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vendredi 24 novembre 2017

LA CITATION

ALCESTE - Source : gallica.bnf.fr


LE MISANTHROPE

«  J’ose prendre le parti de l’humanité contre ce misanthrope sublime... »

(VOLTAIRE)

COMMENTAIRE

    Grâce à Molière, le misanthrope a un visage, c’est Alceste personnage peu sympathique malgré quelques qualités, l’honnêteté et la loyauté. Son intransigeance le pousse à haïr tous les hommes.
Le misanthrope qu’on qualifie couramment de solitaire, ours ou sauvage ignore la tolérance sociale.

     Être misanthrope, c’est faire une injure au bon sens et à la réalité. La vie nous apprend tous les jours que nous avons besoin des autres. Échoué sur une île déserte, Robinson Crusoé expérimente la difficulté de vivre isolé ; l’arrivée de Vendredi lui rend la vie plus douce.
    Nous savons que nous sommes liés aux générations précédentes qui ont souffert et ont lutté pour améliorer le sort des humains. Certains nous ont légué leurs écrits, leurs œuvres d’art et leurs découvertes. Nous sommes liés aux travailleurs proches ou lointains qui permettent de nous nourrir, nous loger, nous divertir, nous soigner… Et ce qui nous lie aux générations futures devrait  sans cesse être le  moteur de nos actes, de nos  comportements. 
Montrer de l’aversion pour ses semblables, c’est nier cette réalité. 
Le misanthrope est un égoïste.








vendredi 17 novembre 2017

Un auteur, un livre

Illustration : Carole LAURE dans Maria Chapdelaine - 1983. Capture d'écran

Louis HÉMON
    Louis Hémon fait partie de ces écrivains morts en pleine jeunesse et.qui sont connus pour avoir écrit un livre ayant connu le succès. Né à Brest en 1880 dans une famille où la réputation comptait beaucoup (son père, agrégé de lettres classiques, fut professeur puis inspecteur général), il mourut à Chapleau, dans l’Ontario, à l’âge de trente-trois ans, happé par un train, comme le fut trois ans plus tard le poète Émile Verhaeren. Il mena une vie dont on peut dire qu’elle ne fut pas conventionnelle.

    Jeune homme sportif, il entame à la Sorbonne des études de droit  qui ne le passionnent pas. En 1903, il s’installe à Londres où il écrit des articles pour Le Vélo dont il est correspondant et des chroniques ainsi que des contes qu’il propose à des journaux ; parallèlement il exerce de petits boulots.

   En Angleterre il rencontre une jeune fille, Lydia, qui souffre de troubles mentaux. Le couple a une fille en 1909. La mère sera internée et Louis Hémon ne s’occupera jamais de son enfant. 
    En 1911 il quitte Londres pour le Canada. Il s’installe à Montréal, puis au Québec, devient ouvrier agricole à Péribonka. Il travaille dans une famille qui lui inspire son roman le plus connu, Maria Chapdelaine.
     Ce livre paraît au Canada en 1914 et en France en 1921 ; traduit dans de nombreuses langues, il connaît un grand succès.

Maria CHAPDELAINE
Comment expliquer ce succès ?
Le livre a été très apprécié parce que Louis Hémon dépeint des gens du peuple qu’il connaît bien pour avoir travaillé avec eux. Avec Maria Chapdelaine, il a été considéré comme le chef de file des auteurs régionalistes.
L’histoire de Maria - jeune fille de dix-huit ans qui vit au nord du Québec, à Péribonka, dans une famille de paysans défricheurs - tient le lecteur en haleine. Maria a trois prétendants : François Paradis, un bûcheron, Lorenzo Surprenant un citadin qui rêve d' Amérique et Eutrope Gagnon, un colon. Qui  aime-t-elle vraiment ? Qui épousera-t-elle ? Fera-t-elle le choix de la fidélité à la classe à laquelle elle appartient où celui d’une vie plus facile ? Telle est la trame du roman.
Et avant tout il y a le style brillant de l’auteur :
« Après cela c’était l’été : l’éblouissement des midis ensoleillés, la montée de l’air brûlant qui faisait vaciller l’horizon et la lisière du bois, les mouches tourbillonnant dans la lumière et à trois cents pas de la maison les rapides et la chute – écume blanche sur l’eau noire – dont la seule vue répandait une fraîcheur délicieuse ».


Maria Chapdelaine a inspiré trois cinéastes : Julien Duvivier en 1934, Marc Allégret en 1950 et Gilles Carle en 1983, avec Carole Laure dans le rôle principal.


vendredi 10 novembre 2017

HORIZON 2080 : COP 23

INFO

    À partir de ce jour, l’organisation de mes blogs change. Les billets consacrés aux voyages seront publiés le mardi :
Notes de voyages d’un écologiste - www.bernardjeancaron.blogspot.fr


                                                                  *****


«Soyons le changement que nous voulons voir dans le Monde » 
(Gandhi)   

LA COP 23 ET LES RACINES DU MAL

    Depuis le 6 novembre, la COP 23 a entamé à Bonn ses travaux qui s’achèveront le 17 novembre. La conférence est présidée par les îles Fidji. Si l’Allemagne accueille la COP, c’est uniquement à cause de problèmes logistiques.

