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jeudi 30 juillet 2009

Notes de lecture: Le journal d' Hélène Berr




Je viens de refermer le Journal d'Hélène Berr. Ce qui rend poignant
un tel ouvrage, c' est de suivre le récit de la vie d'une jeune fille pendant un certain temps - ici près de deux ans, du 7 avril 1942 au 15 février 1944 -, de partager son enthousiasme, ses passions, son goût de vivre, puis ses doutes, ses soucis, son angoisse lorsque la traque menée contre les siens, sa famille et elle-même, va aller en s' accélérant, alors que l' on sait avant même d'ouvrir le livre l'issue de cette tranche de vie, une vie interrompue à 24 ans à Bergen-Belsen, après un séjour à Auschwitz, quelques jours avant la libération du camp.
En 1942, Hélène Berr avait 21 ans. Elle préparait une agrégation
d'anglais. Elle se passionnait pour la musique, pour la littérature ( Keats, Shelley, Shakespeare...) Elle aimait se retrouver entre amis; avec Jean, elle allait découvrir l'amour.
Bientôt les lois antisémites de Vichy vont bouleverser sa vie: elle doit porter l' étoile jaune, on lui interdit de passer l'agrégation et devient assistante sociale bénévole à l'UGIF (Union générale des
Juifs de France). Le 8 mars 1944, elle est arrêtée...

Dans la très belle préface du livre, Patrick Modiano écrit que c' est parce qu' "elle éprouvait...une inquiétude et un pressentiment" qu' elle a commencé à tenir son journal. Je suis persuadé qu'il a raison.
Mais Hélène Berr est une jeune fille courageuse; elle masque son inquiétude à son entourage. La lettre qu' elle adresse à sa soeur Denise le jour de son arrestation se termine par ces mots: " Tout va bien, chérie. A bientôt. Dix mille baisers."

Une soixantaine d' années après la mort d' Hélène Berr et de millions de juifs, la naissance du nazisme reste un fait troublant, tant les actes produits s'éloignent de la notion d'humanité.
( à suivre )


mardi 28 juillet 2009

MENACES SUR LE TIGRE





Le tigre. Peut-on imaginer une terre privée de ce magnifique félin qui, pendant des siècles et des siècles a contribué à  établir l' équilibre écologique de la forêt ou de la mangrove de certains pays d'Asie ou certaines zones de la Russie?
Pourtant , vers 1930 le tigre de Bali a déjà disparu.
Vers 1980, c'était au tour du tigre de Java de subir le même sort.
On estimait à environ 4000 le nombre de tigres vivant  à l'état sauvage en 2009 *1.
Les causes de cette réduction du nombre de tigres sont les activités humaines. Au cours du 19e siècle et au début du 20e, la chasse aux trophées a décimé les effectifs. L'animal symbolisant la force, les chasseurs tiraient de leur geste une grande fierté.
Chercher ainsi une gloire personnelle relève de la bêtise.
Il y eut aussi le commerce des peaux.
Le très beau film de Jean-Jacques Annaud " Deux frères" a très bien dénoncé le comportement mercantile des braconniers, vers 1920.

Si la chasse au tigre fut interdite en 1970, la diminution de la population se poursuivit dans les années 80 avec le braconnage. La situation s'aggrava avec la destruction des milieux naturels, en particulier celle des forêts qui ont cédé la place à des terrains agricoles et à des plantations( teck, caoutchouc). Ces  dernières années ont vu la disparition de 40% de l' habitat potentiel du tigre.
Aujourd'hui, la menace de disparition de l'espèce est très forte : en un siècle, les effectifs ont diminué de 95% *2.

Il faut  sauver le tigre sauvage !

Mise à jour Juillet 2015 :
*1. ce chiffre est passé à  3200 en 2013
*2. soit 97% en 2013 

dimanche 26 juillet 2009

CHANT DE LA MER (3)

Le chant de la mer I est paru le 7 juin,
le chant de la mer II : le 16 juillet
Ce texte constitue la dernière partie.


LA MER ET LE POETE

Poète, ta raison de vivre est dans la création.

La mer est devant toi et le bouillonnement des mots
t' emporte malgré toi.
Tu devines la source
et tu vas vers le fleuve
puis bientôt à la mer.
Comme un bon artisan tu tisses le poème.
La mer est ta complice.
Pénètre ses secrets
la texture du sable
le poli du galet
et l' algue et le plancton et le roc et l' écume.
_______________________________

ô mer grise des jours de brume
mer verte des matins d' été !
Je pleure pour ces gens pressés qui ne t' ont jamais vue,
pour ceux qui s' ennuient
dans leurs tours de béton,
pour ceux qui s' enferment dans des prisons
qu' eux-mêmes ont construites,
pour ceux qui ne te verront plus
telle que tu étais jadis.


