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jeudi 29 avril 2010

PORTRAIT : Omer



LE CANCRE

"... sous les huées des enfants prodiges
avec des craies de toutes les couleurs
sur le tableau noir du malheur
il dessine le visage du bonheur. "
( Jacques Prévert )

Nicolin, vous êtes un cancre !
La sentence prononcée par le professeur de français résonne terriblement dans sa tête.
Cancre, ce mot lui fait mal ; intuitivement, il lui fait penser à cancer. Il saura plus tard qu'il ne se trompait pas.



Dans la cour du collège, à l'écart des camaradesdont il ne supporte plus les moqueries, le jeuneOmer repense aux critiques qu'il vient de subir.
Il n'a " rien compris au texte magnifique de Victor Hugo", a dit le prof. Ce combat de Roland et d'Olivier, il a bien essayé de le lire avec attention. Il n'y est pas parvenu, tant il l'a détesté.
Ce combat interminable entre deux hommes, ces histoires d'épées affublées de noms stupides ─ Closamont, Durandal ─, ces affaires de heaume et de haubert, il ne les a pas supportées.
Il a rendu un devoir trop court, un texte bâclé.
La grande passion d'Omer, c'est le dessin. A longueur de journée, il dessine des animaux dans leur cadre naturel. Plus tard, il écrira des livres illustrés qui feront rêver les enfants. Il parlera de poules d'eau,d'escargots, de papillons, de chevauchées fantastiques dans les prés et les bois.
Il  pense passionnément à ce qu'il veut faire plus tard... et tous les zéros de son carnet de notes s'envolent et vont se perdre dans les nuages.

mardi 27 avril 2010

PAYSAGES ET TOURISME DURABLE

Montpezat d'Agenais

La qualité des paysages ruraux a été un élément

essentiel dans le développement du tourisme.
Dans de nombreux départements, celui-ci est
devenu une activité économique importante
avec les risques que cela comporte.
Ce développement appelle quelques remarques.

Ceux qui ont connu 1936, année où les congés

payés sont nés, se souviennent de cette loi qui
devait changer la condition ouvrière : le tourisme
était ouvert à tous. Il fallut cependant attendre
le début des années 60 pour connaître le
phénomène du tourisme de masse qui voyait
les gens s'agglutiner par milliers dans les mêmes
lieux, en particulier au bord de la mer et davantage
encore sur les plages ensoleillées. Mais l'essor
touristique n'a pu échapper aux inégalités sociales :
aujourd'hui encore, un Nordiste sur deux ne
part pas en vacances.
Ce tourisme de masse s'est inséré dans la logique
de la société de consommation. Aller loin, le plus
vite possible, visiter les lieux intéressants ─ ceux
qui sont signalés dans les guides spécialisés ─
de manière superficielle, tel est le credo de cette
forme de tourisme encore pratiqué aujourd'hui,
en particulier dans les destinations exotiques.

Depuis deux décennies, l'idée d'un tourisme
durable basé sur l'authenticité, le respect des
autochtones et de l'environnement, l'intégration
dans la vie locale, fait son chemin.
Certes la beauté des paysages, des sites naturels
sauvegardés, des villages de caractère, restent des
atouts touristiques affirmés, mais de plus en plus,
les gens s'éloignent des images préfabriquées et
partent à la recherche de lieux de vie réels, non
sophistiqués. Ils ne se considèrent plus comme
des touristes de passage, mais se mêlent aux
habitants et reviennent souvent plusieurs années
de suite au même endroit. Beaucoup abandonnent
la voiture et découvrent les paysages en marchant.

Ce ressourcement peut être un engagement
spirituel, une démarche écologiste, une tentative
de sortie du système actuel. Ou tout cela à la fois.
Il s'agit là d'un phénomène intéressant.


dimanche 25 avril 2010

Marken






Souviens-toi de Marken
et de ces vieux marins
qui fumaient sur un banc
en regardant la mer.

La mer, ils l'aiment tant que leurs maisons de bois
ressemblent aux bateaux battus par les grands vents.

