CHOIX DE TEXTE n°
11
Voilà ce que
j’écrivais à propos du Salon de l’Agriculture en 2011 :
Les
discours qui s'y sont tenus, en particulier celui du Président de la
République (1), ont
montré une nouvelle fois les aspects hypocrites et contradictoires
de cette expression développement durable dont le sens -
surtout dans la bouche des partisans du libéralisme - est très
éloigné d'une vision écologique du monde.
Comment
peut-on prétendre prendre la défense de l'environnement quand on
propose au nom de la concurrence économique de s'affranchir des
engagements du Grenelle de l'environnement (2)
qui pourtant n'étaient pas très ambitieux : nulle part on y lisait
l'abandon du productivisme et de ses pratiques nuisibles à la nature
et à l’homme ?
Le
défi posé au XXIe siècle à l'agriculture mondiale est énorme.
Dans un contexte qui voit régulièrement diminuer les surfaces
agricoles cultivées, il s'agit, à l'horizon 2050, de nourrir une
population mondiale qui pourrait atteindre 9 milliards d'habitants, tout en rétablissant l'équilibre entre des pays du Nord et du Sud.
Même si ce chiffre n'est pas atteint - ce qui me paraît souhaitable - poursuivre dans la voie prise par l’agriculture il y a une quarantaine d'années est impensable : cela conduirait à une dégradation insupportable de l'environnement et maintiendrait le déséquilibre entre pays riches et pauvres. La seule alternative réaliste à l’agriculture industrielle est d'aller dans tous les pays vers une une agriculture naturelle.
Aujourd'hui,
cette grande mise en scène visant à présenter l'agriculture – et
surtout l'élevage – sous son visage le plus attirant continue
d'avoir du succès. On connaît pourtant désormais la triste
réalité : des animaux élevés dans des conditions horribles,
des légumes et des fruits contenant maints pesticides, insecticides,
engrais chimiques... Et pendant ce temps, les paysans respectant
l’environnement souffrent énormément.
1.
N.Sarkozy
2.
Une promesse vite abandonnée
Mars
2018. Les présidents changent. Ils défilent tous - plus ou moins
longtemps – dans les allées du Salon, mais rien ne bouge. Les
légumes, les fruits provenant de l’agriculture industrielle
continuent de pousser en polluant les sols, l’eau, l’atmosphère.
Tous les produits chimiques mauvais pour la santé pénètrent dans
nos corps. On croyait être débarrassé rapidement du glyphosate, ce
désherbant dangereux ; il a suffi que quelques agriculteurs
haussent le ton pour que le gouvernement fasse marche arrière,
confirmant ainsi que la volonté politique de produire autrement
n’existe pas.
Et
que dire de l’élevage ? Ces jolis poussins qui attendrissent
les enfants, ces cochons au regard malicieux, ces vaches que l’on
brosse avec soin pour qu’elles paraissent plus belles, pourquoi
sont-ils exposés au public ?
-
Pour donner une belle image de
l’élevage, une image trompeuse éloignée de la vérité.
Les
militants de la cause animale, nombreux cette année au Salon, ont agi et
parlé pour rétablir la vérité. Les décideurs et les grands
groupes les regardent avec dédain. Ils ont tort. Leur message sera
de plus en plus entendu.
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