Rechercher dans ce blog

lundi 29 août 2016

La bride sur le cou - semaine 35




La bride sur le cou: décontracté, détendu, lâché, libre ( Le Robert, dictionnaire des synonymes) 

Le choix du mot juste

    Il n’a échappé à personne que notre pays est en train de glisser sur une pente dangereuse, et la période électorale qui s’annonce n’arrangera pas les choses.
  En effet, avec une gauche émiettée, affaiblie par les renoncements du gouvernement, une écologie politique meurtrie par les ambitions personnelles et une droite ayant tendance – à quelques exceptions près – à reprendre les solutions des extrémistes, il faudrait un choc imprévisible à ce jour pour qu’une solution aux problèmes actuels sorte des urnes l’an prochain.

    L’actualité montre que les questions les plus ordinaires ne peuvent être résolues si elles ne sont pas traitées sous l’angle de la complexité. Il apparaît également nécessaire de revoir certains mots du vocabulaire.

Burkini

   Prenons le cas du burkini, banale affaire de vêtement de plage transformé par certains observateurs et politiciens en outil de propagande du djihadisme. 
    Ceux qui ont créé cet habit ont cru bon de faire référence à deux tenues, la burqa symbole de la femme qui couvre son corps et le bikini présenté dans les années 1950 comme un symbole de l’émancipation féminine. Or le « burkini » n’est ni l’un ni l’autre. On aurait sans doute évité de nombreux amalgames en l’appelant autrement.

   Le plus grave est que cette affaire banale ait servi de prétexte pour stigmatiser les personnes de religion musulmane (rappelons que le Coran n’impose rien d’autre qu’ « une tenue modeste »), pour humilier des femmes portant ce vêtement et pour empêcher dans certaines villes d’aller librement sur la plage où la loi n’interdit qu’une chose : la nudité intégrale.

Intégration

   Voici un autre mot qui pose problème. Quelle est sa définition selon le Robert ?
« intégration : assimilation d’un individu ou d’un groupe à une communauté, à un groupe social »
Or l’assimilation consiste à considérer que l’autre est semblable à vous-même. En d’autres termes, c’est nier sa différence, sa culture originelle, ses racines.

   Cette conception qui est celle des mouvements hostiles aux populations étrangères est contraire à la réalité historique. Depuis plusieurs générations les Français d’origine polonaise continuent de faire connaître leurs chants, leurs danses, leurs coutumes ; la cuisine française s’est enrichie de recettes venant d’ailleurs ; les livres et les musiques du monde ont pénétré en France.
    Certains préconisent aujourd’hui un repli sur soi, c'est le signe que la xénophobie et le racisme grimpent en France.

Migrant 

   Michel Butor qui vient de nous quitter il y a quelques jours était un remarquable écrivain.
    Il avait accordé en mai un long entretien au magazine Lire.
La distinction entre réfugié politique et économique l’agaçait.
En ce qui concerne le migrant, il déclarait :
« Cette notion de migrant est une erreur. »
Et il rappelait que la migration consiste à aller d’un point à un autre « comme les oiseaux migrateurs. »
Or ceux qu'on appelle migrants  sont des gens qui fuient, qui cherchent un refuge.
Il faut donc trouver un autre mot qui traduise la réalité, disait Michel Butor.

Employer le mot juste, c'est la condition nécessaire pour entamer un dialogue constructif.


samedi 27 août 2016

UNE AUTRE ROUTE ― WEEK-END n° 1 : l'art


LA PHRASE

Chaque samedi vous retrouverez désormais La phrase, une réflexion sur des sujets variés (faits de société, littérature, art, voyages, etc.) accompagnée d’une photo et d’un bref commentaire.

À propos d’art

« Les sculptures de Brancusi nous rappellent que l’art ne consiste pas à 

reproduire la réalité mais à la transcender pour en exprimer 


l'essentiel. »

                    Source http://www.philamuseum.org/collections/permanent/44648.html

Pourquoi avoir choisi Constantin Brancusi pour donner une définition de 

l’art ?

