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vendredi 4 octobre 2013

" On vit avec quelques idées "


" On vit avec quelques idées familières. Deux ou trois.
Au hasard des mondes et des hommes rencontrés, on les polit, on les transforme. Il faut dix ans pour avoir une idée bien à soi ─ dont on puisse parler.
Naturellement, c'est un peu décourageant."
écrit Camus dans sa nouvelle Le vent à Djémila extraite de Noces.
A première vue, cette réflexion peut surprendre.
La nature complexe d'un être humain, en particulier celle d'un écrivain ou d'un philosophe qui a développé sa pensée à travers de nombreux ouvrages, peut-elle être réduite à deux ou trois idées ?
Ce sont les auteurs eux-mêmes qui répondent.
Daninos a un jour écrit que les écrivains refaisaient toujours le même livre.
Interrogé par François Busnel pour la revue Lire, Patrick Modiano avait tiré la même conclusion. Après chaque livre, avait-il déclaré, «  je pense avoir abordé quelque chose de nouveau. »
Mais il avait ajouté qu'il s'agissait d'une illusion.

L'auteur doit-il pour autant en tirer un sentiment de découragement ? Je ne pense pas. La comparaison de deux textes d'un même auteur écrits à trente ou quarante ans de distance montre généralement une évolution du style, un approfondissement de la pensée qui différencient l'œuvre de jeunesse et celle de la maturité.
Cela est vrai pour la plupart des auteurs. L'idée qu'ils ont exprimée est la même et nombreux sont ceux qui trouvent dans le livre écrit quand ils avaient vingt ou trente ans une maladresse dont ils ne sont généralement pas fiers.

Il faut s'appeler Arthur Rimbaud pour faire figure d'exception. Chez lui le génie avait éclaté à l'adolescence et on peut se demander ce qu'aurait été sa poésie s'il avait continué à écrire.

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