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dimanche 30 décembre 2012

Changer d'ère (2)


Nous vivons la fin d'une époque ; l'ère nouvelle reste à inventer. Dans ce billet et ceux qui suivront, voici quelques réflexions sur une voie qui me paraît être la seule possible.
 

Billet précédent : Sagesse (1)



Aujourd'hui : Une nouvelle logique

Imaginer un avenir vivable pour tous demande au préalable de tirer les leçons des erreurs des siècles passés et de remettre en cause les idées reçues, les mythes sur lesquels s'est construite la mondialisation.

Le système actuel, entre les mains d'une petite minorité qui a accaparé une grande part des richesses, fait subir à l'ensemble des peuples et à la nature les conséquences dramatiques de ses errements . Le pouvoir réel est détenu par les financiers, l'économie libérale impose sa logique : produire toujours plus, en créant si nécessaire de faux besoins ; pour elle, tout doit se transformer en monnaie.
Tout le monde est touché par cette dérive, bien sûr à des degrés divers. Dans les pays en voie de développement, c'est la malnutrition, la famine, les maladies liées à la pauvreté. Dans les pays développés, les conditions de travail deviennent de plus en plus difficiles, c'est la montée du chômage et de l'exclusion.
Quelle que soit sa situation sociale, chacun est enfermé dès sa naissance dans une logique qui le pousse à consommer, à s'endetter, à être en concurrence avec les autres. Le travail occupe une place prépondérante dans la vie, au détriment des activités libératrices. Il procure un statut social. C'est ce qui rend la perte de son emploi si difficile à assumer moralement.

A cela s'ajoute évidemment la situation de l'environnement ; le réchauffement climatique se manifeste déjà par la multiplication des catastrophes naturelles et les décisions qui pourraient ralentir le processus sont sans cesse remises à plus tard. On sait les conséquences désastreuses qu'aurait pour de nombreuses régions du monde une augmentation de 4 degrés de la température, scénario de plus en plus plausible.

Cette situation n'est plus tenable, elle conduit à l'impasse. Changer nos modes de vie ne relève plus de l'utopie, c'est devenu une nécessité. Ce changement concerne tous les citoyens, les associations, les ONG, les philosophes, les chercheurs, les artistes, les écrivains, les entrepreneurs, les politiques.


vendredi 21 décembre 2012

Contes brefs 26 : Le dictionnaire rouge




L'enfant voulait avoir pour Noël un beau dictionnaire rouge avec des pages entières remplies de dessins, un dictionnaire du bonheur, disait-il. Et le dictionnaire était là devant lui.
Il l'ouvrait au hasard et il y trouvait les mots qu'il aimait ; les autres avaient été effacés.
Ce jeu-là l'amusait beaucoup, alors il recommença plusieurs fois...
Il ouvrit le dictionnaire, les yeux fermés, puis il regarda sur quelle lettre il était tombé.
C'était la lettre H... 
et il entendit une voix qui lui disait :

« Effacées les Habitudes qui tuent l'imagination,
la Haine qu'entretiennent les barbares,
effacées l'Horreur et l'Hypocrisie.

Haschisch des sans espoir,
Hantise des hallucinés,
Hécatombes des guerres qui offrent en Holocauste leurs millions de martyrs, gommés à tout jamais.
Rayé Hitler Honte d'une Humanité qui inventa la bombe H
H comme Hiroshima.
Hiroshima rappelle-toi ce nom quand tu seras plus grand... »

Il ne comprenait pas tous les mots qu'il entendait mais cela lui plaisait car la voix était fort agréable.

Les pages du dictionnaire étaient ornées de beaux dessins. On y trouvait des îles paradisiaques, des cascades magnifiques, de très grands arbres qui touchaient le ciel.
Quand il tomba sur le mot bonheur, Il fut étonné de voir que ce mot n'était pas illustré.
Peut-être parce que le bonheur, c'est trop difficile de le dessiner, se dit-il.

Et puis soudain on entendit chanter le coq de la ferme voisine.
L'homme se réveilla, alla jusqu'à son bureau et nota dans son journal :
J'écris ce matin avec l'enthousiasme de l'enfant que je fus autrefois. Je viens de faire un beau rêve et j'ai compris que rien n'était impossible...

mercredi 19 décembre 2012

Le message de Neruda



«Je veux vivre dans un pays où il n'y ait pas d'excommuniés.
Je veux vivre dans un monde où les êtres soient seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette...

Je veux que l'immense majorité, la seule majorité : tout le monde, puisse parler, lire, écouter, s'épanouir.»
Pablo Neruda - Confieso que he vivido (1974)

Quand j'ai commencé à lire Pablo Neruda, le poète chilien vivait encore. Il mourut le 23 septembre 1973, dans des circonstances qui ne sont pas encore éclaircies, douze jours seulement après la chute de Salvador Allende. Sa maison avait été saccagée, ses livres brûlés. Toute sa vie avait été consacrée à la défense des libertés, des pauvres, de la paix. Il fut un grand poète, un poète engagé.
A la même époque, existait un courant poétique qui avait choisi l'hermétisme pour exprimer la solitude, la détresse, la résignation des auteurs. Ceux-ci promenaient sur notre monde un regard désabusé. Il n'y avait pas d'espoir dans leurs vers qui disaient le mal de vivre, qui nous renvoyaient les images désabusées d'un monde déshumanisé, sans amour, sans issue.

