u temps présent ».
Quatre idées familières
Il m’arrive parfois de critiquer les nouvelles technologies ; je dois cependant leur reconnaître un intérêt certain.
Il y a quarante ans, quand on publiait dans une revue un poème ou une chronique, on l’abandonnait aux lecteurs sans savoir, la plupart du temps, comment l'écrit serait perçu.
Aujourd’hui, grâce à la technologie, toutes les statistiques qui peuvent intéresser l’auteur d’un blog sont à sa disposition.
C’est ainsi que j’ai été informé que ce billet était le 900e de la Rumeur du temps. J’ai aussi appris quels étaient les choix des lecteurs. Les billets les plus lus sont donc :
1. Information et écologie
2. Poésie du langage populaire
3. Les bergers ( poème en prose)
4. Les tournesols - variations n° 2 ( art et poésie)
Si le choix de l’écologie ne m’étonne pas, en raison de l’importance que celle-ci a prise en cette période cruciale pour l’avenir de l’humanité, c’est une agréable surprise pour moi de constater la bonne place occupée par la poésie.
La poésie, cet art que les médias traditionnels ont abandonné depuis longtemps, est un mode d’expression, une rencontre, qui est au centre de mes activités.
Albert Camus écrivait dans Noces : « On vit avec quelques idées familières. Deux ou trois ».
À l’occasion de la sortie de son dernier livre Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, on a reproché à Modiano d’écrire toujours le même livre.
Il y a une part de vérité dans ce deux remarques.
Chaque auteur a ses thèmes préférés ; il peut les traiter des dizaines de fois, là n’est pas le problème. L’essentiel pour lui est de ne pas lasser le lecteur. Pour cela il doit se renouveler sans cesse, afin de le surprendre toujours, en choisissant de nouveaux angles, en explorant la complexité des choses et des sentiments.
Cette démarche est aussi celle qu’on utilise dans l’enseignement. Prenons l’exemple d’une matière, l’ histoire. De l’école primaire à l’université, on va rencontrer les mêmes personnages, les mêmes évènements ; à chaque étape, on approfondit le sujet, on va de plus en plus loin dans la complexité.
Si je suis la pensée de Camus, les quelques idées familières qui m’accompagnent depuis toujours sont au nombre de quatre :
- la poésie est essentielle à l’Homme
- on a besoin de la nature
« Ecoute, Bûcheron, arrête un peu le bras !
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas :
Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient dessous la dure écorce ?»
( Ronsard - extrait de Contre les bûcherons de la forêt de Gatine)
Dès l’école primaire, à une époque on le mot écologie n’était pas popularisé, c’est par le biais de la poésie que j’ai pris conscience de ce qu’on devait à la nature. Ronsard, et plus tard Richepin, Guillevic, et bien d’autres, ont montré la nécessité pour l'homme d'une osmose avec la nature.
En rendant hommage à mon tour à celle-ci, je me suis engagé en toute logique dans le combat pour l’écologie.
Quand ils marchent au cœur de la nature, les poètes
« puisent leur force
dans le vent et la pluie,
dans le chant des étoiles,
écoutent les histoires
que leur content les arbres.» ( Les marcheurs)
Et leur imagination leur permet de sortir de la monotonie et des inquiétudes du quotidien.
La poésie née de la contemplation de la nature et tournée vers les autres devient un art de vivre :
« Il suffit d’un chemin
au bord du ruisseau qui flâne
entre les arbres
avant de rejoindre la rivière
pour deviner la mer
et aller au bout du monde.»
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