Souviens-toi de Marken
et des femmes ridées
avançant sur les quais
toutes vêtues de noir.

La mer c'est l'ennemie, et leurs yeux fatigués
scrutent l'horizon noir quand la vague fulmine.

Lorsque l'âge ramène
près d'elles les marins,
les femmes apaisées
rêvent de joies tranquilles.

Eux, conquérants déchus, s'enferment dans leur île (*)
avec leurs souvenirs de tempêtes, de brumes.

La mer, elle est en eux
et leurs maisons de bois
ressemblent aux bateaux
abandonnés au port.

Souviens-toi de Marken et de ces vieux marins
qui regardaient la mer en fumant sur un banc.

* Jusqu'au milieu des années 50 Marken fut une île.

vendredi 23 avril 2010

LA COCCINELLE

NATURE



Parmi la multitude d'insectes qui fréquentent nos
lieux familiers, la coccinelle est sans aucun doute
celle qui bénéficie de la réputation la plus flatteuse.


Dans le regard de l'enfant qui n'a reçu aucune leçon
de biologie et qui se fie aux apparences, la
coccinelle semble immédiatement sympathique.
Il aime sa couleur vive, ce beau rouge écarlate
constellé de quelques points noirs ou jaunes,
sa forme arrondie, son aspect lisse et sa petite
taille rassurante.
L'enfant craint la guêpe et le bourdon qui piquent,
il déteste l'araignée et le cafard qu'il trouve
repoussants mais dès qu'une coccinelle vient se
poser sur sa main, il manifeste sa joie ; le léger
chatouillis qu'il ressent le fait sourire.
A l'âge adulte, ces craintes et préjugés persistent
souvent.

Le jardinier apprécie la coccinelle pour sa voracité
qui le débarrasse des pucerons et cochenilles
redoutés.

Tout le monde aime la coccinelle et l'appelle

familièrement " bête à bon dieu ". Le dévot
devine en elle la bonté divine ; en prononçant
ces mots, le mécréant ne peut s'empêcher de
repenser aux jurons de son enfance.


Bref, tout irait bien pour elle si une menace
venue de Chine ne pesait sur l'espèce : la
coccinelle asiatique est devenue sa hantise
et la coccinelle de nos prés, de nos bois,
maudit la mondialisation.

mercredi 21 avril 2010

Regard sur un nuage de cendres



Etrange époque ! 


Il a suffi de la conjonction de deux phénomènes naturels ─ le réveil d'un modeste volcan dans un pays qui en compte 200 et un anticyclone qui transporte dans une certaine direction un gigantesque nuage de cendres ─ pour paralyser un système qui se croyait inébranlable.



Aussitôt la médiatisation de l'évènement met en avant les conséquences néfastes pour ce système économique : la perte engendrée par l'annulation de 16 000 vols pour les compagnies aériennes et les agences de voyages, pour le commerce international, dans l'impossibilité de livrer les fruits, légumes et fleurs venus de lointains pays, les petites misères de 7 millions de passagers, pour la plupart des vacanciers adeptes d'un tourisme exotique non équitable. C'est aussi l'occasion pour les bénéficiaires du système mondialisé de remettre en cause le principe de précaution qui a retenu les avions au sol. Ceux-là se souviennent-ils que si ce principe avait été adopté plus tôt, l'amiante n'aurait pas tué autant de personnes, des drames liés aux inondations auraient été évités ?

Quelles leçons tirer, d'un point de vue écologiste, de cet épisode ?
─ L'homme qui joue aux apprentis sorciers depuis deux siècles doit redevenir modeste vis-à-vis de la nature.
─ Il est grand temps de préparer l'ère de l'après- pétrole. Le modèle de développement actuel, vorace en énergie et inégalitaire, n'est pas viable dans la durée.
─ Dans cette perspective, la relocalisation de l'économie est indispensable.
─ Enfin, le principe de précaution doit être maintenu : la santé, la vie des gens, comptent davantage que les intérêts financiers.

