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jeudi 30 juillet 2015

Eté 2015 - En toute liberté n°1



                                            Photos de Ramon Ciuret


LE MOUVEMENT


Derrière la saleté / S'étalant devant nous.../ Il nous faut regarder/ Ce qu'il y a de beau
Le ciel gris ou bleuté/ Les filles au bord de l'eau...
( Jacques Brel - Il nous faut regarder, 1954)

PRESENTATION

Pendant cinq semaines, la Rumeur du temps prend un air de vacances en abandonnant les rubriques habituelles.
Ramon Ciuret a de nouveau accepté de participer à ces billets d’été en partageant quelques-unes de ses  photos récentes..
Contrairement aux années précedentes, aucun thème n’a été choisi, mais une idée générale : montrer la vie dans toute sa diversité, ce que Ramon sait si bien faire, avec son originalité et son aptitude à observer les gens, les animaux, les paysages, les objets...

Ramon, fortement investi dans la vie culturelle de Mulhouse, est né à Barcelone, « ville  dynamique attachée à la culture sous toutes ses formes : musique, théâtre, danse, littérature..» comme je le rappelais l’été dernier dans ce blog. Cela a sans aucun doute influencé son regard sur le monde. 

OMBRE, LUMIERE, BLEU

La démarche du photographe  n’est pas éloignée de celle du peintre. Les deux jettent un regard personnel sur la scène qu’ils ont devant les yeux, les deux se servent de la lumière, de l’ombre  et des couleurs pour créer une ambiance. 

Qu’il s’agisse de saisir les mouvements d’un danseur, la vitesse d’un cycliste,   le regard attendri d’un chat, la grimace d’un acteur, le sourire d’un enfant, la goutte de pluie qui glisse sur une cerise, la libellule qui se pose sur une fleur, Ramon nous surprend toujours par sa façon de fixer l’instant pour l’installer dans la durée.

Les billets de l’été 2015 seront publiés le lundi, le mercredi et le vendredi jusqu’au 4 septembre. Pendant cette période, la série consacrée aux peintres du 19e siècle continue (le samedi)

mardi 28 juillet 2015

Carnet de bord : la migration estivale

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».


La grande migration estivale

Nous sommes entrés dans la période de la grande migration estivale, celle qui conduit par habitude ou par envie des millions de personnes à abandonner leur domicile  pour se rendre, quasiment en même temps, vers d’autres lieux, souvent plus ensoleillés ou plus calmes, plus agréables aussi que ceux dans lesquels on vit, ce qui n’est pas toujours garanti.
C’est une période de l’année où il est préférable, pour ceux qui restent, de ne pas avoir besoin des services d’un plombier car, pendant quelques semaines, le pays vit au ralenti.

Pour les chaînes d’info en continu, c’est une période redoutée car  les nouvelles se font plus rares. Alors il leur faut occuper l’antenne avec des sujets de circonstance : les embouteillages et la météo ont toujours la cote. Le téléspectateur qui ne peut s’offrir de vacances, le malade qui relève d’opération, la personne âgée qui sort rarement de chez elle, ont droit en boucle à l’interview réalisée près d'un péage de l’A10 ou de l’A7 où une centaine de voitures s’agglutinent ; et puis un peu plus tard, ils entendent des campeurs  se plaindre devant leur tente du temps déplorable qu’ils subissent depuis leur arrivée, tandis que d’autres, plus au sud, affichent sous un beau soleil un sourire béat.

Heureusement, grâce à l’action de certaines associations et à la volonté de quelques rebelles, il est encore possible de vivre autrement ses vacances en évitant ainsi les embouteillages et la surpopulation de certaines plages.

samedi 25 juillet 2015

Les peintres du 19e siècle et les arbres n° 3

«... J’ai pris racine au milieu des vieux arbres. 
Et lentement ils m’ont appris à vivre.»
(Le vieux sage - 2010)

PEUPLIERS AU BORD DE L'EPTE ( Philadelphia Museum Art


L’arbre a beaucoup inspiré les poètes et les peintres. Les impressionnistes qui peignaient au milieu de la nature ont, plus que les autres, été sensibles à la beauté des saules, des chênes, des oliviers...

