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vendredi 30 juin 2017

La photo : Une ruelle


Carnet de voyage n° 8

La photo : La Canourgue - une ruelle


   Demain je prendrai la route du retour. Pour clore cette série du Carnet de voyage, j'ai choisi une photo qui me paraît bien illustrer le caractère des petites villes de la Lozère. Celle-ci a été prise à La Canourgue.


   Quand on marche sur les pavés de cette rue étroite, on est d'abord frappé par le silence qui y règne. Il arrive qu'un habitant soit devant sa maison ; il salue gentiment le voyageur que vous êtes avant que vous ayez eu le temps de lui dire bonjour.

   Une fois par semaine, le mardi matin, les ruelles du quartier changent de visage : le marché de La Canourgue est l'un des plus vivants de la Lozère. Les étals occupent toute la place proche de la mairie et le dédale de ruelles aux alentours. Les commerçants et les paysans viennent des environs et des départements voisins. Tout ce petit monde discute, vous dit quelques mots aimables. L'ambiance est conviviale, chacun donne l'impression de ne pas être pressé.

   C'est cela aussi l'art de vivre en Lozère.



jeudi 29 juin 2017

Carnet de voyage n°7


La Lozère : beauté et fragilité

   La Lozère fait désormais partie de l'Occitanie, la nouvelle grande région créée l'an dernier. Celle-ci a été en 2016 la destination préférée des touristes (près de 41 millions de nuitées, selon l'INSEE).
   Il est intéressant de noter un changement dans le comportement des touristes : le littoral connaît une baisse de fréquentation qui profite aux zones rurales et aux massifs montagneux. En d'autres termes, La Grande Motte et Palavas-les-Flots attirent moins qu'autrefois et les belles forêts des Cévennes, le caractère sauvage des causses, les gorges du Tarn, séduisent davantage les gens.
  La chance de la Lozère,  c'est d'avoir été peu atteinte par la détérioration des paysages provoquée par l'industrialisation car sa population était peu dense. Aujourd'hui le département ne compte que 76 360 habitants et Mende la capitale est une petite ville (seulement 13200 habitants). En moyenne, on compte 15 habitants par km².
   
   On ne le dit pas suffisamment : l'état critique de la planète est lié à la forte augmentation de la population qu'on a connue au cours des 50 dernières années (7 milliards aujourd'hui, 10 milliards prévus en 2O5O.
Pour loger et nourrir cette population, il faut détruire des espaces naturels, des infrastructures, des bâtiments sont nécessaires.
La Lozère pourrait tripler, quadrupler sans problème sa population. Pour cela, il lui faudrait augmenter son attractivité économique et culturelle.
   C'est l'un des enjeux de ce siècle : faire revivre les zones rurales en conciliant un art de vivre qui attire les touristes et une vitalité capable de faire vivre dans des conditions raisonnables leurs habitants.













vendredi 23 juin 2017

Carnet de voyage n°5 - 2017


n°5 : La vie sauvage

   Il y a différentes façons d'envisager le voyage. Les uns ne préparent rien et partent à l'aventure sans savoir où ils vont aller, d'autres choisissent méticuleusement leur itinéraire et bâtissent un programme détaillé ; cette méthode manque un peu de fantaisie. D'autres enfin connaissent leur destination mais laissent une grande place au hasard ; ils s'adaptent aux circonstances, aux conditions météorologiques.
Finalement, cela a peu d'importance : l'essentiel est de savoir pourquoi l'on voyage.
En ce qui me concerne, j'aime profiter des voyages pour me rapprocher de la nature. Je fais mienne la philosophie que Henry David Thoreau développait dans Waden, la vie dans les bois :
« Je voulais vivre sans hâte, faire face seulement aux faits essentiels de la vie. » Il disait aussi vivre en toute simplicité.

  Certes le bungalow que j'occupe présente plus de confort que la cabane qu'il avait construite lui-même. Mais il y a aussi dans ce coin de Lozère tout ce qui permet de tourner momentanément le dos à tout ce qui me déplaît dans la société industrialisée et de vivre en osmose avec la nature.
   Qu'il s'agisse de l'Aubrac, des Causses ou des Cévennes, les villes et les villages ont préservé les paysages ; ceux-ci ont pu garder  leur aspect sauvage.
   Quel plaisir de vivre près des arbres, d'observer le vol des pies et des moineaux, de suivre un couple de rapaces survolant la montagne ! Au bord de la rivière un héron est venu se poser. Près de moi un lézard s'enhardit et frôle mes pieds ; des papillons dessinent dans l'air des arabesques improbables.
Ce sont des choses ordinaires mais j'apprécie leur importance.






