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mardi 27 mars 2018

Le long de la Loire

LA LOIRE EN AUTOMNE
On ne connaît pas les fleuves en lisant les livres de géographie. Si l’on veut les comprendre, il faut voyager et les suivre de la source à la mer.

    Parmi les quatre grands fleuves français, la Loire est celui que je trouve le plus beau. C’est aussi celui que je connais le mieux. De sa source à l’estuaire, à pied, à vélo, en voiture ou en train, je l’ai longée, cherchant pendant des années à percer ses secrets. 

Les sources naissent des pierres.
Elles ont, dans l'herbe,
Le goût des framboises."
écrivait Blaise Cendrars.
    D'abord la Loire  n’est qu’un maigre filet d’eau au Mont Gerbier-de-Jonc ; elle  grossit pour devenir un fleuve fougueux avant de s’assagir en arrivant à Orléans.
Puis elle poursuit son chemin, traverse villages et villes que dominent maints châteaux et se dirige vers l’océan.
    Elle n’est plus alors le fleuve sauvage qu’aiment les poètes, la Loire de Maurice Genevoix  qui affirmait avoir, grâce à elle avoir « accédé dans l’enfance au sentiment de la beauté ».
Elle a perdu la fougue que lui avait donnée la montagne, elle a alors un autre visage, elle s’est assagie. Elle est devenue majestueuse, et les grands ponts qui l’enjambent s’intègrent parfaitement au paysage.
    C'est là que la beauté de la Loire s'apprécie le mieux, entre Blois et Angers. Elle flâne alors au milieu des vignes et des châteaux dans une atmosphère douce et légère, à l'image des vins qu'on y produit.

   Ce long fleuve envoûtant a failli perdre son âme au début des années 70 quand des projets de barrages ont vu le jour. Pendant vingt ans, les militants de SOS Loire Vivante ont combattu ces projets. Grâce à eux et aux milliers de personnes qui les ont soutenus, le projet de barrage de Serre de la Fare a été annulé en 1971. La prévention des crues s'est mise en place, le patrimoine naturel a été préservé et le saumon a fait son retour.
   Les défenseurs de la nature l'ont emporté sur les maîtres  du béton et la Loire a gardé son caractère. 



dimanche 25 mars 2018

Amsterdam




PHOTO David VIDMAR-freerangestock.com
 Il y a tant de raisons d’aimer Amsterdam ! C’est une ville réputée pour sa tolérance, une ville dans laquelle on se sent libre. C'est ce qui a poussé de nombreux persécutés à y vivre, c’est sans aucun doute ce qui amena Descartes, le philosophe aujourd'hui fort contesté, à y habiter quelque temps (il s'était installé au centre de la ville, dans le quartier des bouchers).
Ce qui fait aussi le charme d‘Amsterdam, c'est la richesse de son passé. On peut passer des heures à marcher au bord des canaux, en s’arrêtant pour observer les vieilles maisons dont chaque façade est différente, dont les pignons ont des formes variées.
On répète souvent que la Hollande est le pays du vélo. A Amsterdam, la bicyclette est partout : d’abord elle roule sur de larges pistes cyclables que les Français envient, ou elle attend son propriétaire sur un parking, un trottoir ou un pont.
Amsterdam est une ville d’art et de culture ; elle abrite de nombreux musées, dont le Rijksmuseum où la célèbre Ronde de nuit attire tout de suite le regard, et le musée Van Gogh.
La vie culturelle continue d'y être très riche et innovante, qu'il s'agisse de danse, de théâtre ou de peinture.
La nuit, la ville prend des allures féériques. L’obscurité et les lumières se mêlent, les canaux brillent, les bateaux et les maisons flottantes paraissent plus beaux. C'est le meilleur moment pour apprécier les beautés de la ville.
  

