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lundi 30 avril 2012

Le Mont Saint-Michel

SANS VOITURES




La polémique qui vient de s’ouvrir avec l’interdiction faite aux voitures de se garer au pied du Mont Saint-Michel pose le problème de l’exploitation économique des sites remarquables. 
Il est normal qu’un site classé au patrimoine de l’UNESCO attire de nombreux touristes, mais un équilibre doit être trouvé  entre le développement économique et la préservation des richesses naturelles et architecturales ; c’est l’idée même du tourisme durable qui s’oppose à un tourisme de masse dont la priorité est de faire le plus grand bénéfice possible.


Le Mont Saint-Michel est un site exceptionnel, il allie la beauté de la mer et celle d’une vieille abbaye chargé d’histoire. Trois millions de visiteurs s’y rendent chaque année. En été, dans la ruelle qui conduit au sommet du mont, les touristes s’agglutinent autour des boutiques, des cafés. Sous le soleil, il arrive fréquemment que des gens s’évanouissent.
Cette forme de tourisme ne peut perdurer. Dès 1983, la décision de restaurer le caractère de l’île avait été prise. L’interdiction de circuler en voiture vient d’être prise cette année.
C’est une mesure utile  pour l’avenir du site.


mercredi 25 avril 2012

Les mythes et leurs dérives

le coq gaulois

Ne nous cachons pas la vérité : il existe depuis des années en France ( et dans de nombreux pays d’Europe) un climat détestable dû à la montée des idées xénophobes et racistes. Le premier tour de l’élection présidentielle l’a confirmé.
On a beau dire qu’il y a derrière le vote d’extrême  droite une expression de colère, de désespoir, de rejet du système, il y a aussi en permanence dans le discours de ses dirigeants la dénonciation de l’immigration et une discrimination d’une partie de la population, selon ses origines et sa religion. Fait plus grave encore, ce discours a été relayé ces dernières années par ceux qui représentent la République.
Le calamiteux débat sur l’identité nationale, voulu à des fins politiciennes, a démontré que les Français ont un problème avec leur passé. Des historiens ou des archéologues tels que Jean-Paul Demoule qui vient d’écrire On a retrouvé l’histoire de France ont expliqué que la France s’est enracinée sur des mythes souvent liés à des batailles ( Vercingétorix, Clovis, Jeanne d’Arc, Napoléon…)
Ainsi, selon JP Demoule, l’idée de « Gaule » telle qu’elle est présentée dans les livres d’histoire est un mythe. « C’était un territoire que se partageaient les Belges, les Aquitains et les Celtes » dit-il (Science et Avenir n° 782)
Pendant des siècles, les Français ont subi dans leur éducation l’influence des mythes bâtis autour de chefs de guerre «qui défendaient vaillamment leur pays» (Jeanne d'Arc) ou partaient à la conquête d’autres territoires ( Charlemagne, Napoléon).
Pendant ce temps, la France se construisait lentement, accueillant sans cesse des gens venus d’ailleurs pour constituer la nation que nous connaissons aujourd’hui.
Mais qu’est-ce  qui fait une nation ? Renan l’a très bien défini :
« Ce n’est pas de parler la même langue, ou d’appartenir à un groupe ethnographique commun, c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’avenir. »

lundi 23 avril 2012

Contes brefs : l'heure de vérité (fin)


                                    UNE PAGE SE TOURNE

(suite des billets du 30 mars et du 10 avril 2012 :
C’est un soir d’élection. A l’hôtel de ville, Maurice Darieu attend les résultats. Il y a sur son visage un mélange de tristesse et d’inquiétude.)