L’Homme  entretient avec l’arbre des liens forts qui viennent de loin. Il sait ce qu’il lui doit, même si trop souvent il a tendance à l’oublier.
Fernand Gregh sentait l’arbre « respirer, lent, de toutes ses feuilles...», Jean Richepin était triste de le voir finir sa vie dans un âtre.*

Les peupliers
Monet  qui trouvait son inspiration dans les thèmes les plus variés a souvent placé des arbres dans ses tableaux. Il a notamment réalisé une série de 23 toiles représentant   une rangée de peupliers au bord de l’Epte ( affluent de la Seine), peints entre l’été et l’automne 1891. La variation des saisons l’intéressait beaucoup. Il a expliqué sa motivation dans une lettre écrite en novembre 1891 :                            
  « Je me suis encore escrimé tant bien que mal avec l'admirable motif de paysage que j'ai dû faire par tous les temps afin d'en faire un qui ne soit d'aucun temps, d'aucune saison.»

Dans le tableau que vous avez sous les yeux, on est d’abord frappé par la sobriété des couleurs, peu nombreuses et presque ternes. Seules apparaissent quelques taches rouges.
Le tronc des peupliers est très long et leur reflet dans l’eau accentue l’impression de grandeur ; les arbres paraissent fragiles, le feuillage est peu abondant.
Le peuplier n’a peut-être pas la beauté du chêne ou du bouleau, mais cet élan surprenant vers le ciel lui donne un caractère particulier.

Les pommiers
Camille Pissarro aimait  les paysages ruraux et les gens qui travaillent dans les champs. Il a maintes fois posé son chevalet dans un verger pour y peindre des pruniers, des pommiers...
Il s’était installé  en 1866 à Pontoise, puis à Louveciennes et à partir de 1884 à Eragny -sur-Epte. C’est là qu’il a peint les pommiers en fleurs ci-dessous :



Pissarro était un anarchiste engagé. On peut penser que cet esprit libertaire a influencé sa peinture. En effet, il se libère davantage que Manet et Monet des règles anciennes. Les feuilles, les fleurs et l’herbe sont brossées à gros traits, les personnages sont esquissés, les visages délaissés. Le peintre met en avant les couleurs ; celles-ci sont éclatantes.
Pissarro a révolutionné la peinture.

* Jean Richepin : La plainte du bois


jeudi 23 juillet 2015

Ecrire : une passion et une nécessité

Nous avons besoin pour vivre de rêves et de passions. Cette série de billets illustre ce principe.



Ecrire, finalement, n’est pas si difficile que ça ; c’est à la portée de tout le monde.
Il suffit d’avoir une ou plusieurs idées et de les coucher sur le papier.

Bien sûr tout le monde n’est pas Camus ou Apollinaire, mais on n’écrit pas seulement pour être publié ou pour connaître la célébrité. On peut écrire pour le plaisir d’utiliser les mots de la manière la plus subtile possible, pour garder le souvenir d’évènements qui ont été marquants (le carnet de voyage par exemple), pour entretenir des liens avec des membres de sa famille ou des amis...
L’écriture - surtout quand il s’agit de poésie - n’est pas un refuge, un moyen d’échapper à la réalité, elle permet d’explorer la puissance du rêve. Reverdy disait que « c’est le désir de se mieux connaître » qui pousse à écrire.

Notre époque est paradoxale : on y publie beaucoup plus de livres qu’aux siècles précédents ; pourtant les gens écrivent moins qu’autrefois. 
Qui prend encore le temps d’envoyer des lettres enflammées comme celles  qu’écrivaient autrefois des amants éloignés l'un de l'autre ? De nos jours, la banalité d’un mail ou la sécheresse d’un tweet ont pris  le pas sur l’imagination et l’originalité de la lettre manuscrite.
                                                 
                                                                                  *
Les traces écrites par des anonymes ne manquent pas d’intérêt ; elles contribuent à retracer l’histoire des familles, parfois elles appartiennent à l’Histoire : c’est par exemple le cas des lettres de Poilus qui permettent de reconstituer la vie des soldats de 14-18 dans les tranchées.
Dans un des tiroirs de mon bureau, je garde précieusement deux témoignages familiaux.
Le premier est un cahier d’écolier dans lequel une jeune campagnarde  de 18 ans, prénommée Adèle et vivant dans un village de  l’Artois, raconte dans le détail le premier voyage qu’elle fit en train pour se rendre à Paris pendant l’exposition universelle de 1889. Au fil des lignes on revit l’enthousiasme de cette paysanne qui découvre un monde nouveau dans lequel apparaissent le métal et le verre ; la tour Eiffel  et la gigantesque Galerie des machines l’étonnent et l’effraient à la fois, elle qui n’avait connu à l’époque que les petites fermes aux briques rouges. 
Cette jeune fille était mon arrière-grand-mère.

