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samedi 31 octobre 2015

Une photo, une phrase ( n°8 ) : le cheval




J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.

Le cheval



Cette photo a été prise cette année à la fin de l’été lors d’une promenade dans le Boulonnais. Je n’avais pas ce jour-là mon appareil photo ; le smartphone a fait l’affaire pour enregistrer la scène qui m’avait étonnée.

La phrase

Ce jour-là, me promenant dans la campagne sur une petite route goudronnée, je décidai tout à coup de prendre un sentier caillouteux et pentu qui traversait les prés ; dans l’un d’eux, se  trouvait un cheval  qui, à ma grande surprise, vint vers moi dès qu’il me vit et il m’accompagna ainsi pendant plusieurs minutes avant de s’arrêter lorsque nos chemins se séparèrent, comme s'il voulait me saluer ou réclamer une caresse.

vendredi 30 octobre 2015

Humeurs n° 14. Télévision : un débat raté

« Ça ne fait rien, nous vivons un temps bien singulier ” 
( Georges Brassens - L’épave)

Les billets regroupés dans cette catégorie illustrent cette sentence qui n’a pas pris une ride depuis 1966.



Télévision  : un  débat politique raté

J’étais ce mardi soir devant mon poste de télé pour suivre le débat sur les élections régionales organisé par Europe 1, la Voix du Nord et I-télé. 
Sur le plateau,  trois candidats de la nouvelle région Nord- Pas-de-Calais- Picardie et trois journalistes représentant les médias organisateurs.
Je n’attendais pas de miracle de ce débat ; il fut carrément désastreux.

Dans un monde sensé, un tel débat aurait mis face à face tous les candidats ( Pourquoi seulement trois, alors que les autres avaient des choses à dire et que la démocratie fonctionne mieux quand tout le monde peut s’exprimer  ?). 
On aurait   dressé un bilan des exécutifs sortants, chacun aurait donné sa vision de la nouvelle région en énonçant les points forts de son programme. Les journalistes auraient veillé à ce que chacun respecte la parole de l’autre. Ils auraient posé les questions qui auraient permis au télé‭spectateur d’avoir une idée claire de l’action que chaque candidat souhaitait mener pour sa région.

‭Dans le monde insensé où nous sommes, la télévision ne se soucie pas d’informer le citoyen ; il faut avant tout assurer le spectacle et faire la meilleure audience possible. 
‭Dans cette conception absurde, Madame Le Pen est une bonne “ cliente”. Qu’elle soit sur un plateau ou qu’elle refuse de venir, elle suscite de nombreux commentaires. Elle pense qu’il n’est pas nécessaire de développer un programme ; celui-ci est contenu dans quelques phrases sans cesse répétées : l’étranger serait, selon elle, la cause de tous nos maux. il faut le rejeter.
Rares sont ceux qui la contredisent quand  elle déclare ces propos insuportables.

‭Son challenger de droite n’était pas en grande forme ce soir-là et son projet pour la région qu’il voudrait présider est resté bien flou. Par ailleurs ses attaques personnelles n’ont pas grandi le personnage.

‭Le candidat du PS partait avec un sérieux handicap : un manque de notoriété, son soutien à un gouvernement qui a beaucoup déçu, des sondages peu favorables et un taux de chômage à plus de 12 % dans le Nord- Pas-de-Calais. Sa tâche était compliquée.

‭Des journalistes dépassés, notamment Jean-Pierre Elkabach sans doute fatigué par une très longue carrière ; des invectives et des attaques personnelles pleuvant sur le plateau ; des réponses imprécises et parfois mensongères données dans une cacophonie qui rendait  incompréhensibles les propos tenus,  finalement il n’y a pas eu de débat.
‭Car le débat, c’est la réunion de personnes qui écoutent ceux qui parlent, qui échangent en argumentant, qui se respectent.
‭Nous avons eu droit à une de ces disputes qu'on connaît de temps à autre dans les cours d’école.


samedi 24 octobre 2015

Une photo, une phrase : Bruxelles manifeste



J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.

