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mardi 26 mai 2015

Pour éviter le pire


Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».



J’ai consacré mon précédent billet à l’entrée de Jean Zay  au Panthéon. J’aurais pu  aussi évoquer les trois autres résistants qui vont avoir cet honneur : Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz ou Pierre Brossolette. Et pourquoi pas l’ensemble des résistants qui ont lutté pour faire reculer le nazisme et préserver nos libertés ?
Parce que, si le Panthéon a pour but d’honorer des personnages dont notre pays est fier, il serait sans doute plus juste, pour certains, de leur associer tous ceux qui ont agi avec la même conviction qu’eux.
Choisir ceux qui vont  entrer au Panthéon a toujours un côté arbitraire. Mais ce choix a la plupart du temps une valeur symbolique. 
Cette année, deux femmes sont mises à l’honneur ; cela traduit une évolution de la société française qui, peu à peu, donne à la femme la place qu’on lui a longtemps refusée.
Quant au choix des résistants, il permet de rappeler aux plus jeunes  un passé qui est encore proche puisque certains d’entre nous l’ont connu.

Si j’ai  choisi de rendre hommage à Jean Zay, c’est avant tout parce que sa vie, son parcours, son action en tant que ministre de l’Education nationale, me semblent propices à une réflexion sur le présent et l’avenir.
Il arrive qu’on compare l’époque actuelle  aux années 30. Bien sûr, il y a eu au cours de ces années-là une grave crise économique, une forte  poussée de l’extrême droite, la montée de l’antisémitisme, dont Jean Zay fut l’une de victimes. Mais il y a eu aussi de 1936 à 1938 des années d’espérance, de réformes, de progrès social, que Jean Zay représente également.

L’antisémitisme et le racisme en général n’ont pas encore été éradiqués, bien au contraire, et il peut être utile de rappeler en cette période de  doute, les dangers qu’ils représentent.
Quant à la crise économique qui peut pousser certaines personnes sans espoir à se jeter dans les bras d’illusionnistes, elle n’est pas près de se terminer si l’on ne rompt pas, au niveau de l'Europe, avec l’austérité qu'elle nous impose.

L’espérance que représentait le Front populaire fut brisée en avril 1938 par un changement de politique incarné par Daladier  et déboucha peu après sur la plus désastreuse guerre que le monde connut.
Ces évènements tragiques ont permis de montrer les deux visages de la France, symbolisés par les intellectuels : ceux qui se rangèrent dans le camp  des collaborateurs ( Drieu la Rochelle, Paul Morand, Brasillac, Céline, Maurras...) et ceux - heureusement beaucoup plus nombreux) qui choisirent la Résistance (Jean Cassou, Pierre Emmanuel, Michel Leiris, Loÿs Masson, Aragon, Eluard, Jean Tardieu, Max-Paul Fouchet, Stéphane Hessel...)

Soixante-dix ans plus tard, le contexte n’est plus le même ; la menace la plus forte vient d’une société globalisée qui tarde à reconnaître ses erreurs et freine le changement ; et on entend peu les intellectuels dans les combats contre les périls d’aujourd’hui ( le dérèglement climatique, le racisme, la pauvreté).

On attend un réveil des intellectuels. Il ne s’agit plus aujourd’hui de rêver de lendemains enchantés ; il s'agit d'affronter avec lucidité la réalité pour éviter le pire.

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