La Catalogne n°2

En longeant la côte


    Dans les années 1960, l’automobile commença à se populariser et l’on vit en même temps se développer une autre forme de tourisme. Les Européens - notamment les Allemands, les Néerlandais et à un degré moindre les Français – prirent l’habitude de voyager davantage en dehors de leurs frontières. L’Espagne vit chaque été arriver sur ses côtes de nombreux étrangers attirés par le soleil et surtout par le coût intéressant des voyages dans ce pays. Ce tourisme de masse correspondant aux critères de la société de consommation n’a pas été une bonne chose pour l’environnement ; il a entraîné pollutions, dégradation des paysages par la construction de bâtiments souvent laids et dérèglement des activités économiques locales (pêche,viticulture...)
    La Costa Brava qui s’étend sur deux cents kilomètres de la frontière française à Blanes peut être considérée comme le symbole de ce phénomène qui perdure encore. 
    Cela dit, il suffit d’éviter les périodes où certaines stations telles que Lloret de Mar sont surpeuplées et de choisir les lieux qui ont gardé leur aspect sauvage pour profiter des beautés de la nature, du charme des villages médiévaux et des petits ports. Cadaqués par exemple, située dans une jolie baie et où Salvador Dali a vécu mérite le détour. Dans l’arrière-pays, il faut  aussi voir la ville de Gerone (Girona) et ses belles maisons colorées.

     Au Sud de Barcelone, dans les environs de Tarragone, la Costa Daurada offre ses longues plages de sable. Les stations balnéaires de Salou et de Cambrils sont plus calmes que celles de la Costa Brava. Tarragone doit sa réputation à la richesse de ses vestiges romains, ses musées, son amphithéâtre. À quelques kilomètres de là, dans la vallée de Conca Barberà, se dresse l’abbaye de Poblet construite en 1166. Ce monument, témoin de près de dix siècles de l’histoire espagnole, fait partie depuis 1991 du patrimoine mondial de l’UNESCO.
     On trouve sur la Costa Daurada des endroits paisibles où sont installés des bungalows bien plus agréables que les hôtels gigantesques de la Costa Brava.   





   

                                                                           Cambrils














vendredi 23 mars 2018

À propos de la misère

PHOTO TERIMAKASIH0 - pixabay.com

Choix de texte n°14

   Lorsqu’on jette un regard sur l’histoire de notre pays, on constate un fait permanent : à toutes les époques, sous tous les régimes, il y a eu des inégalités sociales criantes, les uns vivant dans l’opulence, d’autres usés par les tâches dures vivant dans la pauvreté. Et les exclus ne mangeant pas à leur faim, parfois privés de toit.

   Puis la déclaration des droits de l’Homme a proclamé l’égalité entre toutes les personnes. Peu de temps après, on est entré dans l’ère industrielle. La misère n’était plus tout à fait la même : les famines liées aux caprices du climat disparaissaient, la pauvreté s’installait dans les villes, près des usines où des enfants de moins de dix ans travaillaient, et la richesse  se déplaçait des vieilles familles nobles vers les nouveaux maîtres de l’industrie.
De nombreux auteurs ont décrit l'injustice de la situation sociale au 19e siècle : Emile Zola, Victor Hugo, dans ses romans et ses poèmes. On n’a pas oublié ces orphelins du poème Rencontre (1).
Ceux-là n’avaient « Pas d'abri. Tous pieds nus ; excepté le dernier 
Qui traînait, pauvre amour, sous son pied qui chancelle, 
De vieux souliers trop grands noués d'une ficelle. 
Dans des fossés, la nuit, ils dorment bien souvent. 
Aussi, comme ils ont froid, le matin, en plein vent, 
Quand l'arbre, frissonnant au cri de l'alouette, 
Dresse sur un ciel clair sa noire silhouette ! »

Jean Richepin (1849-1926) plaignait la petite fille misérable qu’il avait croisée dans la rue :

"Quel est sur le trottoir blanc
Cet être noir et tremblant
Qui sanglote ?

La pauvre enfant ! Regardez.
La toux, par coups saccadés,
La secoue,
Et la bise qui la mord
Met les roses de la mort
Sur sa joue."

     Nous sommes au 21e siècle et cette misère insoutenable persiste et gagne du terrain.
« Il est temps de nous demander où en est le processus d’humanisation déclenché il n’y a somme toute pas longtemps » écrivait Théodore Monod.

Où en est-on aujourd’hui ? 
    En France, la situation ne s’est pas améliorée. La pauvreté est toujours là et comporte différents degrés.
La précarité touche d’abord ceux qui sont au chômage mais aussi ceux qui exercent de courts CDD, ceux qui ont un emploi aidé et vivent avec la moitié du Smic. Ceux-là ne gagnent pas assez pour se loger décemment. Nombreux sont ceux qui doivent s’adresser aux Restos du Cœur pour manger à leur faim.
    La pauvreté extrême est visible en permanence. Dans des abris de fortune, parfois dans des tentes, vivent des femmes, des hommes  et des enfants que la société a jetés dans la rue.
   Parmi eux, des réfugiés qui ont dû quitter leur pays pour échapper à la guerre, à la répression, à la malnutrition. Depuis deux décennies, l’Europe libérale est incapable de trouver une solution à leur problème. Elle ne veut accueillir que des réfugiés politiques - en petit nombre - alors qu’il faudrait aussi s’occuper des réfugiés économiques et écologiques qui seront de plus en plus nombreux.
   Notre société a oublié les valeurs qui font la grandeur d’une civilisation. Parmi celles-ci, la solidarité qu’il est nécessaire de raviver.

