvier 2017

La phrase du week-end (2017 - semaine n°3)


Chaque samedi La phrase propose un regard sur des sujets variés (faits de société, littérature, art, voyages, nature, etc.) accompagné d’une photo et d’un bref commentaire.

La Nature



La citation

 C'est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n'écoute pas. "
Victor Hugo

La phrase
Réconcilier l'homme et la nature, ce n'est pas un retour vers le passé, c'est donner au futur la possibilité d'exister.

Le complément


En se retrouvant seul 
devant l’immensité de la mer

en traversant une forêt pleine de mystères

en regardant le ciel étoilé une belle nuit d’été
l’homme sage avait compris
que la Nature en savait plus que lui.

L’homme sans morale n’a pu accepter cette réalité.
Il a voulu dominer la Nature
conquérir des territoires

imposer sa loi à des peuples qu’il appelait sauvages.
Il a cru pouvoir domestiquer les fleuves
il a pollué les océans
chassé  les animaux de leur forêt, de leur prairie,
anéanti la vie partout où il est passé

Il laisse aux générations futures
un monde incertain.






mardi 17 janvier 2017

L’école, la grammaire et le prédicat




    Il y a quelques jours j’entendais sur une radio une mère se plaindre de la réforme de la grammaire à l’école primaire. En cause principalement, un mot qui l’effarouchait : prédicat.
   Cette dame n’appréciait pas ce changement imposé aux élèves et disait en substance que désormais les parents (qui n’ont connu pour la plupart que la grammaire traditionnelle) ne pourraient plus aider leurs enfants.

   Pour répondre à ces remarques, il est nécessaire de replacer le mot incriminé dans le contexte de la grammaire et dans celui – plus global – de la fonction de l’école.

1. Est-il normal que des parents soient obligés de reprendre à la maison des notions que leur enfant n’a pas bien assimilées ?
  La réponse est non. Depuis 1956, les textes officiels sont clairs : en dehors de l’école le seul travail demandé aux enfants est oral ; il consiste à apprendre des leçons, des poèmes, et la lecture est recommandée.
Les devoirs écrits sont interdits.
   Il appartient à l’enseignant d’organiser sa classe pour reprendre ultérieurement avec les élèves qui en ont besoin les notions mal comprises. Pendant ce temps, dans la méthode Freinet par exemple, les élèves les plus rapides travaillent de façon autonome.
On le sait grâce aux enquêtes PISA : l’école française ne remplit pas son rôle en ne réduisant pas les inégalités sociales. Les familles aisées paient des cours privés à leurs enfants, les parents qui le peuvent les aident et les inégalités augmentent.
Réduire ces inégalités doit être la réforme essentielle de l’école.

2. À quoi sert la grammaire ?
   Si elle est une matière à part, déconnectée de la langue, celle utilisée par les auteurs et celle que l’élève emploie pour rédiger, elle ne sert pas à grand-chose.
La grammaire est une matière passionnante pour les spécialistes (linguistes, professeurs de français…) et peut parfois provoquer  de longs débats. 
   Pour l’élève du primaire et du collège, elle doit aider à mieux comprendre les phrases qu’il lit et à exprimer ses idées le plus clairement possible. Cela ne nécessite pas l’utilisation de termes compliqués. Célestin Freinet était partisan d’une grammaire implicite, faite d’observations, de constatations aboutissant à des règles, le vocabulaire précis de la grammaire venant plus tard.

3. De la grammaire traditionnelle à une grammaire qui structure
La grammaire traditionnelle - vieille de 2 000 ans et qui n'a pas évolué depuis le 17e siècle - analyse les différents éléments d’une phrase en commettant des imprécisions, voire des erreurs.
Le verbe exprime un état ou une action ? Que dire des verbes aimer et souffrir ? demande Georges Mounin dans son livre Clefs pour la linguistique.
Elle fige la pensée dans des définitions qui ne sont pas toujours justes. Ainsi l’adverbe ne modifie pas toujours un autre mot. C’est le cas de beaucoup dans la phrase suivante :
- Beaucoup se taisent quand un scandale éclate.

Elle entraîne des erreurs dans le raisonnement. Partons d’une phrase simple :
Pierre mange.
Pierre est le sujet, celui dont on dit quelque chose.
Mange est ce qu’on dit du sujet, c’est le prédicat ( ou verbe)
Enrichissons le prédicat :
Pierre /mange / des huîtres.  (sujet – verbe – COD (complément d’objet direct)
Les choses se compliquent quand on écrit :
Pierre mange des huîtres  à Noël.
La grammaire traditionnelle considère que "à Noël" est un complément circonstanciel de temps du verbe manger.
- Pierre mange quand ?
- à Noël.
Est-ce la réalité ? Non, il mange tous les jours, et même plusieurs fois par jour. Mais il a pris l'habitude de manger des huîtres à Noël. 
Cela nous démontre que "à Noël" n’est pas un complément du verbe seul, il complète le groupe de mots : mange des huîtres.