Bruxelles
C’était un matin frais de décembre, en 2011. Nous avions décidé de passer la journée à Bruxelles et, en marchant sur le place de Broukère et sur « les pavés de la place Sainte-Catherine» nous pensions bien sûr à Jacques Brel. La visite du musée qui lui est consacré, place de la Vieille Halle aux Blés, était d’ailleurs au programme. J’ignorais qu’une grande manifestation en faveur de la lutte contre le changement climatique avait lieu ce jour-là à Bruxelles.



Bruxelles manifeste : la phrase

Nous marchions d'un pas vif dans les rues de Bruxelles pour lutter contre le froid de décembre, nous arrêtant de temps à autre pour mieux voir les beautés  de la ville, quand tout à coup des bruits et des chants attirèrent notre attention ; nous nous dirigeâmes vers eux : c’était un défilé joyeux de chars, de marcheurs portant des drapeaux et des ballons de toutes les couleurs qui traversaient la ville pour attirer l’attention  sur le changement  du climat que deux siècles d’inconscience ont provoqué et dont nous ne savons pas encore si l'Homme est prêt à tout faire pour éviter le pire. 

vendredi 23 octobre 2015

Réalité de la vie citoyenne en France




Le  citoyen français a  le droit de prendre part à la vie démocratique ; il peut s’engager dans la vie politique  en votant, en y étant actif, en étant élu. Il peut  adhérer à un syndicat, participer à une association, à des actions collectives...
Le champ de la citoyenneté est donc large. Mais, au-delà des définitions et des textes, quelle est la réalité de la vie citoyenne  en France ?

Depuis deux décennies, celle-ci connaît une crise qui touche le domaine politique ( perte de crédibilité des politiques, taux d’abstention élevé lors des élections) et le domaine social ( le dialogue salariés/patronat fonctionne mal, le droit au travail pour tous n’est pas respecté ; le chômage reste élevé et la précarité persiste)

La démocratie est en panne dans la vie politique pour plusieurs raisons.
L’élection du président de la République au suffrage universel l’a paralysée en concentrant les pouvoirs dans les mains d’un seul homme ; elle a eu pour conséquence de transformer les partis en « écuries » présidentielles ; cela a favorisé les grandes formations  ( deux d’entre elles, puis trois actuellement). 
Le fait de ne pas adopter la proportionnelle ( qui est le seul système juste ) a écarté des lieux décisionnels les porteurs d’idées minoritaires et a poussé certains d’entre eux à nouer des alliances dans lesquelles  leur discours et leur action ont perdu une partie de leur force.

Si l’on ajoute à cela un mode de fonctionnement archaïque des partis où chaque camp se contente de soutenir ou de contrer le gouvernement en place, on comprend l’appauvrissement du débat démocratique actuel, illustré par le dernier « référendum » organisé dernièrement par le PS, une consultation qualifiée - sans rire - de succès alors qu’elle n’a recueilli que 250 000 votes  ( rappelons que les voix de gauche s’élevaient au 2e tour de la présidentielle de 2012 à 18 millions !)

Le citoyen de 2015 n’a que faire de ces manœuvres : pour lui la politique sert à résoudre les problèmes de la société ; il veut que les promesses soient tenues, il souhaite être écouté et il aimerait pouvoir participer  davantage à la vie de la cité.

Devant ce déficit de citoyenneté, il est nécessaire  de sortir du schéma actuel des partis qui attirent de moins en moins de monde et inventer de nouvelles formes d’engagement qui favoriseraient le débat, où la parole serait plus libre, où les positions ne seraient pas figées à jamais. En effet, sur certaines questions, des majorités peuvent se créer hors du clivage des partis. 

La citoyenneté dans l’entreprise ou l’administration ne se porte pas mieux.
L’autogestion qui est la forme la plus élaborée de la démocratie sur le lieu de travail ne fait plus recette. 
En France le syndicalisme  attire moins les salariés que dans les autres pays européens ( 8% de syndiqués seulement selon le magazine Challenges,  74 % en Finlande).

Le  dialogue social est de plus en plus difficile. Le salarié se sent méprisé car il sait qu’il n’est pas au cœur du projet de l’entreprise. Ses droits sont de plus en plus menacés. 
Aujourd’hui tout travailleur, qu’il soit ouvrier ou cadre, vit dans la crainte du chômage. Tous les secteurs sont touchés ; on a eu  récemment  un exemple effarant du management moderne  dans le monde des médias avec la mise à l’écart, par le seul fait du prince, des principaux cadres de Canal +.