La poésie de Neruda tranche avec cette vision. Lui aussi a souffert, il nous le dit, mais son destin a été aussi « de lutter, d'aimer et de chanter ».
Aimer, lutter, se tourner vers les autres, les comprendre : ce fut sa récompense.
Par sa simplicité vraie, Neruda est devenu le poète de son peuple, le poète de tous les peuples. En mettant sa poésie au service des autres, il a réussi une œuvre admirable et il a réussi sa vie.
Alors que les poètes du nouveau réalisme s'enfermaient dans l'égocentrisme et subissaient leur destin, avec lucidité certes, mais sans espoir, Pablo Neruda représente le courage, la lutte, le triomphe de la vie.
Dans le monde d'aujourd'hui, englué dans la tourmente bien plus qu'il y a quarante ans, son message a gardé toute sa force.
Il nous dit qu'on ne peut ignorer la misère des hommes, la haine, l'intolérance, qu'il faut les dénoncer avec toujours plus de vigueur en pensant aux enfants de demain, pour qu'ils aient la chance, eux aussi, de s'étonner devant le spectacle d'une goutte de rosée sur l'herbe du matin.

lundi 17 décembre 2012

Les grands singes et l'homme



" 99% des 3 milliards de paires de bases formant notre double hélice d'ADN sont identiques à celles du chimpanzé" 
(Anne Chemin - Le Monde du 15 décembre 2012)

Lorsque j'étais enfant, les grands singes m'intriguaient . J'éprouvais de la sympathie pour eux. Ils me semblaient si proches de nous ! A dix ans, dans une librairie, je suis tombé sur un ouvrage qui s'intitulait  Jusqu'où le singe est-il un homme ? A l'époque, les connaissances étaient beaucoup moins avancées qu'aujourd'hui. La primatologie était encore balbutiante. Cependant ce livre m'avait apporté de nombreuses informations troublantes. Le fait de savoir que l'homme et le singe avaient des ancêtres communs changea le regard que j'avais sur eux et contribua à modifier la perception que j'avais des rapports avec l'animal. La lecture de Darwin et la connaissance des lois de l'écologie, une dizaine d'années plus tard,   ont renforcé mes convictions.

Je me souviens d'avoir  visité, quand j'étais adolescent,  un zoo par un bel après-midi de juillet. Le soleil inondait les allées du parc. Je me suis soudain retrouvé dans un couloir sombre où se trouvaient les gorilles, les orangs-outans et les chimpanzés.
Je me suis attardé devant la cage où vivait un chimpanzé. Il tournait en rond, puis s'arrêta quelques instants pour se gratter, grimpa sur un tronc d'arbre factice et se mit à regarder les visiteurs. Quelques instants plus tard, il s'approcha des barreaux.
La profondeur de son regard m'étonna. Ses yeux exprimaient la tristesse de la captivité.
A quoi songeait-il ? Sans doute à sa forêt natale, aux arbres sur lesquels il grimpait pour faire une courte sieste ou pour passer la nuit ? Aux chasses qui lui demandaient intelligence, habileté et patience ?
Ce regard triste m'a marqué. Je ne supporte plus l'enfermement d'un animal dans une cage, que ce soit dans un zoo ou d'un cirque.

Les animaux possèdent une intelligence, sont des êtres sensibles. Quand tout le monde en aura conscience, les faire souffrir ou les tuer pour les manger, paraîtra inconcevable.



mercredi 12 décembre 2012

Fêtes



"Je n'aime pas les lendemains de fête
la mélancolie
des mines défaites."



L'esprit de la fête fait partie de l'histoire des hommes.
Dans un passé lointain, la fête était une pause au milieu des durs travaux. C'était une brève période de défoulement, de frénésie, une évasion hors de soi-même.
A une époque marquée par le cycle des saisons qui imposait sa loi et laissait souvent craindre de mauvaises récoltes et de longues périodes de disette, les jours de fête étaient des moments où l'on n'hésitait pas à gaspiller, à faire des d'excès de toutes sortes. Ainsi célébrait-on les feux de la Saint-Jean ou Noël qui correspondait au solstice d'hiver.

