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lundi 31 août 2015

Eté 2015 - En toute liberté n° 13 : Deux enfants et des livres

                                                   

                             Photos de Ramon Ciuret

La Rumeur du temps entame sa cinquième - et dernière - semaine des chroniques d’été. Sur des  photos de Ramon Ciuret,  voici des impressions,  réflexions et  émotions exprimées en toute liberté.


DEUX ENFANTS

Août s'achève. Quand revient le mois de septembre, on se dit que l’été est déjà fini. 
Pour les écoliers, c’est le retour en classe et la joie des retrouvailles avec les camarades, pour ceux qui travaillent il reste encore quelques doux souvenirs des vacances pour rêver. Brutalement la vie reprend son cours habituel.

Ces chroniques d’été tirent elles aussi à leur fin.
À l’occasion de la rentrée des classes, tournons-nous aujourd’hui vers ceux qui feront l’avenir :  les enfants.

PHOTO 1
Ils sont là tous les deux, photographiés de profil, elle - la plus jeune - les yeux cachés par son chapeau rose, lui, avec sa casquette grise, regardant résolument au loin. Ils sont pleins d’enthousiasme, ils font de grands rêves. Ils ont peut-être déjà une idée du métier qu’ils voudraient faire plus tard.
Ils sont encore insouciants mais ils n’ignorent pas qu’ils vivent dans un monde difficile. On leur a dit que le monde avait fait beaucoup de progrès au cours des cent dernières années, mais en regardant la télé ils ont pu voir que des journalistes pouvaient mourir en travaillant, que des vacanciers sur une plage, des gens visitant un musée, n’étaient plus en sécurité. Le monde moderne s’apparente par certains aspects au Moyen-Age, une époque où il était dangereux de se déplacer la nuit.
Alors on ne peut espérer qu’une chose, c’est que cette génération montante sera plus sage que celles qui l’ont précédée. L’école, que ces enfants vont retrouver demain, peut contribuer à en faire des êtres responsables.



PHOTO 2
Dans un panier d’osier, des livres ont été déposés hâtivement. Certains d’entre eux intéressent déjà le garçon et la fillette ; les autres, ils les liront dès qu’ils seront adolescents, ou plus tard encore. 
Le livre est en danger depuis que les écrans de toutes tailles, ceux des smartphones, des tablettes, des ordinateurs et des télés, ont envahi notre quotidien. Le temps passé devant ceux-ci réduit forcément le temps passé devant un livre. C’est regrettable pour la culture. C’est aussi dangereux pour la liberté car si le livre est un outil d’émancipation, les appareils connectés nous enferment dans un monde peu rassurant.


samedi 29 août 2015

Peintres du 19e siècle n° 8: Gauguin et la Bretagne

Gauguin et la Bretagne

MEULES DE FOIN EN BRETAGNE
PAYSAGE - LE POULDU

Quand on évoque le nom de Gauguin, on pense spontanément aux toiles évoquant les îles lointaines, Tahiti, les Marquises où il est enterré.
Son goût des voyages et de l’exotisme provenait  sans doute des années d’enfance passées au Pérou.

Mon choix s’est porté sur deux tableaux peints en 1890 lors d'un séjour au Pouldu, en Bretagne, le premier représentant un paysage breton, le second des meules de foin.
Pourquoi  ce choix ?
Parce que ces deux toiles expriment bien, selon moi, la maturité du peintre.

Ce qui frappe le plus dans l’œuvre de Gauguin, c’est son évolution permanente au fil du temps.
De 1874 à 1886, Paul Gauguin qui fut l’élève de Pissarro, a fait partie des peintres impressionnistes. 
En 1886, il fait un premier séjour en Bretagne ; la même année il rencontre Van Gogh à Paris et se lie d’amitié avec lui. Leurs échanges sur la peinture amenèrent Gauguin à faire évoluer sa façon de peindre.