Dans de telles conditions, l’exercice de la citoyenneté devient impossible. Seule une autre forme d’économie peut garantir le respect de ce droit.

mercredi 21 octobre 2015

Horizon 2050 n°5 : changement climatique et effet de serre

La lutte contre le dérèglement climatique ne doit pas être l’affaire des spécialistes, elle concerne tous les citoyens de France  et d’ailleurs.

Le but de ces billets précédant  la COP 21 est  d’apporter les informations de base permettant de préciser les enjeux de celle-ci.


Le changement climatique, l'effet de serre

Le dérèglement actuel du climat est dû aux émissions de gaz à effet de serre.

L’effet de serre est un phénomène naturel ; il a permis à la vie humaine de se développer sur notre planète :‭ ‬certains gaz,‭ ‬présents dans l’atmosphère,‭ ‬sont transparents au rayonnement solaire et permettent à la lumière de nous atteindre,‭ ‬mais ils piègent la chaleur formée par cette lumière au contact du sol.‭ ‬Sans l’effet de serre,‭ ‬la surface de la Terre aurait une température moyenne de‭ ‬-18°C ( au lieu de + 15° ).

Ce qui pose problème,‭ ‬ce n’est pas l’effet de serre en lui-même,‭ ‬mais le fait que les activités humaines  aient provoqué l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre‭ (‬dioxyde de carbone et méthane principalement‭)‬,‭ ‬depuis les débuts de l’ère industrielle,‭ ‬et de manière croissante au fil du temps.‭ 
Le changement de composition de l’atmosphère provoqué par l’Homme a réchauffé la planète de manière globale,‭ ‬mais ses effets au niveau régional sont  différents‭ ‬du fait de la perturbation des courants atmosphériques et océaniques. C’est pourquoi il est plus juste de parler de dérèglement : celui-ci se traduit par le réchauffement de certaines régions, le‭ ‬refroidissement d’autres zones,‭ une ‬augmentation du niveau des océans qui menace de submerger les zones côtières,‭ une ‬augmentation de la fréquence des événements climatiques extrêmes,‭ un affaiblissement de‬ la biodiversité‭… 

La vitesse à laquelle se produit ce changement est cent‭ ‬fois supérieure à celle des changements climatiques que la Terre a connus dans le passé (‭ ‬ce qui rend ses effets potentiellement plus graves,‭ ‬et plus difficiles à prévoir). 
Cette accélération du phénomène est la preuve que  les  activités humaines en sont la cause.

Si les scientifiques sont partagés sur la nature des menaces qui pèsent sur l’humanité,‭ ‬il est certain en revanche que le changement climatique  va continuer à s’aggraver si les pays développés  ne changent pas  rapidement leur façon de produire et de consommer, d’où l’importance de la COP 21 qui va se dérouler à Paris.
On sait aussi que les populations les plus vulnérables seront les populations les plus pauvres,‭ ‬celles que leurs habitats ne‭  ‬protègent pas contre les événements climatiques extrêmes,‭ ‬celles qui dépendent pour leur survie de leurs récoltes‭…

‭Deux types de décisions sont attendus de la conférence :
- Prendre des mesures efficaces pour assurer la sécurité des  populations en danger.
- Prendre des engagements concrets pour atteindre l’objectif  de zéro carbone en 2080 ( objectif fixé par les scientifiques)




lundi 19 octobre 2015

Carnet de bord - semaine 43 : le musée de l'Homme

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».



La réouverture du musée de l’Homme,  le 17 octobre à Paris, est une bonne nouvelle. 
D’abord pour la culture. Les collections qu’on peut y voir rassemblent de nombreuses pièces qui permettent d’enrichir nos connaissances sur l’histoire de l’Homme, son évolution, ses rapports avec la nature. Elles apportent des éléments de réponses aux trois questions que chacun se pose : « Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ?

Ensuite, pour le message qu'il délivre.

À l’heure où resurgissent des propos ahurissants  sur “ la race blanche” , le musée explique comment les classifications ont été inventées et pourquoi, derrière la différence des cultures et des traits physiques, il y a une unité de l'espèce humaine.