Comme on le voit dans cette sculpture 
intitulée Portrait de Mademoiselle Pogany
réalisée en 1912, Brancusi est sans doute 
l’artiste qui a, dans son domaine, contribué 
le mieux à faire évoluer l’art 
en le faisant sortir de la vision ancienne 
qui consistait à représenter fidèlement 
l’objet ou l’être servant de modèle, 
en choisissant d’interpréter 
ce que ses yeux voyaient 
pour en rechercher 
la quintessence.




mercredi 24 août 2016

Pensées d'un chat (les animaux abandonnés)




Chaque année des dizaines de milliers d’animaux domestiques sont abandonnés par des gens irresponsables ou cruels ; en été, ce triste phénomène s’amplifie.

Pensées d’un chat : Le temps des vacances

    Assis sur une armoire au milieu des journaux et revues que ses tuteurs avaient laissés là, le chat observait les allées et venues du couple qui l’avait accueilli. Cela faisait déjà neuf ans qu’il vivait avec ces gens qu’il trouvait plutôt sympathiques.
Il y avait ce jour-là une pointe de tristesse et un peu d’inquiétude dans son regard. Dans son esprit, il n'y avait aucun doute, les semaines à venir ne seraient pas très agréables pour lui.

   « Je hais les vacances, pensait-il. Je vais une fois encore me retrouver enfermé dans une toute petite pièce, pendant quinze jours. Pas de sortie, pas de rencontres avec mes amis du quartier, pas de caresses ! Pourquoi faut-il que chaque été ils me laissent ainsi seul, tandis qu'eux se promènent dans des endroits magnifiques, qu'ils s'allongent pendant des heures au soleil? Ils me disent que là où ils vont les animaux ne sont pas admis, mais ils pourraient aller dans un endroit où l’on accepte les chats. »

   Plusieurs signes lui avaient fait sentir que le départ de la famille était proche : les valises avaient été sorties du placard, la cage dans laquelle il allait être conduit à la pension avait été déplacée, et surtout, les enfants étaient plus énervés que d'habitude.

  Comme tous les ans à la même époque, le chat n'était pas content. Il boudait. Il aurait tant aimé faire partie du voyage ! Il avait compris qu’Elle et Lui ne changeraient plus leurs habitudes. Alors il finissait par se résigner et, philosophe,  se consolait en pensant à ses congénères bien plus malheureux que lui.
« Je suis peut-être trop sévère avec eux, se disait le chat. Eux au moins ne m'abandonnent pas. Ils ne sont pas comme ces gens cruels qui, le jour de leur départ, jettent au bord de la route leur chat ou leur chien comme de vieux objets devenus inutiles. Ils les avaient achetés sans trop réfléchir, pour les offrir au petit dernier et puis tout à coup, la veille de partir, ils étaient devenus encombrants...»

Alors le chat se rassérénait :
- Il va y avoir deux semaines désagréables à passer, mais ensuite je reverrai ma petite famille !





   

lundi 22 août 2016

La bride sur le cou -semaine 34

Coucher de soleil à Scheveningue

La bride sur le cou: décontracté, détendu, lâché, libre ( Le Robert, dictionnaire des synonymes) 

Un été pas comme les autres

   Le précédent billet de la Bride sur le cou remonte au 27 juin. Pendant plusieurs semaines, à l’occasion des vacances, c’est le thème de l’art de vivre qui a été traité à travers les articles. Pendant cette période, l’actualité a cependant continué à étaler devant nous ses événements souvent tragiques, rarement joyeux, et ceux-ci ont donné lieu à des commentaires plus ou moins judicieux, la plupart du temps dictés par des arrière-pensées politiciennes.

   L’heure est venue de faire un bilan de cet été « pas comme les autres » en raison du contexte marqué par le terrorisme et, en France, par un climat politique délétère.

  Deux faits ont marqué cet été : une abondance d’événements sportifs sur lesquels les gouvernants comptaient pour faire oublier, d’une part, les difficultés sociales que connaissent beaucoup de gens et pour tenter, d’autre part, de ranimer une flamme patriotique teintée de chauvinisme.

