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vendredi 24 février 2012

Le bonheur de lire




Je suis toujours abasourdi quand j’entends une personne me dire qu’elle n’ouvre jamais un livre. Comment peut-on passer à côté d’un tel plaisir ?
Que ce soit à la maison ou en voyage, j’ai toujours un livre (plusieurs, même)  à portée de la main.
Chacun a un rapport particulier avec le livre. Certains sont très attachés à l’objet, ils recherchent les beaux livres, voire les livres rares. Cet aspect-là m’intéresse peu. Le livre broché, à la couverture simple (qui peut être très esthétique) , aux feuilles qui ont la bonne odeur du bois, me suffit.
Avoir un livre dans les mains procure d’abord un plaisir des sens : on le regarde, on le feuillette, on le hume. Lire un roman sur l’écran d’un portable ou d’une tablette, ne m'attire pas. 
Bien entendu, ce qui compte le plus dans un livre, c’est son contenu.
J’aurais tendance à ranger les livres en trois catégories.
Il y a ceux qui complètent le travail de l’école ; ils contribuent à la formation permanente. Ce sont les essais, les ouvrages encyclopédiques.  Leur lecture permet de compléter nos propres observations, les connaissances acquises sur le terrain. Personnellement, c’est de cette manière que j’ai cherché à  comprendre les problèmes économiques, sociaux, écologiques.
Il y a ensuite les livres qui distraient, qui permettent de s’évader. Ce sont les romans qui nous font entrer dans une histoire dont on a envie de connaître le dénouement. On ne demande pas forcément à ces ouvrages de délivrer un message mais de nous offrir le plaisir d’apprécier un beau style.  C’est ce qu’apportent  les livres de Flaubert, Balzac, Jean d’Ormesson, Modiano, par exemple. Je regrette que beaucoup trop de romanciers modernes oublient de bien écrire.
Et puis, il y a la forme la plus élaborée de la littérature, celle qui élève, qui utilise un langage neuf,  apporte une sensibilité personnelle et invente un futur. Il s’agit de la poésie, qu’elle soit exprimée en vers ou en prose. Elle procure un plaisir immense. 
La lecture de Rimbaud, Baudelaire, Guillevic, Chateaubriand, Bachelard apporte des moments de bonheur.

mercredi 22 février 2012

Biodiversité : Où en est-on ?




2010 avait été l'année de la mobilisation en faveur de  la biodiversité. L’un des enjeux de cette action était de  faire comprendre au plus grand nombre que la biodiversité est un problème important, comme l'est le réchauffement climatique, beaucoup plus médiatisé, lui.

En 2012, la vigilance s’impose toujours.
Où en est-on en France ?
Dans le Monde du 11 février, on annonçait que 25 millions d’euros permettront au Fonds d’investissement pour la biodiversité et la restauration écologique de mener des actions  permettant, entre autres, de rétablir des couloirs écologiques le long des routes et des voies ferrées et de restaurer des écosystèmes sensibles ou très intéressants. La ligue Roc Humanité et Biodiversité, tout en saluant la création de ce fonds, regrette que certains ministères ( la recherche, la santé, l’agriculture) ne s’engagent pas dans ce processus dont la pérennité n’est pas garantie à ce jour.

Un autre problème mérite d’être rappelé : l’absence de  prise en compte de la valeur des services rendus par la nature et de l’estimation chiffrée de l’érosion de la biodiversité qui ne permet pas de prendre les décisions les plus responsables.
Que représentent la valeur des  produits et matériaux extraits,   la valeur fonctionnelle de certains organismes vivants, des  services rendus par les écosystèmes ?
On estime, par exemple,  à 150  milliards d’euros par an, au niveau mondial, les services rendus par les abeilles et autres pollinisateurs.
Quant au coût de la dégradation  de la biodiversité, on estime (selon  une étude faite sous l’égide de l’UNESCO ) que la déforestation représente à elle seule une perte de 1350 milliards de dollars par an à l'échelle mondiale. Et selon une étude de l’Union européenne, la perte des services  rendus par les écosystèmes entre 2000 et 2009 est estimée à 50 milliards d'euros.
Prendre en compte ces chiffres dans les indicateurs de richesse des pays serait une réelle avancée.

lundi 20 février 2012

Les gens (30) : Fatou femme de pêcheur



   J'ai rencontré à Saint-Louis,au Sénégal, des femmes formidables qui se battaient pour défendre la pêche artisanale, d'autres qui luttaient pour le respect de l'environnement. Elles m'ont étonné par leur courage et leur intelligence. Voici le portrait de l'une d'elles.

   Les yeux fixés sur l’océan, Fatou avance lentement sur le sable, entre les grandes tables où sèche le poisson. Ce matin, son mari est parti en mer sur la  pirogue qui lui paraît si fragile quand elle la voit s’éloigner. Tant qu’il ne sera pas rentré, Fatou sera angoissée. Elle sait que le métier de pêcheur est  dangereux, que  chaque année des hommes disparaissent en mer. Son père et l’un de ses oncles qui savaient à peine nager   ne sont jamais revenus de la pêche et quand elle voit la pirogue de  Malick    partir, elle ne peut s’empêcher de penser au danger qui le menace.