Lorsque la religion chrétienne s'est imposée dans le monde occidental, les fêtes païennes se sont adaptées au monde chrétien, le religieux se mêlant au profane, les prières aux festins.
Cette conception de la fête s'est prolongée pendant des siècles.
Puis est venu le temps  de la société de consommation avec ses excès pour une partie de la population pendant que d'autres n'ont même pas un toit.

lundi 10 décembre 2012

Après Doha


Grosse colère, en attendant 2015



A vrai dire, on n'attendait pas grand-chose du sommet de Doha, car les pays les plus industrialisés de la planète, donc les plus pollueurs, nous ont habitué lors des sommets précédents à leur position irresponsable, à leur refus de voir la réalité décrite par la communauté scientifique.
Cette attitude provoque la colère car plus le temps passe, plus les risques augmentent. L'accord obtenu ce week-end qui engage une dizaine de pays, l'Australie et l'Union européenne à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d'ici 2020 représente seulement 15 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Ce faible pourcentage est la preuve que le sommet de Doha a été un échec.

Colère encore des pays du Sud qui espéraient un engagement des pays développés à hauteur de 60 milliards de dollars d'ici 2015 qui auraient permis la transition entre l'aide d'urgence et la promesse des 100 milliards par an d'ici 2020, ce qui a fait dire au représentant de l'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis) : "Ce processus ne produit que des mots et pas d'action". Un jugement qui résume bien ce qu'a été le sommet.

Colère des associations qui se battent au quotidien pour agir sur le terrain et convaincre les citoyens d'avoir un comportement responsable et qui voient leur action pédagogique mise à mal par l'attitude de pays tels que les Etats-Unis d'Amérique ou la Chine.

Colère devant ce gâchis qui s'aggrave chaque jour : multiplication des catastrophes naturelles liées au réchauffement climatique, appauvrissement de la biodiversité, diminution des terres agricoles, extension des zones désertiques. Et les décisions importantes toujours remises à plus tard.
Prochain rendez-vous : 2015.
D'ici là, les mobilisations citoyennes auront pour but de renverser la pesante tendance à l'inertie.



vendredi 7 décembre 2012

Les gens (24) : Une mère


Madame Nicolin

Elle est là, dans la salle d'attente, depuis plus d'une demi-heure. Le temps lui semble interminable. Elle est de plus en plus angoissée ; depuis trois jours elle n'a pas dormi.
Que va lui dire le docteur ?
Soudain la porte du cabinet s'ouvre, le médecin vient vers elle et lui tend la main : 
- Bonjour madame Nicolin, comment allez-vous ?
Elle bredouille quelques mots, le médecin la connaît bien, il lui parle avec douceur.
- Installez-vous, madame...

Elle appréhende ce qu'il va lui dire ; quelques minutes plus tard, elle entend la phrase du docteur. Le diagnostic s'abat sur elle,tel le verdict qui condamne l'accusé. Elle n'en peut plus. A bout de nerfs, elle se met à pleurer. Elle maudit son mari qui ne veut rien faire pour éviter ces grossesses à répétition, elle maudit le sort qui l'a fait naître femme.
Elle a déjà six enfants et à quarante-deux ans, en avoir un septième ,est une catastrophe...

Elle rentre chez elle, désespérée, et retrouve son mari et ses enfants. Seul manque l'aîné : il a quinze ans et il est apprenti depuis un an à la scierie du village voisin. Les petits ont étalé leurs jouets sur le carrelage, les plus grands jouent aux cartes. Le mari est assis dans son fauteuil usé, le regard vague. Il y a trois mois, il est tombé d'un toit en travaillant et il se remet difficilement de son accident.
Elle attendra le soir pour lui apprendre la nouvelle.

Mauricette Nicolin regarde ses enfants. Elle les trouve beaux ; elle ne les a pas désirés mais elle les aime plus que tout.

C'est un beau jour d'été. Le gouvernement vient d'accorder deux semaines de congés payés aux travailleurs. L'été aurait pu être magique, mais Mauricette sait que les vacances ne sont pas pour elle. Elle ne partira pas cette année, elle doute même de partir les années qui suivront. Un jour peut-être, quand les enfants auront quitté la maison ?

Cinq mois plus tard, le 15 janvier 1937, la famille s'agrandissait. Mauricette espérait une fille, ce fut encore un garçon.



mercredi 5 décembre 2012

Le Louvre-Lens symbole d'un renouveau




  Le musée du Louvre-Lens qu'on vient d'inaugurer  a été accueilli par la population du Nord comme un signe d'espoir ; il est pour l'ex-bassin minier le symbole d'un renouveau longtemps attendu.

   Ce musée est un lien entre un passé qui fut à la fois glorieux et douloureux, et un avenir qui commence à se dessiner. 
Il dresse sa masse d'aluminium et de verre résolument moderne au milieu des terrils et des vieilles maisons de briques rouges que la population a tenu à préserver pour rendre hommage aux mineurs de tous âges et de nationalités diverses qui pendant des décennies sont descendus au fond de la mine, abîmant leur santé, y laissant trop souvent leur vie.

  Et ce musée apporte dans cette région - qui pendant plus d'un siècle symbolisa l'ère industrielle – le meilleur de la culture, des tableaux de grands maîtres, des sculptures, représentant 50 siècles d'art.

