Après avoir rappelé dans le billet intitulé "Le temps des ruptures" que la crise mondiale prenait ses racines dans une série de ruptures profondes touchant tous les domaines de la société ( le milieu, l'économie, le social), je prendrai plusieurs exemples
pour illustrer ce propos, en lançant quelques pistes permettant de changer de cap.
C'est par la dégradation des espaces naturels, la succession des pollutions touchant les rivières et les mers, l'air et les sols, les atteintes à la biodiversité, la multiplication de violentes tempêtes, d'ouragans et d'inondations, qu'on a pris conscience à la moitié du 20e siècle de la crise écologique.
Pendant des siècles, nos ancêtres avaient eu une relation que je qualifierai de bon sens avec la nature.
Dans une société essentiellement rurale, les gens vivaient en harmonie avec les rythmes naturels, se levant et se couchant avec le soleil, suivant le rythme des saisons, notamment pour manger.
Avant la société de consommation, et depuis la préhistoire, les paysages ont évolué. Des forêts ont disparu pour laisser place à des champs, des routes, des villages et des villes. Mais l'impact humain était supportable pour la planète.
Quelques réglementations, relatives à l'hygiène principalement, ont suffi pour conserver les équilibres naturels.
Ce respect de la nature s'accompagnait d'un style de vie basé sur la sobriété, sur une morale qui apprenait dès l'enfance à être économe : on réparait les habits, les outils, on n'achetait que l' indispensable.
Ce bref rappel historique n'a pas pour but de prôner un retour en arrière. Cet état satisfaisant de l' environnement contrastait avec une organisation de la société qui - tout en évoluant progressivement, à la suite de multiples révoltes, de l'esclavage au servage, puis de la royauté absolue à la démocratie d'aujourd'hui - était confrontée à de nombreux problèmes : famines, épidémies, qui décimaient des régions entières.
La crise écologique impose au plus vite une réconciliation de l'homme avec la nature. Certains
dégâts, en ce qui concerne la biodiversité par exemple sont certes irréparables. Dans ce cas, il s' agit de sauver ce qui peut l'être. Pour cela, il est impératif de cesser la domination exercée sur la nature, de cesser de croire que des performances techniques peuvent venir à bout de tous les problèmes. Il faut cesser de donner la priorité aux raisons économiques, soit pour augmenter des profits, soit pour asseoir le pouvoir d' une caste. Chaque décision prise doit tenir compte de son impact environnemental et humain.
Réconcilier l'homme et la nature, ce n'est pas un retour vers le passé, c'est une nécessité.