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mardi 28 avril 2015

Carnet de bord : la télé et l'oubli

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».



Sur mon carnet de bord, j’ai noté cette semaine :
- mercredi 22 : En mettant de l'ordre dans mes livres, je tombe sur La vérité littéraire, un ouvrage de Marthe Robert écrit en 1981. Page 41, elle parle de Bokassa. Commentaire intéressant ( à développer).
- jeudi 23 : La réunion européenne organisée à la suite des naufrages qui ont causé la mort de 1 300 migrants depuis le début de l'année a été décevante. Il fallait s'y attendre : une Europe ultralibérale ne trouve pas l'argent nécessaire quand il s'agit de faire preuve de solidarité.
- samedi 25 : La radio annonce un terrible tremblement  de terre au Népal. Une pensée pour toutes les victimes de cette catastrophe.
- lundi 27 : Le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. Impuissance de  l’Homme devant un tel drame ; seule est possible la solidarité.

Le  téléspectateur  et l’oubli
1979. La foule se presse  devant l’aéroport d’Evreux pour voir l’avion de Bokassa qui y est immobilisé.
Un journaliste de télévision interroge les curieux ; il veut savoir ce que ces gens connaissent de Bokassa. 

Pendant des mois, presque tous les soirs au journal télévisé, on avait parlé de ce personnage mégalomane qui après avoir été président de la république centrafricaine (de 1966 à 1976) s’était proclamé empereur et avait revêtu lors de la cérémonie du couronnement un costume qui était la réplique de celui de Napoléon.
Bokassa était un dictateur ; il pratiquait la torture et les exécutions sommaires, il avait fait massacrer des lycéens. Il avait pourtant le soutien de la France, d'abord sous de Gaulle puis sous Giscard d'Estaing, empêtré dans l'affaire des diamants - révélée par le Canard enchaîné - qui contribua à sa défaite en 1981.
Et les gens interviewés par le journaliste étaient incapables de citer quelques faits concernant ce personnage peu recommandable.
« Comment expliquer l’amnésie dont les gens semblent frappés quand on les interroge  sur des faits même récents ? » se demande l’auteure, Marthe Robert.  

Celle-ci propose deux réponses : d’abord les évènements relatés par la télé restent trop abstraits pour des gens submergés par les soucis du quotidien, et puis il y l’abondance des faits traités si rapidement qu'ils ont du mal à être assimilés.
Marthe Robert a sans doute raison sur un point : la télévision n’est pas le meilleur moyen pour informer le citoyen, surtout quand elle réduit le commentaire et l’analyse à sa plus simple expression. Et depuis que ces phrases ont été écrites ( il y a plus de 30 ans), le problème s’est plutôt aggravé ; la priorité donnée à l’image qui passe en boucle sur les chaînes d’info continue, le déficit d’analyse, le manque de recul devant l’évènement, tout cela ne facilite pas la compréhension des faits.

J’émettrai cependant une réserve sur le constat de l’auteure : tirer des conclusions fiables à partir  de l’interview de quelques personnes choisies parmi une foule venue assister à ce qui est pour elle un spectacle n'est sûrement pas la meilleure méthode pour établir une vérité !

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