  Il a fallu plusieurs décennies pour que les gens du Nord acceptent l'évolution qui devenait inévitable. Ces gens avaient connu les tâches les plus pénibles, le travail en mer pour les uns, la chaleur des hauts-fourneaux pour les autres, les gestes répétitifs de l'industrie textile, la poussière de charbon et le risque du coup de grisou... Le travail représentait pour eux de la sueur, de la vaillance ; la révolte venait en dernier recours.

  Lorsque les usines ont commencé à fermer, lorsque la dernière mine s'est arrêtée, il a fallu se tourner vers de nouvelles activités. Le tourisme a été le premier signe du changement. Je me souviens des réticences d'acteurs locaux pensant que les nouveaux axes de développement – les activités de loisirs, la culture, le tourisme – seraient voués à l'échec.

  Le Louvre-Lens va permettre de démocratiser la culture et sera un outil de développement économique, en favorisant le tourisme et en donnant de la région une image positive, permettant d'effacer les vieux clichés véhiculés depuis des dizaines d'années sur le Nord et d'attirer ainsi de nouveaux acteurs économiques. Il marque une nouvelle étape du renouveau de la région.

vendredi 30 novembre 2012

Penser le futur




Nous vivons la fin d'une époque.
Quand on regarde la situation planétaire actuelle du point de vue environnemental, social et économique, on constate qu'elle découle d'un processus dont les effets ont commencé à se faire sentir à la fin des années 60 et qui a été confirmé lors du choc pétrolier de 1974. Deux ans plus tôt, le Club de Rome avait demandé de ralentir la croissance et peu après, René Dumont nous alertait sur les risques écologiques dans son ouvrage L'utopie ou la mort.
On les a peu écoutés et on a déjà beaucoup tardé à prendre les décisions qui garantiront les droits des générations à venir.
Il devient urgent de penser le futur. Trois axes me semblent essentiels :

1.Penser autrement :
La pensée cartésienne a fait son temps, il faut adopter la pensée complexe qui consiste à tisser des liens entre les problèmes sociaux, économiques, environnementaux et qui s'appuie sur les principes de l'écologie scientifique : interdépendance, diversité, complémentarité, rétroaction...entre autres.
La pensée complexe étudie les problèmes à la fois du point de vue local et du point de vue global ; elle intègre également dans la réflexion la notion de long terme.
Elle évolue en permanence pour s'adapter aux changements.


2.Repenser les relations humaines
Le monde n'aura pas d'avenir si la société continue d'encourager l'esprit de compétition, de sélection et de domination qui crée des experts, des spécialistes d'un côté, des exécutants et des exclus de l'autre.
Les changements nécessaires n'auront lieu que si la société fait partager le plus largement possible les connaissances, si elle crée dès l'école les conditions d'une vraie coopération, si elle apprend à vivre ensemble dans toutes les étapes de la vie. Sur ces bases, il faut aussi repenser la  démocratie. 


vendredi 23 novembre 2012

Le vent de novembre


Une certaine idée du bonheur


Ce matin, le temps me fait penser à Verhaeren :
«  Sur la bruyère longue infiniment
Voici le vent cornant Novembre.
Sur la bruyère infiniment
Voici le vent qui se déchire et se démembre... »
Et par une association d'idées, je ne peux m'empêcher de penser au monde qui offre ses  lamentables spectacles : ici des hommes qui se déchirent pour une part de gâteau, d'autres qui se tournent désespérément vers la violence, d'autres encore qui se résignent...
Certains ont choisi de se voiler la face ; ils mènent égoïstement une existence tranquille. Leur univers clos ignore la misère, la faim des autres.


Je connais la misère, la haine, l'intolérance ; mais déjà en rêve j'entrevois le monde nouveau. J'entends là-bas, au bout du chemin, monter une rumeur d'espoir. Alors m'apparaît une certaine idée du bonheur.

Au frontispice d'un temple de granit j'écris en pleine lumière : Justice Amour et Liberté.

mercredi 21 novembre 2012

La famille, hier et aujourd'hui




Les manifestations contre le mariage pour tous qui se sont déroulées en France ce week-end ont donné une triste image d'une certaine partie de la population : jeunes féministes brutalisées, femme faisant son métier de journaliste rouée de coups...
Quand l'intolérance produit tant de violence, il y a de quoi s'inquiéter sur l'état de la société.
Quelle est la motivation de ces manifestants ? Ils prétendent défendre une certaine idée de la famille, une conception qui garantirait la tranquillité de la société et qui, surtout, est conforme à la vision véhiculée depuis des siècles par la religion.