Le second document est un petit carnet noir ayant appartenu à mon grand-père maternel que je n’ai pas connu car il est mort très jeune. Appelé en 1914 comme tous les jeunes de son âge, il avait noté presque tous les jours, au crayon de bois, d’une écriture serrée,  les évènements qui avaient marqué les journées terribles des  batailles de la Marne, les longues marches, les compagnons blessés et les morts...
Ces deux témoignages sont intéressants à mes yeux à cause de leur authenticité qui permet de mieux comprendre le passé car, grâce à eux, celui-ci prend un visage humain.
  









mardi 21 juillet 2015

Carnet de bord : Entre farniente et réalité

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».


 À l’heure où des vacanciers chanceux poursuivent leur bronzage sur des plages ensoleillées, où d’autres, assis confortablement à l’ombre d’un pommier, sont plongés dans la lecture d’un des vingt romans  qu’ils ont emportés dans leur valise parce que la critique les avaient encensés, le monde poursuit sa marche chaotique, entre décisions absurdes et injustes

C’est la période que les gouvernements - profitant de la torpeur générale -  choisissent pour faire passer subrepticement des textes qui risquent de ne pas enchanter les citoyens. 
Cette année encore, le procédé a été utilisé, au détour de la loi fourre-tout dite loi Macron, et cette fois sans vote car l’article 49-3 de la Constitution a été utilisé, pour relancer le projet  de centre de gestion des déchets ( de haute activité à vie longue) de Bure, dans la Meuse.
Ce dossier qui a vu le jour au début des années 90 s’était heurté à l’opposition d’associations et d’élus  qui refusaient que la France devienne, selon l’expression de Greenpeace “ la poubelle  de l’Europe”.   Ce passage en force est d’autant moins compréhensible qu’il tourne le dos à l’esprit de la transition énergétique et à la nécessité de ne prendre aucune décision dont les générations futures pourraient souffrir.

L’absurdité du système qui dicte les décisions au niveau mondial, on la retrouve dans la colère des agriculteurs qui se plaignent de l’attitude des grandes surfaces à leur égard.
Voir les choses ainsi, c’est prendre le problème d’une manière simpliste, sans aucune chance de trouver de solution durable.
Toute personne de bon sens reconnaît l’importance de l’agriculture qui a pour rôle de nourrir les populations. La question agricole doit être une des priorités de ce siècle.
Mais chacun sait aussi que la façon de produire nos aliments n’est pas compatible avec les exigences environnementales actuelles. Cela est vrai pour les fruits et les légumes, mais plus encore pour la viande et les produits laitiers.
Ignorer, comme le font les dirigeants de tous les pays, l’impact sur le réchauffement climatique  de la production de viande dans le cadre d’une agriculture industrielle, c’est fermer les yeux sur une réalité dont on paiera les conséquences dans un avenir proche. Passer rapidement à un autre modèle agricole  s'impose.

C’est le temps des vacances ; tout le monde souhaite en profiter, c'est compréhensible. Mais les réveils sont parfois douloureux.

samedi 18 juillet 2015

Les peintres du 19e siècle et la mer (2)

MONET, falaises près de Pourville

Préambule

Vous êtes dans un musée et vous vous arrêtez devant un tableau.
Nul besoin d’être un spécialiste de l’art pour avoir un avis sur cette toile.
Quelque chose se passe qu’il serait difficile d’expliquer ; vous restez un bon moment devant l’œuvre qui vous émeut et vous procure un instant de plaisir. Vous ne cherchez pas à vous remémorer tout ce qu’ on a pu écrire sur la beauté, de Platon à Kant, en passant par Hegel et Baudelaire, vous pensez sans hésiter que ce tableau est beau.

