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vendredi 13 septembre 2013

Albert JACQUARD


Albert Jacquard vient de mourir. C'était un intellectuel réputé. Il aurait pu, comme d'autres scientifiques, vouer toute sa vie à la recherche et à l'écriture de savants rapports. Il a préféré, pendant de nombreuses années, choisir une autre voie et mettre ses compétences et sa notoriété au service des plus humbles : sans-papiers menacés par une expulsion, personnes sans logement...
Il a mené avec persévérance son combat pour une autre société, pour un monde non-violent, délivré de la soif de pouvoir et d'argent. Sa pensée m'a souvent inspiré.
En 2009, j'avais présenté dans ce blog son dernier ouvrage " Le compte à rebours a-t-il commencé? " ; ce livre résumait bien sa pensée, son action.

Au moment où disparaît cet homme remarquable, je pense utile de reprendre ce que j'écrivais il y a quatre ans :

Le dernier livre d'Albert Jacquard confirme sa vision humaniste du monde. Dans un style limpide, il présente les problèmes auquel le monde est confronté et effectue, sur certains points, les rectifications nécessaires.
Ainsi, au sujet de l'expression " Il faut sauver la planète.", il nous interroge : " Est-ce bien la terre qui est en danger? " avant de démontrer que c'est l'humanité qui l'est, à cause du mode de vie adopté par les pays riches, responsables du désordre environnemental et de l'appauvrissement des pays du Sud où l'espérance de vie est beaucoup moins grande qu'ailleurs (en moyenne, inférieure d'une trentaine d'années).
Pour Albert Jacquard, l'enjeu est clair : le monde actuel prépare un suicide collectif et il est urgent de construire une autre société.
Celle-ci doit d'abord se débarrasser de la menace nucléaire. L'auteur, après avoir démontré l'absurdité des armes de dissuasion (p.48) souhaite que la France détruise totalement son arsenal nucléaire et «  propose à l'ONU la mise hors la loi de ces armes ». Elle serait alors un véritable «  artisan de la paix ».
En ce qui concerne les risques de la bombe P ( la surpopulation), Albert Jacquard ne prend pas une position tranchée. La seule conclusion qui s'impose à lui est que, tous les humains ayant une origine commune, il faut que les frontières deviennent " poreuses" (p69). Cette proposition est cohérente avec le projet collectif d'une société alternative axée, non plus sur des territoires aux frontières définies par l'histoire, mais sur une gestion commune de la planète.
Quant au regard d'Albert Jacquard sur ce que beaucoup de gens continuent d'appeler «  la crise », il est intéressant. À juste titre, il s'élève contre l'utilisation du terme «  crise » qui désigne habituellement un trouble passager (" une crise de larmes, une crise de fièvre" ) Employer ce mot, écrit-il «  c'est marquer notre confiance en la stabilité globale des équilibres auxquels nous participons ».
Or si nous voulons lutter contre les déséquilibres environnementaux, sociaux, économiques, c'est un changement radical qui est nécessaire.
«  L'économie doit laisser place à l'écologie », écrit-il, ce qui ne peut se faire que par une remise en cause d'une croissance illimitée.
Remettre en cause nos habitudes était pour lui une urgence.
Tous ceux qui pensent la même chose agiront en s'inspirant des  idées d'Albert Jacquard.


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