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vendredi 23 mars 2018

À propos de la misère

PHOTO TERIMAKASIH0 - pixabay.com

Choix de texte n°14

   Lorsqu’on jette un regard sur l’histoire de notre pays, on constate un fait permanent : à toutes les époques, sous tous les régimes, il y a eu des inégalités sociales criantes, les uns vivant dans l’opulence, d’autres usés par les tâches dures vivant dans la pauvreté. Et les exclus ne mangeant pas à leur faim, parfois privés de toit.

   Puis la déclaration des droits de l’Homme a proclamé l’égalité entre toutes les personnes. Peu de temps après, on est entré dans l’ère industrielle. La misère n’était plus tout à fait la même : les famines liées aux caprices du climat disparaissaient, la pauvreté s’installait dans les villes, près des usines où des enfants de moins de dix ans travaillaient, et la richesse  se déplaçait des vieilles familles nobles vers les nouveaux maîtres de l’industrie.
De nombreux auteurs ont décrit l'injustice de la situation sociale au 19e siècle : Emile Zola, Victor Hugo, dans ses romans et ses poèmes. On n’a pas oublié ces orphelins du poème Rencontre (1).
Ceux-là n’avaient « Pas d'abri. Tous pieds nus ; excepté le dernier 
Qui traînait, pauvre amour, sous son pied qui chancelle, 
De vieux souliers trop grands noués d'une ficelle. 
Dans des fossés, la nuit, ils dorment bien souvent. 
Aussi, comme ils ont froid, le matin, en plein vent, 
Quand l'arbre, frissonnant au cri de l'alouette, 
Dresse sur un ciel clair sa noire silhouette ! »

Jean Richepin (1849-1926) plaignait la petite fille misérable qu’il avait croisée dans la rue :

"Quel est sur le trottoir blanc
Cet être noir et tremblant
Qui sanglote ?

La pauvre enfant ! Regardez.
La toux, par coups saccadés,
La secoue,
Et la bise qui la mord
Met les roses de la mort
Sur sa joue."

     Nous sommes au 21e siècle et cette misère insoutenable persiste et gagne du terrain.
« Il est temps de nous demander où en est le processus d’humanisation déclenché il n’y a somme toute pas longtemps » écrivait Théodore Monod.

Où en est-on aujourd’hui ? 
    En France, la situation ne s’est pas améliorée. La pauvreté est toujours là et comporte différents degrés.
La précarité touche d’abord ceux qui sont au chômage mais aussi ceux qui exercent de courts CDD, ceux qui ont un emploi aidé et vivent avec la moitié du Smic. Ceux-là ne gagnent pas assez pour se loger décemment. Nombreux sont ceux qui doivent s’adresser aux Restos du Cœur pour manger à leur faim.
    La pauvreté extrême est visible en permanence. Dans des abris de fortune, parfois dans des tentes, vivent des femmes, des hommes  et des enfants que la société a jetés dans la rue.
   Parmi eux, des réfugiés qui ont dû quitter leur pays pour échapper à la guerre, à la répression, à la malnutrition. Depuis deux décennies, l’Europe libérale est incapable de trouver une solution à leur problème. Elle ne veut accueillir que des réfugiés politiques - en petit nombre - alors qu’il faudrait aussi s’occuper des réfugiés économiques et écologiques qui seront de plus en plus nombreux.
   Notre société a oublié les valeurs qui font la grandeur d’une civilisation. Parmi celles-ci, la solidarité qu’il est nécessaire de raviver.

Décembre 2010 - mars 2018

(1) Rencontre : extrait de « Les rayons et les ombres »























(1) Rencontre: extrait de « Les rayons et les ombres »



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