   Pour cela, il y a eu un Euro de football que les Français ont été à deux doigts de gagner. La victoire attendue par nos dirigeants n’a pas eu lieu et l’on est vite passé à autre chose : l’épreuve populaire qu’est le Tour de France ; celui-ci est devenu un grand cirque où tout est calculé pour vaincre sans gloire et où les exploits sont de plus en plus rares.
  Enfin sont venus les Jeux Olympiques qui viennent à peine de s’achever. Si le courage et le talent de certains athlètes restent dans l’esprit de l’olympisme, on peut regretter toutes les dérives liées à ces jeux : coût exorbitant pour le pays d’accueil, concessions faites sur le dopage, propos insupportables de certains commentateurs (comme la justification de l’esclavage par un journaliste français).

  Et puis, bien plus grave, il y a eu pendant ces mois d’été les événements liés au terrorisme et l’exploitation politique qui accompagne celui-ci.
  Il n’est bien sûr pas question bien sûr de nier les dangers que présente cette forme de barbarie. Mais l’instrumentalisation de ce fait contribue à faire monter la xénophobie et à jeter le discrédit sur l’ensemble des pratiquants d’une religion, l’islam.
Ainsi, les commentaires qui ont été faits sur le port du burkini sur les plages relèvent souvent du mensonge (par exemple, en ce qui concerne la laïcité qui n’a rien à voir dans cette affaire) ou d’un manque de discernement. Là où il faudrait une prise en compte de la complexité, on s’appuie sur l’émotion ou la stigmatisation pour émettre un avis.

  
  Par ailleurs, je rappellerai que le problème majeur auquel est confronté le monde aujourd’hui n’est pas le terrorisme mais l’état de la planète. En 2012, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a recensé 7 millions de morts dues à la pollution de l’air. Il faut y ajouter tous les autres risques liés au dérèglement climatique.

   Si l'on veut que le monde aille mieux, il faut revenir à l'essentiel : la défense du vivant, la bienveillance, la solidarité.



samedi 20 août 2016

Le Puy de Dôme



Rêverie devant le Puy de Dôme

   La nuit tombait sur Volvic. Pour passer la nuit, nous avions choisi un hôtel dont certaines chambres permettaient d’avoir une belle vue sur la chaîne des Puys. En effet, dès que l’obscurité se fit plus intense, derrière la rangée d’arbres qui entouraient l’hôtel, le Puy de Dôme apparut, reconnaissable à la grande antenne qui se dresse sur son sommet.

    Son énorme masse se détachait sur le ciel que la lune éclaircissait.

  Ce Puy de Dôme, je l’avais vu des dizaines de fois et pourtant je le regardais toujours avec la même curiosité. À sa vue, tant de souvenirs revenaient.
  Nous avions marché quelques décennies auparavant jusqu’à son sommet, nous avions dormi dans la vallée, sous une tente, et nous sentions sa présence, près de nous, à l’horizon.  Maintes fois, sur la route des vacances, nous étions passés près de lui…
   Et puis, il y avait les souvenirs d’enfance. Quand le Tour de France était encore une épreuve haletante et que les coureurs devaient escalader le Puy de Dôme, les grands champions – Bahamontès, Anquetil, Poulidor – s’affrontaient impitoyablement mais loyalement. Cela semble si loin aujourd’hui, tant le monde a changé.

   Je restais là un long moment devant le vieux volcan devenu muet qui a vu passer tant de générations. Il était là, devant moi, immuable et majestueux et j'avais l'impression qu'il me racontait un épisode lointain de l'histoire de la Terre.

mardi 16 août 2016

Art de vivre - été 2016 : Rêver, imaginer, créer




Mettre de la poésie dans sa vie

   Le temps des vacances paraît souvent trop court. La série de billets consacrés à l’art de vivre s’achèvera cette semaine. Lundi prochain vous retrouverez le blog dans sa forme habituelle avec la chronique La bride sur le cou, suivie d’un billet le mercredi et le vendredi ; le week-end paraîtra un court billet (une photo, une pensée, une brève...)

   Tous ceux qui le peuvent profitent généralement de la période des vacances pour occuper différemment leurs journées ; ils s’adonnent à leurs loisirs préférés, ils lisent davantage, assistent à des concerts ou ne font rien, laissant leur esprit vagabonder. Et puis dès qu’ils retrouvent le travail, ils reprennent le rythme de vie habituel.


