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samedi 28 mai 2011

Déraciné, le mot de la semaine (39)

Chaque semaine, voici - à partir d’un mot -  une   réflexion développée brièvement. 





          Aujourd’hui,  le mot :   déraciné

Dans la nature, c’est un triste spectacle que celui  d’un arbre qu’un coup de vent terrible a déraciné.
L’arbre qui, quelques instants plus tôt, puisait dans la terre l'énergie lui permettant de se dresser vers le ciel  ne se relèvera pas. Son déracinement est synonyme de mort.

L’avenir des  gens arrachés à leur pays n’est pas forcément aussi noir mais il leur faudra beaucoup de temps et un peu de chance pour que leur douleur finisse par s’atténuer.
Le HCR évalue à 50 millions les nombre de déracinés dans le monde : il y a parmi eux des réfugiés, des personnes déplacées pour des raisons politiques, des victimes de catastrophes naturelles. Certains d’entre eux vivent dans des camps, d’autres qui espéraient une terre d’accueil compréhensive se heurtent à l’égoïsme, à la xénophobie des autres. Ces gens sont des victimes ; n’ajoutons pas l’indifférence ou le mépris à leur douleur.

L’homme déraciné

Il se mettait à table, trop préoccupé, trop fourbu pour rêver de lendemains meilleurs.
Une radio lointaine lui donnait des nouvelles du pays natal. Rien ne le rassurait. Il attendait la nuit et les heures  coulaient lentement, sans saveur...

jeudi 26 mai 2011

SE NOURRIR



La question de la nourriture est une illustration des méfaits de la mondialisation, telle qu’elle fonctionne aujourd’ hui. D’un côté, dans les pays riches, une exploitation intensive des sols et de la mer fournit à la population un nombre excessif de calories, gaspille et pollue l’eau, dégrade les sols, contribue au réchauffement climatique. D’un autre côté, les pays pauvres connaissent la malnutrition, parfois la famine ; de nombreuses personnes n’ont pas accès à l’eau potable.
Pourtant, nourrir tous les habitants de la planète est possible. Cela suppose que les habitants des pays riches changent leurs habitudes. L’une des premières priorités est de diminuer la consommation de viande ( question abordée dans : Il faudrait manger moins de viande et dans : Une heure et plus pour la planète, billets accessibles en tapant " moins de viande" dans la zone Rechercher ).
Ce changement est une nécessité : de nos jours, 80 % de la superficie agricole sont  consacrés à l’élevage et il ne faut pas oublier que la production d’aliments pour animaux a un impact négatif sur l’agriculture vivrière des pays pauvres.
Par ailleurs, beaucoup de consommateurs,  pris au piège de la publicité faite par les grandes surfaces, se sont habitués à manger des tomates, des haricots verts, toute l’année. Vouloir échapper au rythme des saisons, c’est augmenter la pollution liée au transport. 
Il est temps de retrouver les bonnes habitudes de nos ancêtres en mangeant des produits locaux et de saison.
Ce retour au bon sens sera bénéfique à l’emploi, à la biodiversité et à la santé.
Réviser nos choix alimentaires, c’est un premier pas vers une consommation responsable.

dimanche 22 mai 2011

Regard sur l'actualité



Le traitement de l’actualité par les grands médias devient de plus en plus agaçant. 

Certes la chose n’est pas nouvelle mais les événements qui se sont produits dans le monde depuis deux mois — dont certains extrêmement importants — ont donné lieu à des dérapages qui relèvent davantage du souci du sensationnel que du désir d’informer le plus honnêtement possible afin d’aider les gens à comprendre les faits.
On est désormais dans un processus qui se déroule toujours de la même façon : 
Un événement se produit. Dans les minutes qui suivent, pendant des heures, nous subissons un matraquage qui fait appel à des images qui passent en boucle, des témoignages qui se contredisent, des analyses de prétendus experts qui interviennent sans connaître la réalité des faits. Et puis, brutalement, un autre événement, important ou anodin, survient ailleurs. On oublie le précédent pour reproduire les mêmes errements ( recherche du scoop, du sensationnel...) et obtenir un gonflement des audiences ou des tirages.
Faisons un bref retour en arrière sur les deux mois écoulés.
Le 11 mars, se produisait un terrible tremblement de terre au Japon. Ce séisme entraînait une catastrophe nucléaire d’une gravité certaine. Où en est-on aujourd’hui ? Peu d’informations sortent des grands médias. Heureusement, les sites des associations écologistes nous tiennent au courant.
Puis sont survenues les révoltes de Tunisie, d’Egypte, de Libye…Où en est-on aujourd’hui ? Ces événements sont passés à la trappe, emportés depuis une semaine par une nouvelle inouïe : l’arrestation à New York, dans un avion qui devait le ramenait en France, de celui que tous les sondages donnaient favori de la prochaine élection présidentielle. Certes, cet  événement est important à cause des conséquences politiques qu’il aura, mais en tant que fait divers, il demande que la vérité soit établie avant de formuler des commentaires sur la personnalité de celui qui est mis en cause.
Pendant ce temps, une révolte prenait corps en Espagne où des milliers de Madrilènes ont manifesté pour dénoncer l’attitude des banquiers et des politiques et pour réclamer une véritable démocratie. Ce mouvement va peut-être se développer en Europe. C' est une révolte qui peut annoncer la fin de la résignation des victimes de la mondialisation.
Etrangement, jusqu’à présent, les grands médias en ont  très peu parlé.