Maurice Darieu avait traversé la salle d’honneur de la mairie en s’arrêtant de nombreuses fois pour saluer les gens qui étaient de plus en plus nombreux. On lui demandait souvent son pronostic sur l’issue de la soirée. Il faisait immanquablement la même réponse :
— Un peu de patience ! Nous serons bientôt fixés.
Il s’était réfugié,avec son équipe de campagne, un peu avant 20 heures, dans une petite salle où la télé était allumée.
Maurice Darieu connaissait déjà les résultats de sa ville. Il arrivait en tête avec quelques voix d’avance seulement, ce qui n’était pas très bon signe. Au fur et à mesure, les résultats des autres communes de la circonscription parvenaient. Il était difficile de dire qui l’emporterait car les deux candidats faisaient pratiquement jeu égal.
À 20 heures, le brouhaha cessa, tout le monde se tourna vers le poste de télévision : le présentateur allait donner les premières estimations nationales.
Les mots qu’il prononça jetèrent la consternation chez les amis de Darieu. Le journaliste venait d’annoncer une large défaite du parti présidentiel.
Il n’y avait plus qu’à attendre les résultats de la circonscription ; une victoire de Darieu  aurait été une consolation pour ses amis. Une demi-heure plus tard, le verdict des électeurs tomba : Maurice Darieu venait de perdre son siège de député, pour une trentaine de voix. 
Pour son équipe de campagne, pour les militants qui l‘avaient aidé, c’était  l‘abattement. Darieu les remercia, évoqua déjà de futures victoires, mais il ne leur dit pas que celles-ci seraient obtenues sans lui. Car sa décision était prise depuis quelques semaines : il terminerait son mandat de maire et dans deux ans il se retirerait définitivement de la vie politique.
Il y avait plusieurs raisons à cela. Les unes étaient d’ordre familial. L’état de santé de sa femme l’inquiétait, une opération lourde attendait celle-ci et Darieu estimait que sa présence auprès d’elle s’imposait. Il pensait aussi à ses deux enfants âgés de 16 et 18 ans qui ne cessaient de se plaindre de ses nombreuses absences. Le temps était venu de s’occuper d’eux.
Et puis il y avait une vérité qu’il avait jusqu’alors refusé de voir : la politique ne le passionnait pas. Elle entraînait chez lui des frustrations qui devenaient plus fortes au fil des années. L’ambiance des amphithéâtres, le contact avec les étudiants, lui manquaient. Il souffrait de ne plus avoir assez de temps pour réfléchir et trouver des idées neuves, pour écrire des livres  qui pourraient contribuer à changer la société.
Maurice Darieu songeait à sa future vie. Des journalistes se précipitèrent sur lui dès qu’il revint dans la salle d’honneur. Pour eux il analysa la défaite de son parti, sans aigreur, avec une grande objectivité.
L’esprit de revanche n’était pas dans sa nature. Il laissait cela aux autres.






vendredi 20 avril 2012

Campagne, le mot de la semaine


Chaque semaine, voici - à partir d’un mot -  une   réflexion développée brièvement ( parfois de manière subjective). 

          Aujourd’hui,  le mot :   campagne



J’aime la campagne, celle que j’évoque fréquemment dans ces billets, ces paysages de plaines  et de vallons  que  l'intelligence humaine a su façonner en tirant parti des lignes droites, des courbes, des creux et des bosses  sans défigurer la nature. J‘aime ces petites  routes anglaises qui, dans le Kent,  traversent les prés d'un vert soutenu que je n'ai vu nulle part ailleurs, et où paissent tranquillement des moutons et des brebis à la fourrure bouclée. et à l'aspect bonasse.
J’aime beaucoup moins la campagne lorsqu’il s’agit d’une opération militaire au cours de laquelle des milliers de jeunes gens vont perdre la vie.
Je n’aime pas non plus ces campagnes incessantes que mènent les publicitaires à la radio, à la télé, le long des routes, pour faire vendre des produits dont on pourrait se passer et qui font souffrir la planète qui n'en peut plus de tous ces excès de consommation.
Et puis, actualité oblige, il y a ces campagnes qui accompagnent toutes les élections. Elles sont nécessaires à la démocratie car elles aident le citoyen à faire son choix. L’intérêt et la qualité des campagnes électorales  dépendent de la  cohérence et de la sincérité des candidats en course. Force est de constater que certains d’entre eux se moquent de  ces principes.