C’est un peu cette démarche que j’ai choisie pour présenter quelques œuvres représentatives des Impressionnistes. Il faut rappeler que les peintres académiques ne les trouvaient pas dignes d’être présentées dans les salons officiels car, pour eux, il ne s’agissait que d’études, en quelque sorte, de brouillons. 
Les  Impressionnistes trouvaient leur inspiration dans la vie contemporaine (les loisirs, la danse, les promenades...), dans les paysages et les éléments. J’ai choisi, pour plus de clarté, de  présenter leurs tableaux en les regroupant par thèmes.

Aujourd’hui : la mer (Monet, Cézanne)

La mer a inspiré tous les artistes, qu'ils soient peintres, poètes (Baudelaire, Hugo...) ou musiciens (Debussy).
Né à Paris, Claude Monet a été très vite attiré par la mer. Le fait d'avoir grandi au Havre y a sans doute contribué.
Bien qu'il ait traité de nombreux thèmes urbains et campagnards, Monet  est souvent revenu  vers la mer, surtout dans les années 1880. C'est ainsi qu'il a peint les falaises normandes ( aux alentours de Pourville) qu'on voit ci-dessus. 
Dans ce tableau, la mer occupe peu d'espace ; ce sont les falaises et le ciel qui sont mis en valeur. C'est surtout la façon d'utiliser les couleurs, mélangées avec subtilité, qui frappe le regard.
Monet , à cette époque, cherchait à faire ressortir les effets purs de la nature.


CEZANNE, Golfe de Marseille

 Paul Cézanne était né à Aix-en-Provence et les paysages qui lui étaient familiers l'ont beaucoup inspiré.
Il y met en valeur les couleurs méditerranéennes : le bleu vif de la mer, l'ocre de la terre, comme ici dans ce tableau où il peint le golfe de Marseille, vu de l'Estaque, d'une façon très personnelle.
En effet, tout en exposant avec les impressionnistes, Cézanne s'était détaché d'eux sur la question de la spontanéité à laquelle il préfèrait la structuration, la composition géométrique. 
Ce qui annonce déjà le cubisme.

jeudi 16 juillet 2015

Humeurs : Des femmes qui sont l'exception

« Ça ne fait rien, nous vivons un temps bien singulier ”
( Georges Brassens - L’épave)

Les billets regroupés dans cette catégorie illustrent cette sentence qui n’a pas pris une ride depuis 1966.
Ces billets d'humeur ne cherchent pas forcément l'objectivité.



Des femmes qui sont l’exception

Louis Aragon l’avait très bien dit : « La femme est l'avenir de l'homme.»
J’ai repris cette idée dans un de mes poèmes :
« Femmes d’ici, femmes d’ailleurs,
vous êtes la promesse
des prochaines aurores.» 

Des femmes célèbres ont illustré cette affirmation dans différents domaines ; mais avec elles d’innombrables anonymes ont eu l’occasion de montrer aussi leur courage, leur tendresse, leur lucidité, leur intelligence, leur abnégation. Des femmes de toutes origines, de milieux sociaux différents. 
On leur reconnaît, entre autres, un autre rapport au pouvoir, une aversion  forte pour la guerre.

Renaud a fait sur ce thème une chanson qui a fait beaucoup de bruit en 1985, Miss Maggie, dans laquelle il disait notamment :
« Pas une femme n'est assez minable pour astiquer un revolver, à part bien sûr Mme Thatcher...»
Dans une interview, il expliquait un peu plus tard pourquoi il avait écrit  des mots assez durs sur la femme politique :
« On attend d’une femme au pouvoir une attitude plus humaine que celle d’un homme ».

Madame Tatcher était surnommée la Dame de fer. Aujourd’hui, une autre femme mérite le même surnom, madame Merkel.
Si son bilan n’est pas aussi dramatique que celui de la première ( qui avait notamment laissé mourir en prison des Irlandais faisant la grève de la faim et avait fait la guerre des Malouines), elle montre la même insensibilité à l’égard des peuples en détresse, une incapacité à chercher d’autres solutions que celles qu’elle préconise. 
Ces jours derniers, lors des discussions  sur l’avenir de la Grèce, son arrogance face à Alexis Tsipras, son intransigeance, ont choqué beaucoup de monde.
Bref elle a les pires défauts qu'on attribue à certains hommes politiques !



mardi 14 juillet 2015

Carnet de bord : Allemagne, Grèce, Europe

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».



