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samedi 28 février 2015

Repères n° 35 : le cinéma

Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des réflexions basées sur l'observation, l'expérience, les souvenirs  personnels et la théorie. 


n° 35


LE CINEMA ( première partie)

Le cinéma est un art du spectacle, c’est un loisir populaire quand son objectif principal est de distraire, c’est aussi un langage qui s’appuie sur le texte ( parfois littéraire) et l’image. Des cinéastes engagés ou ambitieux l’utilisent pour faire passer des messages, d’autres le considèrent uniquement comme un moyen de divertir les gens.
La qualité des films est variée : pour quelques  chefs d’oeuvre rares, combien de films médiocres qu’on oublie vite ! 
Depuis son invention, le cinéma  a beaucoup évolué pour répondre aux critères de la société. La recherche du plus grand nombre possible de spectateurs entraîne hélas un certain conformisme ou des dérives ( excès de violence ou d’effets techniques...)

Malgré cela le cinéma reste un mode d’expression passionnant. Il suffit de faire le tri entre tous les films qui sortent pour trouver ceux qui nous procureront un plaisir.

Le cinéma et la société
Quand le cinéma est apparu, à la fin du 19e siècle, il a révolutionné les arts : il a permis à des milliers puis des millions de personnes de suivre  sur un écran des histoires jouées par des acteurs, permettant ainsi d’enrichir la culture de masse, un peu comme l’imprimerie l’avait fait pour le livre.
Le cinéma s’adressait à tous, il est vite devenu populaire.
Pourtant après la seconde guerre mondiale, aller au cinéma n’était pas si facile. Les salles étaient construites la plupart du temps dans les villes, et peu de gens possédaient une voiture.
Dans ma commune, un seul endroit permettait de voir  des films : c’était le patronage.
C’est là qu’à partir de huit ans, j’ai fait connaissance avec le cinéma. On projetait parfois des films muets qui étaient soutenus par la musique que jouait une pianiste. C’est dans cette salle que j’ai découvert le personnage de Charlot et le duo formé par Laurel et Hardy.
Charlie Chaplin dont j’ai vu bien plus tard l’intégrale des œuvres était un réalisateur génial.
Aujourd’hui encore, on est frappé par la modernité de son film  Le dictateur.

J’avais dix ans quand j’ai mis pour la première fois les pieds dans une salle de cinéma. C’était à Strasbourg où j’étais en vacances. Le film était Le trou normand, de Jean Boyer. Certes il ne fait pas partie des meilleurs films français mais les acteurs principaux étaient Bourvil et Brigitte Bardot qui faisait, à 17 ans, sa première apparition au cinéma.

Dans les années 60, il  y avait plusieurs cinémas dans toutes les villes. Ils offraient des programmes variés.
L'arrivée des complexes a rompu l'équilibre entre les grandes productions et le cinéma ambitieux qui survit difficilement. 

Caractéristiques du cinéma jusqu’en 1950
À part quelques exceptions (Luis Buñuel, Bergman...)   de ses débuts aux années 50, le cinéma s’est révélé plutôt conformiste et pudique, notamment dans les films américains.
Il respectait la morale, la hiérarchie, le héros sympathique et brave devait toujours vaincre ; dans les films romantiques, le “ Happy end” était la règle : un baiser pudique concluait l’histoire.
En ce qui concerne les mœurs, il ne fallait pas choquer la pudeur des spectateurs. C’était hypocritement “ Cachez ce sein que  je ne saurais voir”.
À partir de 1928 un office catholique donnait un avis moral sur tous les films. Certains étaient censurés.
En 1967 la censure existait encore ; cette année-là le film de Jacques Rivette La Religieuse ( d’après Diderot) fut censuré puis interdit aux moins de 18 ans, le sujet étant jugé trop scabreux.

jeudi 26 février 2015

Le boycott : pensez-y


Dans un précédent article nous avons vu quelques formes de  luttes.  Parmi celles-ci, il y a le boycott, un mode d’action à ne pas négliger.



