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Lorsqu’on
jette un regard sur l’histoire de notre pays, on constate un fait
permanent : à toutes les époques, sous tous les régimes, il y a eu
des inégalités sociales criantes, les uns vivant dans l’opulence,
d’autres usés par les tâches dures vivant dans la pauvreté. Et
les exclus ne mangeant pas à leur faim, parfois privés de toit.
Puis
la déclaration des droits de l’Homme a proclamé l’égalité
entre toutes les personnes. Peu de temps après, on est entré dans
l’ère industrielle. La misère n’était plus tout à fait la
même : les famines liées aux caprices du climat disparaissaient, la
pauvreté s’installait dans les villes, près des usines où des
enfants de moins de dix ans travaillaient, et la richesse se
déplaçait des vieilles familles nobles vers les nouveaux maîtres
de l’industrie.
De
nombreux auteurs ont décrit l'injustice de la situation sociale au
19e siècle : Emile Zola, Victor Hugo, dans ses romans et ses poèmes.
On n’a pas oublié ces orphelins du poème Rencontre (1).
Ceux-là
n’avaient « Pas d'abri. Tous pieds nus ; excepté le
dernier
Qui
traînait, pauvre amour, sous son pied qui chancelle,
De
vieux souliers trop grands noués d'une ficelle.
Dans
des fossés, la nuit, ils dorment bien souvent.
Aussi,
comme ils ont froid, le matin, en plein vent,
Quand
l'arbre, frissonnant au cri de l'alouette,
Dresse
sur un ciel clair sa noire silhouette ! »
Jean
Richepin (1849-1926) plaignait la petite fille misérable qu’il
avait croisée dans la rue :
"Quel
est sur le trottoir blanc
Cet être noir et tremblant
Qui sanglote ?
La pauvre enfant ! Regardez.
La toux, par coups saccadés,
La secoue,
Et la bise qui la mord
Met les roses de la mort
Sur sa joue."
Cet être noir et tremblant
Qui sanglote ?
La pauvre enfant ! Regardez.
La toux, par coups saccadés,
La secoue,
Et la bise qui la mord
Met les roses de la mort
Sur sa joue."
Nous
sommes au 21e siècle et cette misère insoutenable persiste et gagne
du terrain.
«
Il est temps de nous demander où en est le processus d’humanisation
déclenché il n’y a somme toute pas longtemps » écrivait
Théodore Monod.
Où
en est-on aujourd’hui ?
En France, la situation ne s’est pas améliorée. La pauvreté est toujours là et comporte différents degrés.
En France, la situation ne s’est pas améliorée. La pauvreté est toujours là et comporte différents degrés.
La
précarité touche d’abord ceux qui sont au chômage mais aussi
ceux qui exercent de courts CDD, ceux qui ont un emploi aidé et
vivent avec la moitié du Smic. Ceux-là ne gagnent pas assez pour
se loger décemment. Nombreux sont ceux qui doivent s’adresser aux
Restos du Cœur pour manger à
leur faim.
La
pauvreté extrême est visible en permanence. Dans des abris de
fortune, parfois dans des tentes, vivent des femmes, des hommes et des
enfants que la société a jetés dans la rue.
Parmi
eux, des réfugiés qui ont dû quitter leur pays pour échapper à
la guerre, à la répression, à la malnutrition. Depuis deux
décennies, l’Europe libérale est incapable de trouver une
solution à leur problème. Elle ne veut accueillir que des réfugiés
politiques - en petit nombre - alors qu’il faudrait aussi s’occuper des réfugiés
économiques et écologiques qui seront de plus en plus nombreux.
Notre
société a oublié les valeurs qui font la grandeur d’une
civilisation. Parmi celles-ci, la solidarité qu’il est nécessaire
de raviver.
Décembre 2010 - mars 2018
(1)
Rencontre : extrait de « Les rayons et les ombres »
(1)
Rencontre: extrait de « Les rayons et les ombres »
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