Allemagne
J’avais quinze ans. La fin de la guerre n’était pas bien loin : douze ans seulement  s'étaient écoulés ; au début des années 50, les stigmates des bombardements étaient encore visibles ici et là. En 1957, le secrétariat d’Etat au Logement était aussi celui de la Reconstruction.
Au mois de mars, à Rome, plusieurs traités avaient été signés ; l’un d’eux avait décidé la création de la CEE (Communauté Européenne Economique).

C’est dans ce contexte que j’ai découvert l’Allemagne au cours d’un séjour dans un camp d’adolescents à l’île de Sylt située tout au nord du pays.
Je me souviens de conversations passionnantes avec les jeunes Allemands. Certains, visionnaires, rêvaient déjà de la réunification de leur pays. Nous parlions peu de la guerre mais plutôt des promesses de l’Europe naissante sur laquelle nous comptions pour garantir la paix.

En 1966, répondant à l’invitation de jeunes fédéralistes allemands, je me rendais à Zweibrucken, située dans le Land de Rhénanie-Palatinat. L’accueil fut des plus chaleureux.
À‭  cette époque, De Gaulle défendait sa vision de l’Europe, une Europe des nations dans laquelle la France devait garder toutes ses prégoratives. Je partageais pour ma part la vision de Victor Hugo, celle qu’il avait présentée en 1849 lors du Congrès international de la paix et qui devait déboucher selon lui sur les Etats-Unis d’Europe, dans un processus semblable à ce qui avait permis l’unité nationale et dans lequel chacune des provinces avait apporté ses propres caractères.
‭Pour tous les participants à cette rencontre, l’Europe était une chance ; elle était pour la jeunesse un espoir.

Grèce
‭Les années ont passé, le contexte a bien changé. En 2006, je suis à Athènes et au Pirée où je participe au Forum social européen organisé par les altermondialistes. Tous les pays qui veulent une autre Europe, c’est-à-dire une Europe solidaire, écologique, démocratique, une Europe qui ne laisse pas le marché et les financiers faire la loi, sont représentés. Evidemment, les Grecs sont venus en nombre. Comme les représentants des autres pays, ils définissent une Europe qui est celle que le peuple grec souhaite avoir aujourd’hui.

Europe 
‭Hélas pour eux, devant la crise qu'ils connaissent, les Grecs trouvent peu de solidarité de la part des autres pays européens englués dans une politique inefficace d’austérité. Parmi eux, l’Allemagne qui a la mémoire courte et qui  oublie ‬qu’en 1953 un accord a été signé pour permettre  à la RFA d'annuler plus de 60% de sa dette ; elle oublie aussi  que la Grèce faisait partie de  ses 21 créanciers. 
Cette attitude est déplorable.

Joseph Stiglitz, l’économiste au prix Nobel a raison quand il déclare qu’ « on assiste à une grotesque trahison de tout ce que prétend être le projet européen ».

samedi 11 juillet 2015

Le temps des vacances : Peintres du 19e n°1

1. Introduction

« Il existe une façon simple de trouver l’apaisement  et elle est à la portée de tous : il suffit de regarder ce qui est beau ».
( La Rumeur du temps - Contempler la beauté)

Monet : Impression, soleil levant (détail)
LES IMPRESSIONNISTES

Le temps des vacances est propice à la découverte des richesses culturelles. De nombreux pays ont de beaux musées qui abritent des tableaux remarquables. Il faut parfois voyager loin pour voir les œuvres originales. Celles que je vais évoquer dans cette nouvelle série de billets consacrés aux impressionnistes sont pour la plupart d’entre elles exposées à Washington, New York, Philadelphie, Chicago, Stockholm, Munich...C’est la preuve que le talent de ces peintres a été reconnu au niveau international.

J’ai choisi d’évoquer les impressionnistes pour de multiples raisons.
- La première est qu’ils représentent à mes yeux une période exceptionnelle. Dans la deuxième moitié du 19e siècle, la vie artistique française fut une époque faste qui a vu éclore de multiples talents : Monet, Manet, Pissaro, Sisley, Renoir, Cézanne, Degas, Berthe Morisot, Caillebotte, Bazille...