Cette grammaire ancienne fait du verbe le noyau de la phrase. Ce n’est pas toujours vrai. Dans la phrase :
On avait fait de la ville un camp retranché.
On fait apporte peu d’informations ; ce qu’il faut comprendre dans cette phrase, c’est que la ville est devenue un camp retranché.

Si Alphonse Daudet avait suivi la règle qu’on lui avait enseignée à l'école (une phrase doit toujours comporter un verbe), il n’aurait jamais écrit :
Mon bâton, ma pipe, et me voilà parti !
Mais plutôt :
J’ai pris mon bâton, ma pipe et je suis parti !
La vieille rhétorique enseigne comment on doit écrire. Le style échappe à ses règles.
                                                          *
  La linguistique, étude scientifique du langage, s’est développée en France à partir du début du 19e siècle notamment grâce à Ferdinand de Saussure. On ne peut continuer, au 21e siècle, d’enseigner la grammaire sans tenir compte des progrès réalisés dans ce domaine depuis deux siècles. 
   Il ne s’agit pas d’apprendre à des élèves de 10 à 15 ans  tout le vocabulaire de cette science mais seulement de leur faire comprendre l’organisation des mots d’une manière plus rationnelle et plus juste, en utilisant par exemple des représentations graphiques s’inspirant de l’arbre de Chomsky (voir photo ci-dessous).
  Cela serait un premier pas vers une meilleure approche du  fonctionnement de la langue, avant d’aller plus loin dans la complexité, ce que Chomsky lui-même a fait dans ses travaux.
                                  exemple d'arbre fourni par G.Mounin (Clefs pour la linguistique)

Dans cette optique, la réforme de la grammaire à l'école primaire va dans le bon sens car elle découpe la phrase de manière logique : sujet / prédicat / éventuellement complément de phrase ( à Noël dans l'exemple cité plus haut)



samedi 14 janvier 2017

La phrase du week-end : Les utopistes


Thomas More, auteur de L'Utopie.
Tableau de Hans Holbein le jeune (détail) -1527


La citation

" Une utopie est un projet réalisable, qui n'a pas encore été réalisé. "

(Théodore Monod)
La phrase
Quand on regarde le monde avec lucidité, on se dit que l’utopie serait de croire que l'humanité pourra exister longtemps encore en continuant de vivre selon les règles de la société industrielle.
Le complément
   Devant l’état de ce monde à bout de souffle, deux attitudes sont possibles : la résignation qui mènerait à la catastrophe et l’utopie qui proposera une voie nouvelle.
La raison nous oblige à choisir la seconde.
*
  Victor Hugo, le visionnaire, fait partie des grands utopistes du 19e siècle. Voici quelques vers extraits des Châtiments (1853) qui le prouvent :
" Où donc est l’échafaud ? Ce monstre a disparu."  ( utopie devenue réalité)
*
Plus de soldats l’épée au poing, plus de frontières,
Plus de fisc, plus de glaive ayant forme de croix.
*
Et l’Amérique dit : - Quoi ! j’avais des esclaves ! (utopie devenue réalité)
*
Les tyrans s’éteindront comme des météores.
*
Tout sera paix un jour !
Liberté! plus de serf et plus de prolétaire !

   Beaucoup d'utopies  restent encore à réaliser !

jeudi 12 janvier 2017

Voyage dans le temps (2)


En Provence

   Dans un précédent billet, nous avons vu l’intérêt présenté par les santons qui permettent la reconstitution de scènes évoquant la vie des gens d’autrefois. Les artisans qui fabriquent ces figurines en argile ne se limitent pas à la représentation de scènes religieuses ; ils recréent avec réalisme l’ambiance des villages et des villes.

Photo bj.caron

  Après la Russie, notre voyage dans le temps nous mène aujourd’hui en Provence. L’ensemble de l’exposition donne un aperçu complet de cette province : on y retrouve les couleurs vives qu’utilisait Van Gogh quand il peignait un pont, une maison, un champ dans les environs d’Arles, le moulin de Daudet, Frédéric Mistral et son grand chapeau noir, les étals couverts de fruits, de légumes et de poissons, les oliviers qui s’agrippent à la colline...
Rappelons, pour mieux apprécier la minutie du travail des artistes, que chaque scène occupe une surface de moins de dix décimètres carrés.