Dès 1950, l'UNESCO dans une " Déclaration sur les races " avait invité les biologistes à rappeler sans cesse que la notion de race humaine n'est pas valide scientifiquement.

En 1974, la découverte du fossile Lucy, à Hadar ( Ethiopie ), par une équipe de chercheurs parmi lesquels figurait Yves Coppens apportait des éléments nouveaux sur les origines de l'Homme.
Des recherches plus récentes ont permis à Howard Cann, chercheur, d'écrire en 2008 que « tous les hommes descendent d'une même population d'Afrique noire, qui s'est scindée en plusieurs branches au fur et à mesure du départ de petits groupes dits fondateurs. Leurs descendants se sont retrouvés isolés par des barrières géographiques (montagnes, océans…), ce qui a favorisé les différenciations.

Plus récemment encore, des études sur  l’ADN d’hommes d’aujourd’hui ont montré qu’une part  du génome de l’homme de Néandertal subsisterait  chez les populations modernes d'Europe et d'Asie, ce qu’on pensait impossible jusqu’à présent.
Toutes ces connaissances nouvelles devraient mettre fin aux fantasmes  de ceux qui nient la réalité scientifique.

De même, la question des migrations au cœur de l’actualité ces dernières temps apparaît banale pour l’anthropologue puisqu’elle est présente depuis des millions d’années.
Et pour rester dans l’actualité, il y a aussi le changement climatique. Le musée l’Homme nous rappelle que l’être humain a toujours eu un lien privilégié avec le climat. Pendant trois millions d’années, il a vécu dans les conditions d’un développement « durable » ; il a suffi de deux siècles à l’homme de l’ère industrielle pour détruire  les équilibres.

Comprendre l'homme dans sa globalité, c'est le grand intérêt du musée de l'Homme.

samedi 17 octobre 2015

Une photo, une phrase : Un instant de grâce





J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.

Un instant de grâce
Cette photo  a été prise au bord du Lot, dans le département de la Lozère, un soir de juin (en 2015)



La phrase
Il suffit parfois de peu de chose pour éprouver l’espace d’un instant un sentiment de plénitude ; il suffit de regarder une rivière qui coule tranquillement devant vous, un couple de hérons qui passe en rasant la surface de l’eau et puis soudain, au moment où le soleil va se coucher derrière la montagne, vous apercevez, étonné, des rayons violacés qui traversent comme dans un rêve la paille couvrant le toit d’une terrasse et vous vos sentez heureux.

vendredi 16 octobre 2015

HORIZON 2050 : COP 21 - Les obstacles à éviter

Au moment où la France s’apprête - du 30 novembre au 11 décembre - à accueillir  la COP 21 qui devra prendre des décisions importantes pour l’avenir de l’humanité, il paraît utile de rappeler quelques repères permettant d’appréhender la transition écologique dans sa globalité.


On présente généralement  la COP 21 comme un évènement décisif pour lutter contre le dérèglement climatique et la communication des responsables politiques et associatifs porte essentiellement sur la nécessité de s’engager dans la sortie des énergies fossiles, responsables de 80 % de la hausse des émissions de gaz à effet de serre.
Il s’agit là d’un objectif technique qui permettrait de limiter le réchauffement climatique à deux degrés au maximum.
Pour que cela soit possible, il faut, comme le réclame le WWF, que le mix énergétique mondial  s’élève à 25 % dès 2020 pour atteindre 100 % à l’horizon 2050 qui devrait être l’an 1 de l’ère nouvelle.

La première difficulté de cette conférence sera de convaincre les 195 pays  qui y participent.
Les précédents sommets sur le climat se sont tous achevés sur un échec, certains grands pays comme les Etats-Unis refusant le moindre effort au nom de leurs intérêts économiques. Il faut espérer qu’à Paris la prise de conscience des menaces qui pèsent sur l’humanité sera plus forte que par le passé.

Si ce premier obstacle est franchi, encore faudra-t-il que les décisions prises soient suivies d’effets. Il faut tirer la leçon du sommet de Rio de 1992 qui avait débouché sur l’idée d’un développement soutenable qui n’a pas suffisamment été appliqué puisque la situation écologique de la planète n’a cessé de se dégrader.
La France est l’exemple type du pays qui  mène dans certains domaines des politiques contraires au développement soutenable : en matière de transport ( projet d’aéroport, abandon de l’écotaxe...), d’agriculture ( soutien à une agriculture intensive, à l’élevage industriel...), d’énergie ( non respect des engagements*, part insuffisante des énergies renouvelables...)

