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vendredi 30 novembre 2018

Poésie et chanson



   

    Dans ma jeunesse, afin de populariser la poésie, il m'arrivait souvent de mettre mes textes en musique. De grands chanteurs comme Georges Brassens, Léo Ferré et Jean Ferrat ont ainsi fait connaître à un large public des poèmes de Victor Hugo, Lamartine, Paul Fort, Aragon, Baudelaire, Apollinaire...

   Leur tâche était facilitée par le fait que ces poètes – à l'exception d'Apollinaire qui a été l'un des premiers à utiliser  les vers libres – étaient des adeptes de la poésie classique. Leurs vers contenaient la plupart du temps le même nombre de pieds ( douze, huit ou six) ce qui est une règle de la chanson.

   L'évolution de la poésie était nécessaire. La rime était un obstacle à la spontanéité et elle enfermait le poète dans un certain artifice qu'on constate notamment chez Hugo. C'est ainsi que lorsqu'un vers se terminait par le mot arbre, on savait que la rime serait forcément marbre car aucun autre choix n'est possible. C'est la raison pour laquelle je me suis rapidement libéré de la rime.



    La poésie, et dans une moindre mesure la chanson, n'ont pas pour objectif de distraire. Ce sont des arts qui font appel à l'imagination de l'auteur et à la réflexion et la sensibilité du lecteur (ou de l'auditeur).
  Elles permettent d'aborder tous les thèmes, y compris les plus complexes tels que la psychologie et la philosophie. 

vendredi 23 novembre 2018

Propos sur l'école

Célestin FREINET vers  1930 et quelques élèves imprimant
un texte. Sa pédagogie n'a jamais été préconisée par les instructions officielles.

*
    Les anciennes méthodes utilisées par l'enseignement français dans la première partie du 20e siècle ont toujours leurs nostalgiques.
   Certes, l'école de Jules Ferry a permis de sortir les jeunes Français de l'illettrisme parce qu'elle était obligatoire et gratuite. Est-elle parvenue à donner les mêmes chances à tous les élèves qui l'ont fréquentée depuis plus d'un siècle ? Hélas, non, car quelques exemples de réussites d'enfants issus de familles modestes accédant à des postes prestigieux ne constituent pas une règle.
   Pourtant, à l'heure où l'école traverse depuis quatre décennies une période de doute et suscite des interrogations, certains continuent de prétendre qu'il suffirait de retrouver « l'esprit républicain » des premiers temps de l'école laïque pour que tous les problèmes soient réglés.

  Cette école du passé produisait moins d'exclusions que celle d'aujourd'hui. Le mérite n'en revient pas aux méthodes d'autrefois, axées sur le par-cœur et la répétition, il provient du fait que la société était alors différente : l'école primaire avait pour but de mener le plus grand nombre d'élèves au certificat d'études, une petite minorité (10% pour ceux de ma génération) allait au collège puis au lycée. Cet objectif modeste a conduit à maintenir pendant un siècle les clivages sociaux.

   D'une manière générale, le niveau de formation des jeunes était faible. Dans une région comme la mienne – les Hauts–de-France - cela ne posait pas trop de problèmes ; on pouvait travailler en mer, à la mine ou à l'usine sans diplômes. Mais lorsque la société a évolué, c'est ce manque de formation qui a handicapé la région, c'est ce qui a rendu sa reconversion si difficile.

   Dans la société d'aujourd'hui (et plus encore dans celle de demain) le besoin de connaissances ne cesse de grandir, les compétences permettant de s'adapter en permanence aux évolutions, aux technologies nouvelles, sont devenues indispensables.
  L'importance de l'éducation n'a jamais été aussi forte. L'école a donc un rôle capital à jouer. (Rappelons cependant qu'elle ne porte pas seule le poids de l'éducation : les parents, les associations, les collectivités locales, les médias, sont aussi concernés).