Cette image de la famille traditionnelle est-elle aussi idyllique qu'ils le prétendent ?
Ce serait oublier la réalité des faits : longtemps le mariage a été une institution dans laquelle la liberté de choix des jeunes gens n'existait pas, une institution basée sur l'inégalité de la femme et de l'homme qui était le chef de famille, la femme restant au foyer pour s'occuper des enfants et faire les travaux ménagers, une femme qui ne pouvait exercer sa citoyenneté.
L'image de la famille unie où le père apportait force et autorité et où la mère représentait la douceur a été écornée par la réalité et décrite par de nombreux auteurs : on se souvient d'André Gide disant : »Familles, je vous hais », de Jules Renard décrivant dans Poil de Carotte la haine que lui portait sa mère, d'Hervé Bazin décrivant dans Vipère au poing, une mère – Folcoche – qui martyrisait ses enfants et un père sans courage.

Les opposants au mariage entre personnes de même sexe avancent un autre argument pour justifier leur position : pour s'épanouir, les enfants devraient être élevés par la mère et le père. C'est ne pas tenir compte de la réalité : depuis plusieurs décennies, les divorces augmentent, les familles monoparentales et les familles recomposées sont fréquentes. Par ailleurs, l'adoption et la procréation assistée ont modifié la conception traditionnelle de la famille ; elles introduisent des éléments nouveaux dont il faut tenir compte.
On notera aussi dans cette évolution de la famille un élément positif : les couples modernes se fondent en toute liberté. Le mariage est devenu l'acte liant deux êtres qui s'aiment. Jusqu'à maintenant il s'agissait d'un homme et d'une femme. L'avancée proposée par la loi est de ne plus tenir compte du sexe des deux personnes qui souhaiteront s'unir de manière officielle.

lundi 19 novembre 2012

Notre-Dame-des-Landes

LE PROJET D'UNE AUTRE EPOQUE




La manifestation réussie contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes permet de penser que le projet peut encore être enterré. On peut seulement regretter que, contrairement à ce qui s'était passé sur le Larzac dès 1971 pour éviter l'extension du camp militaire et en Haute-Loire en 1989 pour refuser la construction du barrage de Serre de la Fare, la mobilisation nationale soit venue tardivement alors que localement, dès 1972, les paysans locaux avaient entamé leur lutte contre le projet d'aéroport.

Je ne reviendrai pas en détail sur les arguments qui ont été utilisés par les uns et les autres pour défendre ou refuser ce projet. Tous les journaux les ont donnés ces derniers jours. Je voudrais ici insister sur l'essence même de la discorde : celle-ci révèle une divergence profonde sur le modèle de développement que nous devons choisir pour le 21e siècle.
A l'évidence, Notre-Dame-des-Landes est le projet d'une autre époque. On était en 1972 quand cette idée d'aéroport est née. Georges Pompidou, président de la République, poursuivait la politique de son prédécesseur Charles de Gaulle. Pour eux, "la grandeur de la France" s'exprimait à travers de grands projets, on encourageait la consommation et rares étaient ceux qui avaient senti la crise économique qui allait suivre.
Quarante ans plus tard, le monde a changé. Continuer à penser l'avenir en agissant comme on le faisait il y a 40 ans est une grave erreur. Les opposants au projet d'aéroport ne mènent pas seulement une action locale. Ils défendent une vision plus juste, plus écologique de la société d'aujourd'hui et de demain. La référence à la lutte du Larzac est juste.
Ceux qui s'opposent à Notre-Dame-des-Landes disent qu'on a suffisamment sacrifié de terres agricoles ces dernières décennies et qu'il serait indécent de poursuivre dans cette voie. Nourrir les hommes reste une des priorités de toute société.
Ils disent qu'on a suffisamment pollué l'atmosphère depuis 40 ans et qu'il faut lutter contre le réchauffement climatique, qu'il est temps de penser à l'après-pétrole et de favoriser les modes de transports économes.
Ils disent qu'il y a suffisamment de détresse sociale dans ce pays pour se permettre d'investir des millions d'euros qui seraient plus utiles dans d'autres activités utiles socialement.
Ceux qui mettent en avant la création d'emplois générés par la construction de l'aéroport raisonnent dans une perspective de court terme.
Une réflexion axée sur le long terme conduit à rejeter ce projet pour des raisons économiques, sociales et environnementales. 

vendredi 16 novembre 2012

Orientation, le mot de la semaine (90)


Chaque semaine, voici - à partir d’un mot - une réflexion développée brièvement.

Aujourd’hui, le mot : orientation



Il y a quelques jours, je participais à un débat sur l'orientation, question cruciale qui engage l'avenir des jeunes mais qui ne peut être traitée sérieusement que si elle est prise dans un contexte global. Celui-ci comprend, outre l'orientation, l'éducation de base qui permet de maîtriser les outils indispensables : lire, écrire, compter, savoir s'organiser, travailler ensemble,  la formation professionnelle (initiale et continue) et les débouchés en terme d'emploi.
Suivant de près ces questions depuis 20 ans, alors que j'avais en charge la politique de formation de la Région Nord/ Pas-de-Calais, je me rends compte aujourd'hui que la situation a peu évolué, malgré quelques avancées positives, notamment dans l'amélioration des rapports entre l'école et l'entreprise.
Comment expliquer cette situation ?