Les vrais artistes, qu’ils soient peintres, sculpteurs, poètes ou musiciens, sont ceux qui comprennent les bouleversements de leur époque et inventent  le futur.
Ce fut le cas des impressionnistes qui choisirent de se libérer des contraintes imposées par l’Académie pour développer de nouvelles techniques et choisir de nouveaux thèmes.
Ils exprimèrent leur modernité en peignant ce qu’ils voyaient : le concret et le vivant. Ils abandonnèrent les ateliers pour installer leurs chevalets au milieu de la nature, au bord de l’eau, au flan des collines, des montagnes...
Comme tous les précurseurs, ils furent détestés par la plupart de leurs contemporains, et en particulier par les représentants de l’ordre établi. Ce fut la postérité  qui reconnut leur talent, tandis que ceux qui plaisaient de leur vivant retombèrent dans l'anonymat.

Pissarro - Vergers en fleurs, Louveciennes

De Monet dont le tableau Impression, soleil levant,  donna son nom au mouvement, à Pissaro, en passant par ceux cités plus haut, ils ont contribué à l’évolution de l’art et, comme on le verra dans les prochains billets, leur influence toucha aussi la musique et la poésie et ouvrit une nouvelle voie aux artistes des siècles suivants.

jeudi 9 juillet 2015

Agir : Modérés, radicaux et intégristes



Dans tout groupe agissant pour une cause, il y a des modérés, des radicaux et des intégristes.

L’action des premiers est souvent insuffisante car ils ont tendance à accepter des décisions contraires aux  principes qu’ils défendent. Les radicaux ( du mot : racine) veillent à préserver les valeurs qui caractérisent leur cause. Quant aux intégristes, ils poussent leur engagement au-delà des limites du réalisme, ce qui les conduits à prendre souvent des positions sectaires.

Une cause, aussi noble soit-elle, ne peut être défendue qu’en respectant les règles de la démocratie. Il s’agit avant tout de convaincre afin de donner la force maximale à l’action qu’on mène et lorsque le besoin de changer la loi se présente, il devient alors nécessaire de peser sur le terrain politique - parfois en s’y engageant soi-même - afin d’obtenir une majorité pour que l'idée soit inscrite dans la loi.

Toute action suppose également des prises de position. Celles-ci prennent en compte plusieurs facteurs :
la nature de la question, l’efficacité, le réalisme. C’est en confrontant les avantages et les inconvénients des hypothèses que l’on fait le meilleur choix, c’est du moins ce que pense le radical, ( l’intégriste refusant par principe tout compromis).

Depuis que je me suis engagé en faveur de l’écologie, j’ai pu rencontrer les différents types de comportement.
Il m’est arrivé de m’opposer - avec succès - à un projet gigantesque de village vacances qui aurait été construit sur une zone naturelle remarquable du littoral du Pas-de-Calais que des scientifiques de toute l’Europe venaient étudier. Dans ce cas, il me semblait indispensable de défendre l’environnement plutôt que  les retombées économiques.

Quelques années plus tard, chargé de la politique touristique de ma région, j’ai soutenu sans réserves un autre projet de village vacances situé dans une zone sans grand intérêt écologique ; l’opposition de militants jusqu’auboutistes empêcha sa réalisation. Je l’ai regretté.

J’ai eu l’occasion de croiser des « modérés » aux convictions peu solides, prêts à s’asseoir sur les principes de l’écologie car ils privilégiaient avant tout leur carrière, des intégristes de la décroissance vilipendant ceux qui avaient une voiture, alors que dans certains endroits celle-ci reste indispensable pour aller travailler...ou pour militer, d'autres refusant de s'adresser aux médias "classiques" qu'ils jugeaient corrompus. Or la communication est devenue essentielle.

Aujourd’hui, dans le mouvement végé, des militants - heureusement peu nombreux - tombent à leur tour dans les travers de ceux qu'on appelait " les kmers verts" ; ils font preuve de sectarisme vis-à-vis des mangeurs de viande et de fromage et des buveurs de lait.
Qu’ils aient un comportement vertueux en respectant les animaux est une bonne chose.
Mais ce n’est pas en pratiquant l’invective qu’ils réussiront à persuader les gens de changer leurs habitudes.
Or, l’état de la planète impose de modifier celles-ci ; toute personne qui décide de manger moins de viande, c'est un point de marqué contre le réchauffement climatique.