   Qu'attend-on  de l'école du 21e siècle ?
Pour répondre à cette question, il faut d'abord distinguer les différents niveaux d'enseignement :
  • L'école maternelle et l'école élémentaire ont un rôle essentiel dans le parcours des élèves. Elles doivent réduire les inégalités liées au milieu social. Elles sont des lieux où chaque élève doit s'épanouir, où on lui donne les outils de base qui lui permettront de communiquer, de comprendre le monde qui l'entoure, d'acquérir l'esprit de curiosité qui conduit à la démarche scientifique, qui donne l'envie de se cultiver, où il devient de plus en plus autonome.
  • Ces objectifs se prolongent au collège où l'on devrait développer l'esprit critique et le goût d'entreprendre. Le collège puis le lycée doivent donner une solide base de connaissances générales qui permettront aux jeunes de s'adapter aux évolutions de la société et de passer ainsi plus facilement d'un métier à un autre.

   L'école est aussi le lieu qui prépare le futur citoyen. Actuellement celui-ci est conditionné par la société industrielle avancée. Les publicitaires, la plupart des médias et des politiques manipulent les esprits. Cette manipulation affaiblit les libertés individuelles. Aujourd'hui, des lobbies, de grandes entreprises réussissent à influencer l'école, par exemple en fournissant des documents forcément orientés (c'est le cas d' EDF faisant la promotion du nucléaire).
   Le rôle de l'école est de développer l'esprit critique des élèves. Les cours de morale, d'histoire, de sciences... pourraient contribuer à former des esprits libres sensibilisés à la nécessité de se comporter de manière éthique.

mardi 20 novembre 2018

Pensées n° 1



Dans cette nouvelle rubrique vous trouverez quelques pensées regroupées autour d'un thème.
Aujourd'hui :

LES HOMMES

                                                                   1


Se retourner vers le passé n'a qu'un seul intérêt : vérifier si l'on est resté fidèle aux idéaux pour lesquels on luttait quand on était jeune.

                                                                   2
Hélas, ils sont nombreux ceux qui voulaient à vingt ans changer le monde et abandonnent peu à peu leurs rêves ! Je pense en particulier à ceux de 1968 qui se disaient révolutionnaires et se complaisent aujourd'hui dans la société de consommation.
                                                              
                                                                  3  
L'homme pressé rêve d'aller toujours plus vite mais perd son temps dans de fastidieux déplacements ou devant des écrans qui paralysent la pensée.


                                                                  4
Autrefois rythmée par le lever et le coucher du soleil et par le cycle des saisons, la vie de l'homme moderne subit les contraintes d'un mode de vie auquel il arrive rarement à échapper.
 
                                                                  5
La religion est une affaire personnelle. Ne craignons pas ceux qui croient, ne craignons pas ceux qui ne croient pas. Craignons l'intolérance.
  
                                                                  6
Le sage ne traite pas de fou celui qui se conduit autrement que lui, il dit simplement qu’il existe  d'autres façons de vivre.












vendredi 16 novembre 2018

À propos de VIVANT (le livre)


"Inventons une espèce d'humains sensible au sort du vivant sous toutes ses formes et guidée par le devoir de le respecter en toutes circonstances. Non plus tueurs, mais tuteurs."
Aymeric Caron - Extrait de "Vivant" 





    Après No steak, Antispéciste, Utopia XXI, voici Vivant, le dernier ouvrage d'Aymeric Caron qui complète ainsi la réflexion entamée en 2013 sur un thème complexe qui relève à la fois des rapports de l'Homme avec la planète, avec ses semblables, avec les animaux. Quatre livres qui apportent une vision globale des choses en faisant appel à la biologie, à la philosophie, l'éthologie, la psychologie, la sociologie, l'économie, la politique. Quatre essais qui mêlent aux parties didactiques des témoignages personnels et qui proposent des solutions pour aller vers un monde meilleur et pour mettre fin à l'exploitation barbare des animaux non-humains. Celles-ci peuvent paraître radicales et utopiques aux personnes qui n'ont pas encore pris la juste mesure de la situation actuelle du monde. Les questions posées dans ces livres ont le mérite d'ouvrir un large débat sur l'avenir que nous souhaitons pour l'humanité.

