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PHOTO Marc HALOT - pixabay.com |
Dès
les premières lignes de son livre Dire non, Edwy Plenel
cite une phrase de Gramsci écrite en 1930 : « La crise
consiste ... dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne
peut pas naître. »
Et
un peu plus loin, on
trouve cette
variante : « Le vieux monde se meurt, le nouveau tarde à apparaître
et, dans ce clair-obscur, surgissent des monstres.
»
Depuis
quelques décennies, nous sommes entrés dans une période qui est
trop longue pour être appelée crise ; nous sommes au cœur de
la transition entre deux ères.
Ils
sont nombreux ceux qui depuis quarante ans ont lancé des cris
d’alarme pour faire prendre conscience d’une réalité qui mène
l’humanité à sa perte.
Alors
que la société industrielle est en train de s’écrouler,
certains profitent de l’inquiétude créée par l’incertitude du
lendemain pour semer la peur en annonçant des dangers infondés
au lieu de se préoccuper des vrais problèmes : la misère, la
famine, le dérèglement climatique... On voit de tristes histrions
déverser leur haine et leurs mensonges sur les écrans de toutes
tailles. Vulgarité, médiocrité, bêtise, méchanceté, égoïsme,
on n’en peut plus.
Dans
une période où tout doit être refondé, où toutes les énergies
devraient être tendues vers un retour aux équilibres grâce à une
autre façon de penser, de vivre, de produire beaucoup de gens
tournent le dos à la réalité. Celle-ci fait peur à certains, elle
n’intéresse pas les cyniques et les égoïstes.
Être
raisonnable aujourd’hui, c’est affirmer que la société actuelle
n’est plus acceptable.
Il
faut en concevoir une autre. L’heure est à la mise en œuvre
des utopies. Le poète Édouard
Glissant a écrit :
«
L’utopie n’est pas le rêve. Elle est ce qui nous manque dans le
monde.»
Pour
juger cette phrase, il faut d’abord définir les mots Utopie et
Rêve. Pour cela le dictionnaire est peu utile.
Il
précise que l’utopie « ne tient pas compte de la réalité »
et qu’ « elle paraît irréalisable ». Quant au
rêve, en dehors de l’activité psychique pendant le sommeil, il
est une « construction de l’imagination destinée à échapper
au réel ». Le Robert cite ensuite le mot illusion comme
synonyme.
Pour
le dictionnaire, le rêve et l’utopie ont un trait commun : il
est impossible de les traduire dans la réalité. C’est une
erreur. L’histoire nous rappelle que l’Homme a longtemps rêvé de voler,
d’aller sur la Lune ; il a inventé l’avion, la fusée et les outils permettant de naviguer dans l’espace. Dans les siècles précédents des
utopistes imaginaient la fin de la royauté, l’union européenne,
l’abolition de l’esclavage, de la peine de mort, le droit de vote
pour les femmes...Tout cela est devenu réalité.
Le
drame de notre époque est de ne pas croire suffisamment en l’Utopie. Aveuglés
par leur soumission au Dieu Argent, ceux qui nous gouvernent
conduisent le monde au chaos.
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