L’abandon  des principes impressionnistes eut lieu en 1888, l’année de sa tragique dispute avec Van Gogh.
Gauguin fait alors le choix du synthétisme, qui est une simplification des formes : il ne faut pas être prisonnier du réel mais faire ressortir de l’œuvre une idée, pense-t-il.

Les deux tableaux peints au Pouldu illustrent cette nouvelle conception du peintre. 
Le style est dépouillé, les couleurs sont vives ; la modernité de ces tableaux est évidente, elle annonce la peinture du 20e siècle.
Un an plus tard, Gauguin connaîtra sa dernière évolution.
Il dit  adieu à la civilisation occidentale et s'imprègne de culture maori. Une façon de dire au monde qu'il y a d'autres façons de vivre que la nôtre.

vendredi 28 août 2015

Eté 2015 - En toute liberté n° 12 : l'extra du vendredi. Cinq sièges, une femme

                                      Photos de Ramon Ciuret

Eté 2015 en toute liberté (4e semaine). Sur des photos de Ramon Ciuret, voici des impressions,  réflexions et  émotions exprimées librement.

L’EXTRA DU VENDREDI
( Retour sur un des thèmes abordés cette semaine : ce que la couleur a apporté à la photo)

CINQ SIEGES

FEMME ASSISE

Couleur et sobriété : Cinq sièges, une femme

Pour un créateur, artiste ou auteur, il n’est pas nécessaire de chercher l’inspiration dans des sujets exceptionnels. Il suffit de savoir  regarder.
Quand le peintre, le photographe, le poète, voient des  choses banales, elles  leur paraissent toujours neuves. C’est ce qui leur permet de les représenter ou de les décrire d’une manière propre à leur personnalité.

Les deux photos présentées aujourd’hui font partie d’une série où l’on voit un ensemble de sièges de style moderne en plastique posés sur un plancher le long d’un mur noir. Tout cela – pourrait-on penser - n’a rien d’extraordinaire.
Mais le fait  que chacun des cinq sièges a une couleur différente des autres permet de remarquer ce mobilier.

Dans ce cadre d’une grande sobriété, Ramon a réalisé une série de photos où apparaît un personnage : une dame esquissant un beau sourire, portant une veste noire et un pantalon rouge. Le rouge et le noir, deux couleurs souvent associées.
Sur chacune de ces photos, la femme change de siège.
Cette  mise en scène  simple donne à la série un caractère original. On pense en regardant cette scène à une séquence de film.Libre à chacun d’en imaginer le scénario à sa guise.

Sur deux principes de base – une exploitation subtile des couleurs et le recours à la sobriété - le photographe réussit à capter notre attention et à faire travailler l’imagination.


Susciter l’intérêt, obtenir que l’œuvre  provoque  des interrogations, avant d’avoir la reconnaissance  du public, n’est-ce pas ce qu’espèrent tous ceux qui créent ?

mercredi 26 août 2015

Eté 2015 - En toute liberté n° 11


                                     Photos de Ramon Ciuret




La Rumeur du temps entame sa quatrième semaine des chroniques d’été. Sur des  photos de Ramon Ciuret,  voici des impressions,  réflexions et  émotions exprimées en toute liberté.


Jeux de couleurs


VERRES - OMBRE ET LUMIERE


SOLITUDE DU VERRE

Longtemps les photographes ont préféré le blanc et noir à la couleur. Il a fallu attendre les années 60 pour que celle-ci devienne populaire.
Si le procédé ancien a permis de réaliser de superbes clichés - notamment dans le domaine du portrait - il faut bien reconnaître que la couleur a apporté quelque chose d’essentiel : cela lui a permis de se rapprocher de la peinture.
Imagine-t-on un paysage de Cézanne, Gauguin ou Van Gogh sans ses magnifiques jaunes, ocres et bleus ?
Comment montrer les changements d’un arbre d’une saison à l’autre sans utiliser la couleur ? Ce serait se priver de l’éclat du vert émeraude des feuilles, de leur couleur rousse en automne.