LE CONSTAT  

Il faut bien reconnaître que les militants écologistes ne sont pas parvenus jusqu’à maintenant  à  convaincre une majorité de gens  de  vivre autrement afin de réduire leur impact écologique.

Dénoncer - comme cela se fait depuis des décennies - le système dominant qui, par son mode d'organisation et par ses objectifs, est la cause des maux dont souffre la société, ne suffit pas  à mettre  en place une société alternative.
De même,  limiter son action à un discours théorique annonçant  un avenir radieux grâce à l’écologie n’est pas efficace.
Quant à la culpabilisation des personnes  n’ayant pas un comportement écologique,  c'est la pire des façons  d’agir. 
D’autre part, ceux qui possèdent la connaissance ne doivent pas être des  donneurs de leçons, ils doivent être des acteurs du changement parmi les autres.

En utilisant les vieilles méthodes, on risque de prêcher longtemps dans le désert !.

MILITER AUTREMENT

L'urgence qui s'impose à nous devant l'ampleur de la crise planétaire est de mobiliser le plus grand nombre de citoyens pour changer les comportements individuels et obliger les décideurs économiques à modifier leurs pratiques.
Dans cette lutte inégale du pot de terre contre le pot de fer, le poids des consommateurs pourrait se faire sentir et faire bouger les choses.
Malheureusement, le mouvement consumériste est actuellement très faible en France. Par ailleurs l' éparpillement des militants luttant pour un autre mode ( défenseurs du bio, partisans  des AMAP, objecteurs de croissance, etc..) les confine dans une sorte de  marginalité. 

Nous devons nous adresser au plus grand nombre, contribuer au développement de ce mouvement qui se place dans une alternative à la société de consommation, et agir à partir de faits concrets, en utilisant des formes d'action variées, et autant que possible conviviales.

Dans cet état d’esprit, la pratique du boycott à grande échelle pourrait donner de   bons résultats.
La somme des actions individuelles ne pourra pas  résoudre les problèmes écologiques ( pour cela des décisions politiques sont aussi nécessaires) mais la responsabilité individuelle me semble être le seul moyen possible pour enclencher le processus de basculement vers une autre société. 
Le boycott est un acte responsable. Cesser d’acheter des produits ne répondant pas aux critères environnementaux, sociaux et moraux   indispensables à un bon fonctionnement de la société, est un engagement  citoyen.

Prenons l’exemple de la fraise :
Seul un tiers de ces fraises est produit en France. Les 2/3 sont importés, principalement d'Espagne.  Les importations du Maroc représentent 13% et celles de Belgique 6%.
( source:  planetoscope.com)
Les fraises espagnoles ne sont pas de bonne qualité  et elles sont produites autour du parc national de  Doñana, dans une région inscrite au patrimoine mondial de l' Unesco.  
Que leur reproche-t-on ?
-  les fruits sont cultivés sous tunnel.
- les forages des nappes phréatiques  ont un effet néfaste ;   la moitié des apports en eau douce provient de zones humides  classées parmi les plus remarquables d' Europe.
- des tonnes de résidus de plastique sont dispersées chaque année dans la nature.
-on note aussi l'utilisation abusive de fongicides, engrais et pesticides ( dont le bromure de méthyle interdit par l' Union européenne).   
                                         
Il serait bon que de nombreux  consommateurs  utilisent l' arme du boycott pour freiner la vente de ces fraises.
Le boycott est une arme qui peut toucher tous les produits et entreprises  qui polluent  ou fabriquent dans des conditions sociales et morales inadmissibles.
N'hésitons pas à nous servir de cette forme de lutte.

mardi 24 février 2015

Sur mon bloc-notes ( semaine 9)

À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.


Comédien et citoyen

Pour des raisons stupides, les comédiens étaient à l’époque de Molière  des personnes méprisées par les riches et considérées par l’Eglise comme des êtres bizarres et dangereux, au même titre que les sorciers et les charlatans ; les prêtres refusaient de les enterrer religieusement.
Si les choses ont changé depuis ces temps d’obscurantisme, la société moderne  conserve quelques traces de discrimination en mettant en doute leur crédibilité en tant que citoyens.

