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lundi 26 août 2019

Chronique d'été n° 6


Tableau de Brueghel

Étés : un peu d’histoire

   Si de nos jours on associe souvent à l'été l'idée de vacances, pendant des siècles, il n'en a pas toujours été ainsi. 
  Longtemps, la période estivale a marqué un clivage entre les classes sociales. Au 19e siècle, seule la bourgeoisie pouvait se rendre à la mer, dans les premières stations balnéaires de la Manche et de la Côte d'Azur. Il a fallu attendre 1936 et le Front Populaire pour que les travailleurs aient droit à des congés payés, mais l'inégalité sociale a persisté. Ces dernières années, près de la moitié de la population française ne voyage pas en été pour des raisons financières.
   En remontant dans le temps jusqu'au Moyen-Âge, on constate un clivage d'un autre type, celui existant entre citadins et ruraux.
Dans les campagnes, l'été était la saison où les activités étaient les plus intenses. Femmes et enfants aidaient les hommes quand venait le temps des foins et des moissons, les journées de travail étaient longues, les tâches pénibles. Les fêtes organisées pendant cette période, les repas en commun, les chants et les danses, contribuaient à rendre ces dures semaines de labeur plus supportables. Elles constituaient un mélange des vieilles fêtes païennes, de foi religieuse attribuant des pouvoirs à certains saints, de croyances transmises de génération en génération (par exemple, la cueillette de  plantes dites magiques comme la sauge, la camomille, le millepertuis, la verveine, l'armoise, la fougère mâle, le salsifis sauvage.)
    Le 24 juin, les feux de joie de la Saint-Jean marquant le solstice d'été en Europe, étaient le moment fort de l'été. Les fagots amassés brûlaient toute la nuit. La religion était associée à cette fête, on allait à l'église et le bûcher était béni par le curé. La vertu purificatrice du feu était aussi le prétexte à des actes barbares : jusqu'en 1648, date à laquelle Louis XIV interdit cette pratique, on brûlait des animaux vivants.
  Dans nos campagnes, certains villages continuent de nos jours à fêter la Saint-Jean, mais les rites ont heureusement quelque peu évolué.




lundi 19 août 2019

Chronique d'été n°5

Plage espagnole
Ces mots qui évoquent l’été

    Il existe des dictionnaires qui ont pour ambition d’associer les mots et les idées. Ce sont les dictionnaires analogiques. Le premier parut en France en 1862 ; il fut l’œuvre de P.Boissière. Dans les usuels du Robert, un volume est consacré aux idées par les mots. Au mot été, on trouve les associations suivantes : belle saison, canicule, chaleur, tenue légère, sécheresse, vacances et quelques adjectifs liés à la météo.
Quels sont pour moi les mots qui évoquent l’été ?

La légèreté
   L’été est sans aucun doute la période de l’année où le désir de changer d’air se fait le plus sentir, où l’on veut rompre avec un rythme de vie souvent éprouvant. 
   Si le désir d’évasion peut certes être satisfait  en restant chez soi, chez beaucoup de gens, il est assouvi par un départ vers d’autres lieux. 
   La période des congés permet de vivre d’une façon plus décontractée. Le stress lié au travail disparaît, on abandonne la tenue plus ou moins stricte habituelle et la température ambiante impose des habits légers. On se laisse facilement gagner par une certaine insouciance et l'on apprécie mieux la douceur des choses. L’été donne un sentiment de liberté qu’on aimerait avoir toute l’année.

La plage
   Une grande partie de l’année, les plages sont quasiment désertes. Quand l’été arrive, les gens s’y agglutinent dès qu’apparaît un rayon de soleil.
La plage en été, c’est le plaisir des corps. Marcher, s’allonger sur le sable, être en contact avec l’eau dans laquelle on avance lentement pour goûter sa fraîcheur, nager...Pour beaucoup de gens, ces gestes simples symbolisent les vacances.

La tente
  Voyager au moindre coût, dormir dans une modeste tente canadienne, seul ou à plusieurs,  au bord d’un lac, d’une rivière ou d’un champ, là où la vue  paraît superbe, c’est le charme du camping, tel qu’il était autrefois dans les années 1960 et 1970.
   De nos jours, le camping a changé de forme, il s’est adapté aux goûts à la mode. Il faut plus de confort, des piscines, une animation organisée. Les gens se pressent  dans ces campings par centaines comme ils le font toute l’année dans les supermarchés.
Ceux qui aiment être libres continuent de chercher des endroits plus calmes, au contact de la nature.

Le barbecue
   Voilà un objet qu’on sort surtout par les beaux jours d’été. L’amateur de barbecue reste fidèle à l’appareil d’autrefois, celui dans lequel on dépose du bois ou du charbon de bois et qui demande une bonne technique pour que l’aliment soit cuit à point. Le barbecue électrique ou au gaz n’a pas le même charme. Jadis utilisé uniquement pour cuire des morceaux de viande ou des merguez, on y fait griller maintenant de plus en plus des légumes de toutes sortes car le végétarien et le vegan apprécient aussi le barbecue.

Le hamac
   Il symbolise le plaisir de paresser au soleil ou à l’ombre d’un arbre. Ce rectangle de toile ou de filet qu’on suspend par deux extrémités qui peuvent être en bois ou en acier ou qu’on fixe simplement entre deux arbres est idéal pour celui - ou celle - qui aime rêvasser en plein air. Conçu pour les humains, il arrive que le hamac accueille de temps en temps un animal familier.