Les deux photos présentées aujourd’hui sont une démonstration de l’importance de la couleur. Dans celles-ci, les objets - une bouteille et quelques verres - ne sont pas l’essentiel ; c’est la composition réalisée par Ramon qui attire l’attention : deux couleurs dominantes, le bleu et le noir, un jeu d’ombres et de lumière contribuent à former, comme dans l’œuvre d’un peintre, un superbe tableau.

La seconde photo procède de la même démarche. Au centre de l’image, un verre à pied, à l’arrière-plan une vitrine et ses boules lumineuses, plus loin des silhouettes imprécises, des couleurs variées ( bleu, jaune, blanc, rougeâtre), des reflets ici et là ; le tout donne une impression festive qui s’accorde à l’objet principal, le verre où un reste de vin blanc attend d’être ingurgité.

En jouant ainsi avec la couleur, le photographe crée une atmosphère  magique.

lundi 24 août 2015

Eté 2015 - En toute liberté n° 9 : le chat et l'homme

                                          Photos de Ramon Ciuret


La Rumeur du temps entame sa quatrième semaine des chroniques d’été. Sur des  photos de Ramon Ciuret,  voici des impressions,  réflexions et  émotions exprimées en toute liberté.

Le chat et l’homme

COUCOU, JE SUIS LÀ !
BONJOURJE SUIS LÀ !

Les textes de cette série Eté 2015  sont écrits,  je le rappelle, à partir des photos que Ramon a choisies librement. À moi d’en tirer, selon l’inspiration du moment, des commentaires pour lesquels j’ai fait le choix de ne pas évoquer les   aspects  techniques et didactiques.
Ainsi, dans cette démarche, chacun peut exprimer comme il l’entend, l’un avec des images, l’autre avec des mots, des sentiments de joie, des émotions, des idées...


C’est en jetant un nouveau coup d’œil sur  ces photos  que deux d’entre elles se sont tout à coup télescopées dans mon esprit : l’une représentait un jeune chat européen  blanc et noir  ( la façon dont les taches de ces chats sont disposées de manière quasiment identique quel  que soit  le pays où ils vivent est une curiosité  de la nature) ; l’autre mettait en scène un homme - sans doute un comédien - aux yeux grand ouverts. 
La façon dont ces photos ont été prises produit un effet étonnant ; on note une coïncidence frappante : l’être humain et l’animal ont pris une attitude inhabituelle et tous deux sont dans la même position. Chacun “ joue” un rôle, joue devant l’objectif, avec un même plaisir.

Tous ceux qui ont eu un chat (ou un chien) à un moment de leur vie savent qu’il est un être sensible, curieux, doué d’intelligence ; le chat  donne tant de signes d’affection à ceux qui vivent avec lui que sa disparition est vécue comme un drame.

 À‭ une époque - pas si lointaine - où l’on assimilait l’animal à un objet, de nombreux écrivains et artistes avaient évoqué leur passion pour le chat ; parmi eux, Baudelaire ( “‬Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux "...)‭, Colette ( La chatte ), Brassens  ( dans Le Testament : “‬S'il fouett' mes chats, y'a un fantôme. Qui viendra le persécuter").

Ces deux photos illustrent à merveille la complicité qui existe entre le chat et l'homme.

samedi 22 août 2015

Peintres du 19e n° 7 : Les couleurs du Sud

Cézanne, Van Gogh, les couleurs du Sud

CEZANNE : MAISONS A L'ESTAQUE

VAN GOGH : CHAMP DE BLE AVEC CYPRES

Cézanne, le provençal et Van Gogh, l’homme du Nord, né à Zundert, petite ville du sud des Pays-Bas ayant vécu plusieurs années en France où il a côtoyé les impressionnistes, sont pour moi les deux peintres les plus marquants du 19e siècle.

Du premier, Picasso disait : «il était notre père à tous ». Des peintres du début du 20e siècle vont s’inspirer de sa façon de « regarder les objets sous plusieurs angles» * pour créer le cubisme.
En 1908, Braque affiche sa proximité de vue avec Cézanne en peignant  Maisons à l’Estaque, une toile portant le même nom que celle du "père du cubisme".