mardi 20 juin 2017

Carnet de voyage n°4

                     Du Nord vers le Sud  



   Sur la terrasse du bungalow où j'écris ce billet, il fait une chaleur accablante. Heureusement le paysage que j'ai sous les yeux donne une impression de fraîcheur agréable ; abrité par la montagne couverte de conifères, le Lot coule nonchalamment.
   Voyager, ce n'est pas toujours découvrir des paysages nouveaux, c'est aussi le plaisir de retrouver ceux qu'on connaît déjà et où l'on aurait pu naître si le destin l'avait voulu, où l'on aurait pu s'installer si l'on avait eu le désir de quitter les lieux familiers de l'enfance.
   
   Je ne me lasse pas de traverser la France du nord au sud, de longer la Seine dans les environs de Rouen, d'apercevoir au loin la cathédrale de Chartres, de regarder la Loire majestueuse à Orléans. Et puis faire une halte dans une petite ville d'Auvergne d'où l'on voit la chaîne des vieux monts usés par le temps.
  Le lendemain, ce sont les hauts plateaux de la Lozère, porteurs de légendes et de mystère, qui apparaissent enfin. Nous sommes arrivés.
Devant les grands arbres de la montagne et la rivière apaisée, le moment est venu de se fondre avec la nature. De temps en temps la lecture du journal régional permettra de garder le contact avec l'actualité.


jeudi 15 juin 2017

La Hollande du Sud

Coucher de soleil  sur la Mer du Nord à Kijkduin


CARNET DE VOYAGE n° 3


   Il y a douze provinces  aux Pays-Bas. Pour y avoir fait de nombreux séjours, la Hollande du Sud est celle que je connais le mieux. Dans celle-ci et sa voisine - la Hollande du Nord -  se concentre une grande partie de la population néerlandaise et des activités. Pour le voyageur cela est une aubaine : en parcourant quelques dizaines de kilomètres, il peut visiter des villes pleines d’intérêt telles que Rotterdam, Delft, La Haye, Gouda, Alphen-sur-le Rhin.
   Rotterdam est avant tout un port, l’un des plus grands du monde, mais c’est aussi une ville étonnante par son architecture. Audacieuse depuis les années 30 (avec les logements sociaux du quartier De Kiefhoek), elle est restée à l’avant-garde avec l’Euromast, une tour de 185 mètres - dressée en 1960 - qui offre une vue remarquable sur les environs, les maisons Kubus (cubes) dans les années 80 ou le pont Willemsburg, d’un beau rouge vif, qui surplombe la Meuse.
 Delft, réputée pour sa faïence bleue, est une ville agréable avec ses canaux et ses maisons anciennes que Vermeer a immortalisées dans sa célèbre toile Vue de Delft.
  À une dizaine de kilomètres au nord, se trouve La Haye (Den Haag) où siègent le gouvernement et la Cour internationale de Justice. C’est une ville de culture où Spinoza et Van Gogh ont vécu. Le musée Mauritshuis  est le plus connu; il mérite une visite.
 La Haye est une ville ouverte : près de la moitié de ses habitants est d’origine étrangère.


    En se dirigeant vers  la côte, on accède aux deux stations balnéaires de l'agglomération : Scheveningen et Kijkduin. Ces deux plages de la Mer du Nord sont très populaires. Le standing de Scheveningen est sans doute plus élevé que celui de Kijkduin, plus modeste, ce qui ne l’empêche pas d’avoir elle aussi beaucoup de charme.
  Quand on marche sur la promenade qui longe la mer, la chanson de Jacques Brel trotte immanquablement dans la tête, même si en ce beau jour ensoleillé de juin le vent du nord ne s'est pas levé !

" Mon père disait / C'est le vent du nord
Qui fait craquer les digues / 
À  Scheveningen 
À Scheveningen, petit / Tellement fort
Qu'on ne sait plus qui navigue
La Mer du Nord / Ou bien les digues..."
(extrait de Mon père disait)

  Mon séjour en Hollande se termine. Direction vers le Sud.

