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lundi 30 novembre 2015

Carnet de bord - Semaine 49 : Un climat malsain

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but de faire entendre « la rumeur du temps présent ».



Un climat malsain

Depuis quelques jours, il y a dans ce pays un climat délétère et vous l’aurez compris, le climat dont je parle n’est pas celui qui réunit en ce moment dans la région parisienne les dirigeants de 195 pays du monde et les  invités de la Conférence, il s’agit de l’ambiance qui règne en ce moment à la suite de l’instauration de l’état d’urgence.

Certes il n’est pas question de nier qu’après les massacres du 13 novembre, une certaine prudence s’impose dans les déplacements et les rassemblements. Mais on peut aussi comprendre ceux qui disent qu’il ne faut pas laisser penser aux terroristes qu’ils ont gagné ; pour cela il faut continuer à vivre normalement..et à exercer  ses droits de citoyen.

La gestion de l’état d’urgence par le gouvernement est curieuse : d’un côté, il autorise des manifestations regroupant des milliers de personnes ( marchés de Noël, matchs de football...), de l’autre il interdit celles qui ont été préparées par des militants qui ont bien compris - comme ils l’ont écrit ces derniers jours sur leurs pancartes que l’urgence, c’est aussi le dérèglement climatique qui touche l’humanité tout entière.
D’autre part, une vingtaine de militants écologistes ont été assignés à résidence parce qu’on leur reproche d’avoir mené dans le passé des actions contre des projets contraires aux objectifs de la transition énergétique ( aéroport de Notre-Dame-des-Landes, enfouissement de déchets nucléaires à  Bure...).
Deux poids, deux mesures, qui montrent que la sécurité des personnes n’est qu’un prétexte ; en réalité c’est l'expression citoyenne qu’on veut étouffer. Amnesty International et la 
Ligue des Droits de l’Homme n’ont pas été dupes, les deux organisations ont dénoncé les atteintes aux libertés individuelles :
« Il est  plus que jamais nécessaire de permettre aux habitants de ce pays de pouvoir exercer les droits attachés à la citoyenneté, qui caractérisent l’existence dans une démocratie sociale, en n’interdisant pas tout débat et toute expression publique », a déclaré la LDH qui a rappelé à cette occasion que les enjeux climatiques et ceux des réfugiés climatiques “ seront bien pires à résoudre que ceux rencontrés aujourd’hui vis-à-vis des réfugiés politiques fuyant les guerres en cours ! ”

On a pu apprécier ce week-end l’inventivité des militants écolos qui ont réussi à se faire entendre malgré l’interdiction des marches prévues, en organisant des chaînes humaines pour le climat, des dépôts de chaussures, des actions sur les réseaux sociaux pour interpeller les dirigeants du monde ... 
L’intrusion dans ces manifestations pacifiques de quelques individus cagoulés n’a pas réussi à brouiller le message de ceux qui veulent un véritable changement pour éviter la catastrophe que le vieux monde a préparée.

vendredi 27 novembre 2015

Treize régions : une bonne chose ?



Les Français vont voter les 6 * et 13 décembre pour désigner les élus qui seront chargés de mener à bien les politiques relevant des compétences de leur région. 
Les évènements récents ont relégué ces élections au second plan. Avant ceux-ci, la morosité du contexte général laissait déjà présager un taux d’abstention assez fort.  On connaît les causes de la méfiance des citoyens vis-à-vis des politiques ; il y a peu de chance pour que cela change brutalement. C’est dommage pour la démocratie et pour l’avenir des  régions dont le rôle est capital pour le développement des territoires.

Jusqu’à maintenant, il faut bien reconnaître qu’on n’a pas réussi à réduire le déséquilibre de ces territoires dont l’origine se trouve dans la conception jacobine de notre république. Celle-ci a abouti à la   concentration des activités, des lieux de décision, vers la capitale et ses environs, et par la suite dans les grandes agglomérations ( Lyon, Marseille, Bordeaux...) 

Le passage de 22 régions en métropole à 13 régions permettra, si la volonté politique existe, d’aller vers des territoires plus équilibrés. Encore faut-il que les zones les plus dynamiques, les plus riches, fassent preuve de solidarité vis-à-vis des zones déshéritées.
Mais il y a aussi un déséquilibre qui sera plus difficile à corriger : c’est celui qui existe à l’intérieur de chaque région ; c’est un mal qui découle de l’industrialisation du pays. À partir de 1880, les campagnes se sont vidées, les villes et leur périphérie ont grossi. Aujourd’hui l’urgence est de faire revivre - avant qu’il ne soit trop tard - les villages moribonds, afin de préserver les espaces naturels qui ont été épargnés et les terres agricoles dont la surface ne cesse de diminuer...  
Mais une région n’est pas qu’un espace économique, c’est avant tout un territoire qui a une longue histoire, une culture qui s’exprime dans ses danses, ses fêtes, sa langue.