Enfin, il faut avoir en tête que la lutte contre le dérèglement climatique ne se limite pas à la mise en place de mesures techniques, certes nécessaires mais insuffisantes.
La question du climat étant mondiale, elle nécessite une autre forme de mondialisation basée sur la sobriété énergétique et sur la solidarité ; partout dans le monde, des projets économiques  locaux respectant ces principes doivent voir le jour. 
L’imagination, l’innovation, l’engagement citoyen,  seront nécessaires pour développer cette nouvelle économie.

Cela signifie qu'après la COP 21, le sort de la transition sera plus que jamais dans les mains de chacun de nous.

* Grenelle de l'environnement,  fermeture de Fessenheim qui tarde à venir...

mercredi 14 octobre 2015

HUMEURS : La réputation




« Au village, sans prétention, 
J'ai mauvaise réputation (...) 
Je ne fais pourtant de tort à personne, 
En suivant mon ch’min de petit bonhomme ; 
Mais les brav’s gens n'aiment pas que 
L'on suive une autre route qu'eux…» 
( Georges Brassens - La mauvaise réputation)

J’aurais pu citer un(e) philosophe - par exemple Gloria Origi qui vient d’écrire un livre sur le sujet) pour introduire ce billet d’humeur, mais je pense que la chanson de Brassens expose clairement le fond du problème : les gens ont tendance à se méfier de ceux qui ne vivent pas comme eux, des gens qui sont différents d’eux.
La réputation n’est pas toujours une appréciation objective s’appuyant sur des faits, sur des statistiques, elle est souvent l’objet de préjugés relevant de l’ignorance ou de la volonté de nuire ( en faisant courir des rumeurs, en calomniant).

Le respect de la réputation était enseigné autrefois dans les livres de morale. Les élèves apprenaient qu’« un coup de langue est pire qu’un coup de lance ».
À‭ l’heure du numérique, la réputation des personnes peut être détruite par des propos malveillants. Il existe des sites ( par exemple Yatedo) qui bâtissent une biographie des gens et leur e-réputation sans leur consentement.
‭Quand on sait que les recruteurs scrutent le web pour se renseigner sur ceux qui sollicitent un emploi, les conséquences de ces agissements peuvent être graves.

La réputation ne concerne pas seulement les personnes, mais aussi les corps de métiers, les établissements, les habitants d’une région, d’un pays...
Là encore, le jugement porté manque souvent d’objectivité ; il est influencé par les préjugés, parfois  par la xénophobie ou le racisme...et aussi par la tricherie.

Certains restaurants, certains hôtels, peuvent avoir sur le web une  réputation ( bonne ou mauvaise) qui a été fabriquée de manière malhonnête. Des établissements scolaires ont une réputation usurpée quand, en obtenant des résultats inférieurs à d’autres, ils apparaissent meilleurs parce qu’ils sont implantés dans un beau quartier.
On attribue à certains fonctionnaires, à des gendarmes, des défauts qu’ils n’ont pas ; on fait aux Corses, aux Bretons, aux Polonais, aux Belges et à bien d’autres des réputations infondées.

Comme il y a peu d’espoir de voir l’objectivité régner un jour dans ce domaine, il reste peu de solutions : se moquer de la réputation qu’on nous fait et n’intervenir que lorsque les limites sont dépassées !

lundi 12 octobre 2015

Carnet de bord ( semaine 42)

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but de faire entendre « la rumeur du temps présent ».


L'optimisme, la réalité, l'action  

Il y a tellement d’écrivains et  de philosophes désespérants dans le monde d’aujourd’hui qu’il est agréable de lire et d’écouter ceux qui délivrent des messages d’espoir. Michel Serres fait partie de ceux-là.
C’est un auteur qui ne cesse de montrer son optimisme, à tel point qu’il lui arrive de ne pas voir la réalité : quand, par exemple, il définit notre époque « comme un âge doux » parce que le monde serait « pacifié » depuis 70 ans, il se trompe ; certes depuis 1945, aucune guerre mondiale n’a eu lieu mais un peu partout dans le monde les conflits se sont succédé  et continuent aujourd’hui encore. L’historien américain Daniel Pipes en a recensé, pendant cette période, 67 ayant occasionné plus de 10 000 morts. (http://fr.danielpipes.org).