Pour l’avenir de l’humanité et le bien-être des animaux, ce sont des millions de gens qu’il faut progressivement réussir à convaincre. Pour cela, il faut choisir la bonne méthode.

mardi 7 juillet 2015

Carnet de bord ( semaine 28 )

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».



Nous voici entrés, en ce début de juillet, dans cette  période de vacances où beaucoup de gens cherchent à évacuer le stress emmagasiné au cours des mois précédents. Symboliquement, chaque été, le retour du Tour de France marque cette envie de passer à autre chose : on s’intéresse aux exploits de sportifs d’exception, malgré les évolutions qui ont terni le sport  moderne ( le poids de l’argent, le dopage...), on s’apitoie devant la douleur du champion qui, après une chute, est contraint à l’abandon, on applaudit ceux qui se battent contre les pentes raides, on s’émerveille devant la beauté  des paysages traversés que la télévision sublime, et cette année, on bénéficie même des commentaires historiques et géographiques que donne Eric Fottorino !
Le Tour de France est un évènement exceptionnel qui est suivi dans  de nombreux pays. Il suffisait de voir ce samedi l’engouement qu’il a provoqué à Utrecht où une foule impressionnante avait pris place sur l’itinéraire de l’étape pour constater que la ferveur populaire ne faiblit pas.
Les « forçats de la route » qui ont enchanté notre enfance connaissaient des conditions plus difficiles que les coureurs d’aujourd’hui. Mais le courage de ceux-ci mérite aussi le respect.

 
Athènes
                                                                         
La Grèce, un pays au passé prestigieux, à l’avenir incertain.

Le courage du peuple grec permettra peut-être de le redresser. C’est ce qu’on espère.
Voilà des citoyens qui luttent pour une vie  meilleure et qui n’acceptent pas la résignation.
En faisant confiance il y a quelques mois à une nouvelle équipe emmenée par Alexis Tsipras, ils ont choisi  de dire non à l’austérité, de tourner le dos à ceux qui les avaient bernés. Et l’homme qu’ils ont élu a décidé de tenir ses promesses. 
Une leçon donnée - entre autres - à celui qui  avant lui avait juré de s’attaquer à la finance, de remettre en cause la politique libérale de l’Union européenne et qui fait le contraire de ce qu’il promettait !

Dès son élection, Tsipras a montré sa détermination à mener une politique plus juste, plus sociale. Il a trouvé devant lui l’arrogance de la troïka - composée   de la Commission, de la BCE et de la FM - ainsi que le dédain ou l’indifférence de ses pairs. Respectueux de la démocratie, il a demandé au peuple de donner son avis. La réponse des Grecs a été nette : ils ont  une nouvelle fois refusé la voie injuste de l’austérité, tout en sachant que ce choix n’était pas sans risques.
Il faut noter, dans cet épisode, le panache de Yanis Varoufakis qui a cédé sa place de ministre pour faciliter les négociations avec la troïka. 
Il est trop tôt aujourd’hui pour dire  comment évoluera la situation, dans un contexte où le gouvernement grec trouve peu de soutien des autres dirigeants. 
Mais nombreux sont les citoyens européens qui voient dans la résistance du peuple grec un signe d’espoir, la possibilité d'une autre Europe.

samedi 4 juillet 2015

Humeurs : Où va la télé ?

 « Ça ne fait rien, nous vivons un temps bien singulier ”
( Georges Brassens - L’épave)

Les billets regroupés dans cette catégorie illustrent cette sentence qui n’a pas pris une ride depuis 1966.
Ces billets d'humeur ne cherchent pas forcément l'objectivité.



Où va la télé ?

Politis vient de consacrer un numéro spécial à l’avenir de la presse, un hors-série  que je recommande à tous ceux qui s’intéressent à l’univers médiatique.
Si la presse d’aujourd’hui est confrontée au changement des habitudes dû aux évolutions technologiques, elle souffre surtout de sa dépendance au pouvoir des financiers et des grandes entreprises.

En ce qui concerne la presse écrite, on ne peut exiger d’elle l’objectivité, la plupart des journaux défendant des opinions bien arrêtées ( le lecteur du Figaro et celui de l’Humanité savent qu’ils liront des analyses  différentes). Dans tous les cas, ce qui doit être défendu, prioritairement, c’est la liberté du journaliste.