Qu’on ait choisi de ne pas toucher à  la Bretagne  semble logique : son histoire et sa langue justifient cette décision. 
Réunir la Picardie  au Nord-Pas-de-Calais  est tout aussi logique : les paysages côtiers y sont semblables, le Pas-de-Calais et la Picardie partagent la même culture, la même langue, le picard ( la seconde langue régionale étant le flamand).
La grande région normande s’imposait également. On peut dire la même chose de la réunion du Languedoc-Roussillon avec Midi-Pyrénées.
Par contre on peut comprendre la réticence des Alsaciens ( motivée par leur histoire et leur langue) obligés de rejoindre l’ancienne  région voisine Champagne-Ardennes-Lorraine.

Découper la France en 13 régions n’était pas chose facile et il y a toujours une part d’arbitraire dans ce genre d'exercice.
Ce découpage était sans doute nécessaire, mais il ne résoudra pas tout. L’avenir des régions dépendra avant tout des programmes qui seront mis en place par les nouveaux élus. Il faudra attendre le 13 décembre au soir pour en savoir un peu plus.

* 6 décembre : dans les régions du Nord-Est, on fête ce jour-là la Saint-Nicolas.

mercredi 25 novembre 2015

L'anneau de la mémoire, éducation à la paix



Après la guerre de 14-18, on a longtemps honoré dans tous les villages et les villes   la mémoire des soldats « morts pour la France » de la même manière : leurs noms ont été gravés sur des monuments dédiés à leur souvenir, on rappelait l’héroïsme de ces hommes " qui ont sacrifié leur vie pour la patrie ". Les livres d’histoire du début du 20e siècle ont mis en avant l’idée d’un patriotisme, souvent  proche de l’esprit de vengeance.
Il a fallu attendre quelques décennies pour que cette vision cède la place à un discours tourné vers la paix.

Sur la colline de Lorette, près d’Arras, s’est déroulée pendant un an ( d’octobre 1914 à octobre 1915) un des épisodes les plus tragiques de cette guerre : 100 000 soldats y ont été tués et autant de blessés.
C’est cet endroit qui a été choisi pour créer l’an dernier un impressionnant monument circulaire  dont l’élégance est due à la simplicité et à l’intégration dans la nature.
Mais ce n’est pas le côté esthétique qu’il faut retenir en premier, c’est le concept retenu : sur l’anneau formé de multiples panneaux figurent les noms des 580 000 soldats morts dans la région, placés les uns après les autres par ordre alphabétique, soldats de toutes les nationalités engagées dans la première guerre mondiale.
Le message est fort ! En mettant côte à côte les noms des morts quel que soit le camp auquel ils appartenaient, on efface ainsi l’idée d’ennemi qui était véhiculé au siècle dernier.

En  se recueillant devant l’anneau de la mémoire, on met des noms sur les victimes anonymes d’un horrible massacre et l’on entend le message que ces morts adressent aux générations présentes et futures : En toutes circonstances, préférez la paix à la violence, à la vengeance !


Notre Dame -de-Lorette
L'anneau de la mémoire


lundi 23 novembre 2015

Carnet de Bord, semaine 48

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but de faire entendre « la rumeur du temps présent ».



Guerre / Non-violence 
Liberté / Sécurité 

En ce moment, partout dans le monde, tous les efforts devraient converger vers un objectif commun : réussir à préserver une planète vivable, non seulement pour les humains d’aujourd’hui mais aussi  pour ceux qui naîtront demain, et après.
On savait tous que notre civilisation, bâtie sur  l’idée de domination - de l’homme sur l’homme, de l’homme sur la nature - était à bout de souffle, malgré les progrès que  des philosophes avaient inspirés et que des luttes sociales avaient obtenus. 
On savait que l’esprit de domination  conduit souvent à un comportement belliqueux ; l’agressivité entre individus et entre peuples a été permanente dans les siècles passés traversés d’épisodes  violents et  de nombreuses guerres.
Mais, partant de l’idée simpliste que l’Europe vit en paix depuis 70 ans, beaucoup de gens  avaient fini par croire que le monde s’était pacifié. Pensant le contraire, j’écrivais  en janvier 2013 :
« Nous vivons malheureusement  dans un monde où rien ne garantit la paix car le poids des intérêts économiques ( liés notamment au pétrole et à l'armement...) est si fort qu'il est confronté à des situations difficilement gérables, frôlant parfois l'absurde. Ne voit-on pas par exemple en ce moment des armes libyennes récupérées par des djihadistes tuer des gens au Mali ?
Dans de telles conditions, une paix durable à travers le monde reste un rêve lointain.»
( Mali et autres guerres - la Rumeur du temps - 25/01/2013)