samedi 17 avril 2010

Des violons qui chantent la paix


MUSIQUE

J'ai assisté hier soir, à Boulogne, au concert qui ouvrait
le Festival des Violons de la Paix, appelé ainsi en
hommage à Yehudi Menuhin qui avait des liens
privilégiés avec notre ville et qui, à travers sa musique
et ses actions, n'a cessé de porter un message
humaniste, un message de paix.
Bien qu'elle accueille chaque année des artistes de
renom, l'agglomération souffre de l'absence d'une
salle digne de ce nom. (Je me souviens d'un concert
donné il y a quelques années par Barbara Hendricks
dans une salle de sport et des pluies d'orage qui
couvraient par instants la voix de la cantatrice).

Pour ce festival, l'agglomération comble ce handicap
en plaçant les musiciens dans des lieux inhabituels :
églises, musée, château ou dans la rue.
Autre originalité, le festival mêle des modes
d'expression diversifiés : poésie, théâtre, arts
plastiques, cinéma.
C'est ainsi que le spectacle d'ouverture a démarré
avec le violoniste David Grimal qui a interprété deux
morceaux de Bela Bartók et de Pablo Sarasate.
Il s'est poursuivi avec la projection du film Carmen
réalisé par Cecil B. De Mille en 1915 accompagnée
par la musique de Bizet. Franck Strobel qui dirigeait
l'Orchestre de Picardie a réussi à cette occasion une
performance époustouflante. S'appuyant sur des
images vieilles de près de cent ans, il a réussi à
redonner au drame de Carmen ─ que chacun
connaît dans les moindres détails ─ un nouveau
souffle.
Telle est la magie de la musique lorsqu'elle est
visitée par un grand artiste : elle se renouvelle sans
cesse.

mardi 13 avril 2010

Savoir se taire


Le mot n'est pas toujours l'outil le mieux adapté pour exprimer une idée, un sentiment.

Par exemple, la danse qui permet  - avec ou sans le soutien de la musique - une multitude de sentiments ( la violence, la sérénité, la détresse...) grâce au mouvement des corps n'a pas besoin de mots. Au contraire ! Le commentaire dénature le message.



Me trouvant devant les tournesols coupés peints par Van Gogh, saisi par la force du tableau, je préfère me taire. Je pense ( en parodiant Queneau)  que " sur cette toile, il ne faut rien direcar de cette toile se dégagent des impressions indicibles.


Parfois c'est dans le silence que la beauté se révèle.


dimanche 11 avril 2010

Coup de colère : LES ERUDITS


L'état écologique de la planète est préoccupant.
Depuis plus de trois décennies, les colloques,
conférences et sommets se multiplient. Les causes
du désastre annoncé sont connues mais la prise
de décisions qui pourraient changer le cours des
choses ne cesse de reculer.
Le temps des discours est révolu. Il faut agir sans
tarder.


LES ERUDITS


Les érudits parlaient,
assoiffés de paroles.


Sophistes prétentieux,
conférenciers bavards,
les érudits parlaient.


Ils discutaient de tout
hormis de l'essentiel


Et pendant qu'ils parlaient
le feu rageusement
embrasait la forêt
et les flammes couraient
aux portes de la ville.

vendredi 9 avril 2010

ECOLOGIE ET SPONSORS




Ce lundi, Jean-Louis Etienne a quitté le Spitzberg

en rozière ─ ballon mixte contenant de l'hélium
et de l'air chaud ─ pour effectuer le survol du Pôle
Nord, une traversée de 3500 km qui le conduira
en Alaska.
Il s'agit d'une mission scientifique effectuée dans
le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.
Plusieurs mesures seront faites concernant la
quantité de dioxyde de carbone, le champ magnétique,
les particules en suspension, l'ozone troposphérique
ou " mauvais ozone" qui résulte de la pollution
près de la surface de la terre.
Cette mission scientifique est importante car elle
permettra de mieux connaître l'état écologique de
la planète. Et on ne peut que souhaiter son succès.