lundi 16 mai 2011

Précarité, le mot de la semaine (38)

Chaque semaine, voici - à partir d’un mot -  une   réflexion développée brièvement. 

          Aujourd’hui,  le mot :   Précarité






Il y a dans la précarité un mélange  d’incertitude, de fragilité, d’insécurité, qui rend la vie des gens de plus en plus insupportable, d’abord pour ceux qui sont dans une situation précaire, mais aussi pour les autres, ceux qui compatissent et ceux qui vivent dans l’angoisse de se trouver un jour dans cette situation.
La précarité a gagné du terrain ces dernières années à cause de l’ évolution de l’emploi ( augmentation des contrats à durée déterminée, hausse du chômage touchant  surtout les jeunes et les personnes de plus de 50 ans…), d’ une politique du logement qui rend les loyers inaccessibles aux revenus modestes, d’une baisse du pouvoir d’achat qui ne permet plus de satisfaire les besoins vitaux de chacun.
Lorsque la précarité se prolonge, c’est la pauvreté qui s’installe.
La précarité et la pauvreté ne sont pas le fait du hasard. Elles sont le fruit d’une société pervertie. 

samedi 14 mai 2011

Variations en blanc

http://www.uicn.fr/


«  Ombre du jour blanc
Contre mes yeux. Je ne vois
Rien hormis le blanc.
L’ heure blanche. L’ âme
Affranchie du désir et de l’heure. »

(Inspiration - Octavio PAZ )
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La blancheur immaculée des fleurs évoque le caractère éphémère de la beauté ; le brin de muguet, la branche de lilas perdent rapidement leur éclat. Mais le cycle des saisons leur rendra leur splendeur l’année suivante.

« Manger son pain blanc » est une expression qui n’a plus beaucoup de sens depuis que le pain complet et le pain de seigle, recommandés par la diététique, coûtent plus cher  que le pain blanc.

De nombreux animaux ont un pelage blanc qui leur permet de se confondre dans les étendues couvertes de neige. Parmi eux, l’ours blanc, l’une des espèces victimes du réchauffement climatique. Inscrit sur la liste rouge de l' UICN, dans la catégorie « vulnérable », l’ours blanc voit son habitat rétrécir à cause de la fonte de la banquise. L’ occasion de rappeler que la défense de la biodiversité  reste une lutte à poursuivre sans relâche.

mercredi 11 mai 2011

La pensée complexe





Ce que qui me paraît primordial dans ce que nous enseigne l'écologie scientifique, c'est  la notion  de  complexité.
Ce mot, faut-il le rappeler, n'a pas ici le sens de complication, de difficulté à comprendre, mais il concerne la prise en compte des relations, des liens qui se nouent dans tout écosystème.

Alors que dans les disciplines classiques, il y avait auparavant un cloisonnement  qui a abouti avec l'évolution des connaissances à une hyperspécialisation dangereuse car elle s'écarte de la perception globale des problèmes,  l'écologie a introduit une nouvelle manière de penser, une méthode qu'Edgar Morin a si bien expliquée dans ses ouvrages : la systémique ou pensée complexe.

Prendre en compte  les problèmes économiques, environnementaux  et sociaux selon les principes de l'écologie scientifique est la seule voie possible pour réduire les déséquilibres que la  société productiviste a produits.
C'est aussi une façon de sortir des idées simplificatrices et déformatrices qui conduisent aux erreurs de jugement.