   Attardons-nous sur deux scènes particulières : la classe d’autrefois et la partie de cartes.

La classe
On est aux alentours de 1900 et l’on assiste à une leçon de calcul, sans doute au cours préparatoire (puisque l’on est à la fin de mai et qu’à cette époque on abordait déjà l’étude de la division). Le maître porte une blouse grise ample ; au fil des années celle-ci deviendra bleue, parfois blanche, avant d’être remplacée par la veste ou une tenue plus décontractée.
   Le tableau est noir, l’enseignant et les élèves y écrivent à la craie, il deviendra plus tard vert puis blanc, ce qui entraînera la disparition de la craie.
À noter encore la présence d’une petite estrade sur laquelle est placé le bureau. Dans les années 80, on supprimera l’estrade - symbole de l'autorité - dans de nombreuses classes.
Chaque élève dispose d’un pupitre en bois ; le plan de travail est incliné, l’enfant est assis sur un banc. Ce type de pupitre sera utilisé pendant des décennies, le plus souvent il accueillera deux élèves. Puis ce sera l’apparition des chaises et des tables individuelles, avec un plan de travail horizontal.
En deux siècles, on est passé du porte-plume et de l’ardoise à la tablette. Le progrès technologique ne veut pas dire forcément progrès pédagogique.

photo bj.caron
La partie de cartes
   Cette scène est un hommage à Pagnol et à sa célèbre partie de cartes où chacun triche, soit en faisant des gestes, soit en parlant.
On reconnaît les quatre protagonistes : Escartefigue, Panisse, César et Monsieur Brun. Ils jouent à la manille et l’on imagine César en train de dire sa fameuse réplique :
- Tu me fends le cœur. Pas vrai, Escartefigue ? Il me fend le cœur.
Et Panisse qui répond :
- Est-ce que tu me prends pour un imbécile ?


C'est un voyage dans l’histoire, dans la littérature d’un pays, bref dans la culture,qui est ici offert grâce à  ces petits personnages auxquels des artisans donnent vie, pour notre grand plaisir. 

mardi 10 janvier 2017

Semeurs d'idées : Ceux-là




COSMOS photo de Jack Moreh - freerangestock.com


   Jean Ferrat disait qu’il ne chantait pas « pour passer le temps ». Il avait des choses à dire et avait choisi d’exprimer ses idées (son amour de la nature, la fraternité, sa vision d'une société plus juste…) par le biais de la chanson. Comme lui, Brassens, Brel, Léo Ferré et bien d’autres ont divulgué leurs  idées par ce mode de communication populaire.

   Quand on n’utilise pas la langue de bois, le discours est un autre moyen de faire passer des messages. Dans un format en principe plus long, la conférence atteint le même but. Pour l’orateur, elle a l’avantage de permettre un échange avec le public.

   Pendant des siècles, l’oralité a été la seule façon de communiquer.

  L’invention de l’imprimerie dans un premier temps, puis la gratuité de l'école ont favorisé le développement de l’écrit.
Dans ce domaine, les moyens de partager des idées ne manquent pas : il y a l’article, la chronique, le tweet, le livre… et le poème.
Celui-ci est la forme la plus élaborée de l’expression. Non seulement il transmet des idées – avec beaucoup moins de mots qu’un texte philosophique - mais il offre en plus un travail sur le langage qui lui donne une autre dimension : le poème se différencie du langage ordinaire car il fait partie des arts.

  Ces différents modes d’expression, je les ai tous utilisés pour transmettre quelques idées qui me tiennent à cœur ; c’est le cas du thème traité dans le poème qui suit : la nécessité de réenchanter l’être humain, de bâtir une société où celui-ci retrouvera  la dimension poétique que la société matérialiste lui a fait perdre.
*
CEUX-LÀ
La montagne se tait
quand ils regardent ses pentes
où l'ancolie frémit au vent léger de mai.

Ceux-là n'entendent pas
le chant lointain des étoiles
dans la douceur alanguie
d'une nuit d'été.

Et leur cœur sec reste sourd
à la musique intemporelle
et enivrante du cosmos.

Ils ne sentent pas le souffle vital
du chêne centenaire
qui leur offre son ombre.

Ils vont, viennent, s'agitent
ils errent tristement
dans des villes sans âme où brillent les néons,
où bruissent les machines.

Et leur enfance est morte.




Chroniques les plus lues