Décembre 2010 - mars 2018

(1) Rencontre : extrait de « Les rayons et les ombres »























(1) Rencontre: extrait de « Les rayons et les ombres »



jeudi 22 mars 2018

la Catalogne n° 1



Photo LIZBETH 607 - www.pixabay.com

    Les événements qui secouent actuellement l’Espagne et la Catalogne n’étonnent pas vraiment ceux qui s’intéressent à l’histoire. Le guide Hachette* consacré à l’Espagne présente ainsi la Catalogne :
« Nation à l’intérieur d’une nation, la Catalogne affirme avec fierté son identité forgée au Moyen-Âge où elle devint une grande puissance navale... »

I. BARCELONE

    La visite de la capitale  de la Catalogne permet de comprendre l’originalité de la mentalité catalane.
   Barcelone est en effet une ville étonnante, une ville qui sort de l’ordinaire, une ville qui reflète  le caractère catalan, différent  sur bien des points du caractère espagnol.
La créativité y est foisonnante. Elle a vu naître de grands peintres : Salvador Dali, Joan Miró, Antoni Tàpies ; Picasso y a grandi.
   Barcelone est  une ville  dynamique attachée à la culture sous toutes ses formes : musique, théâtre, danse, littérature...  Jordi Teixidó qui travaille dans l’audiovisuel et le spectacle est l’un des représentants de cette créativité bouillonnante.

   Quand on arrive à Barcelone pour la première fois, on est saisi par  l’originalité des créations d’Antoni Gaudí, architecte-décorateur, bâtisseur d’immeubles et de monuments au style caractéristique mêlant la fantaisie et l'organisation des structures inspirées du gothique qu’on a nommé modernisme catalan. Ce mouvement   né du refus d’une architecture industrielle  accorde une grande place aux motifs naturels. Ce style peut d'abord déconcerter mais on s'y habitue facilement. 
    Depuis le Palais National, la vue sur la Place d’Espagne et la  colline qui a donné son nom au  quartier (Monjuïc) est superbe. Deux hautes tours en briques rouges, copiées sur le campanile de la basilique Saint-Marc de Venise  se dressent à l’entrée de l’avenue de la reine Maria Cristina.
   On ne peut quitter Barcelone sans avoir connu l’ambiance qui règne sur l’avenue de Las Ramblas. Ses cafés, ses kiosques à journaux, ses marchands de fleurs, son animation permanente ont fait la réputation de cet endroit de Barcelone, ville vivante que les drames n’ont pas fait taire.

En bateau

Sur la mer, le fleuve et le canal  



NARROW BOAT (Angleterre)

   Pendant des siècles, seul le bateau a permis de se rendre en Grande-Bretagne. 
Partir de Calais pour se rendre à Douvres ou à Folkestone avant de découvrir l’Angleterre, c’est le premier attrait du voyage. La traversée dure une heure et demie. Quand le temps est beau, on reste sur le pont pour regarder la mer, les autres bateaux et la terre qui se rapproche peu à peu. Parfois, le vent souffle plus fort que d’habitude, la mer est agité e et certains, peu à l’aise, n’attendent qu’une chose : retrouver rapidement la terre ferme.

     Depuis les temps lointains, la mer a attiré les aventuriers. C’est grâce à eux que de nouvelles terres ont été découvertes.
   De nos jours encore, sur des bateaux dotés d’une haute technologie, des solitaires partent en mer pour plusieurs semaines, plusieurs mois. Leur voyage a la plupart du temps un but philosophique. Ils se lancent un défi : ils cherchent à mieux se connaître ou à comprendre le monde.