Pourquoi un homme ou une femme dont le métier est de servir la culture grâce à son talent, à sa sensibilité, à son intelligence, aurait moins de capacités qu’un député ou un ministre issu de la finance, de l’industrie ou d’une administration, pour comprendre les problèmes de la société et chercher à les résoudre ?

Dans les années 80, Coluche qui faisait rire toute la France, n’a-t-il pas donné une leçon aux politiques en  rendant concrète l’idée de solidarité, avec les Restos du cœur ?
Ce samedi, sur France 2, Philippe Torreton, l’un de nos meilleurs acteurs, est venu présenter son livre Cher François composé de lettres destinées au Président de la République.
Au cours de cette interview, il a fait une analyse sérieuse de la situation en France, il a rappelé les incohérences d’une certaine extrême-gauche (LO) dans laquelle il avait cru dans le passé. Ne se contentant pas de critiquer les promesses non tenues de François Hollande, il a fait des propositions intéressantes, notamment dans le domaine de l’éducation. 
Son approche des questions était avant tout humaine et remplie de bon sens.
Il a démontré que les comédiens sont des citoyens à part entière. 
Avec de tels hommes, la rénovation de la  politique  devient possible.

Salon de l’agriculture : une mascarade
Chaque année le salon de l’agriculture fait son retour pour donner une image positive d’une activité économique qui a abandonné dans la plupart des exploitations les principes de base : respect de l’environnement, production de produits sains.
Les personnages politiques, en particulier les présidents de la République - à l’exccption de François Mitterrand - prennent plaisir à se montrer dans cette manifestion. C’est à celui qui restera le plus longtemps au milieu des vaches et des moutons.
José Bové a eu raison de dénoncer cette mascarade en annonçant que 29 projets de fermes-usines étaient en cours en France, projets bien éloignés de l’image que le salon de l’agriculture veut donner.

Grandes marées
Pour les photographes et les amateurs de belles images, les grandes marées offrent des spectacles magnifiques et impressionnants.
Voir une vague énorme venir s’écraser   sur les roches et recouvrir la jetée qui borde la mer procure de belles sensations.
Cette année le nombre de marées à gros coefficients sera exceptionnel (60). N’oublions pas cependant le danger présenté par ces fortes vagues quand les vents sont violents. Le risque de catastrophe est alors élevé.


dimanche 22 février 2015

Repères n°34 : les luttes


Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des réflexions basées sur l'observation, l'expérience, les souvenirs  personnels et la théorie. 
n° 34

LUTTES

Les luttes font partie de la vie des hommes depuis les temps lointains.
Elles ont pris des formes diverses selon les époques. D’abord marquées par la violence de ceux qui combattent et par celle de ceux qui ripostent pour défendre l’ordre établi, elles ont, au cours des deux derniers siècles, évolué pour éviter que les affrontements soient sanglants, ce qui n’empêche pas certains dérapages, comme ce fut le cas récemment à Sivens où Rémi Fraisse, militant écologiste, trouva la mort.

De tout temps, les luttes fonctionnent selon un même principe : un groupe de personnes n’acceptent plus leurs conditions de vie, la domination exercée par un pouvoir qui ne les respecte pas, elles s’élèvent contre des décisions qu’elles jugent dangereuses ou injustes.
Malgré les dangers qui les guettent, ces femmes et ces hommes se révoltent, agissent pour obtenir un changement, une amélioration de leur sort.

Les luttes ont souvent un but social ( révolte des esclaves, des paysans au Moyen-Age, des ouvriers...), un but sociétal ( le refus récent du mariage pour tous), et depuis le siècle dernier un but environnemental et écologique ( pour la protection de certains sites, pour la défense de la biodiversité...)

Les luttes sont utiles quand elles défendent l’intérêt général. Quand ce n’est pas le cas, il s’agit de réactions corporatistes cherchant à freiner un progrès.

Dans le passé on a connu différents moyens de luttes : la révolte, la révolution, la grève, la manifestation...
Bien sûr, ces formes de combat sont toujours d’actualité.
Mais de nouvelles formes sont apparues ; elles s’appuient sur le principe de non-violence ( pratiquée notamment par Gandhi).