Vers Homo Ethicus

     Dans Vivant, l'idée dominante est la nécessité de l'éthique.
Homo sapiens a montré au cours des siècles ses limites et ses contradictions. Intelligent, capable de réfléchir, de créer pour enchanter ses semblables, d'inventer pour rendre la vie plus facile, pour soigner la plupart des maladies, il a en même temps toujours cherché à dominer les plus faibles, il a exploité les autres, il n'a cessé de faire la guerre, il a torturé des humains et des êtres non-humains, il a détruit la nature, pollué les terres, les cours d'eau et les mers, il est responsable de la disparition de nombreuses espèces animales et végétales. 
    Homo sapiens court à sa perte. Le progrès technique qui a été fulgurant au cours des deux derniers siècles a oublié l’essentiel, l'éthique.
   C'est la recherche par l'Homme du progrès moral qui rendra possible le respect du vivant, la solidarité, la justice. Agir selon l'éthique, c'est l'acte d'êtres libres qui se sentent  responsables vis-à-vis de l'humanité et d'eux-mêmes. 

     La société a établi des lois qui fixent un cadre certes nécessaire pour garantir les droits et les devoirs de chacun. Cela n'a pas empêché les maux dont souffre le monde.  Le véritable changement passe par le changement des comportements individuels et des actions collectives. 
   La morale ne concerne pas seulement les rapports que nous entretenons avec les humains. Dans son livre Le principe responsabilité (1979) Hans Jonas écrivait déjà que l'éthique ne doit pas rester anthropocentrique ; elle doit aussi s'appliquer à l'ensemble du monde vivant et du monde non vivant (l'atmosphère, l'eau, le sol, le sous-sol...). Aymeric Caron va plus loin que Jonas. Dans son projet de société, l'Homme de demain - Homo Ethicus - sera antispéciste. 

vendredi 9 novembre 2018

Décroissance

Une idée toujours pertinente

Dix avis sur la décroissance *
      

     Au début des années 2000, on assista à l'émergence d'un mouvement qui fit parler de lui et fit la une de plusieurs magazines, comme c'est le cas aujourd'hui pour le veganisme. Il s'agissait de la décroissance.

    Ce phénomène traduisait une prise de conscience plus forte des risques planétaires, à la fois sur le plan environnemental (dérèglement climatique, appauvrissement de la biodiversité, épuisement des ressources naturelles, problème de l'eau...) et sur le plan humain (crise urbaine, maladies liées à la pollution, montée des exclusions...)

  Présenté par certains de ses partisans comme une idée neuve, le concept de décroissance avait été développé au milieu du siècle précédent par certains penseurs qui voyaient là une solution à la crise globale qui commençait à toucher la société industrielle. Il inspira les choix de société faits par les mouvements écologistes dans la foulée de mai 1968.

    Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994) économiste né en Roumanie, considéré parfois comme le « père » de la décroissance, a contribué par ses travaux sur la physique thermodynamique et la biologie évolutionniste à définir une économie qui remet en cause la croissance. En 1972, André Gorz introduisait le terme de non-croissance, décliné par le Club de Rome sous l'appellation croissance zéro.

    En 2002, sous le patronage d'Ivan Illich, un colloque avait eu lieu à Paris sur ce thème. Il s'intitulait Défaire le développement, refaire le monde. Ce titre annonçait clairement qu'il fallait abandonner l'idée de développement et construire un autre monde basé sur la décroissance.

  En 2005 l'association Casseurs de Pub, très active, menait des actions médiatiques dénonçant la société de consommation.

   La même année, au mois d'octobre, les Etats Généraux de la décroissance équitable étaient lancés à Lyon à l'initiative de partisans de la décroissance parmi lesquels on comptait Paul Ariès, Jean-Claude Besson-Gérard, des rédacteurs du journal La Décroissance... 
   J'ai participé à cette initiative qui réunissait une mouvance multiforme qu'on aurait aimé voir travailler ensemble. Mais les différences étaient trop fortes entre ceux qui préféraient s'en tenir à la promotion d'actions individuelles et ceux qui voulaient faire entrer rapidement la décroissance dans le champ politique en présentant des candidats aux élections. 
   La mise en commun des positions diversifiées n'a pu se faire. Les décroissantistes n'ont pas su tirer la leçon de l'échec relatif de l'écologisme et la mouvance dispersée a été peu à peu moins visible.