  Fatou marche avec élégance, dans son boubou aux grandes taches bleues, jaunes et vertes ; le moussor assorti à sa robe la protège du soleil. C’est une  femme jeune et d’une grande beauté. Elle aime le village de pêcheurs dans lequel elle est née mais depuis qu’elle a eu l’occasion de se rendre à Paris, à Bruxelles, pour défendre la cause des femmes de pêcheurs africaines, il lui arrive de douter et parfois même de regretter l’existence qu’elle mène.
Elle rêvait d’être institutrice, la naissance d’un bébé alors qu’elle avait à peine dix-sept ans  a changé son destin. Depuis une dizaine d’années, elle se bat avec acharnement pour améliorer les conditions de vie dans le village. Mais quand la fatigue la gagne, elle repense aux séjours qu’elle a faits en Europe, au confort des hôtels où elle pouvait s'allonger dans une baignoire, aux boutiques parisiennes où elle avait vu tant de  choses tentantes. 
Sa vie n’est pas facile, les moments de joie sont rares et les luttes qu’elle mène depuis des années ne donnent pas les résultats espérés.
   Fatou poursuit sa marche. Elle arrive maintenant sur le long pont qui enjambe le fleuve et elle aperçoit les grandes maisons blanches qui rappellent l’époque coloniale. Elle songe tout à coup à ces jeunes filles qui se mariaient autrefois avec des hommes riches bien plus âgés qu’elles pour échapper à la pauvreté. Cet épisode de l’histoire du pays l’attriste et en même temps la met en colère.
Car elle a honte d’avoir elle aussi, de temps en temps, l’envie de goûter aux plaisirs d’une vie plus facile. Parfois l'idée d’abandonner les siens et de quitter son pays pour l’Europe ou l’Amérique traverse son esprit.
   Elle regrette aussitôt ces rêves insensés et elle sait qu’elle est assez forte pour ne pas céder aux  illusions qui ne mènent à rien.

vendredi 3 février 2012

Modèle, le mot de la semaine (64)


Chaque semaine, voici — à partir d’un mot —  une   réflexion développée brièvement. 

          Aujourd’hui,  le mot :   modèle


Le mot modèle a plusieurs sens mais dans tous les cas on retrouve la même idée : on a devant soi un objet, une personne, un système…qui sert de référence et on essaie de l’imiter pour le reproduire.
Cette démarche peut avoir des vertus pour l’élève, (ou l’apprenti, le débutant) qui après avoir observé, étudié, disséqué la technique du « maître » s’évertue à faire aussi bien que lui. Ainsi pendant des siècles ont procédé les artistes peintres. Mais il faut qu’un jour le peintre s’émancipe et trouve sa propre personnalité s'il veut à son tour devenir lui-même un véritable artiste, un créateur.

Un pays peut-il bâtir son avenir  en cherchant à imiter ce qui se fait ailleurs comme l’a proposé il y a quelques jours notre président, en se référant à maintes reprises au modèle allemand ?
Bien sûr que non, pour de multiples raisons. D’abord les histoires sociales des deux pays sont différentes et surtout le modèle choisi n’est pas une référence satisfaisante.
En ce qui concerne le chômage par exemple, il est certes plus bas qu’en France (7,1%) mais un système économique qui génère 2,8 millions de chômeurs ne peut être pris en exemple.
Il peut être utile parfois de s’inspirer de réussites constatées dans d'autres pays mais à ce jour il n’existe aucun modèle de pays ayant réussi à éradiquer la misère, à supprimer le chômage et à préserver la planète.
Ce modèle reste à inventer.


mercredi 1 février 2012

Agir pour l'écologie



La voie politique est-elle efficace ?

En 1984, différents mouvements écologistes décidaient de s’unir pour former un nouveau parti politique : « Les Verts ». À cette époque, le commandant Cousteau qui depuis longtemps, par le biais de ses expéditions, de ses films, de ses conférences, avait fortement contribué à faire prendre conscience de l’importance des questions environnementales avait déclaré en substance que la politique n’était pas le moyen le plus approprié pour défendre l’écologie. Les trois décennies qui viennent de s’écouler et le démarrage de la campagne de la candidate écologiste à l’élection présidentielle de 2012 semblent lui donner raison.
Dans une compétition où la probabilité de victoire est nulle, on n’attend qu’une chose du candidat écologiste, c’est qu’il saisisse l’opportunité offerte par cette période pour faire passer, comme René Dumont avait su le faire en 1974, un message fort sur l’état de la planète, assorti de  propositions concrètes pour amorcer le changement. Apparemment jusqu'à maintenant, ce n'est pas le cas.
Ce ratage est le dernier d’une longue série. Le plus grand échec de l’écologie politique a été, selon moi, son incapacité à promouvoir le nouveau mode de pensée apporté par l’écologie scientifique, en rupture avec la vision mécaniste du monde : la pensée complexe dont l’intérêt est de tenir compte des interdépendances, des complémentarités, des diversités, avant de prendre des décisions cohérentes qui demandent de réfléchir à  leurs conséquences à long terme. Il est d’ailleurs curieux de constater de celui qui a le mieux parlé de la question, Edgar Morin, n'est pas un proche des Verts. Pourtant son livre récent La Voie peut être considéré comme un programme sérieux pour une gouvernance écologiste mondiale.
Ceux qui, devant la gravité de l’état de la planète, mènent l’action la plus efficace sont, me semble-t-il, les associations internationales telles que Greenpeace et des penseurs, des scientifiques : Edgar Morin naturellement, Hubert Reeves, Albert Jacquard, Jean-Marie Pelt, Yves Paccalet…

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