Les notions d'interdépendance, de complémentarité, de diversité, de   rétroaction par exemple doivent être reprises pour aborder les questions économiques :
L'interdépendance entre les problèmes agricoles et le milieu maritime est une évidence ; la complémentarité devient une " unité de forces opposées" qui permet aujourd'hui aux grands ports que sont Dunkerque, Calais et Boulogne, de mieux coordonner leurs activités. La diversité est un principe qui condamne la monoculture et les mono-industries. Quant à la rétroaction, elle nous demande de réfléchir sur les conséquences à long terme de toute décision ( par exemple : quels seront les impacts de la construction du tunnel sous la Manche à l'horizon 2050 ?)
Parvenir à un développement /enveloppement - selon la formule d'Edgar Morin -  soutenable ne peut se faire que dans l'optique de la pensée complexe.

lundi 9 mai 2011

MONTAGNES 3

QUATRE TABLEAUX





1
Les  aiguilles blanches
percent le ciel  qui rougit
— le ruisseau soupire 
2
La robe froissée
des digitales palpite
— un bourdon se pose


3


   Fragile  tremblante          
  l’ancolie tête baissée 
danse sur sa tige  

4

Un milan  royal
    ailes offertes au vent
 impassible veille 

samedi 7 mai 2011

JUSTICE, le mot de la semaine(37)

Chaque semaine, voici - à partir d’un mot -  une   réflexion développée brièvement. 

          Aujourd’hui,  le mot :   Justice




« Justice est faite » a déclaré Barack Obama en annonçant  la mort de Ben Laden, abattu au Pakistan par un commando américain. Cette phrase a été reprise par de nombreux journaux du monde entier, la plupart du temps sans remise en cause de l’expression utilisée par le président américain.
Or, quelle que soit la gravité des actions menées ou inspirées par  la haine de Ben Laden envers la civilisation occidentale, malgré les milliers de morts dont il porte la responsabilité, est-il normal qu’un pays se mette en dehors des règles internationales en abattant un homme plutôt que de le livrer à la justice ?
En l’occurrence, ce n’est pas la justice qui a été rendue ; cette mort est la vengeance d’un peuple meurtri qui a sans doute trop rapidement manifesté sa joie.
Un chef terroriste a été abattu, mais le terrorisme ne l’est pas encore.

jeudi 5 mai 2011

CONTES BREFS : l'employé

                                                        


                                                                1         

      

Il regarda sa montre. Elle marquait quatorze heures dix -neuf.
Jean Martin ( il souffrait d’avoir un nom et un prénom d’une banalité aussi affligeante), Jean Martin, l' employé anonyme d’une société multinationale, était en train de terminer un rapport qui, comme les autres, ne servirait à rien puisque de toute façon personne n'en tiendrait compte.
Jean Martin, l’employé modèle qui après vingt ans de travail n’avait jamais entendu le moindre reproche, eut une sensation étrange. Il se tint la tête à deux mains ; il lui sembla qu’elle allait éclater. La douleur était d’une violence inouïe. Autour de lui, tout vacillait. Il eut tout à coup la puissance d’un dieu et, d’un regard, embrassa l’univers.

                                                         2
Il était  quatorze heures dix -neuf  à Paris. La capitale était presque vide et le monde s’agitait sous ses yeux.
Des milliardaires jouaient leur fortune dans des casinos exotiques.
Les plages se couvraient de femmes splendides, dévêtues et bronzées.
Ici des corps se confondaient voluptueusement, ailleurs des couples se déchiraient.
Il vit un homme jeté à coups de pied d’un autobus, des mineurs mourir sous un éboulement. Il entendit des hommes geindre dans leur prison.
Il vit sa femme dans son HLM anonyme et ses quatre filles qui ressemblaient tant à leur mère, sa femme routinière et bien -pensante qui avait  le goût de l’ordre établi et se satisfaisait de l'horizon étroit de son appartement.
Le poids des habitudes l’effraya…

                                                      3
La douleur se dissipa soudain. Il reprit son rapport et l’acheva en toute hâte.
Il ne rentra pas chez lui ce soir- là et les jours qui suivirent…

mardi 3 mai 2011

LES MOTS


Pouvoir magique des mots.
Je connais leurs pièges et je les aime.

Mots qui deviennent poèmes, impressions fugitives, souvenirs ancrés à jamais dans la mémoire, idées, scènes,  personnages sortis de l’imagination ou du rêve.

Miracle des mots. 
Quelques signes griffonnés sur une feuille pour dire la réalité du monde ou pour en inventer un autre… 
Les mots sont tour à tour un refuge, une arme pacifique pour servir une cause, un réconfort, un message de tendresse ou de colère.

Je porte les mots en moi, longtemps parfois, puis je  les assemble patiemment  à la façon des artisans d’autrefois et je les abandonne un jour, œuvres inachevées, en perpétuelle construction, en pensant chaque fois qu'ils  auraient  pu prendre un autre chemin.

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