L’univers de Van Gogh est différent. Ses premiers tableaux reflètent l’atmosphère de la Hollande et de la Flandre : les couleurs y sont sombres comme dans le Vieux clocher de Nuenen, peint en 1885. L’année suivante il rejoint son frère Théo à Paris.
En 1888, il s’installe à Arles. Cette date correspond à une évolution de son œuvre. Le trait change, mais c’est surtout l’emploi des couleurs et la façon de traiter les lumières qui caractérisent cette période.

Van Gogh, le postimpressionniste, précurseur lui aussi, est   certainement le peintre qui a su le mieux utiliser le jaune et l’ocre pour exprimer ses sentiments, ses hantises, dans les tableaux peints en France. 
On ne se lasse pas d’admirer ses tournesols, ses champs de blé sous la chaleur lourde d’été, ses soleils tourmentés.  

Cézanne et Van Gogh ont tous les deux mis en valeur les couleurs de la Provence : le bleu de la Méditerranée et du ciel, l’ocre des maisons et des roches, le jaune  des champs de blé, le vert des oliviers et des cyprès.
Leurs toiles sont une ode à la Provence comme le sont les textes de Giono et de Pagnol.

* Alyse Gaultier - l’ABCdaire du cubisme

vendredi 21 août 2015

Eté 2015 - En toute liberté : l'extra du vendredi (n°10)

                                                       Photos de Ramon Ciuret


Eté 2015 en toute liberté : Sur des photos de Ramon Ciuret, voici des impressions,  réflexions et  émotions exprimées librement.

L’EXTRA DU VENDREDI

DEGUISEMENT


BOTTES ROUGES

Revenons, comme chaque vendredi,   sur les thèmes évoqués dans la semaine Les apparences et Ce que les choses nous disent.

Nous avons vu que ces deux thèmes étaient fortement liés puisque les choses que l’on porte contribuent à donner une image de soi en rapport avec la personnalité de chacun et les cironstances dans lesquelles on se trouve.
Les deux photos présentées aujourd’hui illustrent bien les commentaires faits dans les deux précédents billets. Je les ai choisies parce que j’ai eu un coup de cœur pour elles.

La première me semble irrésistible par sa drôlerie et son originalité.
Voilà un groupe de jeunes qui prennent leur rôle au sérieux ! J’imagine que dans la vie de tous les jours, ce sont des gens comme vous et moi. L’occasion leur est donnée de prendre une autre personnalité. Chacun y met beaucoup de conviction. Le maquillage identique pour tous ( les yeux entourés d’un large cercle noir) leur donne un air effrayant qui est renforcé, pour quelques-uns, par la position des mains ; les habits, blancs pour la plupart, contribuent à leur donner un aspect lunaire. On remarque surtout, sur la gauche de la photo, le regard inquiétant d’une femme qui semble prendre plaisir à prendre la pose, dans un rôle de sorcière.

Nos ancêtres allumaient de grands feux de paille pour chasser les mauvais esprits. Ils pensaient que les morts revenaient hanter leur ancienne maison  en prenant différentes formes que chacun pouvait voir.
Dans le monde moderne, des fêtes comme Halloween font revivre les croyances du passé.

Avec la seconde photo, nous changeons d’univers. Pourquoi ces bottes rouges attirent-elles l’attention ?
D’abord parce qu’au premier regard on ne voit qu’elles. Si Ramon avait photographié la personne de la tête aux pieds, l’effet n’aurait  pas été le même. Ici l’intention est annoncée clairement : ce sont les bottes qui sont le centre d’intérêt.
Quand on regarde plus attentivement la photo, on découvre le cadre dans laquelle elle a été prise : la présence de l’herbe et de l’eau nous dit qu’on est en pleine nature. 
Marcher dans la nature avec des bottes est une chose banale, c’est leur couleur  - un beau rouge vif - qui sort de l’ordinaire. On est plutôt habitué à voir des bottes d’un vert terne, tirant sur le kaki. Leur attrait est dans la couleur.