mercredi 18 avril 2012

GANDHI : une pensée moderne




À l’heure où les Français s’apprêtent à choisir celui qui sera leur président pour les cinq ans à venir, un personnage inattendu s’est invité subrepticement dans la campagne : il s’agit de Gandhi.
Celui-ci est surtout connu chez nous pour avoir propagé et mis en pratique des idées pouvant contribuer à la transformation du monde : la non-violence, la désobéissance civile, la simplicité volontaire, des thèmes largement repris par la mouvance écologiste, mais que sa candidate n’a pas beaucoup évoqués au cours de ces dernières semaines.  
Deux candidats ont fait référence à Gandhi dans cette campagne : François Bayrou et J-L Mélenchon. Le premier a cité cette phrase : « Pour extraire la violence de la société, il faut d’abord la retirer de soi. » C’est une belle formule. J'espère que celui qui la reprend  l'applique au quotidien.
Le second a cité ce propos : « Celui qui voit un problème et qui ne fait rien, fait partie du problème. » Cette phrase dépasse les clivages politiques. Elle est universelle.
Ces deux citations montrent la modernité de la pensée de Gandhi. On pourrait, pour le prouver, accumuler les réflexions susceptibles d'inspirer l’action de tout homme responsable. Contentons-nous d’en rappeler quelques-unes :

Si la non-violence est la loi de l’humanité, l’avenir appartient aux femmes.
- La démocratie devrait assurer au plus faible les mêmes opportunités qu’au plus fort.
- Celui qui veut servir ne gaspillera pas une seule pensée pour son confort personnel.
- Le bonheur c’est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles.

jeudi 12 avril 2012

Vagabondages poétiques (2)




Faire aimer la poésie


La poésie ne doit pas être subie, imposée, elle doit être une découverte heureuse et devenir une activité créatrice, d’abord en cherchant à la lire et à la réciter de manière expressive puis en devenant moyen d’expression, par le biais de jeux poétiques précédant l’écriture de poèmes personnels.
Les enfants et les adolescents sont très sensibles à la poésie de qualité.
Certains grands poètes sont accessibles aux plus jeunes. Epargnons-leur la mièvrerie d’auteurs secondaires. Parmi les poètes des deux  siècles précédents, nombreux sont ceux qui écrivent simplement, avec humour parfois, avec profondeur, vérité et sensibilité. J’ai constaté que les textes exprimant la beauté de la nature, l’enfance, l’amitié, la liberté, étaient souvent choisis par les jeunes. Verlaine, Apollinaire, Desnos, Eluard, Follain, Supervielle, Fombeure…sont  des poètes à la portée de tous.
La poésie peut-elle devenir populaire ? Oui si l'on donne à chacun l’envie de poésie.











mardi 10 avril 2012

Contes brefs : L'heure de vérité (2)


( suite du billet du 30 mars 2012    : Un jour d'élection, Maurice Darieu, maire et ministre, est seul dans son bureau. A quelques heures du verdict, il semble indifférent aux événements)

                   L'homme qui monte 



Depuis quelques semaines, certains signes indiquaient que Maurice Darieu traversait une période délicate.
Jusqu’à ce jour, tout lui avait réussi. Après des études brillantes, il avait choisi la voie de l’enseignement et ses cours de sociologie lui avaient donné une excellente réputation ; il était très apprécié de ses élèves. En tant qu’auteur, il avait connu le succès dès ses premiers livres. Ses analyses étaient jugées pertinentes et il écrivait dans un style alerte, sans pédantisme.
Darieu ne faisait pas partie de ces ambitieux qui rêvent dès l’enfance d’un destin national. La politique l’intéressait en tant que chercheur mais ne le passionnait pas. Il y était entré par hasard, à la suite d’une rencontre avec celui qui allait bientôt devenir Président de la République.
En quelques années, son ascension avait été fulgurante : il avait obtenu les ministères les plus prestigieux. À 48 ans,il était aux yeux de ses amis et des camarades de son parti, le symbole de la réussite. Pour les journalistes, il était l’homme qui monte, celui qui avait de bonnes chances de devenir le prochain Premier ministre. Il était l’un de ceux sur lesquels le Président comptait pour conduire son camp à la victoire après la dissolution de l’Assemblée qu’il venait de décider pour tenter de mettre fin au malaise qui régnait dans le pays. Et cela ne serait sans doute pas  facile car le contexte mondial était défavorable. Le pays s’enfonçait dans la crise, le chômage augmentait d'année en année, les déficits s’aggravaient. Et par-dessus tout, il y avait eu cette succession d’affaires qui avaient jeté la suspicion  sur les hommes politiques.