    Pourtant, dix ans plus tard, le concept reste toujours aussi pertinent. Plus que jamais, le choix d'une société tournant le dos à une croissance sans limites s'impose.
D'ores et déjà des citoyens ont changé leurs habitudes et réduit leur impact écologique. Mais l'addition de comportements vertueux ne saurait suffire pour résoudre les déséquilibres planétaires.
   Le développement d'actions menées au niveau international par les citoyens et les associations pour peser dans l'urgence sur les décisions politiques est bien sûr utile mais l'engagement des gouvernements des pays développés est aussi nécessaire. Ceux-ci doivent comprendre qu'on ne peut plus mener des politiques basées sur la croissance et qu'il faut s'appuyer sur une autre logique, sur d'autres valeurs que le productivisme - qu' il soit capitaliste ou communiste – afin de rétablir les équilibres environnementaux et sociaux. 

    Pour cela il faut mettre en place une société basée sur la sobriété (ou simplicité volontaire) dans les pays riches et l'équité afin que les populations des pays du Sud et les exclus des pays riches aient accès aux besoins vitaux (eau, nourriture, santé, éducation, logement...)


* Ouvrage coordonné par Baptiste Mylondo. Dans ce livre auquel j'ai collaboré, politiques, sociologue, économiste donnent leur vision de la décroissance.






vendredi 2 novembre 2018

Biodiversité - 2018


L'émeu, une des nombreuses espèces en danger


    Le dernier rapport du WWF Planète vivante consacré aux vertébrés sauvages montre une altération croissante de la biodiversité ( baisse de 60% entre 1970 et 2014). Mais celle-ci ne concerne pas seulement les animaux dits emblématiques ( tigre, girafe, rhinocéros, lémuriens...) elle touche de nombreuses espèces parmi les oiseaux, les insectes, les invertébrés...ainsi que des végétaux.

    L'appauvrissement de la biodiversité est l'un des faits marquants du désordre écologique. Malgré la communication menée par les associations et les spécialistes de la biologie depuis une dizaine d'années, la gravité de la situation reste assez mal perçue par une majorité de personnes. Dans les milieux politiques notamment, les signaux d'alarme lancés pour attirer l'attention sur la disparition ou la mise en danger  de nombreuses espèces  ont été trop souvent tournés en dérision ou jugés secondaires.
- L'emploi d'abord ! disaient nos gouvernants. 
Ils n'ont pas réussi à réduire le chômage et ils ont laissé s'appauvrir la Nature.
 Ils n'ont pas compris l'importance de la biodiversité. Prenons   le cas des abeilles.
En 2007,  le taux de ruches abandonnées ou quasiment désertées s'élevait  de 70 à 80 % dans les régions les plus touchées. Bien que les raisons de ce problème restent mal définies (le rôle des pesticides et des insecticides, le parasitisme, la contamination par des toxiques et les OGM, sont fréquemment évoqués) on est certain que cette situation est liée à la crise environnementale. 
Cette crise est grave. En effet, un tiers des végétaux a besoin des insectes pollinisateurs pour  produire les fruits. Les pommiers, les avocatiers, les cerisiers,  les oignons, les concombres,  le coton, l'arachide, le melon, par exemple, dépendent  à 90 %, voire à 100 % des abeilles. A l' échelle des USA, les services rendus par les abeilles étaient estimés en 2009 à environ quinze milliards de dollars par an.

     La défense de la biodiversité est donc loin d'être une cause futile réservée à quelques poètes amoureux de petites fleurs et de gentilles bestioles. Elle engage l'avenir de l' humanité, car la production de ressources alimentaires, de médicaments, de matériaux dépend d'elle. De même que les services écologiques tels que le stockage du carbone ou la régulation des bassins hydriques.

    Mais au-delà des aspects écologiques et économiques, il y a aussi l'aspect moral.

Préserver la biodiversité demande une autre relation avec la nature ; cela implique d'abord de respecter le vivant. Les espèces disparues et celles qui sont en danger d'extinction sont les victimes d'actions humaines : la chasse pratiquée pour des motifs égoïstes ou mercantiles, l'urbanisation intensive, la suppression des forêts, l'assèchement des marais, la pollution des cours d'eau et des terres...


   Le changement nécessaire doit être basé sur un ménagement* des territoires  et de nouveaux modes de production et de commercialisation. En ce qui concerne l'agriculture, elle doit se tourner vers les procédés naturels afin de stopper le phénomène destructeur en cours. 


* ménagement : procédé qui a pour but de ménager quelqu'un ou quelque chose


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