La désobéissance civile fut conçue par le poète Henry David Thoreau qui publia en 1849 son essai  La Désobéissance civile, pour expliquer son refus de payer une taxe qui avait pour but de financer la guerre contre le Mexique. 
La désobéissance civile exprime le refus d'être complice d'un pouvoir qu’on juge illégitime ou dans l’erreur.

Enfin on a vu apparaître dernièrement une nouvelle forme d’action pour défendre les causes écologiques : les zadistes ( de ZAD : zone à défendre) occupent des terrains sur lesquels sont prévues de grosses infrastructures qu’ils jugent inutiles ( comme l’aéroport de Nantes à Notre-Dame -des-Landes). 
Cette forme de lutte apporte aux militants une convivialité qui leur apprend (en habitant sur le territoire en lutte) à vivre ensemble .

Quel que soit le régime dans lequel on vit, la lutte est l’expression utile d’un contre-pouvoir.

mardi 17 février 2015

Sur mon bloc-notes ( semaine 8)

À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.

RAFALE
Faut-il se réjouir  de la vente de 24 Rafale à l’Egypte ?
Bien sûr, le premier bénéficiaire - le groupe Dassault - qui ne parvenait pas à vendre son avion de chasse à l’étranger se félicite de cette vente, et avec lui le gouvernement et le Président de la République. De nombreux politiques ont aussi salué le fait. Tous sont dans la même logique : tout ce qui gonfle le PIB est bon à prendre, il ne faut pas mêler économie et morale.
L’écologiste Emmanuelle Cosse est dans une autre logique. Elle a pointé deux arguments justes pour  étayer sa position :
- en ce qui concerne l’Egypte,  dans la situation économique et sociale où elle se trouve, d’autres investissements auraient sans doute été plus judicieux.
-  vendre des outils de guerre à un régime autoritaire qui n’hésite pas  à tirer sur des manifestants est contestable.

L’EVALUATION DES ELEVES
On reparle à nouveau de la question des notes à l’école. Faut-il les supprimer ? Faut-il revoir la façon de noter ?
Ce n’est pas la question essentielle ; celle-ci serait plutôt : Comment organiser l’école pour que tous les élèves  aient les meilleurs résultats possibles ?
Les premières années de scolarité étant très importantes pour la suite des études, l’école maternelle et l’école primaire doivent s’attacher à encourager chaque élève. À ce niveau, les notes ( et les classements) sont des outils inutiles de sélection. Ce sont les progrès, les acquisitions qui doivent être mis en valeur. Il s’agit en priorité d’éviter le décrochage de certains élèves plus lents ou connaissant des difficultés d’ordre social ou familiale. 
Dans la suite des études, les évaluations (sous une forme ou une autre) doivent avoir pour but de favoriser la meilleure orientation possible pour chaque élève.

NOTRE CONCEPTION DU MONDE
Pendant des siècles, la pensée occidentale s’est bâtie sur une idée fausse : la puissance de l’homme, sa supériorité sur les autres civilisations et sur les autres espèces. Au nom de cette croyance, il a dominé d’autres peuples, il a dominé la nature, l’exploitant, la défigurant, la polluant.
Depuis la fin du 19e siècle, grâce à Darwin, on sait que l’homme fait partie de la nature, au même titre que les autres espèces.  À la même époque, une nouvelle forme de pensée a vu le jour : la pensée globale qui tisse des liens entre les  éléments d’un système. Appliquée à la nature, cette méthode a permis de comprendre l'importance des interactions et nous savons que la préservation de la vie dans les écosystèmes est une dynamique  qui est toujours à la recherche d’équilibre.
L’homme du 21e siècle connaît les conséquences de ses actes sur la nature ; il sait (ou il doit savoir) que notre  survie dépend de la nature.