   Autre univers. Une péniche avance lentement sur le Rhin ou la Seine. Quelques personnes à son bord regardent défiler le paysage.‭ Elles oublient la vitesse,‭ ‬elles prennent leur temps.
Certains pensent que cette forme de tourisme‭ ‬est désuète et réservée à des nostalgiques du passé.‭ ‬Ils se trompent. Le tourisme fluvial a de l’avenir,‭ ‬notamment parce que les étrangers  sont de plus en plus nombreux à l’apprécier.
    Naviguer sur une rivière ou ‬un fleuve,‭ ‬c’est ‭ ‬une autre manière de voyager, c’est profiter de la lenteur du bateau pour mieux voir les paysages,‭ pour se retrouver en famille ou entre amis, pour se ressourcer.

    Le canal, ouvrage des hommes, n'a pas l'aspect sauvage du fleuve ou de la rivière. Il n'en est pas moins un lieu plein de vie, avec sa flore, sa faune, ses péniches, ses écluses et les gens passionnés qui le fréquentent.
    Le charme du canal s'apprécie aussi bien à partir de ses berges qu'à bord d'un bateau. Découvrir la campagne à partir d'une barque ou d'une péniche offre des sensations inoubliables. Au fil de l'eau, sur une embarcation qui glisse lentement, avec douceur, on saisit la vie grouillante des berges, l'envol d'un héron, le flegme d'un flamant, le frémissement des roseaux.
   On échappe au rythme stressant du monde moderne. On privilégie la lenteur.

La Crète

 Ceux qui ne sont jamais allés en Crète connaissent au moins deux choses de cette île : la place qu’elle a tenue dans l’Antiquité avant de s’effacer devant la Grèce, et son régime alimentaire basé sur la consommation régulière de céréales complètes, de fruits et de légumes, de noix et de graines sans oublier l’huile d’olive et le verre de vin rouge quotidien. Un régime qui permet d’assurer aux Crétois une longévité supérieure à celle de beaucoup d’autres populations.
    D’autres raisons conduisent à visiter cette île qui a été rattachée à la Grèce en 1913, après des siècles d’histoire mouvementée.
La première est qu’elle a le charme de la plupart des îles ; l’omniprésence de l’eau est un atout touristique. Les plages, les ports, les beaux villages de pêcheurs comme Elounda. attirent les visiteurs.
   L’île possède d’autres atouts : ses paysages, les sites archéologiques (Knossos) et les villes. Heraklion est celle qui offre le plus d’intérêt ; outre son port, il faut voir son musée qui abrite de nombreuses pièces de la civilisation minoenne ( entre 2000 et 1400 av JC),

    L’îlot de Spinalonga est une curiosité à voir absolument. Situé au nord-ouest d’Elounda, cet îlot rocheux a d’abord été une forteresse servant à protéger la cité d’Olounta.
En 1903, il est devenu un refuge pour les lépreux crétois puis grecs. Vivant au départ dans des conditions rudimentaires, les lépreux ont montré une énergie étonnante pour vivre mieux. Ils ont transformé l'endroit.
    La léproserie a fermé en 1957 et Spinalonga est devenu un lieu touristique très fréquenté.
    Cette brève présentation de la Crète serait incomplète si l’importance des vents n’était pas évoquée. Vents froids, vents chauds. Ceux-ci ont inspiré le journaliste américain Donald MacNeil Doren qui a vécu dans l’île ; il a écrit un livre intitulé Winds of Crete qu'on peut lire pour mieux comprendre l'île.                         





DURAS et ses environs



Duras. Ce nom est connu dans le monde entier grâce à Marguerite, grande figure de la littérature et à son vin, le fameux Côtes-de-Duras. Intéressons-nous au village et à ses environs.
    Au nord-est du Lot-et-Garonne, aux limites  des départements de  la Gironde et de la Dordogne, le pays du Dropt offre ses paysages paisibles, ses vieux villages chargés d’ histoire. Là, on ne fait pas du tourisme au sens moderne du mot, on voyage  pour rencontrer des gens,  pour se plonger dans un passé que nous rappellent ici une vieille église, là un château perché sur une colline ou une place qui a conservé ses pavés usés.

    Duras est sans doute le village le plus connu de cette région, bien qu’il soit de taille modeste ( à peine 1 200 habitants, soit 500 de moins qu’au 19e siècle, ce qui prouve que les campagnes, malgré leur charme, n’ont pu malheureusement, résister à la désertification due à la révolution industrielle).
    Duras doit sa réputation à son vin, mais aussi à son château et à Marguerite Duras. 
Les liens entre la femme de lettres et la commune de Duras sont, il faut le dire, assez ténus. Si une place du village porte son nom, c’est parce que Marguerite, de son vrai nom Donnadieu,  avait choisi de prendre Duras pour pseudonyme, en se souvenant des agréables vacances passées dans sa jeunesse dans la maison familiale, près de là.