Maurice Darieu jeta un dernier coup d’œil vers la fenêtre. Le soleil était déjà bas dans le ciel. Cela faisait à peine une demi-heure qu’il était dans son bureau. Il jugea qu’il était temps de descendre dans la salle d’honneur qui commençait à se remplir et où l’on sentait déjà la tension des soirées électorales.

Il était 18 heures. Dans moins d’une heure, il connaîtrait les premières tendances ; dans la soirée, il saurait ce qu’allait devenir sa vie dès le lendemain. Il n'était pas inquiet, il attendait le verdict des urnes avec un grand détachement.

( à suivre) 



vendredi 6 avril 2012

Vagabondages poétiques (1)



La poésie, pourquoi ?

Depuis que j'ai ouvert ce blog, j’ai fait le choix de la diversité dans les sujets traités. Les articles se rapportant à l’écologie sont sans doute les plus nombreux pour une raison simple : j’ai depuis longtemps la conviction qu’il s’agit là d’une question capitale pour notre avenir. Réussir à convaincre des personnes qui se sentent peu  concernés par l’état de la planète, apporter des informations utiles aux autres, c’est le but de ces courtes chroniques.
Pourquoi, me direz-vous, introduire régulièrement de la poésie dans ces billets ?
J’ai deux réponses à proposer :  la première, c’est que dans ma conception de l’écologie, dans les relations qu’elle propose entre l'homme et la nature, dans la façon de vivre qu’elle imagine ( sur la base du réenchantement), la poésie a toute sa place.
La seconde, je me la suis moi-même posée et si j’y ai répondu positivement, c’est dans l'espoir  d’attirer vers la poésie des lecteurs qui n’auraient peut-être pas eu le réflexe d’aller visiter un site consacré exclusivement à celle-ci.

La poésie accompagne ma vie depuis que je sais lire. J’ai en permanence un livre de poèmes à portée de la main et depuis l‘enfance, j’ai pris l’habitude de jeter sur des carnets ou des cahiers des bribes de vers venant de je ne sais où qui ont pris peu à peu la forme de poèmes.

Je pense que la poésie est essentielle à l’homme. Elle est pour celui qui l’aime et plus encore pour celui qui écrit, une  raison d’espérer. La vie quotidienne nous laisse  parfois observer les comportements les plus détestables de l‘homme, la poésie  nous transporte dans l’univers d’un homme ou d’une femme qui exprime la beauté, la transcendance.
(à suivre)


mercredi 4 avril 2012

Le besoin de vérité




Si l’on veut que le débat démocratique soit juste et pertinent, il est nécessaire que les éléments fournis aux citoyens soient conformes à la réalité.  Ce n’est pas le cas actuellement en France.
J’assistais dernièrement, à Paris, à une réunion à laquelle participait le président d’une association d’ingénieurs. Faisant le tour de la situation industrielle secteur par secteur, celui-ci, abordant la question de l’énergie, se lança dans un plaidoyer enflammé en faveur du nucléaire :
— Nous ne pouvons pas nous en passer, dit-il en substance ; sans nucléaire, l’électricité coûterait dix fois plus cher !
Cet homme pensait être sérieux ou bien il se moquait du monde.
Il y a quelques jours, un responsable politique affirmait sans rire que le nucléaire était sûr et qu’il n’avait jamais tué personne.
Prononcer de telles paroles n’est-ce pas mépriser ceux à qui on s'adresse ?
Dans le même registre, le président sortant a plaisanté récemment sur la sécurité de la vieille centrale de Fessenheim . Ces propos ne sont-ils pas déplacés après  Tchernobyl et  Fukushima ? 

La démocratie a besoin de vérité.
On tente de dissimuler les dangers que représente le nucléaire, on cache son prix réel, on ne prend pas en compte les quelque 300 milliards de francs versés au CEA ( Commissariat à l’énergie atomique) entre 1946 et 1992 au titre de la recherche ( source réseau Sortir du nucléaire). Ni les milliards d’euros qui seront nécessaires pour renforcer la sécurité des centrales existantes. Ni le prix de leur démantèlement. Et on  parle encore moins du coût de la gestion des déchets, inconnu à ce jour et laissé aux générations suivantes.

Qu’il s’agisse d’énergie, de transport, d’agriculture ou de tout autre domaine, il est indispensable de connaître le coût réel des politiques afin de prendre les justes décisions. 

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