VAINCRE L’ALIENATION
Ce qui m’a frappé le plus, ces dernières années, lorsque je présente dans une réunion l’état des lieux du monde actuel, les dangers qui menacent l’humanité ( et surtout les générations futures), ainsi que les solutions possibles contenues dans le concept de transition écologique, c’est l’incrédulité de certaines personnes qui pensent que les avertissements des scientifiques sont exagérés, c’est aussi l’incapacité de certains à se projeter dans l’avenir,  à imaginer un autre mode de vie.
Vous pouvez leur expliquer que la société n’a cessé d’évoluer depuis 2000 ans et que cela continuera dans les années et les siècles à venir, vous pouvez leur dire - par exemple -que les hypermarchés sont récents et qu’ils peuvent disparaître dans le futur au profit de magasins vendant des produits locaux et équitables,  ils ont du mal à l’accepter.
C’est la preuve de la puissance du modèle dominant : il a réussi à imposer dans la plupart des esprits sa vision de la société. À part une petite minorité composée de décroissants et d’écologistes dits radicaux - considérés par les autres comme marginaux -   une forte majorité ( gauche et droites confondues) s’est ralliée aux idées de la société de consommation.
Le principal obstacle au vrai changement est cette aliénation. Nous devons unir nos efforts pour la déconstruire.

samedi 14 février 2015

Repères 33 : une autre économie


Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des réflexions basées sur l'observation, l'expérience, les souvenirs  personnels et la théorie. 
n° 33

L’autre économie

Le peuple grec vient de voter pour dire non à l’austérité ; le nouveau gouvernement qui veut tenir ses promesses se heurte aussitôt aux réserves de l’Europe.
Dans une société européenne réellement démocratique, le peuple serait souverain.
Mais nous sommes dans un monde dirigé par la finance qui vit pour le profit, en créant un chômage intolérable et en détruisant la planète.
Cette situation devient de plus en plus insupportable.
Depuis 20 ans on entend dire qu’un autre monde est possible.
Les partisans de la transition écologique ne se contentent pas de mots, ils sont passés à l’action ; avec eux le changement se met en place.

Croire qu’on peut abattre le système actuel rapidement est un leurre. Par contre, on peut dès maintenant, comme le pense Thomas Piketty, lui imposer des règles pour le rendre moins nocif du point de vue social et environnemental.
Parallèlement, une autre forme d’économie doit se développer, basée sur une autre logique : l’utilité sociale des productions, le respect de l’environnement, la coopération, la vision à long terme. 
Ainsi l’après-pétrole programmé autour de 2050 doit-il être préparé dès maintenant si l’on veut échapper à une crise gravissime dans 40 ans.
De même, la révolution agricole, souhaitée par la FAO (voir Repères n° 30)  sera réussie si nous prenons rapidement certaines mesures, telles que la préservation des terres arables.

L’économie alternative ( soutenable, équitable et solidaire) existe déjà sous différentes formes.
Il y a l’économie conviviale, présente dans les activités sociales d’entraide, d’animation, de culture, basée sur le don, le bénévolat, le parrainage ( par exemple, donner un peu de son temps pour aider un chômeur à retrouver un travail)
Les SEL ( système d’échange local), les monnaies locales, sont des initiatives qui permettent d’échapper  au système globalisé.
Il y a l’économie sociale et solidaire à laquelle il suffit d’ajouter un volet Ecologie ( ce qui existe déjà dans de nombreuses structures) pour qu’elle corresponde aux besoins de la transition.

L’enjeu des prochaines années sera de développer ces initiatives pour que cette économie alternative prenne petit à petit une place de plus en plus importante dans la société de demain.

jeudi 12 février 2015

La leçon des choses : la vieillesse


L'objectif de ces chroniques : jeter un regard sur les êtres et les choses – même les plus banales et les plus insignifiantes – pour en tirer une leçon ( d'ordre sociétal, éthique, écologique, littéraire...)

Après  les premiers pas dans la vie , l’enfant de 10 ans,  l’âge adulte, voici aujourd’hui :



LA VIEILLESSE

" Peu de gens savent être vieux"
La Rochefoucauld

Dans les sociétés anciennes, les personnes âgées étaient très respectées. L’autorité et la sagesse caractérisaient la vieillesse.
Dans la société moderne, ceux qui ne produisent plus n’ont plus droit aux égards d’autrefois.
« Le sage  vieillard est devenu le petit vieux retraité, L’homme mûr est devenu le croulant », écrit Edgar Morin dans L’esprit du temps.