L’effet est inattendu comme l’est  dans le vers de Paul Eluard la couleur de la  terre « bleue comme une orange.» 

mercredi 19 août 2015

Eté 2015 - En toute liberté n°9 : Ce que les objets nous disent

                                                  
Sur des photos de Ramon Ciuret, voici quelques impressions,  réflexions et  émotions exprimées en toute liberté.

PHOTO 1
PHOTO 2

 Ce que les objets nous disent 

En littérature et en peinture, il n’y a pas de sujets mineurs, tous les thèmes méritent d’être traités ; les objets aussi sont source d’inspiration. Dans la poésie moderne, c’est sans aucun doute Francis Ponge qui a écrit le plus sur les objets de la vie courante. Personnellement j’ai entamé une série de billets ( 32 à ce jour) sur les choses dans lesquelles ‘jai cherché à tirer de leur observation une leçon.

Dans l’une d’entre elles, j’écrivais :
   Guillevic disait : “ Ce qui m’intéresse dans ce monde, c’est essayer de voir ce que nous sommes par rapport aux choses, ce que sont les choses par rapport à nous”.
Cette pensée de Guillevic, beaucoup de poètes la partagent. S’intéresser aux objets, c’est d’abord s’intéresser aux hommes qui les ont conçus, fabriqués, à ceux qui les achètent et qui les utilisent.

Il est tout à fait logique que, dans une démarche artistique, le photographe s’intéresse lui aussi aux objets et notamment à ceux que nous portons.

LES SOULIERS 

Toute personne laisse apparaître dans le choix de ses chaussures une partie de sa personnalité : le mondain n'hésite pas à payer cher une paire de chaussures de grande marque, l'homme décontracté va au bureau en baskets, le soigneux tient à ce que ses souliers brillent, d'autres se soucient peu de la boue qu'ils ont ramenée de leur dernière balade en forêt.
La différence des sexes apparaît elle aussi dans les souliers que nous portons.
Ceux que nous voyons sur la photo appartiennent bien sûr à des femmes et le fait que l’une et l’autre portent des chaussures à hauts talons nous donne quelques informations  sur les circonstances dans lesquelles la photo a été prise. Ces dames ont donné la préférence à l’élégance plutôt qu’au confort parce que l’occasion s’y prêtait : elles étaient à une réunion ou une fête où le port de baskets leur aurait semblé déplacé.
De jeunes rebelles auraient sûrement pensé autrement !

LE CHAPEAU

Le chapeau, porté aussi bien par les hommes que par les femmes, est un accessoire qui a toujours du succès. Certaines célébrités le quittaient rarement. L’image d’Aristide Bruant peint par Toulouse-Lautrec, avec son grand chapeau noir ( et son écharpe rouge) est dans toutes les têtes. Maurice Chevalier et Charles Trénet se présentaient sur scène avec le leur, ce que font encore aujourd’hui de jeunes chanteurs.
Comme les souliers, le chapeau  est choisi selon la personnalité de chacun, mais aussi selon les saisons et les circonstances.
Le chapeau de paille que porte l’homme de la photo convient bien à son allure  décontractée.
Jolie photo que ce monsieur à la barbe grisonnante photographié dans un cadre verdoyant avec ce chapeau qui occupe une bonne partie de l’espace !
Ici l’expression « Chapeau l’artiste !» est tout à fait appropriée.


lundi 17 août 2015

Eté 2015 - En toute liberté n° 8 : Apparences

                                                       Photos de Ramon Ciuret

Sur des photos de Ramon Ciuret, voici quelques impressions,  réflexions et  émotions exprimées en toute liberté.

BIJOUX

GRIMACES EXPRESSIVES

APPARENCES

1.Paraître plus beau (plus belle)

On a beau dire que chez une femme ou un homme c’est la beauté intérieure qui compte le plus, l’aspect physique a son importance, surtout dans une société où l’apparence est sans cesse mise en valeur.
Certains ont recours à la chirurgie pour effacer l’objet de leurs complexes, la plupart des gens se contentent de soigner leur habillement pour donner d’eux une image favorable ; les femmes ont recours au maquillage pour paraître plus belles ( maquiller signifie aussi truquer).
Hommes et femmes, de façon plus ou moins discrète, utilisent un autre moyen pour attirer l’attention sur eux,  pour séduire ou afficher une position sociale : ils portent des bijoux.