Cela dit, Michel Serres  travaille depuis des années à la définition d’un monde nouveau  et avance des idées intéressantes ; son discours mérite d’être entendu.

Dans un entretien récent , interrogé sur l’évolution du monde, il répondait qu’il voyait dans la mutation qui s’est produite depuis le 19e siècle trois faits  marquants : la disparition de la paysannerie dans les pays développés, l’explosion démographique et l’invention des nouvelles technologies. Je partage cette analyse.

Mise à jour :
1er Juin 2019 - J'apprends aujourd'hui le décès de Michel Serres. L'homme disparaît mais sa pensée positive continuera d'inspirer celles et ceux qui se battent pour construire un monde meilleur.

samedi 10 octobre 2015

Une photo, une phrase : Rencontre avec des lémuriens




J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.

Les lémuriens

Primates de taille très variable, installés sur l’île de Madagascar depuis une soixantaine de millions d’années, les lémuriens sont comme beaucoup d’autres espèces victimes de la déforestation, de la chasse, du dérèglement climatique et parfois de catastrophes naturelles. 
Ils sont de moins en moins nombreux, ce qui a conduit à mener à partir du 20e siècle des actions de conservation dans des parcs et des réserves.

La phrase : 



Les lémuriens étaient regroupés et  grignotaient les feuilles d’un arbuste ; l’un d’eux se tenait à l’écart, dans une attitude qui m’a aussitôt rappelé le penseur de Rodin : la tête baissée, repliée sur la poitrine (peut-être par timidité), il avait le regard caractéristique des êtres plongés dans une rêverie dans laquelle j'imaginais une certaine tristesse.


jeudi 8 octobre 2015

Inondations

L'impact des activités
humaines






Les inondations sont des phénomènes naturels que les hommes connaissent depuis toujours.
Les crues  du Nil qui revenaient chaque année à la saison sèche étaient bien accueillies par les Egyptiens de l’Antiquité car elles permettaient de fertiliser les terres. 
Les gens d’autrefois vivaient avec les crues des fleuves et des rivières et connaissaient les dangers et les bienfaits apportés par les terrains marécageux ( que les modernes ont asséchés).
Ils craignaient seulement les crues exceptionnelles dues à des chutes de pluie hors du commun ( les crues centennales et millénales). 


Il n’a échappé à personne que depuis trente ans, et plus encore depuis dix ans, le nombre d’inondations a fortement augmenté. Des zones autrefois épargnées sont maintenant touchées ; en certains endroits les inondations se répètent et s’aggravent.
On a tous en mémoire  la terrible catastrophe qui s’est produite en 2010 au Pakistan : les inondations avaient fait plus de 1600 morts et elles avaient concerné 21 millions de personnes.  ( * ) 


Les crues qui autrefois étaient naturelles sont de plus en plus liées aux activités humaines et les prévisions faites par les spécialistes ne sont pas rassurantes : le dérèglement climatique - contre lequel on n’a pas jusqu’à ce jour lutté efficacement - va entraîner une élévation des océans et une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes qui pourrait toucher une centaine de grandes métropoles littorales à travers le monde.
Une étude publiée en août 2013 dans la revue Nature évalue le coût de ces inondations à  environ 1000 milliards d'euros par an de 2010 à 2050, pour les 136 grandes villes les plus exposées !





Les inondations qui viennent de se produire sur la Côte d'Azur sont graves, d’abord parce qu’elles ont provoqué la mort de vingt personnes, ensuite parce qu’elles ont causé d’énormes dégâts dans les habitations et les entreprises touchées ; n’oublions pas non plus les animaux ( otaries et orques) du parc Marineland d’Antibes sur le sort desquels on a peu d’informations.