On peut regretter cependant qu'une telle expédition

apparaisse aussi comme une action publicitaire, le
nom d'un assureur s'affichant en grosses lettres sur
le ballon de Jean-Louis Etienne. Parmi les partenaires
on retrouve également le CEA, bien connu pour son
engagement dans le nucléaire.
L'appui apporté à de telles missions par les sponsors
est gênant pour deux raisons. Il peut d'abord jeter un
discrédit sur celles-ci. On se souvient de l'expédition
avortée de Jean-Louis Etienne, il y a deux ans : son
dirigeable ( abîmé par une tempête) avait été financé
par l'affrêteur impliqué dans le naufrage du pétrolier
Erika qui avait causé la pollution de 400km de côtes
et la mort de 150 000 oiseaux mazoutés.
Ce parrainage avait fait bondir les écologistes !
La deuxième raison est que, pour garantir son
indépendance, toute mission scientifique devrait
s'affranchir de tout lien commercial ou financier.


lundi 5 avril 2010

Ecrire, parler : A propos de styles





J'aime, dans l'écriture comme dans la vie, la sobriété.Aller à l'essentiel en peu de mots est une nécessité.
Le texte doit être débarrassé de sa gangue.C'est ce qui donne toute sa force au message.




Ecrire c'est communiquer ( une émotion, une idée,une colère...). Ce que je reproche à bon nombre d'auteurs modernes qui disent souffrir de leur solitude, c'est de s'enfermer dans cet état en choisissant la voie de l'hermétisme qui n'est pas toujours celle du génie.




Alain avait raison : il faut offrir " toute la poésie à tous, autant qu'on pourra"...

samedi 3 avril 2010

Pâques




Pâques, fête religieuse pour beaucoup de gens, s'inscrit dans la continuité des croyances païennes, dans la référence à l'équinoxe et à la pleine lune : il a lieu en effet le premier dimanche qui suit la première lune du printemps.
Pâques annonce le retour du printemps.
C'est en toute logique que pour célébrer cette fête on a choisi de mettre à l'honneur l'œuf.
L'œuf, symbole de la germination, de la renaissance, promesse de vie, à la forme parfaite, univers clos protégé par une coquille qui paraît fragile à nos yeux d'humains mais résistante et coriace aux yeux du poussin qui cherche à s'en extirper quand vient l'heure de l'éclosion.
Œuf qui apaise la faim et que celui qui n'a pas mangé depuis longtemps regarde tristement, dans le poème de Jacques Prévert :
"Il est terrible
Le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir
d'étain
Il est terrible ce bruit
Quand il remue dans la mémoire de l'homme qui
a faim"
Œuf symbole protection, abri dans lequel les rumeurs du monde extérieur parviennent à peine.

jeudi 1 avril 2010

Manolete : le film qui fâche


Le film Manolete réalisé par Menno Meyes vient

de sortir. Ses principaux interprètes sont Adrien
Brody et Penelope Cruz, réputés pour être de bons
acteurs.
Ce film suscite la polémique non pas en raison du
sujet traité ( l'histoire de l' illustre matador Manuel
Rodriguez Sảnchez ) mais plutôt parce qu'il
apparaît comme un plaidoyer pour la corrida.
C'est notamment l'avis de l'association Alliance
Anticorrida qui " trouve inadmissible de diffuser le
film" dans les salles.
Je fais partie de ceux qui pensent que la corrida
est une tradition barbare et, contrairement à ses
aficionados, je ne trouve aucune esthétique dans un
rite qui donne la mort à un animal après lui avoir
infligé d'atroces tortures.
Dans la bande-annonce du film, on entend l'amie
du matador lui dire:
- " Tu as pris la mort pour épouse."
S'exposer au risque de la mort est le choix
- discutable - du matador. Imposer la mort à
l'animal dans les conditions que l'on sait, devrait
être interdit.

Je n'irai pas voir le film Manolete. Cependant la liberté
d'expression est un droit qu'il faut absolument
préserver même quand celle-ci défend des positions
plus que discutables.
Les défenseurs de la cause animale profiteront de la
sortie du film pour continuer leur action contre la
corrida.

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