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mercredi 24 avril 2013

La morale à l'école


Tout le monde (ou presque) a pris conscience de la nécessité de faire revenir la morale dans notre société. Il faut moraliser la finance, il faut moraliser la politique, entend-on dire souvent en ce moment.
Dans ce contexte, le retour de la morale à l'école paraît logique, mais ne résoudra pas tout : ceux qui n'ont pas actuellement un comportement vertueux dans les affaires ou en politique ont eu droit aux leçons de morale dans leur jeunesse, cela ne les a pas empêchés de s'écarter des principes qu'ils avaient appris.

Retour sur le passé

La question de l'éducation morale à l'école mérite une réflexion sérieuse ; c'est une matière qui présente des intérêts pédagogiques variés et il sera nécessaire de lui fixer un cadre clair. 
Commençons par un bref retour sur le passé : comment la morale était-elle enseignée des débuts de l'école laïque aux années 1960 ?
Deux ouvrages ont symbolisé cette longue période :
Le premier est Le tour de France par deux enfants. L'histoire racontée dans ce livre débute en 1871, après la guerre contre la Prusse ; l'Alsace et une partie de la Lorraine viennent de devenir allemandes. Dans la préface, les intentions de l'auteur, G.Bruno, sont précises : « Toutes les connaissances morales et civiques (sont regroupées) autour de l'idée de la France. »
Sont mis en avant : l'honneur, le travail, le respect du devoir et de la justice. Chaque lecture, qui est une leçon d'histoire, de géographie, de sciences... débute par une phrase ; ainsi la lecture 17 - l'arrivée des enfants chez Madame Gertrude qui est devant sa machine à coudre – met en avant cette phrase : « On estime toujours ceux qui travaillent.»
Tous les messages envoyés aux jeunes répondent aux besoins de la société de l'époque.

page 37 : La machine à coudre

Après la seconde guerre mondiale, le livre de morale qui fit autorité fut celui de Joseph Cressot, inspecteur général de l'Instruction publique. Ce livre proposait des entretiens, des lectures de textes (proses et poésies), des maximes. L'intérêt culturel était évident : une réflexion sur un poème de Victor Hugo, une fable de La Fontaine, une pensée de Danton...pouvait être un exercice intéressant.
Quant au contenu  de ces leçons, il était très proche de celui du livre précédent.
Dans l'édition de 1958, on relève une apologie du travail :

«  Je suis un travailleur et j'en suis fier ; le travail est la loi du monde. » , une ode à  la patrie et au patriotisme, une évocation des joies et des règles de la vie en famille. 
A cette époque, l'école était obligatoire jusqu'à 14 ans. Pour l'auteur du livre, l'avenir de l'élève était tout tracé. Voici un exemple de phrase que celui-ci recopiait dans son cahier :
« Je m'instruis pour devenir un bon apprenti d'abord, puis un bon ouvrier. »
Où était donc l'école émancipatrice dont on a souvent dit qu'elle permettait l'ascension sociale de ses élèves ?
On apprenait plutôt l'obéissance que l'esprit critique. Et l'enseignement de la morale reflétait encore l'esprit de la société de l'époque.


vendredi 19 avril 2013

le feu et la convivialité








Quelle que soit la date exacte de  la maîtrise du feu, celui-ci  a marqué une étape importante de l'évolution humaine.
 D'abord sur le plan technique, cela a permis d'améliorer les conditions de vie. C'est une démonstration des capacités de l'homme primitif, de son habileté, de son intelligence. Il suffit   de se placer  dans les mêmes conditions que nos ancêtres   pour constater les subtilités de cette technique.

 La maîtrise du feu est importante également  sur le plan des relations sociales et des modes d'expression.On peut en effet penser que, bien avant Paul Eluard qui écrivit :
« Je fis un feu, 
L’azur m’ayant abandonné,
Un feu pour être son ami,
Un feu pour m’introduire
Dans la nuit de l’hiver.
Un feu pour vivre mieux. »
l'homme préhistorique ressentit à la vue des flammes mouvantes des émotions que je n'hésiterai pas à qualifier de poétiques qui l'amenèrent à l'état de rêverie et le poussèrent à chanter, à danser.
Et c'est probablement autour d'un feu que s'exprimèrent les premiers signes de la convivialité.

lundi 8 avril 2013

LE BESOIN DE CULTURE




Week-end placé sous le signe de la culture. Vendredi soir, le Rollmops Théâtre présentait une répétition publique de Crève Bouffon, pièce consacrée à Molière, écrite par Franck Delorme, jouée par Laurent Cappe et l'auteur. Un travail remarquable !
Samedi à Etaples, visite d'une exposition de sculpture. Une soixantaine d'artistes, parmi lesquels de nombreux Nordistes et de belles œuvres.
Dimanche, à Boulogne, dans l'atelier de Sylvie Koechlin, sculpteur de renommée, Sylvie Pilon exposait ses mosaïques.
Je veux dans ce billet rappeler pourquoi l'art est indispensable,  même - et surtout - quand le monde va mal.