Le festival
   Bien sûr, il existe des festivals qui sont organisés toute l’année mais c’est surtout en juillet et en août qu’ils animent de nombreuses villes. La plupart d’entre eux se déroulent en plein air, ils se prolongent tard dans la nuit et sont consacrés à la musique.
   Certains ont acquis une bonne réputation et attirent chaque année un public enthousiaste. Citons entre autres le festival des Vieilles Charrues, les Francofolies, le Main Square d’Arras...
   Le théâtre et le spectacle vivant ont aussi leurs festivals d’été. En France, il y a ceux d’Avignon et de Ramatuelle.
   Ces festivals défendent la culture dans de nombreux pays.



lundi 12 août 2019

Chronique d'été n° 4

LIRE EN VACANCES




   La période des congés offre l’opportunité de se consacrer à des activités qu’on aimerait pratiquer davantage le reste de l’année. Profiter des vacances pour lire quelques ouvrages, c’est ce que font de nombreuses personnes. Pour sortir des ouvrages à la mode que présentent les magazines, on peut s’intéresser à des auteurs qui ont marqué la littérature française ou étrangère. C’est dans cet esprit que je présente dans cette chronique Romain Rolland (1866 - 1944)

   Quelque peu oubliée de nos jours, l'œuvre de Romain Rolland a marqué profondément la première moitié du 20e siècle. Son érudition, son excellente connaissance de l'histoire, de l'art et de la musique ont donné naissance à des ouvrages variés et passionnants.
  Mais c'est surtout son engagement en faveur de la non-violence, de la justice, son combat pacifiste, qui font de cet humaniste un auteur essentiel du siècle dernier.

  Écrivain prolifique, Romain Rolland est aussi un lecteur insatiable. Il a lu avec passion les Souvenirs entomologiques de J.-H. Fabre qu'il évoque dans la correspondance entreprise en 1903 avec Sofia Bertolini Guerrieri-Gonzaga (lettres regroupées dans l'ouvrage Chère Sofia). Dans la lettre datée du 11 septembre 1903, il écrit :
« Je comprends que Beethoven (et Léonard) aient aimé un arbre plus qu'un homme. Depuis deux mois, je vis bien plus avec les arbres qu'avec les hommes. Quels drames que ces combats silencieux des forêts, où racines, branches, buissons, ronces, insectes, animaux, tout est aux prises ! »  
   Ces lignes qui traduisent très bien, disons-le en passant, la réalité de la vie d'une forêt rappellent que l'amour de la nature et l'humanisme sont deux idées complémentaires. Elles nous disent que l'homme, aussi philanthrope soit-il, peut connaître des moments de doute, être déçu par la bassesse, l'indifférence, l'égoïsme, l'étroitesse d'esprit de certains de ses semblables ou tout simplement éprouver un chagrin dû à un deuil, à une rupture...
   L'arbre est alors le refuge vers lequel il se tourne car il est la sérénité, le repère bienveillant et apaisant, l'élément qui le rattache au monde.

  Parmi tous les livres que Romain Rolland a écrit, il est difficile de faire un choix. Jean-Christophe qui comprend dix volumes paraît incontournable. La lecture des Mémoires permet de mieux connaître l’homme qu’il fut.


mardi 6 août 2019

Chronique d'été n° 3

Pendant quelques semaines, le blog se met à l’heure des vacances, en abordant un seul thème : l'été.


Août

  Nous voici au mois d’août. Une bonne partie des Européens ont pris la route des vacances. De nombreuses entreprises ont fermé leurs portes. Pendant quelques semaines ceux qui dirigent le pays vont se faire discrets. La plupart d'entre eux se reposent. En août généralement  la France entre dans une période de léthargie.

  Ce ne sera peut-être pas le cas cette année qui a été marquée par une profonde crise sociale et démocratique. Les manifestations qui se sont déroulées depuis des mois ont laissé des traces et ont fait de nombreux blessés. Les réponses brutales du gouvernement ont accentué le malaise. Il y a quelques jours, on apprenait que le jeune Steve Caniço qui avait participé avec ses amis à la fête de la musique à Nantes était mort noyé. L'intervention de la police lors de cette fête a été mise en cause et dans plusieurs villes des gens ont défilé pour marquer leur solidarité avec la victime et sa famille. 
  C’est le temps des vacances mais pour beaucoup de gens, il n'est pas possible d'oublier les drames qu'ils vivent au quotidien ou la pauvreté qui perdure et  empêche la moitié des Français de découvrir d'autres horizons.

                                                                ***
  On ne peut plus voyager en 2019 comme on le faisait à l’époque des Trente Glorieuses. Le développement du tourisme dit "de masse" à partir des années 1960 a causé de nombreux dégâts ; il a contribué au dérèglement climatique et à l’appauvrissement de la biodiversité. Il faut citer notamment le bilan carbone catastrophique du transport aérien. Il serait irresponsable de poursuivre dans cette voie. La conception des vacances réclame elle aussi un changement.

    Voyager, ce n’est pas nécessairement faire de longs périples, aller vers des destinations lointaines qui apportent le dépaysement, c’est avant tout découvrir d’autres paysages, d’autres cultures, c’est parcourir les petits sentiers à l'écart des villages, ceux que l'on connaît bien et où l'on rencontre toujours quelque chose de nouveau ou ceux que l'on découvre, c'est goûter le silence des bois, le calme des berges, suivre le cours lent du fleuve apaisé quand il se rapproche de la mer, c'est le plaisir de lire dans le silence de la montagne, c’est se sentir libre.

   Tous les voyages que j’ai effectués  ont été marqués par la recherche du sens, par le désir de découvrir l’authenticité, de vivre un instant de bonheur en regardant un paysage, un monument, un arbre, une scène... Parfois cet instant remarquable s’est gravé dans ma mémoire. J’ai aussi essayé de le coucher sur le papier pour en faire ressortir la dimension poétique. Car, pour moi, le voyage n’est pas une activité banale encouragée par la société de consommation, c’est une véritable aventure culturelle et humaine qui contribue à l'émancipation.


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