La principale cause relève, à mon avis, dans la difficulté à appréhender le changement de société  que beaucoup continuent d'appeler "crise".
Les institutions publiques et les entreprises privées fonctionnent encore selon le modèle du siècle dernier, celui de l'ère industrielle où l'on pensait qu'il suffit de produire de la croissance pour donner du travail à tout le monde. Ce système encourageait la compétition et la sélection. S'il a donné quelques résultats à ses débuts, il a vite montré ses limites : il a produit alors exclusion, chômage et dégâts environnementaux.

De nombreux sociologues, philosophes, économistes, responsables associatifs, sont d'accord aujourd'hui pour dire que nous entrons dans une nouvelle ère qui nous impose de penser autrement.
En ce qui concerne l'orientation des jeunes, quel est l'enjeu essentiel ?
Prenons le cas d'un élève de 3e appelé à faire un choix important (quelle seconde choisir?). Né en 1997, il aura 60 ans en 2057. Quel sera le parcours professionnel de ce jeune ? Même s'il accomplit toute sa carrière dans le même secteur d'activité, il connaîtra plusieurs employeurs, s'il décide de créer sa propre entreprise il sera amené à évoluer, à s'adapter à de nouvelles technologies et peut-être aussi à changer de métier.
Pour apporter les meilleures réponses possibles à ce jeune, il est illusoire de penser que l'école et les structures publiques de formation et d'emploi pourront résoudre tous les cas individuels. Il est indispensable que toute la société s'approprie cette question globale (éducation, formation, orientation, emploi) et participe à travers les associations et les initiatives citoyennes à l'élaboration d'un projet collectif permettant de « moderniser sans exclure » pour reprendre l'expression que Bertrand Schwartz avait choisie comme titre d'un de ses livres.
Tous ensemble (école, parents, associations) nous devons nous fixer deux objectifs clairs :
1. en terme d'éducation : permettre à ce jeune de s'adapter tout au long de sa vie aux évolutions, en lui donnant les compétences nécessaires.
2. en terme d'orientation : l'aider à choisir la voie la plus favorable à son épanouissement  et à sa forme d'intelligence : pour les uns, études s'appuyant en priorité sur les acquisitions théoriques, pour les autres, voie de l'alternance et de l'apprentissage permettant d'accéder à un niveau d'études équivalent dans certains domaines à celui de l'enseignement général.
Dans cette perspective, le choix d'un métier précis apparaît secondaire ; c'est l'envie de travailler dans un domaine d'activité qui doit primer.


mercredi 14 novembre 2012

Paroles de chat (4)


La colère du chat

( Platon est un chat qui a été accueilli il y a dix ans par Boris, Sylvie et leurs enfants Emma et Jules. Ce chat a la particularité d'observer malicieusement le monde qui l'entoure)



Aujourd'hui, il nous parle de son actualité :

« La semaine aurait dû être excellente : Boris que je n'avais pas vu depuis un mois je ne sais toujours pas pour quelle raison – est enfin revenu. Aussitôt l'ambiance à la maison est devenue plus sereine, Sophie a retrouvé sa bonne humeur et les enfants leur sourire.
Et puis, le lendemain, tout a brusquement changé ; au milieu de l'après-midi, Sophie est rentrée furieuse et inquiète à la fois :
    - On a retrouvé plusieurs chats morts ce matin dans le quartier, a-t-elle dit à Boris. Ils ont sans doute été empoisonnés. Je sais qu'il y a dans le voisinage des gens qui détestent les chats.
    - Ce serait plus prudent de ne pas laisser sortir Platon pendant quelques jours, a conclu Boris.
C'est la raison pour laquelle je reste enfermé depuis six jours, et mes petites promenades commencent à me manquer.

Et puis hier soir, un autre évènement m'a mis dans une grosse colère. Sophie et Boris regardaient les infos à la télé quand soudain des images les ont fait bondir de rage. J'ai dressé les oreilles et regardé l'écran : on voyait de pauvres chats jetés brutalement d'une fenêtre et le commentateur disait qu'il s'agissait d'une performance réalisée par un artiste (*). Appeler ce geste sadique une performance artistique, quel scandale ! Et il paraît que d'autres avant lui avaient déjà fait la même chose ! Décidément, j'ai bien du mal à comprendre les humains. Certains sont si gentils avec nous, ils considèrent que nous faisons partie de leur famille. Et il y en a d'autres qui nous font souffrir et qui nous tuent. Si j'avais un conseil à donner aux hommes, c'est qu'il faudrait qu'ils s'inquiètent un peu plus de ces comportements barbares. »


(*) il s'agit d'un fait réel

lundi 12 novembre 2012

Oui, les campagnes ont un avenir





L'une des plus grosses erreurs commises par les décideurs au 20e siècle a été de ne pas enrayer la désertification des campagnes. La seconde a été de sacrifier l'agriculture paysanne au profit d'une agriculture industrielle.
Cette politique s'est révélée désastreuse du point de vue humain, économique, social et environnemental. 
Il est regrettable de constater le manque de clairvoyance des dirigeants qui n'ont pas compris l'importance de maintenir une agriculture pratiquée dans des exploitations à taille humaine où les cultures et les élevages respectaient les lois naturelles, contribuant ainsi à fournir aux populations une alimentation saine et de qualité.