Pour l'homme du 21e siècle, le sentiment de vieillesse arrive bien plus tard qu’autrefois et ne coïncide pas forcément avec l'âge de la retraite. 
Dans certains milieux, ce sentiment semble même disparaître. On connaît bon nombre d'auteurs, d'artistes, d'acteurs  qui sont de fringants octogénaires ( et parfois nonagénaires) encore en activité.

Pourtant ce constat encourageant ne doit pas nous faire oublier une réalité indéniable : il existe une inégalité devant la vieillesse, liée à la condition sociale et culturelle. 

Alors que de nombreux intellectuels et de gens aisés s'épanouissent après 60 ans et profitent de la retraite pour accomplir de vieux rêves ( faire de grands voyages, se consacrer pleinement à une activité culturelle ou sociale), il y a beaucoup d'hommes et de femmes qui appréhendent cette période de la vie, les uns parce que la retraite signifie une perte importante de ressources ( ceux qui avaient perdu leur travail avant l'âge de la retraite le ressentent plus encore), les autres  souffrent de ne plus participer à la vie sociale, d'autres encore connaissent la solitude, et souvent les ennuis de santé s'accumulent.

Et puis il y a ceux qui n’acceptent pas de vieillir. Incités par les publicités à vaincre la vieillesse grâce à   des interventions chirurgicales et des produits  «miraculeux » ; ils deviennent des caricatures d’eux-mêmes ; leur visage figé devient inexpressif et pathétique.
C’est cette tendance à nier la vieillesse que je décris dans le poème en prose suivant :

« Elle est assise sur un banc, dans le square, un matin de printemps.
Des enfants jouent près d'elle mais elle ne les voit pas : elle a le regard vide de la désespérance.
Sa chevelure est bleutée. Le fard, appliqué avec exagération, est grotesque et ne parvient pas à dissimuler les blessures de son visage que le bistouri a meurtri et figé à jamais.
Le temps, pour elle, s'est arrêté il y a longtemps, lorsque le regard de l'artiste a cessé de se poser sur elle.

On vénérait son corps quand elle était modèle.»
(Images vues -1975)

mardi 10 février 2015

Sur mon bloc-notes ( semaine 7)

À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.

Le renouveau en marche ?

Dans la grisaille du monde actuel, marqué par la domination insolente de la pensée ultralibérale, il est agréable de sentir un vent doux,  annonciateur d’un renouveau qui peut ramener l’espoir en Europe et au-delà dans le monde.

Ce renouveau, en Grèce et en Espagne, est basé sur des idées ( une démocratie  vivante, la réduction des inégalités, l’abandon de l’austérité ...) et porté par des hommes jeunes, Alexis Tsipras et Pablo Iglesias.
En France, où les grands partis  sont usés, déconsidérés et à court d’idées, ce renouveau viendra-t-il ?

Thomas Piketty

Il fait partie de ces hommes nouveaux qui peuvent changer le monde. Thomas Piketty n’a pas choisi la politique, mais les responsables politiques seraient bien inspirés de prendre en compte ses travaux d’économiste s'ils veulent un vrai changement (à condition de tenir leurs promesses. 

Piketty a présenté ce week-end sur France 2 son dernier livre Le Capital au 21e siècle. Je ne parlerai pas de ce livre aujourd’hui, mais seulement de la démarche de l’homme.
Contrairement à la majorité des économistes qui s’évertuent à communiquer leur savoir en des termes complexes afin de maintenir une sorte de brouillard pour les non spécialistes, Thomas Piketty veut démocratiser l’économie pour que chaque citoyen puisse s’approprier ses recherches et ainsi devenir un acteur informé.
Interrogé sur le succès de son livre, il a eu la modestie de dire  que cela n’était pas dû seulement à sa personne  et qu’il était reconnaissant à tous ceux qui ont contribué à sa formation, notamment ses professeurs.
Des propos qu'on entend rarement dans la bouche d'experts.