    Quant au château, témoin de nombreuses luttes pendant la guerre de Cent ans et les guerres de Religion, il fut détruit pendant la Révolution. Complètement restauré, après trois décennies de travaux, il présente la particularité d’appartenir depuis 1969 à la population : c’est en effet la municipalité qui l’a racheté et la mairie s’y est installée, près de l’entrée.

   On profitera de cette visite à Duras pour se promener dans les environs au milieu de  paysages tranquilles.



Entre Cancale et Saint-Malo

De Cancale à Saint-Malo

    La Bretagne est l’une des plus belles régions de France. Il faut y avoir fait plusieurs séjours pour en apprécier toute la beauté. Perros-Guirec, la pointe du Raz, Saint-Malo, Cancale, Vannes sont quelques-uns des endroits où il faut s’arrêter.
À Cancale c’est surtout le va-et-vient des ostréiculteurs animant les quais à longueur de qui m’a le plus étonné.
Il faut aussi voir la pointe du Grouin. Dans un silence troublé seulement par le chant des oiseaux, il suffit de marcher sur le sentier des douaniers pour découvrir la Bretagne maritime telle que Guillevic, le poète de Carnac, la ressentait.
Le paysage est époustouflant, grandiose. Même s’il a subi quelques modifications depuis les origines, il garde cet aspect sauvage qu’apprécient tant les amoureux de la nature. Tout dans ce lieu exprime la puissance : le roc battu par les vents résiste, la vague se déroule avec force, le fenouil marin qui s’incruste dans la roche et la falaise offre quelques taches claires parmi les couleurs sombres dominantes. Au-dessus de la mer, des goélands, des mouettes et des guillemots dansent un ballet qui exprime la vie, la liberté.
À la pointe du Grouin, l’air est vivifiant et le cadre idyllique.

La Bretagne a la réputation d’être pluvieuse ; c’est une légende. Je me suis rendu à Saint-Malo un jour d’octobre. Le soleil brillait et il faisait plus chaud que certains jours d’été. J’y ai surtout apprécié le quartier du port.
Il est dommage que la vieille ville grise ait été défigurée par des publicités agressives. De la terrasse où je buvais une bolée de cidre, je voyais des magasins semblables à ceux de tant d'autres villes, c’étaient les mêmes enseignes, les mêmes chaînes. La société marchande a envahi les lieux historiques.
Il faut un peu d’imagination pour deviner le Saint-Malo d’autrefois, sans voitures, sans panneaux publicitaires, et retrouver un instant la ville des aventuriers des mers…
Quand on est au cœur de la ville, il faut d'abord oublier l’uniformité de ces magasins moroses. Alors arrive du large une odeur pénétrante d’iode et de varech qui est celle de l'univers des marins...


POINTE DU GROUIN


mardi 20 mars 2018

PORQUEROLLES


PHOTO Baptiste ROSSI - Wikipedia


Récit 

 La colonie de vacances

    Je venais d’avoir neuf ans et pour la première fois de ma vie j’allais être séparé pendant un mois de ma famille. J’allais faire l’expérience de la colonie de vacances.
   En ce premier jour du mois d’août, mon père m’avait accompagné dans le train qui m’avait conduit de Boulogne à Paris puis après avoir traversé la capitale en métro, nous avions rejoint la gare de Lyon. Là, je me mêlai aux garçons qui comme moi se rendaient à l’autre bout de la France. Direction le Sud  et la ville d’Hyères.
   