    Il faut bien le dire, cet événement ne soulève pas un grand enthousiasme, malgré le slogan choisi par les organisateurs : « Viser plus loin, plus vite et tous ensemble ». Les mots ne suffisent plus quand ils sont confrontés à la réalité.

    Le contexte actuel ne permet pas l’optimisme. La COP 21 présentée comme une formidable avancée n’avait pas débouché sur des engagements précis, le retrait des États-Unis désormais gouvernés par le climatosceptique Trump, les indicateurs qui montrent une détérioration régulière de la situation écologique, tout cela pousse à mettre en doute la possibilité de limiter à un degré et demi la hausse du réchauffement. De nombreux spécialistes, se basant sur les chiffres des dernières années, pensent qu’on se dirige vers une hausse de trois degrés qui serait catastrophique pour l’humanité et particulièrement pour les peuples les plus pauvres.

   Depuis des années, rien ne change parce qu’on va de renoncement en renoncement. En France, sous la présidence de N. Sarkozy, le Grenelle de l’Environnement avait été suivi d’une salve contre l’écologie, les promesses de F. Hollande n’ont pas été tenues (fermeture de Fessenheim abandonnée, écotaxe enterrée…). Le mandat d’E. Macron débute de la même manière : la loi sur la transition énergétique votée en 2015 est remise en cause. En annonçant ces jours-ci qu’il serait impossible de réduire l’énergie nucléaire servant à produire l’électricité de 75 % à 50 % à l’horizon 2050, Nicolas Hulot a repris les mauvais arguments d’EDF qui oublie de dire que le nucléaire est une hérésie du point de vue économique. Et si la France n’avait pas pris de retard dans le développement des énergies renouvelables, on aurait pu rapidement se passer de nucléaire.

    Ce qu’il se passe en Europe n’est pas plus rassurant. On continue d’aider une agriculture qui nuit à l’environnement et à la santé ; c’est ainsi que certains pays veulent prolonger de dix ans l’emploi du glyphosate, ce désherbant dont on sait qu’il est très probablement cancérigène.

   Il y a quelques jours, l’émission Cash Investigation a démontré comment fonctionne la société industrielle moderne beaucoup plus cynique que celle du 19e siècle. Non seulement les grands groupes profitent des failles du système pour échapper à l'impôt, mais ils continuent en toute impunité au Brésil, au Congo et ailleurs à détruire les écosystèmes, à faire la loi partout où ils sont installés, au détriment des populations locales qui subissent les pollutions et vivent dans la misère.
    Tant qu’on ne s’attaquera pas aux racines du mal, de conférence en conférence l’état de la planète s’aggravera.



































mercredi 1 novembre 2017

Novembre, mois du souvenir


     La Toussaint est une fête catholique. Elle est suivie du jour des Morts. Dans les livres de morale utilisés à l’école laïque du début du 20e siècle aux années 70, un chapitre était consacré au respect qu’on doit aux morts. La référence était dans les années 50 L’Éducation morale à l’école primaire, un ouvrage de Joseph Cressot, écrivain et inspecteur général de l’Instruction Publique.
Qu’enseignait-on alors aux élèves ?
Un lien était fait entre deux dates : le 2 novembre et le 11 novembre.

    Le 2 novembre, on pense à ceux de notre famille qui « ont vécu, travaillé, souffert pour nous...N’avons-nous pas encore dans notre mémoire leur image, le son de leur voix ? * écrivait Joseph Cressot.
Et il y a les aïeux que nous n’avons pas connus. « Ils nous ont donné leur nom, parfois « les traits de leur visage, leur caractère... »*

    Le 11 novembre est l’occasion de réunir « dans la même reconnaissance les héros et les victimes des deux guerres. »*
Des lectures suivies d’une discussion accompagnaient la leçon de morale. Le poème Demain dès l’aube de Victor Hugo aidait à mieux comprendre la douleur du père ayant perdu un enfant, La chanson des orphelins, du même auteur,  rappelait le rôle important des parents.

Mais au-delà de la tradition de la Toussaint et des chrysanthèmes, on pense régulièrement aux disparus qu'on a bien connus : membres de la famille, amis, camarades...Et l'on n’oublie pas ce qu’ils nous ont apporté.  Feuilleter un vieil album de photos rappelle les bons moments passés ensemble, l'odeur d'une tarte campagnarde  fait penser à la grand-mère qui se faisait un plaisir de nous gâter.

    Mais on sait aussi ce qu’on doit aux générations qui nous ont précédés, aux anonymes qui ont contribué à améliorer les conditions de vie et aux gens célèbres qui vivent encore en nous grâce à leurs inventions, leurs écrits, leurs tableaux, leur musique... Parmi eux, il y en a qui ont influencé notre pensée, notre façon de vivre.

    Et puis nous savons ce que nous devons à ceux qui sont morts en pleine jeunesse pour défendre nos libertés, pour combattre la barbarie. Leurs noms sont gravés sur les monuments communaux, sur les croix alignées des cimetières militaires. 
    Leur sacrifice nous rappelle que l'humanité est un ensemble d'hommes et de femmes bien différents : il y a des héros, de braves gens mais aussi des êtres incapables de respecter la vie.


* J.Cressot, page 30


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