Loi Macron

On ne répétera jamais assez le rôle important que joue l’information  pour faire vivre - ou étouffer- la démocratie.
De manière insidieuse, il suffit de mettre l’accent sur un sujet ( par exemple dans le projet de loi Macron, le travail du dimanche) et de passer sous silence des informations importantes telles que la menace pesant sur le recul démocratique de l’article 57  qui, sous prétexte de moderniser le droit de l’environnement et d’accélérer la réalisation des projets, s’en prendrait aux  procédures  de débats et d’enquêtes publics.
Cela permettrait par exemple de réaliser sans soucis un aéroport ou un barrage.
Merci à France Nature Environnement pour cette info.


LES LIVRES

Stupeur samedi soir quand j’ai entendu sur le plateau de France 2 la chroniqueuse d’On n’est pas couché déclarer que les livres n’avaient jamais changé le monde.
Il y a deux ans, j’avais écrit une chronique sur les livres. J’en extrais ce passage qui est une réponse à cette affirmation surprenante :

« Les idées que les livres  portent bousculent les préjugés, invitent les lecteurs à changer leurs habitudes, à bâtir une autre société. Ils apparaissent alors si dangereux aux tyrans, aux obscurantistes de tout poil que ceux-ci préfèrent les brûler. L'Histoire a ainsi connu, à travers les siècles, son lot d'autodafés de livres.
« Là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes »  écrivait Heinrich Heine.» 
Telle est la force du livre.

dimanche 8 février 2015

Repères 32 : La jeunesse

Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des réflexions basées sur l'observation, l'expérience, les souvenirs  personnels et la théorie. 

n° 32

 LA JEUNESSE

En ce qui concerne l’homme, le Robert définit la jeunesse comme « le temps de vie entre l’enfance et la maturité ». Selon les individus, celle-ci est plus ou moins tardive. 
Comme l’administration a besoin de chiffres précis, il a été établi, par exemple pour les programmes de formation professionnelle pour les jeunes, que ceux-ci doivent avoir moins de 26 ans

(La définition de la jeunesse - chez l’animal -  est plus précise : c’est la « période qui va de la naissance au développement complet »).

Il n’a jamais été facile d’être jeune. C’est une période de la vie où se mêlent les rêves les plus fous, les envies de révolte, les moments de doute...
On souhaite construire un autre monde et les utopies se brisent souvent sur l’incompréhension, l’indifférence de ceux qui, pensant avoir réussi leur vie, ne voient pas la nécessité de changer quoi que ce soit, à la fois par égoïsme et par crainte du risque.
Malgré ces échecs, on constate que la jeunesse a beaucoup contribué au cours des siècles au changement, notamment à travers les mouvements révolutionnaires.

Les  jeunes, tout au long de l’histoire, ce sont ceux qu’on  a envoyés en priorité défendre leur pays lors de guerres plus ou moins longues. Certains ne sont pas  revenus, d’autres sont rentrés mutilés. Héros malgré eux, ils  auraient sans aucun doute préféré devenir de vénérables vieillards.

La jeunesse est ce temps de la vie où peu d’anciens vous prennent  au sérieux.
C’est une période paradoxale. Paul Guimard affirmait que « la jeunesse heureuse est une invention de vieillards ». Et pourtant beaucoup de gens la regrettent quand ils commencent à vieillir.
« Je plains le temps de ma jeunesse,
Auquel j'ai plus qu'autre gallé »
écrivait François Villon au 15e siècle, alors qu’il n’avait que trente ans.

Ces deux vers nous montrent aussi que depuis  le Moyen-Age l’allongement de l’espérance de vie a changé les mentalités.

Paradoxe encore quand on voit aujourd’hui les femmes et les  hommes faire  tant d’efforts pour paraître jeunes le plus longtemps possible : la jeunesse est un atout physique pour plaire alors qu’elle est un handicap quand on cherche  un premier  travail, ce qui a pour conséquence d’obliger le jeune à prolonger l’esprit  de l’adolescence.