L'île de Porquerolles


   La beauté des paysages m’a fait oublier l'ennui que je connaissais parfois. Ce fut d’abord la découverte de la Méditerranée. Les élèves qui n’ont pas la chance de voyager ne connaissent des lieux que leur emplacement sur une carte accrochée à un mur ou sur la page d’un livre de géographie. Les quelques photos qu’on peut y voir n’ont pas la puissance de sensibilisation qu’exerce la réalité. La mer d’un bleu si pur s’étalait devant moi, ici et là des rochers couverts de verdure émergeaient ; les arbres dégageaient des odeurs qui m’étaient inconnues.
    Et puis il y eut la visite de Porquerolles. Pour la première fois, je montais dans un bateau pour atteindre l’île.
   Je me souviens du phare qu’on voyait de loin, d’une petite église, mais c’est surtout la nature qui m’impressionnait. J’apercevais des arbres, des fleurs, des oiseaux superbes dont j’ignorais le nom. C’était la nature sauvage, à une époque où le tourisme de masse n’existait pas encore.
    Dans ma tête d’enfant, le paradis devait ressembler à ce paysage.


vendredi 16 mars 2018

Rêve, Utopie et Réalité

PHOTO Marc HALOT - pixabay.com
CHOIX DE TEXTE n° 13

    Dès les premières lignes de son livre Dire non, Edwy Plenel cite une phrase de Gramsci écrite en 1930 : « La crise consiste ... dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître. »
Et un peu plus loin, on trouve cette variante : « Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître et, dans ce clair-obscur, surgissent des monstres. »
Depuis quelques décennies, nous sommes entrés dans une période qui est trop longue pour être appelée crise ; nous sommes au cœur de la transition entre deux ères.
Ils sont nombreux ceux qui depuis quarante ans ont lancé des cris d’alarme pour faire prendre conscience d’une réalité qui mène l’humanité à sa perte.

    Alors que la société industrielle est en train de  s’écrouler, certains profitent de l’inquiétude créée par l’incertitude du lendemain pour semer la peur en  annonçant des dangers infondés au lieu de se préoccuper des vrais problèmes : la misère, la famine, le dérèglement climatique... On voit de tristes histrions déverser leur haine et leurs mensonges sur les écrans de toutes tailles. Vulgarité, médiocrité, bêtise, méchanceté, égoïsme, on n’en peut plus. 
   Dans une période où tout doit être refondé, où toutes les énergies devraient être tendues vers un retour aux équilibres grâce à une autre façon de penser, de vivre, de produire beaucoup de gens tournent le dos à la réalité. Celle-ci fait peur à certains, elle n’intéresse pas les cyniques et les égoïstes.

    Être raisonnable aujourd’hui, c’est affirmer que la société actuelle n’est plus acceptable.
Il faut en concevoir une autre. L’heure est à la mise en œuvre des utopies. Le poète Édouard Glissant a écrit :
« L’utopie n’est pas le rêve. Elle est ce qui nous manque dans le monde.»
Pour juger cette phrase, il faut d’abord définir les mots Utopie et Rêve. Pour cela le dictionnaire est peu utile.
Il précise que l’utopie « ne tient pas compte de la réalité » et qu’ « elle paraît irréalisable ». Quant au rêve, en dehors de l’activité psychique pendant le sommeil, il est une « construction de l’imagination destinée à échapper au réel ». Le Robert cite ensuite le mot illusion comme synonyme.
Pour le dictionnaire, le rêve et l’utopie ont un trait commun : il est impossible de les traduire dans la réalité. C’est une erreur. L’histoire nous rappelle que l’Homme  a longtemps rêvé de voler, d’aller sur la Lune ; il a inventé l’avion, la fusée et les outils permettant  de naviguer dans l’espace. Dans les siècles précédents des utopistes imaginaient la fin de la royauté, l’union européenne, l’abolition de l’esclavage, de la peine de mort, le droit de vote pour les femmes...Tout cela est devenu réalité.

   Le drame de notre époque est de ne pas croire suffisamment en l’Utopie. Aveuglés par leur soumission au Dieu Argent, ceux qui nous gouvernent conduisent le monde au chaos.




mardi 13 mars 2018

LONDRES, la Tamise et le port

LA TAMISE vue du 49e étage d'une tour
    Mes séjours à Londres ont été assez nombreux. Longtemps, en partant de Boulogne ou de Calais, une seule possibilité existait : il fallait traverser la Manche en bateau, on entrait en Angleterre à Folkestone ou à Douvres, et l’on poursuivait sa route vers Londres par divers modes de transport. Puis vint l’heure du Tunnel, de l’Eurostar et des navettes qui font gagner du temps mais n’ont pas le charme du ferry-boat.