Comprendre la mer, c' est vouloir être libre.
Je pleure pour ceux qui ne verront jamais la beauté du soleil
qui s' élève à midi sur la mer,
pour ceux qui n' entendent pas la musique des vagues,
la chanson du vent sur la dune.

Eclate soleil
Laisse monter en moi le feu.
Joie ivresse explosion
C' est l' embrasement du soleil à son zénith.
Eclate soleil
Fais éclater les mots
et lance au monde un chant
d' amour, de liberté !


vendredi 24 juillet 2009

ECOLOGIE: LES PRECURSEURS







DARWIN, HAECKEL, THOREAU




On attribue généralement le mot " écologie" au biologiste et philosophe allemand Ernst Haeckel qui l' a formé en 1866 pour désigner une branche de la biologie qui étudie les interrelations des êtres vivants avec les milieux qu' ils habitent. Il est curieux de constater,
comme le fait remarquer Jean-Marie Pelt dans son livre " Nouveau tour
du monde d' un écologiste", que Haeckel n' avait pas inclus l' homme
dans sa définition première.
Le mot " écologie" est apparu pour la première fois en France quelques
années plus tard, en 1874.

L' arrivée de cette nouvelle discipline allait révolutionner les sciences et la pensée philosophique. Alors que dans le passé, on étudiait chaque élément en l' isolant de son
contexte, l' écologie étudie tout système dans sa globalité ainsi que les relations entre les espèces vivantes entre elles, et avec leur milieu.
En cherchant à comprendre comment s' organise la vie au sein d' un écosystème, elle met en avant la notion d' équilibre qui se révèlera
capitale pour comprendre un siècle plus tard la crise écologique.

On passe ainsi d' une vision mécaniste du monde à une vision globale ou systémique.
Dans cette évolution attribuée à Haeckel, on ne peut passer sous silence le rôle de deux précurseurs: Buffon et surtout DARWIN.
En effet, comme le rappelle l' historien René Favier ( l' Histoire n°340 - mars 2009), il fallut attendre la fin du XVIIIe siècle pour accepter
l' idée que le climat puisse changer et c' est Buffon qui dans son ouvrage Les époques de la nature ( 1778) va le premier évoquer le rôle de l' homme dans le réchauffement du climat constaté à l' époque, en raison de l' assèchement des marais, du défrichement des forêts et du développement
urbain.
Quant à Darwin, dont l'oeuvre a été divulguée par Haeckel en Allemagne,
on peut le considérer comme le second précurseur de l' écologie.
En s' affranchissant de la vision biblique du monde que l' Eglise véhiculait
depuis des siècles - et qui perdure encore de nos jours à travers le discours créationniste - Darwin faisait faire un grand pas à la biologie.
Dans ses ouvrages " L' origine des espèces" (1859) et " La descendance de
l' homme" (1871), il évoque l' influence du milieu sur les espèces vivantes et il écrit que l' homme fait partie du monde naturel.
Le regard de l' écologie scientifique sur le monde conduit progressivement
à l’idée de protection de la nature. Il nous fait comprendre que nous
appartenons tous à la même planète.
Des philosophes, s’ appuyant sur les notions fondamentales de
l’ écologie scientifique, introduiront ses principes dans différentes disciplines.
Peu à peu l' écologisme s' enracinera dans la société.

Un homme a contribué fortement au développement de l' écologisme et de la décroissance: il s' agit de Henry-David THOREAU (1817- 1862). D' abord enseignant, puis essayiste, philosophe et poète, Thoreau a été un des premiers à dénoncer les risques de la technologie et de la société de consommation ( avec un siècle d' avance). Il a prôné la simplicité volontaire et la désobéissance civile. Ses écrits restent donc d' une grande actualité.

lundi 20 juillet 2009

DE LA LUNE A LA TERRE


La cabine Apollo fonçait à toute allure vers la
lune. C' était un soir de décembre en 1968. Les
écrans de télévision nous transmettaient
les images de la terre telle que Borman et ses
compagnons la voyaient.
A partir de ce jour, nous sommes entrés dans
une ère nouvelle.
Ces images ont créé un choc. Pour la première
fois, les hommes prenaient conscience d' une
réalité que leur imagination et leurs lectures
n' avaient pu révéler avec autant de puissance:
la terre n' était qu' une minuscule sphère porteuse
de vie mais si fragile. Il fallait peu de chose pour
rompre l' équilibre et aller à la catastrophe.