Bijoux de valeur ou de pacotille, le but est le même : améliorer son apparence, plaire.
Comme Baudelaire l’a très bien dit dans son poème Les Bijoux, ceux-ci interviennent dans le jeu de la séduction :

« La très-chère était nue, et, connaissant mon coeur,
Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.»

Les bijoux que Ramon a photographiés ne sont pas portés par des femmes mais par des mannequins de plastique, ce qui fait que le regard se porte exclusivement sur les parures dont les couleurs - blanc et  rouge pour l’une, jaune et rouge pour l’autre - se détachent sur le fond noir. 
Ces bijoux sont-ils agréables à porter ? Cela n’a aucune importance. L’essentiel ici est d’apprécier le travail du joaillier qui les a conçus...et celui du photographe qui apporte son témoignage. 
C’est le plaisir des yeux qui compte le plus.

2.S’enlaidir

Tandis que beaucoup de gens s’efforcent de paraître sous leur plus bel aspect, dans certaines circonstances, d’autres s’enlaidissent en grimaçant, en se maquillant de manière excessive, en se déguisant.

C’est le cas d’actrices et d’acteurs devant interpréter un rôle ( Quasimodo, Cyrano de Bergerac...) ; cela se produit aussi lors de fêtes rituelles, dans les carnavals qui permettent, grâce au déguisement, de faire oublier, le temps d’une fête, les différences sociales.

S’enlaidir  pour s’amuser, pour faire la fête, cela est facilement accepté car l’enlaidissement n’est que provisoire !

Prochain billet mercredi : Ce que les objets nous disent 

samedi 15 août 2015

Les peintres du 19e - n°7 : Caillebotte et la ville

Peintres du 19e siècle est une série de billets consacrés - à partir des thèmes qu’ils ont traités dans leurs tableaux -  aux artistes de la deuxième moitié du 19ème siècle, période fortement marquée par l’impressionnisme.

Cette semaine : Caillebotte et la ville

PONT DE L'EUROPE - 1876 

RUE DE PARIS PAR UN TEMPS DE PLUIE 1877

Les artistes et les écrivains sont sensibles au monde qui les entoure. Vers 1850, l’évolution de la société les a interpellés. Henry David Thoreau, le visionnaire, a été le premier à s’inquiéter des changements qu’il observait et il imaginait un futur peu rassurant, ce que les faits ont confirmé un siècle plus tard.

À la fin du 19e siècle, Emile Verhaeren qui avait chanté les plaines et les canaux de la Flandre publiait Les campagnes hallucinées (1893). Il était attristé de voir la plaine “mangée” par la ville. En 1895, dans les Villes tentaculaires, il décrivait 
une ville à la fois “ âpre et profonde”, une ville où se perd la foule :
“ Et par les quais uniformes et mornes
Et par les ponts et par les rues,
Se bousculent, en leurs cohues,
Sur des écrans de brumes crues,
Des ombres et des ombres.”

(extrait du poème L’âme de la ville)

Les impressionnistes préféraient peindre des paysages familiers, des scènes au bord de l’eau ou des personnes. 
Il est curieux de constater que Manet, lorqu'il peint le Chemin de fer, Gare Saint-Lazare, ne montre pas la gare mais une dame assise tenant un petit chien dans les bras et à côté d’elle une fillette. 