   Un jour viendra, plus ou moins proche, où le travail prendra moins de place dans la vie des gens. La société du futur devra " réenchanter l’être humain, prendre en compte l’homme multidimensionnel, (celui) qui s’épanouit dans ses relations sociales, dans ses loisirs, dans la créativité, dans l’attachement à tout ce qui vit ". (1)

   En attendant ce jour, même si la société actuelle ne s’y prête pas beaucoup, il m’apparaît indispensable de prendre le temps de rêver, d’imaginer, de créer, afin d’échapper au conditionnement qui, dès l’enfance, menace notre liberté.

   Il s’agit de mettre de la poésie dans sa vie. 

(2013 – 14 août 2016)

1. Changer d’ère, pages 106 - 107













samedi 13 août 2016

L’image du week-end : les flamants



Le rose et celui du Chili

   Les oiseaux étonnent par leur diversité, leur beauté, leurs chants. Qu’ils soient minuscules comme le colibri, de taille moyenne comme le canard ou imposants comme l’autruche, on les regarde avec plaisir. Pendant des siècles, l’homme les a enviés : eux aussi rêvaient de voler.  

   La plupart des gens se contentent de les regarder passer en groupe bien organisé.
Seuls des chasseurs insensibles à l’idée fondamentale du respect de la vie peuvent avoir envie de donner la mort à l’oiseau qui passe.

                                                                         *
   Les flamants font partie de ces oiseaux qui attirent le regard et comme ils vivent en colonie, le plaisir de les observer est démultiplié.

   Ils sont l'élégance même. La finesse des pattes, la courbe du cou, les taches roses du plumage, tout chez eux sent la perfection, même le bec à la forme curieuse ; s’il est courbé, c’est pour faire le tri - grâce à des mandibules asymétriques - entre la boue, la vase et les aliments.

   Au mot flamant on associe souvent l’adjectif rose. Il m’a fallu de longues années et ma rencontre récente avec le flamant du Chili (qui vit surtout en Amérique du Nord mais aussi en Allemagne et aux Pays-Bas, autour de l’Ijsselmeer et en Zélande) pour me rendre compte que le flamant rose a un plumage plutôt blanc, légèrement rosâtre. 
   S’il est en partie blanc lui aussi, le plumage du flamant du Chili présente des taches d’un beau rose tirant vers le rouge.
Autre signe distinctif du flamant du Chili : les bourrelets rouges qui ornent ses longues pattes grises.



samedi 6 août 2016

L'image du week-end :Un viaduc



Le viaduc de Garabit


    Quand je descends vers le Sud en passant par Clermont-Ferrand, j’aime faire une pause dans ce beau paysage du Cantal, dans les environs de Saint-Flour, là où les hommes ont décidé à la fin du 19e siècle de construire un grand pont pour  faire passer des trains à travers la montagne, malgré un obstacle de taille, les gorges de la Truyère.Le but de cet arrêt : admirer le viaduc de Garabit.

   Dans le passé, quand on construisait un ouvrage, on faisait preuve d’une certaine sagesse. Celui-ci répondait à un besoin, il rendait service aux gens et  l'on veillait à ce que le paysage ne soit pas défiguré. De ce point de vue, le viaduc est une belle réussite. 

   Alors que le chemin de fer commençait à se développer, on ne pouvait laisser les gens de cette région isolés dans leurs villages ; le train allait   leur permettre de se déplacer plus facilement et de transporter des marchandises. Et le viaduc de Garabit s’insère harmonieusement dans le paysage.

   Le choix du métal a permis de donner à l’ouvrage une impression de légèreté. Le long tablier (il mesure plus de 500 mètres) repose sur sept piles élancées et un grand arc. La couleur rose du viaduc tranche avec la verdure des monts et les arbres qui longent la rivière.
   Sur la route des vacances, le viaduc de Garabit propose une pause bucolique et reposante. J'aime ce lieu car le génie humain y cohabite avec la somptuosité de la nature.
  


Chroniques les plus lues