Quelques mois plus tard, dans la nuit du 20 au 21
juillet, des millions de personnes à travers le monde
suivaient à la télévision les premiers pas de Neil
Armstrong sur la lune. Le choc était à nouveau très
fort. On saluait d' abord un exploit technique
impensable un siècle plus tôt, un exploit intervenant
60 ans seulement après celui de Louis Blériot qui
avait réussi en 1909 la première traversée au-dessus
de la Manche. Il y avait aussi dans cette
conquête de la lune une aventure humaine qui n' était
pas sans risques, le retour sur terre des astronautes
s' avérant périlleux.
Tout cela a contribué à faire de cette nuit de juillet
1969 un évènement inoubliable.
Mais au-delà de la prouesse technique et humaine,
on ne peut passer sous silence le contexte dans lequel
elle s' est produite. En pleine guerre froide, cette
performance était un épisode de la lutte que se
livraient les USA et l' URSS pour la domination du
monde.

Quarante ans plus tard, survivre reste le problème
essentiel qui se pose à l' humanité. La prise de
conscience écologique ne s' est pas traduite
par des prises de décisions salutaires. De sommet
en sommet, celles-ci ont été repoussées à plus tard
et l' on s' est trop souvent contenté de mesures
insuffisantes.
Les hommes aiment les grandes aventures qui font
rêver. Mais se pencher sur leurs conditions de vie,
sur leur avenir, est un dessein capital.

dimanche 12 juillet 2009

BOULOGNE: Fête de la mer

Le flobart peut flotter dans moins de 30 cm d' eau. On le rencontre encore à Audresselles
et Wissant.
Parade des vieux bateaux à l' entrée du port de Boulogne.
.
Batisse et Zabelle symbolisent le matelot et la matelote boulonnais.




Pendant quatre jours, le Boulonnais fête la mer.
On a longtemps reproché au monde maritime de se recroqueviller sur lui-même. Les choses bougent. Dans le quartier maritime de Capécure, il y a peu de temps encore occupé exclusivement par des ateliers de marée (Boulogne est la plateforme de transformation du poisson la plus importante d' Europe), on trouve aujourd' hui des centres de formation, des universités,  des restaurants. Depuis quelques années, le monde de la mer a le souci de faire partager sa culture à la population locale et aux touristes de passage.
Jusqu'au 14 juillet, se déroulent les fêtes de la mer qui permettent de découvrir les multiples facettes de la culture maritime, avec ses chants et ses danses, ses techniques anciennes, telles que le matelotage (travail sur les cordes) ou le saurissage ( production du hareng saur ou fumé).
A travers l'Europe, de nombreux passionnés cherchent à sauver et restaurer de vieux gréements, voiliers et goélettes sur lesquels il est possible de faire une promenade en mer.
Cet effort des associations, soutenu par les collectivités locales, permet de rendre vie à un patrimoine riche, trop longtemps ignoré. 
Le succès populaire que rencontre ce type de manifestation montre que leur action répondait à un besoin.

vendredi 10 juillet 2009

Le retour en grâce du rural


La dernière étude de l' INSEE sur les migrations des Français lors de ces cinq dernières années révèle un changement de comportement intéressant.
Cette étude montre que les départements ruraux commencent à devenir attractifs. Certes, il ne s' agit pas d' un retour massif à une vie plus près de la nature ni d' une contestation forte du mode de développement actuel. Celle- ci existe cependant avec l' arrivée dans les campagnes de militants favorables à la décroissance qui choisissent de mettre en pratique leur opposition à la société de consommation en vivant la simplicité volontaire au quotidien, comme cela fut le cas après mai 68, quand des communautés hippies s' installèrent dans des fermes.
Ce ne sont pas les petits villages qui profitent de cette migration mais plutôt les villes moyennes, sans aucun doute parce que celles- ci bénéficient de services ( santé, école, poste, équipements culturels...) trop souvent absents en milieu rural, en raison des politiques menées ces dernières années.
On peut considérer que ce changement de comportement des Français est une bonne nouvelle car il montre que la politique d' aménagement du territoire des années 70 à 90 qui avait conduit à un développement des banlieues et des cités-dortoirs, à une augmentation du mal-être et à un accroissement des déplacements contraints ( pour aller au travail, faire ses courses...) n' a plus la cote aujourd' hui.
Pour confirmer ce retour en grâce du rural et faire revivre réellement les campagnes, il est maintenant nécessaire d' y rétablir les services indispensables à la vie quotidienne.

mardi 7 juillet 2009

LE CYGNE


Quand on l'aperçoit, nageant au bord d'un lac ou d'un étang, le cygne attire d'abord le regard par l'élégance de sa silhouette.
Les courbes de son long cou et celles du dos sont harmonieuses.
La blancheur pure du plumage se détache sur le vert fade de l' eau sur laquelle il glisse avec légèreté.
Dans les vieilles légendes, sa beauté en a fait un compagnon des dieux.
Ne dit-on pas que Zeus s'est déguisé en cygne pour séduire la reine de Sparte, Léda?
Et c'est dans un char tiré par des cygnes qu'Apollon a entrepris de voyager quand il était jeune.
Le canard son cousin est un oiseau sympathique, grâce à ses yeux rieurs.
Au milieu de ses compagnons, le cygne fait figure de star.