Le bruit fait cette semaine autour des Guignols de Canal + ( qui finalement devraient poursuivre l’aventure dans un autre format ) me conduit à poser la question :
Où va la télé ?

En effet, au-delà de la question de la liberté d’expression posée par l’arrêt possible de cette émission, cet épisode a révélé au grand jour le rôle joué  par les riches industriels qui sont à la tête de chaînes de télévision privées. Leur pouvoir est énorme : ils peuvent brutalement mettre à la porte un dirigeant de leur chaîne ou un journaliste. Ils imposent - et ne s’en cachent pas - leur façon de voir qui est la rentabilité avant tout, au mépris des missions qu’on attend normalement de la télé, outil d’information, de culture et de distraction.

Je n’ai aucune nostalgie de la télé d’autrefois, de l’époque où il n’y avait qu’une chaîne et où les ordres venaient du gouvernement. Si l’information était « sous tutelle », il faut cependant reconnaître qu’il y avait de bons programmes dans des domaines variés ( le documentaire, la culture, les variétés), parfois une  créativité étonnante ( avec par exemple Jean-Christophe Averty).
Nous avons eu de grands hommes de télévision : Pierre Dumayet, Pierre Desgraupes, Jacques Chancel...
Aujourd’hui, la télé est faite par des hommes d’affaires. Même les chaînes publiques voient leur destinée confiée à des gestionnaires.
Ne soyons pas alors étonnés qu’on nous propose des programmes médiocres, racoleurs, sans inventivité : des séries américaines, des variétés basées sur la promotion d’artistes, des rediffusions lassantes, des intrigues policières à foison, de la téléréalité...Des programmes interrompus par une publicité de plus en plus invasive, en particulier dans les chaînes d'info en continu.

Où va la télé, qui est déjà tombée bien bas ?
- Assurément dans la mauvaise direction.

jeudi 2 juillet 2015

Le lion : une espèce menacée de disparition




De tous temps, le lion a suscité l’admiration des enfants, fascinés par sa puissance, son élégance, l’imposante  crinière des mâles, signe de bonne santé, attribut de séduction ( les lionnes - dit-on - sont plus attirées par les crinières abondantes et sombres. )

La Fontaine a beaucoup contribué à construire l’image mythique du lion en le mettant en scène dans ses fables. Ce fin observateur de la société du XVIIe siècle a fait du « roi de la savane »  le symbole du pouvoir. Il en a tiré des maximes bien connues :
« Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage»
( Le lion et le rat)
« ...entre nos ennemis
Les plus à craindre sont souvent les plus petits »
( Le lion et le moucheron)
« Amour, amour, quand tu nous tiens,
On peut bien dire :  Adieu prudence!» 
( Le lion amoureux)
Dans Le lion devenu vieux, La Fontaine s’éloigne peu de la réalité : le lion, redouté par tous quand il est au sommet de sa maturité, devient la  proie des jeunes lions lorsque l’âge l’a     affaibli.

Si sa force, sa puissance,  en ont fait un héros de légende, le lion n’a pu échapper à l’attaque des hommes. Depuis l’Antiquité, ceux-ci n’ont cessé de le chasser, d’abord pour assurer la sécurité de leurs troupeaux, puis à l’époque romaine, pour en faire une bête de spectacle.
Le braconnage ( pour vendre les peaux, les crocs, les os...à des prix faramineux)  et la diminution dramatique des espaces naturels entraînant celle des proies ( l’espace dans lequel le lion vit aujourd’hui ne représente plus que 1% de celui qu’il occupait il y a 100 ans, selon Charlotte Nithart, de l’ONG Robin des Bois *) ont conduit progressivement à la situation actuelle : il y a 50 ans, on comptait dans le monde ( en Afrique et en Asie) environ 100 000 lions. Les experts évaluent aujourd’hui le nombre de ces félins vivant en liberté à 30 000.
L’UICN ( Union internationale pour la conservation de la nature)  vient de classer cette espèce en « danger critique d’extinction ».

La biodiversité ne cesse de s’appauvrir, le nombre d’espèces disparues de cesse d’augmenter.
Et ce sont les activités humaines qui en sont la cause. 
Malgré l'action inlassable de certaines associations, on ne note pas d'amélioration notable. Triste constat !


* Le Parisien, 25 juin 2015

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