La disparition progressive des fermes a appauvri les territoires ; les espaces ruraux, au fil du temps, ont perdu leur attractivité en voyant disparaître une grande partie des services publics indispensables à la vie de tous les jours.
L'environnement a souffert de ce changement qui a entraîné pollution des sols, des cours d'eau, des nappes phréatiques, dégradation de la biodiversité ...
Du point de vue économique, cela a été une gabegie et une insulte au bon sens : des milliards d’euros ont été  dépensés par l’Europe, allant essentiellement à l'agriculture « classique », celle qui utilise pesticides, insecticides, fongicides...

Pourtant, malgré la situation dans laquelle elles se trouvent, les campagnes possèdent des atouts, et le 21e siècle pourrait voir leur renouveau. 
La seule solution possible pour elles est de s'inscrire dans une démarche de développement responsable, combinant innovation, et esprit de justice (afin que l'ensemble de la population bénéficie du développement).

Le premier atout des espaces ruraux est dans la qualité des paysages qui doivent être préservés, mais il y en a d'autres, notamment la richesse du patrimoine historique et culturel. Ces arguments sont favorables au développement d'un tourisme durable mettant en valeur l'économie et les qualités humaines locales.
L'innovation peut s'exprimer pleinement dans les nouvelles technologies, en particulier grâce à Internet qui est en train de modifier les comportements et les emplois en permettant une interactivité très intéressante,
Mais, comme l'explique André-Yves Portnoff, chercheur en prospective, dans un entretien donné à l'occasion de sa venue prochaine à Calais « cela s’oppose à la culture de la rivalité qu’on nous a inculquée à l’école, alors qu’il faudrait dès l’école expliquer que l’on est plus fort lorsqu’on s’appuie sur les autres et parler plus d’émulation. participative. » Cette remarque pertinente fixe les conditions de la réussite.
L'innovation se trouve également dans l'agriculture qui doit tenir toute sa place dans le renouveau des campagnes. L'agriculture de demain ne pourra être que biologique. Et contrairement à ce qu'on entend dire souvent, celle-ci n'est pas un retour en arrière mais « une combinaison sophistiquée de sagesse ancienne et d'innovations écologiques modernes qui permettent d'aider à maîtriser les effets générateurs de rendement des cycles nutritifs, les insectes bénéfiques et la synergie des cultures » comme l'a écrit Brian Halweil, chercheur à l'Institut Worldwatch, dans une étude publiée en 2006.

vendredi 9 novembre 2012

Court terme, long terme




La réélection de Barack Obama a été un soulagement pour le monde entier car les idées défendues par son adversaire ( mélange d'obscurantisme et d'archaïsme) paraissaient très dangereuses. Pourtant, il faut bien reconnaître que le premier mandat du président américain a été plutôt décevant : on n'a pas senti chez lui la volonté d'entamer la mutation qui aurait permis d'entamer le 21e siècle dans des conditions plus favorables pour l'avenir du monde ; notamment sur les problèmes écologiques ( réchauffement climatique, biodiversité) il a été peu présent.
En France, il est bien sûr trop tôt pour porter un jugement sur le mandat de François Hollande qui a été élu, selon de nombreux commentateurs, plus sur un rejet de son adversaire que sur une adhésion à son programme, ce qui pourrait expliquer en partie la déception qu'on sent dans le pays. Cependant on peut d'ores et déjà noter que les premières décisions prises dans le domaine économique ne marquent pas une rupture franche avec le passé. A sa décharge, la liberté de manœuvre d'un dirigeant français est mince : il doit prendre en compte l'appartenance de la France à l'Union européenne et à la zone euro.

Barack Obama et François Hollande sont deux hommes politiques au pouvoir. Quelle que soit leur intelligence, ils sont enfermés dans un système paralysant qui les pousse à répondre le plus rapidement possible aux attentes des citoyens. Or actuellement c'est bien le problème du chômage avec ses conséquences – précarité, baisse du pouvoir d'achat, difficultés à trouver un logement... - qui préoccupe les gens. Ce sont donc les solutions à court terme qui sont privilégiées ; il y a aussi le fait que les hommes au pouvoir ont tendance à se soucier de leur réélection et cela les pousse à prendre des décisions aux effets immédiats.