Alphen-sur-le Rhin

vendredi 9 juin 2017

Carnet de voyage 1



Voyager
La phrase

   Voyager, ce n’est pas nécessairement faire de longs périples, aller vers des destinations lointaines qui apportent le dépaysement, c’est avant tout changer d’horizon pour découvrir d’autres paysages, d’autres cultures, c’est parcourir les petits sentiers à l'écart des villages, ceux que l'on connaît bien et où l'on rencontre toujours quelque chose de nouveau ou ceux que l'on découvre, c'est goûter le silence des bois, le calme des berges, suivre le cours lent du fleuve apaisé quand il se rapproche de la mer, c'est le plaisir de lire dans le silence de la montagne, c’est se sentir libre.

La citation
« Il faut avoir l'amour de l'inconnu pour réaliser ses rêves de voyage lorsqu'on est pauvre et sans argent. »
(Albert Camus – Carnets, mai 1935 - février 1942)


   Ce ne sont pas les voyages les plus coûteux qui ont le plus d'intérêt. J'aurais plutôt tendance à penser le contraire.

  De nombreux jeunes le prouvent régulièrement : avec un petit budget, beaucoup d’inventivité et d’audace, un sac à dos et de bonnes chaussures, ils partent à l’aventure parce que – comme le dit Camus – ils  aiment l’inconnu... et le hasard qui offre parfois de belles rencontres. 


*
   Pendant trois semaines, vous ne retrouverez pas les rubriques habituelles de ce blog. Celles-ci seront remplacées par un Carnet de voyage publié deux fois par semaine.
Une autre route reprendra au début de juillet sous une forme nouvelle. Le blog ayant entamé au mois de mars sa 9e saison, il m’a semblé utile d’apporter quelques changements.





























mardi 6 juin 2017

La bride sur le cou : Juin 2017




Les États-Unis et le climat 

De Thoreau le visionnaire à Trump le rétrograde

   Comme tous les astronautes qui l’ont précédé, Thomas Pesquet a été marqué par un fait : la Terre qu’il a vue de l’espace pendant six mois lui est apparue superbe, petite et fragile. Que plus de sept milliards d’humains vivent sur cette planète aux limites immuables - contrairement à la maison qu’on peut agrandir pour abriter une famille nombreuse – tient du miracle.
   Cette remarque n’est pas nouvelle. Depuis qu’on a vu sur nos écrans les images de la Terre prises lors de la mission Apollo en 1968, on sait que l’humanité vit dans un espace fini, ce qui nous oblige à prendre des précautions pour que cet espace continue d’être vivable.

   Dès cette époque, des mesures auraient dû être prises. Ce ne fut pas le cas. Les premiers défenseurs de l’écologie n’ont pas été entendus. En France, René Dumont et ses amis étaient alors l’objet de moqueries. À l’étranger, la critique de la société industrielle était parfois vive. Ceux qui dénonçaient le système dominant étaient nombreux aux États-Unis. 
   Henry David Thoreau avait été l’un des premiers à voir dès la deuxième moitié du 19e siècle les dangers de l’industrialisation.
  Au 20e siècle, les Américains Ivan Illich et Herbert Marcuse (ainsi qu’Edgar Morin) jetèrent les bases d’une société qui permettrait de préserver la planète.
  Les femmes contribuèrent également au développement de la pensée écologiste. On peut citer  Caroline Merchant et Charlene Spretnak, toutes deux Américaines, ainsi que l’Anglaise Hazel Henderson.
   Grâce à leurs écrivains, leurs philosophes, leurs militants des droits de l’Homme et de la liberté, les États-Unis ont fait la preuve qu’ils n’étaient pas seulement le pays qui prospère dans le capitalisme cynique que représente aujourd’hui M.Trump.

   Pendant quatre décennies, on a donc laissé croître les déséquilibres écologiques et sociaux jusqu’à ce qu’on finisse par admettre qu’on ne pouvait continuer ainsi.
   En 2015, la Conférence sur le climat de Paris à réussi à mobiliser 195 pays pour lutter contre le dérèglement climatique. Certes les engagements n’étaient pas suffisants mais c’était un premier pas vers une remise en cause des activités polluantes. En refusant de contribuer à cette action permettant d’éviter les désastres que causerait une hausse de la température mondiale de 3 à 5 degrés, M. Trump a montré qu’il n’avait pas les qualités requises pour diriger un grand pays.
   Cet homme d'affaires qui porte une vision rétrograde de l'économie et ignore complètement les principes de l'écologie fait partie du cercle restreint des climatosceptiques. Ses idées doivent être combattues sans relâche.


samedi 3 juin 2017

La phrase du week-end (2017 - semaine 22)


La phrase du week-end propose un regard sur des sujets variés (faits de société, littérature, art, voyages, nature, etc.) accompagné d’une citation et d’un bref commentaire.