Gustave Caillebotte, ami des impressionnistes, ingénieur, régatier et architecte naval, a choisi pour ses premières expositions, des scènes citadines. 
Dans ces tableaux, aucune pointe d'hostilité à la ville ne transparaît ; il s'agit plutôt d'une peinture fidèle à la réalité, ce qui lui vaudra une critique acerbe de Zola qui écrit en 1976 à propos du tableau Pont de l’Europe : 
 « La photographie de la réalité, lorsqu'elle n'est pas rehaussée par l'empreinte originale du talent artistique, est une chose pitoyable»
On peut penser que Zola reprochait surtout à Caillebotte de s’être éloigné des principes impressionnistes.
L’année suivante, l’écrivain révisait son jugement en voyant le tableau Rue de Paris par un temps de pluie
Caillebotte est « un jeune peintre du plus beau courage et qui ne recule pas devant les sujets modernes grandeur nature. Sa Rue de Paris par un temps de pluie montre des passants, surtout un monsieur et une dame au premier plan qui sont d'une belle vérité ». 

Pour ma part, c’est plutôt dans la façon dont Caillebotte a su peindre le pavé luisant sous la pluie que je vois un peintre de grand talent.






vendredi 14 août 2015

Eté 2015 - En toute liberté n° 8 : L' EXTRA DU VENDREDI

                                                       Photos de Ramon Ciuret


Eté 2015 en toute liberté : Sur des photos de Ramon Ciuret, voici des impressions,  réflexions et  émotions exprimées librement.

L’EXTRA DU VENDREDI

LE TOURNESOL
DANSE MODERNE

Chaque vendredi, retour  sur les thèmes évoqués dans la semaine. 
Aujourd’hui : la nature et s’épanouir (la danse ) 

J’ai choisi, pour clore cette semaine, deux nouvelles photos ; l’une représente une plante qu’on rencontre fréquemment dans les champs et dans les jardins, le tournesol, l’autre illustre l’idée d’épanouissement : des jeunes filles dansent sur une scène, sur une chorégraphie moderne qui réclame - pour la beauté du spectacle - une coordination parfaite et beaucoup de travail dans l’ombre.
Coïncidence de la langue,  le même mot - s’épanouir, dans son sens propre et figuré - convient aussi bien à la fleur qu’à l’être humain, ce qui n’a rien d’étonnant : la première s’ouvre pour étaler ses pétales, le second développe sa personnalité en  s’ouvrant sur les autres et sur sur le monde.

Les civilisations évoluées sont attachées à la nature ; elles accordent  une place essentielle aux activités d’épanouissement, encouragent la créativité et toutes les formes d’expression. 
Ces deux photos de Ramon me plaisent, non seulement à cause de leur qualité, mais aussi  par ce qu’elles représentent.

D’un côté, nous avons le spectacle étonnant de la nature représentée par un végétal conçu pour que sa tête soit toujours tournée vers le soleil ; les longues languettes jaunes, serrées au-dessus du réceptacle attendent l’heure de l’éclosion. La plante atteindra alors le summum de sa beauté, celle qui inspire le poète ( Eugenio Montale évoquait "le tournesol affolé de lumière" ), celle que  Van Gogh a peint ardemment à plusieurs reprises. 

De l’autre, il  y a l’image réjouissante de jeunes filles qui éprouvent sur le plancher d’un théâtre la joie de danser et qui découvrent ainsi, grâce à leurs professeurs, d’autres horizons que ceux de la famille et de l’école, tout en apprenant que l’effort et le travail sont nécessaires pour que le talent s’épanouisse.


lundi 10 août 2015

Eté 2015 - En toute liberté n° 6 : Devant la nature



                           Photos de Ramon Ciuret


Pendant cinq semaines, la Rumeur du temps prend un air de vacances en abandonnant les rubriques habituelles.
Sur des photos de Ramon Ciuret, voici quelques impressions,  réflexions et  émotions exprimées en toute liberté.

DEVANT LA NATURE

PHOTO 1 : PAYSAGE

PHOTO 2 : LES AIGRETTES
J’ai déjà eu l’occasion de dire les bienfaits qu’on tire de la contemplation d’un beau paysage : celle-ci procure un sentiment d’apaisement et de plénitude. Un tableau de Gauguin ou de Van Gogh produit le même effet. 
Devant une jolie photo, l’effet est semblable : l’œil est satisfait, l’imagination travaille, l’envie de voyager s’éveille ; quand on connaît le paysage représenté, des souvenirs reviennent...
Le spectacle qu’offre la nature est incomparable ; la nature nous dit des choses qu’il faut savoir écouter.