    Comme pour beaucoup de gens, mes premières visites à Londres, faites en famille ou dans le cadre des voyages scolaires de fin d’année furent des plus classiques. Le choix des visites s’inspirait des guides touristiques, on allait voir ce qu’il ne faut pas manquer : Tower Bridge, Big Ben et la Tour de Londres, Buckingham Palace, la relève de la garde, l’abbaye de Westminster…Lors d'une autre visite on se promenait longuement dans les allées de Hyde Park, on passait une journée entière dans National Gallery qui est l’un des musées les plus intéressants au monde. Ou bien en allait découvrir un quartier pittoresque de la capitale, Notting Hill ou Camden Town, 

LA TAMISE ET LE PORT

     Mais la visite de Londres ne peut se limiter à ces lieux très fréquentés. On ne peut oublier la présence de la Tamise qu’on a déjà pu apercevoir en passant devant Tower Bridge. Pour en avoir une vue plus large, il faut se rendre au dernier étage d’une des hautes tours qui ont surgi au siècle dernier. Alors, entre les bâtiments anciens et modernes on aperçoit le fleuve qui coule lentement   faisant de nombreux méandres.

   Londres est aussi un port important. Soixante kilomètres séparent Tower Bridge de l’estuaire. Dans le Grand Londres, le port fluvial accueille les petits bateaux. Il y a une quarantaine d’années on a commencé à réhabiliter le quartier des Docks, à l’est de la ville. Cette réalisation est une belle réussite ; les commerces, les résidences, la qualité de l’architecture ont donné à ce quartier dynamique un aspect agréable. Je conseille d' aller s’y promener.



QUARTIER DES DOCKS 

vendredi 9 mars 2018

Printemps des Poètes 2018




POÉSIE (choix de texte n° 12)


    Que représente la poésie en ce début de siècle tumultueux?
Est-elle essentielle à l'Homme ou  n'est-elle qu'un  aimable divertissement, l'alignement de mots aux sonorités plus ou moins belles, un simple jeu de l'esprit? 
La poésie, étrangère à tant d'individus, serait-elle condamnée à rester un mode d'expression réservé à quelques amateurs?

   La poésie, pour beaucoup, souvenir du temps de l'école primaire où elle n'était qu'un exercice de mémoire. Apprendre par cœur un texte qu'on n'avait pas choisi et qui parfois n'évoquait rien !  Certains enseignants croyant bien faire proposent à leurs élèves des textes sans grande valeur poétique. Ils oublient que la poésie ne  doit pas être nécessairement comprise : le langage poétique s’écartant de la langue courante, ce qui compte avant tout, c’est l’émotion enveloppée de mystère créée par la musicalité des mots, l’originalité du style et la force des images. Arthur Rimbaud plutôt Pierre Dupont ! (J'ai deux grands bœufs dans mon étable).
Plus tard, au collège et au lycée, il fallut disséquer, analyser le poème. Le texte était si trituré qu'on en oubliait l'essence, la beauté de la musique qui se dégageait des mots.
Et c'est ainsi que des générations d'élèves sont passés à côté de la poésie, que certains  en furent dégoûtés à tout jamais.

   Il en faudra du temps - et sans doute l'avènement d'une société moins matérialiste - pour que la poésie occupe une place plus importante !
   
L'ARDEUR,
thème du 20e Printemps des Poètes


   Il faut bien le dire : en 2018 la poésie n’occupe toujours pas la place qui devrait être la sienne. Dans les grands médias, elle est quasiment absente ; en dehors des ouvrages destinés aux scolaires, les livres de poésie se vendent plutôt mal. Heureusement il existe des manifestations telles que le Printemps des Poètes et des hommes et des femmes qui défendent la poésie avec persévérance. Enfin il y a celles et ceux ceux qui la font, poètes ayant acquis une certaine notoriété  et poètes inconnus.

    En choisissant l’ardeur comme thème de l’édition 2018, les organisateurs ont visé juste.
En effet, l’ardeur qui signifie chaleur vive, fougue et énergie, est ce dont le poète a besoin pour traduire sur le papier les sentiments, les états d’âme qui le traversent.
   L’ardeur lui est nécessaire pour refuser les travers de  son époque et proposer une vision plus élevée du monde, pour combattre les injustices de la société, pour s'extraire de la médiocrité dans laquelle se complaît une partie de ses congénères. 
Certains poètes ont payé de leur vie leur engagement en faveur des libertés, beaucoup ont été incompris.
La société a besoin de ces visionnaires qui préparent un monde meilleur (Arthur Rimbaud, Charles Baudelaire, Pablo Neruda, Federico Garcia Lorca, Anna Akhmatova, Julia de Burgos...)






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