C'est ainsi que depuis plusieurs décennies, malgré les échecs constatés dans tous les domaines, les dirigeants s'accrochent à des croyances inefficaces qui produisent des dégâts sociaux et environnementaux  alors que de nouvelles politiques conçues dans une perspective de long terme seraient nécessaires pour rétablir les équilibres. Mais celles-ci imposeraient des changements dans nos modes de vie qui, dans un système démocratique, doivent être acceptés par une majorité.
Une condition qui n'existe sans doute pas encore aujourd'hui.

vendredi 2 novembre 2012

Dire : Queneau, Rimbaud et les autres




L'herbe: sur l'herbe je n'ai rien à dire
mais encore quels sont ces bruits
ces bruits du jour et de la nuit
Le vent : sur le vent je n'ai rien à dire »

Ces quatre vers sont extraits du roman autobiographique Chêne et chien, de Raymond Queneau ; il est entièrement écrit en vers. Tout à coup, de façon apparemment disparate, l'auteur cite certains mots usuels : herbe, vent, chêne, rat, sable, chien ... pour nous dire ...qu'il n'a rien à dire.
Bien sûr, il n'en est rien.
Est-ce une panne d'inspiration ? Sûrement pas ! Tout au long du poème, Queneau associe au mot sur lequel il affirme n'avoir rien à dire une suite de mots. Et dans ces vers il démontre sa puissance poétique, son inventivité. L'effet de surprise produit par ces associations d'idées relève de la vraie poésie.

Ne rien dire. Il arrive qu'un poète perde brutalement la capacité d'exprimer ce qu'il ressent. Arthur Rimbaud, sans doute le plus grand poète français, en est l'exemple le plus étonnant : génial à 17 ans quand il écrit le Bateau ivre, il abandonne quelques années plus tard la poésie pour le négoce. Il n'écrira plus jamais. Son cas reste une énigme.

Et il y a tous ceux – parce qu'ils n'ont jamais essayé ou que la société a étouffé leur créativité – qui n'ont jamais réussi à mettre sur le papier ce qu'ils éprouvaient devant une scène vue, devant un paysage étonnant par son immensité ou sa beauté. Ceux-là se contentent de regarder. Ils ne disent rien mais derrière le silence se cache une sensibilité. C'est ce qui compte le plus.

Enfin il y a les autres, ceux qui n'ont jamais pensé à admirer  un  coucher  de  soleil. Ils  respirent,  mangent, comptent, dépensent, mais passent   à côté de la vraie vie.



mercredi 31 octobre 2012

Philosophie, poésie, politique


Première partie


Où sont les frontières ?

    On a pris l'habitude pendant des siècles de cloisonner les disciplines. Dans la manière de penser, l'introduction de l'écologie a été une véritable révolution car elle propose une autre manière de penser : la vision globale qui donne une perception plus juste des choses, des phénomènes...
Ainsi, quand on met côte à côte, ces trois mots : philosophie, poésie et politique, on sait bien que si chacun de ces termes répond à des définitions précises, il suffit d'un regard sur 2500 ans de vie culturelle et politique pour constater que les frontières entre eux ne sont pas toujours étanches ; dans bien des cas, ils se rejoignent même.
Ainsi Henry-David Thoreau fut à la fois poète et philosophe et s'intéressa de près à la politique, Son ouvrage La désobéissance civile (1849) définit la résistance passive qui inspira Gandhi et Martin Luther King dans leur action,
Jean Jaurès fut d'abord un brillant élève de l'ENS où il croisa Bergson. Après avoir choisi pour thème de sa thèse la réalité du monde sensible, il ne cessa dans son action politique de mettre en pratique des principes moraux : position sur la guerre, rapport entre l'idéal et le réel («  Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel »)
Quant à Victor Hugo, son engagement politique est bien connu : dénonciation de la misère, de la dictature, de la peine de mort

La confiscation

Philosophie, poésie, politique, un fait les unit : la société n'a cessé de les confisquer au profit d'une élite et l'enseignement a une grande part de responsabilité dans cette confiscation.
La philosophie qui nous concerne tous, puisque son but est de nous apprendre à vivre  devrait donc être accessible à tous. Il faudrait pour cela qu'elle soit enseignée autrement. C'est ce que Michel Onfray a compris et qu'il met en pratique depuis des années. Son Université populaire de Caen est un lieu d'échanges féconds où l'on ne vient pas pour ingurgiter la parole d'un professeur mais pour acquérir une autonomie de pensée.

On peut faire le même reproche à l'enseignement officiel de la poésie qui est une désincarnation de celle-ci. La poésie, surtout quand il s'agit d'enfants ou d'adolescents, ne se dissèque pas. il suffit de la lire pour l'apprécier.

La politique intervient dans tous les actes de notre vie quotidienne. Chacun de nous est donc concerné par elle mais quel poids réel avons-nous dans la prise des décisions ?
La démocratie donne aux citoyens les moyens de s'exprimer une fois tous les cinq ou six ans pour désigner leurs représentants. Qui sont  nos dirigeants nationaux et ceux qui les aident dans les cabinets ? Beaucoup ont été formés – et formatés – par  l'ENA ou  d'autres écoles prestigieuses et leur origine sociale ne reflète pas du tout la diversité de la société française.

En ce qui concerne ces trois mots, le changement serait donc : la philosophie, la poésie et la politique pour -et par - tous.



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