LE CYGNE

Il glisse sur l' eau
avec la grâce de ceux
qui côtoient les dieux.

samedi 4 juillet 2009

Notes de lecture: Albert Jacquard




LE COMPTE A REBOURS A-T-IL COMMENCE ?
par Albert Jacquard



Son dernier ouvrage " Le compte à rebours a-t-il commencé? " confirme
la vision humaniste d'Albert Jacquard. 
Dans un style limpide, il présente les problèmes
auquel le monde est confronté et procède aux rectifications nécessaires.
Ainsi, au sujet de l' expression " Il faut sauver la planète.", il nous interroge:
" Est-ce bien la terre qui est en danger?" avant de démontrer que c' est
l' humanité qui l'est, à cause du mode de vie adopté par les pays
riches, responsable du désordre environnemental et de l' appauvrissement
des pays du Sud où l' espérance de vie est beaucoup moins grande
(inférieure d' une trentaine d' années).
Pour Albert Jacquard, l' enjeu est clair: le monde actuel prépare un
suicide collectif et il est urgent de construire une autre société.
Celle-ci doit d' abord se débarrasser de la menace nucléaire. L' auteur,
après avoir démontré à partir des réflexions de V. Giscard d' Estaing,
l' absurdité des armes de dissuasion (p.48) souhaite que la France
détruise totalement son arsenal nucléaire et " propose à l' ONU la mise
hors la loi de ces armes" . Elle serait alors un véritable " artisan de la paix".
En ce qui concerne les risques de la bombe P ( la surpopulation), Albert
Jacquard ne prend pas une position tranchée. La seule conclusion qui
s' impose à lui est que, tous les humains ayant une origine commune, il
faut que les frontières deviennent " poreuses" (p69). Cette proposition est
cohérente avec le projet collectif d' une société différente axée, non plus
sur des territoires aux frontières définies par l' histoire, mais sur une gestion
commune de la planète.
Quant au regard d' Albert Jacquard sur la crise, il est intéressant. A juste titre, il
s' élève contre l' utilisation du terme " crise" qui désigne habituellement
un trouble passager (" une crise de larmes, une crise de fièvre" ) Employer ce
mot, écrit-il " c' est marquer notre confiance en la stabilité globale des équilibres
auxquels nous participons".
Or si nous voulons lutter contre les déséquilibres environnementaux, sociaux,
économiques, c' est un changement radical qui est nécessaire.
" L' économie doit laisser place à l' écologie", écrit-il, ce qui ne peut se faire que
par une remise en cause d' une croissance illimitée et par la mise en place
d' une société basée sur l' idée de décroissance.

jeudi 2 juillet 2009

Nénuphars


" Le couchant dardait ses rayons suprêmes
Et le vent berçait les nénuphars blêmes;
Les grands nénuphars entre les roseaux
Tristement luisaient sur les calmes eaux."
Paul Verlaine
( extrait de: Promenade sentimentale; Poèmes saturniens)


Le nénuphar a un charme particulier que traduit le nom qui le désigne.
L' orthographe du mot qui était " nénufar" jusqu' en 1935 a pris sa
forme actuelle en 1990, pour respecter, paraît-il, son origine persane.
Son appellation scientifique - nymphea - évoque clairement ces divinités
qui personnifiaient les activités créatives de la nature, et plus encore
les naïades, ces nymphes qui régnaient sur les fontaines, les rivières
et les fleuves.

Le jardin qui est consacré aux nénuphars au Temple-sur-Lot et dont
les immenses bassins présentent plus de 250 variétés permet de
découvrir une plante dont les fleurs ont des formes, des tailles et des
couleurs variées, allant du blanc au rouge, en passant par le rose et
le jaune. Etranges fleurs qui ont parfois des airs de tulipes
ou de roses et que le profane que je suis confondait jadis avec les lotus.

Si Van Gogh a immortalisé le tournesol, c' est sans conteste Claude
Monet qui est le peintre des nénuphars. Le petit musée installé au fond
du jardin rappelle d' ailleurs les liens qu' il avait avec le Temple-sur- Lot:
les nénuphars de son jardin de Giverny - qui lui ont inspiré la série des
Nympheas - provenaient de ce village.

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