Dans le contexte actuel, la gravité des problèmes sociaux, l'ampleur de la crise économique, ont tendance à mettre la question culturelle au second plan des priorités. 
Lorsque des économies sont à faire, il est rare qu'un gouvernement diminue le budget de la défense, il préfère s'en prendre à la culture, reléguée dans l'esprit des décideurs, à une activité superflue.
Cette conception paraît sans doute cohérente aux yeux des politiques imprégnés des règles qu'impose une société obnubilée par les critères économiques dominants ( rentabilité, PNB, croissance) ; elle n'a aucun sens dans le cadre d'une société dont le souci principal devrait être la qualité de vie des habitants.
J'affirme même que dans une période aussi difficile que celle que nous vivons, le rôle de la culture est plus important encore, car elle apporte un supplément d'âme, elle permet de sortir de la morosité du quotidien et de tisser des liens entre les individus, enfin elle contribue à leur épanouissement.

En cette période qualifiée de transition ( transition vers un monde nouveau qui émergera en grande partie d'initiatives individuelles et associatives), il faut que les aspects non économiques de l'existence humaine prennent de plus en plus de place. Car la vie des hommes ne peut se limiter au travail et à la consommation.
C'est pourquoi il faut soutenir les actions qui contribuent au développement de la créativité sous toutes ses formes, il faut encourager les artistes qui défendent une culture débarrassée de ses aspects mercantiles et les aider – sous des formes qui devront être redéfinies – à jouer pleinement leur rôle social. 

N'oublions pas que ce sont les traces culturelles laissées par les civilisations qui comptent lorsque l'on porte un jugement sur elles. 
Nous avons besoin de romanciers, de philosophes, de poètes, de peintres, de sculpteurs, d'acteurs, de musiciens... pour accéder à l'indicible et pour faire progresser l'humanité.

mercredi 3 avril 2013

Démocratie et morale

LE FAIT MARQUANT (n° 4)




La France entière est scandalisée à juste titre par l'affaire Cahuzac. Qu'un ministre de la République ayant en charge le budget et devant à ce titre lutter contre la fraude fiscale se soit permis d'enfreindre la loi, c'est inadmissible et aucune excuse ne peut être reçue, aucun pardon ne peut être accordé.
Que ce même ministre ait pendant des mois menti à tous,  y compris aux représentants du peuple, est un manque de respect des citoyens.

Que ses adversaires politiques s'engouffrent dans ce cataclysme pour en retirer un bénéfice, c'était attendu, mais cela ne contribuera pas à l'amélioration de la démocratie : chaque citoyen a en tête bon nombre d'affaires du passé et du présent visant des personnalités de l'autre camp et comprend que ce type d'évènement a d'abord pour conséquence de jeter  le discrédit sur  la classe politique qui compte, rappelons-le en passant, des gens sincères et conscients de leur responsabilité.

La sagesse me semble être ailleurs : elle consiste à tirer le plus objectivement possible la leçon de cette affaire.
Cette leçon est double.
- Il ne faudra pas oublier que nous devons à la presse indépendante, en l'occurrence Mediapart, la connaissance de ce fait. Les pressions exercées sur les journalistes ne cessent d'augmenter de nos jours. La démocratie a besoin d'une presse libre afin que les citoyens aient accès à une information non déformée.
- Une société démocratique doit s'appuyer sur des valeurs morales qui s'appliquent à tous ; ceux qui exercent une responsabilité politique, économique ou dans tout autre domaine, ont le devoir d'être exemplaires : l'honnêteté, le souci de vérité, la transparence, le désir de se mettre au service des autres sans en tirer d'avantages, sont des vertus qui ne peuvent accepter le moindre écart. L'homme étant ce qu'il est, avec ses faiblesses devant la tentation, il est nécessaire de mettre en place les dispositifs permettant de réduire les risques de non-respect de ces principes. En ce qui concerne les élus, prendre des mesures pour empêcher les carrières longues serait un signe positif, il empêcherait le carriérisme ; rendre inéligible un politique condamné est indispensable, c'est évidemment le minimum qu'on attend  d'une démocratie.

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