Les codes du langage
La phrase
    Nul ne peut nier que le langage qui sert à exprimer une pensée et à communiquer avec les autres selon des règles imposées par la société  est un outil au service des valeurs de cette société ; seuls les poètes modernes osent se libérer des carcans de la tradition et du sens moral.

La citation
« … la langue (…) n’est ni réactionnaire ni progressiste ; elle est tout simplement fasciste ; car le fascisme, ce n’est pas d’empêcher de dire, c’est obliger à dire. »
Roland Barthes

Le complément 
   Roland Barthes exprime sans doute brutalement sa pensée mais il n'a pas tort quand il dénonce " la dictature" du langage dans la culture occidentale.

   Le langage a ses codes. Il y a des normes qu'il faut respecter, des termes qu'il faut éviter d'utiliser ; la règle veut qu'on ne parle pas de la même façon à un ami qu'à un "supérieur hiérarchique", la lettre adressée par une femme à sa fille n'a pas la prétention d'avoir une qualité littéraire ( à moins que la mère ait le talent de Madame de Sévigné.
    La façon dont on maîtrise le langage et ses difficultés (au niveau de la grammaire, de l'orthographe, du vocabulaire) facilite ou gêne - selon les cas - l'insertion dans la société.
  Il arrive même que des personnes subissent des moqueries à cause d'un accent qui évoque des origines provinciales ou étrangères.

      Il a fallu attendre la fin du 19e siècle pour voir les poètes tordre le cou à la tyrannie du langage Ils ont mis fin aux règles anciennes (la rime, les douze pieds de l’alexandrin…), ils ont vu une terre « bleue comme une orange » (Eluard), ils ont inventé des mots : « il l’emparouille et l’endosque contre terre» (Alfred Jarry). Ils se sont libérés de toutes les contraintes.

  






jeudi 1 juin 2017

Sondages


Photo Stuart Miles - www.freerangestock.com


Primaires de la droite, primaires de la gauche, élection présidentielle, élections législatives, depuis des mois, presque chaque jour, nous vivons dans un univers de sondages qui nous font part des intentions de vote des citoyens.
Regard sur ce fait de société.

   Le sondage est une activité assez récente. Il est apparu aux États-Unis en 1936, en France en 1936 (l’IFOP).

  Les premiers sondages ont paru dans des journaux qui voyaient là un moyen d'accroître leur audience. Cette tendance n'a pas complètement disparu.
Il n’a échappé à personne que le sondage prend une place de plus en plus importante dans le débat public. C’est surtout le sondage d’opinion donnant les intentions de vote des électeurs qui intéresse les gens, même s’il ne représente que 1 % du chiffre d’affaires des entreprises de sondages.

   Cet intérêt est partagé par les personnages politiques. Certains sont connus pour avoir consacré beaucoup d’argent pour mesurer leur popularité et connaître l’image que le peuple avait d’eux. C’est le cas de N.Sarkozy qui pendant son quinquennat aurait dépensé pour cela près de dix millions d’euros et de M.Valls qui entre 2014 et 2016 a commandé de nombreuses enquêtes alors qu’il était Premier ministre.

   Le sondage est devenu une dérive quand des responsables politiques se sont appuyés sur lui pour faire des choix correspondant aux tendances du moment.
Cette façon de faire n’est pas la meilleure : elle ne permet pas de prendre des décisions courageuses. Si François Mitterrand avait suivi l’opinion publique en 1981, la peine de mort n’aurait pas été abolie.

  L’intérêt du sondage est mince, voire inexistant. Les résultats des élections ne sont pas toujours conformes aux prévisions ; ce fut le cas dernièrement en Grande-Bretagne (avec le Brexit) et aux États-Unis avec l’élection de Trump.



  Le lien entre les instituts de sondages et les grands groupes financiers d’un côté, avec certains politiques de l’autre, la formulation orientée des questions, le doute concernant la véracité des réponses des personnes sondées, l’exploitation des résultats (et le système de correction), sont quelques-uns des éléments qui expliquent la réticence qu’on peut avoir vis-à-vis de cette pratique.
   Faut-il rappeler par ailleurs que le sondage est dangereux pour la démocratie parce qu’il biaise le débat en risquant d’influencer les électeurs ?
En ayant sous les yeux des chiffres qui les effraient, ceux-ci peuvent en effet préférer le vote « utile » à leur conviction profonde.
Dans ce cas, on peut dire que le sondage devient une manipulation.



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