Il n’est jamais facile d’être jeune, écrivais-je plus haut. C’est encore plus vrai de nos jours, dans une société  qui a perdu ses repères moraux. 
Si l’on ne fait plus assez confiance aux jeunes, c’est à eux de se rebeller.

mardi 3 février 2015

Sur mon bloc-notes ( semaine 6) : l'état de la planète


À la manière d'un journal qui permet de noter régulièrement des réflexions diverses ou de brefs comptes rendus, de choses marquantes, d'activités, ces Pensées éparses et Brèves sont une autre façon de faire entendre la rumeur du temps présent.

Priorité à l' état de la planète


 Si la crise écologique couve depuis 60 ans, c’est à partir des années 70 qu’elle est devenue visible.
En janvier 1971, un ministre chargé de la protection de la nature et de l’environnement a été nommé : Robert Poujade.
De leur côté, des personnalités attirent l’attention des citoyens sur les dangers qui menacent la nature et le vivant : parmi elles, le Commandant Cousteau (pour la mer), René Dumont ( pour sa vision globale des questions écologiques), Hubert Reeves   (biodiversité), Brigitte Bardot, Allain  Bougrain-Dubourg ( défense des animaux)...

En 1984, le parti Les Verts voit le jour. Ecologistes politiques et associatifs mènent des combats variés pour défendre l’environnement, la qualité de la vie et populariser un nouveau mode de pensée : l’écologie. Malgré leurs luttes, l’état de la planète ne s’est pas amélioré, il s’est même dégradé.
Il serait facile d’en accuser les acteurs de l’écologie. Certes ceux-ci ont sans doute commis des erreurs  dans leur communication et leur stratégie, mais le problème est ailleurs.

Depuis quarante ans, l’écologie n’a jamais connu les conditions favorables à son développement. 
Et en 2015, en France et dans la plupart des pays, rien n’a changé.

Quels sont les obstacles ?
- Il y a d’abord l’influence des lobbies auxquels  les politiques n’osent pas s’attaquer. Citons-en quelques-uns : les pronucléaires (en déclin au niveau mondial, le nucléaire reste fort en France où l’on se passe de l’essor économique qu’apporteraient les énergies renouvelables) ; l’industrie agricole (qui ne respecte pas les accords du Grenelle de l’environnement et continue de détruire les écosystèmes, par exemple  en utilisant toujours plus de pesticides);  les transporteurs routiers auxquels le gouvernement a cédé sur la question de l’écotaxe ; les pouvoirs locaux  qui veulent obtenir  des infrastructures inutiles (aéroport, barrage...)
- Un manque de pertinence des décideurs sur l’évaluation des priorités. Certaines décisions sont prises précipitamment, parfois sous  le coup  de l’émotion, au détriment d’une action    pertinente qui aurait évalué les conséquences sur le long terme.
C’est ainsi que depuis les années 80, des projets non écologiques ont été acceptés au nom de l’emploi. Si les défenseurs de l’environnement  ont remporté quelques victoires en s’opposant à des projets aberrants,  on  constate aujourd’hui encore que l’argument ( souvent trompeur *) de la création d’emplois) l’emporte  souvent sur la préservation de la biodiversité et la nécessité  de limiter le réchauffement climatique.

Les évènements tragiques qui se sont produits en janvier ont une nouvelle fois relégué au second plan la question écologique qui devrait être   la préoccupation essentielle des trente prochaines années.
Bien sûr, il y a à travers le monde de nombreuses questions à résoudre et il ne faut pas les délaisser. Mais vaincre la pauvreté, le chômage, le terrorisme,etc...n’aurait aucun sens si on laisse se dégrader la planète au point de la rendre invivable. Tout citoyen doit prendre conscience de cette réalité.


* En terme d’emploi, le bilan de l’installation de grosses structures ( hypermarchés, entreprises de grands groupes) n’est pas aussi positif qu’on le pense. Celles-ci déséquilibrent  les territoires et sur le long terme modifient négativement  l’emploi local.




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