Les premiers mots officiels prononcés sur  ce drame ont été pour dire qu’il s’agissait d’une catastrophe naturelle. Cela est faux.
Si  les cours d’eau en cause appartiennent bien à la nature, il faut  rappeler la réalité : cette nature a été contrariée par des décisions humaines qui ont privilégié l’exploitation abusive d’un territoire  apprécié pour sa beauté et son climat,  la sécurité des personnes et le respect de la nature passant au second plan.
La bétonisation à outrance, l’arrachage d’arbres, d’arbustes et de haies ont profondément modifié l’écoulement des eaux et provoqué ces inondations.

Alors cessons de parler de fatalité. On paie aujourd’hui les erreurs de cinquante années d’irresponsabilité dominées par les intérêts économiques. Et, au-delà des drames humains, cela va coûter cher à la collectivité.






lundi 5 octobre 2015

Carnet de bord - semaine 41 : Une méthode

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».


UNE METHODE :
La complexité, la simplicité, l’essentiel

On répète souvent que c’est le manque de repères qui  est la cause du malaise pesant sur la société actuelle. C’est en partie vrai, mais ce phénomène est normal  dans une période de transition où l’on remet en cause beaucoup de choses.
Il existe un problème dont on parle peu mais qui me semble aussi important, voire plus : c’est l’absence, dans beaucoup de domaines, d’une méthode.
Bien sûr, en écrivant ce mot, je pense à Edgar Morin qui est à mes yeux le penseur français contemporain le plus novateur. Morin  a développé dans les six tomes de La Méthode, et sous différents angles ( la nature, la vie, la connaissance, les idées, l’humanité, l’éthique) une pensée nouvelle inspirée de l’écologie scientifique : la complexité ( qui, je le rappelle,  ne signifie pas une difficulté mais le fait de tisser des liens entre les éléments)

Prendre de bonnes décisions implique d’entendre d’abord les acteurs,  les usagers, les spécialistes, puis de faire son choix en intégrant la notion de complexité. Ce n’est pas toujours le cas. On décide trop souvent dans l’urgence, dans l’émotion, sans vision sur le long terme.

Il faut cependant reconnaître que la complexité n’est pas facile à appréhender. Dans une masse importante d’informations, de paramètres, il faut faire un tri. C’est ce que l’enfant fait de façon naturelle quand il apprend un langage.
Dans le dernier numéro de Sciences humaines, Jean-François Dortier cite les travaux de la chercheuse Elissa Newport à qui on doit la théorie du « Less is more ».
Selon elle, apprendre un langage c’est trouver le simple dans la complexité.
Ce principe de simplicité peut s’appliquer dans différents domaines.

Reste alors à définir comment s’assurer que ce qu’on a retenu comme étant simple ne déforme pas  ce qui est contenu dans le complexe. C’est le troisième pilier de la méthode : l’essentiel, le fondamental.

En conclusion, qu’il s’agisse d’éducation, de démocratie, de prise de décision... il me semble nécessaire d’utiliser une méthode  qui intègre à la fois la complexité et la simplicité, en allant à l’essentiel. 
En d'autres termes, il faut extraire de la complexité confuse ce qui est fondamental, en l'énonçant clairement.


samedi 3 octobre 2015

Une photo, une phrase : Sérénité (poésie)




J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.

Sérénité

La photo publiée aujourd’hui  a été prise de ma chambre. De la fenêtre, on aperçoit le  jardin, avec ses arbres fruitiers, ses lilas, le potager. Derrière,  la colline est couverte de champs, de prés et de  haies.
C’est  ce paysage reposant et  serein qui a inspiré le texte ci-dessous écrit en 2009, année où j’ai décidé d’abandonner les activités qui demandaient de fréquents déplacements. 
Exceptionnellement, le poème est en alexandrins ( c’est le seul en 40 ans d’écriture) . Et il ne comporte qu’une phrase !
Précision : le « nous » est collectif ; il  désigne  les voyageurs, les marcheurs, qui font un jour le choix de se fixer.



La phrase :

Nous avons tant marché sur les chemins du monde,
connu tant de bonheurs, affronté tant d'épreuves,
que nous avons voulu - en regardant le fleuve
si serein quand la rive et le ciel se confondent -

nous reposer ici au milieu de nos livres,
des jardins odorants, des herbes qui frissonnent,
des arbres rougissants aux matins frais d'automne,
pour écouter la terre engourdie sous le givre

Et retrouver enfin ce qui nous aide à vivre.

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