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mardi 12 mai 2015

Carnet de Bord : 10 mai

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».


Sur mon carnet de bord, j’ai noté cette semaine :
Vendredi 8 mai : La commémoration de la capitulation de l’Allemagne, le 8 mai 1945, semble de moins en moins suivie par les populations. Peut-être faudrait-il rendre hommage autrement aux victimes du nazisme ?
Samedi 9 : Journée à Paris. Plaisir des voyages en train et des repas en famille.
Dimanche 10 mai : belle journée de printemps ; je pense au 10 mai 1981 (à développer)
lundi 11 : La télé rend hommage à Renaud, silencieux depuis plusieurs années. L’inspiration n’est peut-être plus là mais il nous reste  ses superbes chansons;  

10 mai
Dimanche 10 mai. Enfin les beaux jours sont revenus. Cet après-midi, le monde se pressait vers les plages de sable de la Côte d’Opale. Entre Hardelot, la station bourgeoise lancée en 1905 par un mécène anglais, John Whitley,  et Le Touquet la mondaine, créée quelques années plus tôt par le même personnage, se trouve Sainte-Cécile, une jolie station plus modeste. C’est là que nous goûtons souvent, ma femme et moi, le plaisir toujours renouvelé, des promenades au bord de la mer.

Et au retour, assis dans le jardin, dans les odeurs du lilas refleuri,c’est l’heure où je laisse vagabonder l’esprit, où mûrit la prochaine chronique ( celle que vous avez sous les yeux).


Le 10 mai 1981 est fixé dans la mémoire collective. Pour les uns, c’était l’annonce d’un cataclysme, la crainte irrationnelle de voir les chars russes entrer dans Paris. Certains  étaient même prêts à s’exiler ! 
Pour le peuple de gauche, c’était le moment attendu depuis tant d’années. Pour ceux de ma génération qui avaient connu la fin peu glorieuse de la  IVe République, le retour soigneusement préparé de De Gaulle, les utopies sans lendemain de mai 68, la France ronronnante de Pompidou et celle plus moderne - mais seulement dans la forme -  de Giscard, l’élection de François Mitterrand représentait l’espoir d’un changement. Des signes furent rapidement donnés ; la création des radios libres, la suppression de la peine de mort, la place accordée à la culture furent de réelles avancées.
La suite ne fut pas à la hauteur des espérances et des révélations sur le passé du Président, les amitiés embarrassantes, la nomination au gouvernement d’un homme d’affaires contesté troublèrent les électeurs.

Dans la soirée de dimanche, la Chaîne parlementaire est revenue sur cette période.
Avec le recul du temps, les images parlent davantage et sont parfois cruelles.
Nous avons revu les acteurs pleins de fougue des années Mitterrand, ces jeunes qui fondèrent SOS Racisme. On les voyait, Harlem Désir en tête,  remplis d’enthousiasme, lutter pour une belle cause. Mais déjà, pointaient les ambitions personnelles...
Cette gauche avait choisi la belle expression de Rimbaud « Changer la vie ». Formule de poète que la politique politicienne n'a pu mettre en pratique.

On a revu   les visages aujourd’hui bien connus de ces énarques  qui étaient dans l’entourage du président. Beaucoup sont devenus ministres, certains le sont encore ; l’un d’eux est l'actuel président de la République.
Ces cadres, ces élites, ont oublié d’écouter le peuple qui leur faisait confiance  et le peuple déçu s’est éloigné d’eux, allant chercher ailleurs d’autres sources d’espoir, parfois sans issue. 

Au milieu des années 60, pendant plusieurs étés, j’ai dirigé des stages franco-africains dans le Tarn, à Graulhet, Lacaune, Carmaux... Nous étudions sur le terrain les mutations économiques d’un secteur et cherchions des solutions pour le futur. C’est à cette occasion que j’ai rencontré des personnes âgées qui avaient connu Jaurès. Ces gens avaient été ouvriers, petits paysans, postiers, instituteurs...Certains l’avaient entendu parler, tous avaient lu ses écrits et partageaient ses idées.
Ils avaient déjà le sentiment que ces idées avaient tendance à être dénaturées.

Alors, en ce 10 mai 2015, j’ai pensé :
-  Que diraient-ils aujourd’hui ?


Commentaires :

Ramon Ciuret : Souvenirs, souvenirs... 

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