Photo 1 - À‭ l’heure où le soleil se couche, les paysages changent, l’ombre des arbres se dessine sur les champs, les herbes rougeoient ; au loin, c’est la couleur  verte des arbres et des prés qui domine, tandis qu’à l’horizon une légère brume commence à descendre sur les monts.
‭C’est un paysage que l’Homme ici n’a pas défiguré. Seule une bâtisse abritée par les arbres revèle une présence humaine.
J'aime cette image apaisante.

Photo 2 - Quand on se promène dans la nature, l’œil est souvent attiré par des plantes ou des animaux qu’on aime pour leur élégance, pour l’éclat de leurs couleurs.
Mais il faut savoir regarder aussi la beauté dans tout ce qui vit, dans  l’herbe ordinaire que le jardinier arrache ou la petite bête  victime de croyances anciennes.

Cette photo des aigrettes de pissenlit est belle par sa simplicité et la mise en valeur de ce qui constitue l’essentiel de la plante, ces aigrettes qui, dispersées par le vent, iront porter plus loin les graines. 
Sur un fond uni, d’un bleu pâle, une boule blanche et légère se détache ; elle contient ce qui perpétuera la vie.
On sait qu’un célèbre dictionnaire a fait de ce faisceau soyeux dont sont munies les graines de pissenlit le symbole de “ la  connaissance semée à tout vent ”. Ce choix me semble judicieux.




samedi 8 août 2015

Les peintres du 19e n° 5 : Femmes du peuple

 DEGAS, PISSARRO ET LES FEMMES DU PEUPLE



                          Degas : la repasseuse, 1882



 Pissarro : Femme étendant le linge, 1887


‭    Sur le plan culturel, la seconde moitié du 19e siècle a été marquée par l’intérêt pour les questions sociales montré par de nombreux artistes et écrivains.  
   Après la révolution de 1848, la lutte était dure entre les tenants de l’ordre établi et ceux qui voulaient une amélioration des conditions de vie des pauvres. Les débuts de l’industrialisation ont bouleversé la vie des ruraux ; le travail dans les usines, dans les mines était pénible : les ouvriers étaient peu payés, des enfants de dix ans travaillaient. Les mouvements de révolte ont été fortement réprimés.
‭  Dans cette période agitée, les femmes ne restent pas inactives : certaines luttent pour leur émancipation. Pendant la Commune de Paris, en 1871, l’une d’elles s’illustre par sa détermination : Louise Michel.
‭   De nombreux écrivains ont dénoncé la misère et plaidé pour une société plus juste. Parmi eux, Victor Hugo qui publia les Misérables en 1862, Lamartine, le poète Jean Richepin (la Chanson des Gueux), Emile Zola qui a dressé un tableau réaliste de la vie des mineurs, des paysans, des ouvriers de son époque.
‭  Les peintres impressionnistes ayant fait le choix d’illustrer des thèmes contemporains, il n’est pas étonnant de retrouver dans leurs ‬œuvres des tableaux évoquant la condition des femmes. Certains d’entre eux étaient des hommes engagés : Pissarro et Gauguin sont connus pour avoir défendu les idées libertaires.

  Pour Degas, il s’agissait surtout de traduire l’état psychologique des personnages qu’il aimait choisir dans le monde artistique (le théâtre, la danse, la musique), sans négliger de peindre des scènes de la vie quotidienne, comme dans le tableau ci-dessus représentant une repasseuse (peint en 1882), thème qui était alors à la mode.
 Quant à Pissarro, il démontre dans cette scène banale d'une femme étendant son linge dans le jardin tout en surveillant sa fillette que les Impressionnistes se sont vraiment éloignés des poses conventionnelles que leurs prédécesseurs affectionnaient.







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