C’est parce que Paris vient par deux fois cette année d’être touché par des attentats  qu’en  France on prend davantage conscience du péril  terroriste, lequel   tue régulièrement à travers le monde des civils, ce qui pousse beaucoup d’entre eux ( parmi eux des Syriens et des Irakiens  ) à fuir leur pays.
La riposte aux massacres djihadistes n’a pas tardé ; les bombes françaises tombent depuis neuf jours sur la Syrie, conformément à la logique du vieux monde qui veut qu’on réponde à la violence par la violence, malgré les risques encourus.
Combien de décennies, voire de siècles, faudra-t-il encore pour que naisse une société non-violente ?
L’autre réponse a  consisté à restreindre les libertés - notamment celle de se déplacer -  et de décréter l’état d’urgence pour une période de trois mois. Peu de voix se sont élevées pour critiquer ces mesures.
Au 18e siècle, Benjamin Franklin écrivait une phrase qui mérite d'être méditée :
« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurtié ne mérite ni l’un ni l’autre et finit par perdre les deux.» 

samedi 21 novembre 2015

Une photo, une phrase n° 11 : les oies



J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.

LES OIES

La photo :
En ces temps de barbarie où des illuminés ne respectent plus la vie des humains, où des assoiffés d’argent massacrent les forêts, les prairies et polluent les rivières et les océans, en ces temps de haine et de malheur, comme il est réconfortant de se tourner vers la nature pour regarder un paysage, pour assister à une scène banale  mais pleine de tendresse !
C’est l’impression que j’ai ressentie en prenant la photo de ces oies marchant sur un chemin à   Alphen aan den Rijn, aux Pays-Bas.



La phrase :

Brusquement, la petite famille a surgi sur le chemin caillouteux qui longeait l’étang, la mère - une belle oie cendrée au plumage blanc et beige - était en tête,  le père criaillant comme s’il voulait attirer l’attention des passants fermait la marche, tous deux encadrant prudemment leurs trois oisons qui avançaient, rassurés par la présence des parents ; en somme une famille comme il y en a tant dans le monde, prenant soin de l’éducation des enfants. 

vendredi 20 novembre 2015

Horizon 2050 n° 7 : COP 21, J - 10

La lutte contre le dérèglement climatique ne doit pas être l’affaire des spécialistes, elle concerne tous les citoyens de France  et d’ailleurs.
Le but de ces billets précédant  la COP 21*  est  d’apporter les informations de base permettant de préciser les enjeux de celle-ci.


J - 10

La COP 21 débutera dans dix jours. Les tragiques évènements qui viennent de se dérouler à Paris auront pour première conséquence d’amputer cette conférence des manifestations citoyennes qui étaient prévues ( certaines associations affirment cependant qu’elles veulent les maintenir).
On peut craindre également que l’émotion créée par les attentats du 13 novembre occulte l’importance de la Conférence. 
Bien sûr, il faut lutter contre le nouveau  terrorisme ( qui a poussé sur la déstabilisation créée en Syrie et en Irak par les guerres récentes, et  la perte de repères d’une certaine jeunesse). On peut à moyen terme mettre fin à cette barbarie. Encore faut-il choisir la bonne méthode.

La lutte écologique est d’un ordre différent : elle concerne le monde entier, c’est l’avenir de l’humanité  qui est en jeu et l’on sait qu’on dispose de quelques dizaines d’années pour mettre en œuvre les dispositifs qui permettront aux futures générations de vivre dans des conditions convenables. C’est une action qui s’inscrit dans  le très long terme.

L’objectif  moins de deux degrés 

On a résumé les enjeux de la COP 21 à un objectif principal : limiter l’augmentation de la température à moins de deux degrés. À‭  quoi correspond cette  barre de 2° Celcius ?
‭- Il s'agit du seuil qui permettra  de gérer les conséquences du réchauffement. Au-delà, les changements ( par exemple la montée des eaux) et les catastrophes naturelles seraient d'une gravité extrême.
‭- Il faut savoir aussi que ce chiffre est basé sur la température de la Terre au début de l’ère industrielle. La hausse constatée depuis cette époque étant de 0,9 °, la marge restante est donc très mince. 
‭De nombreux  scientifiques préconisent plutôt de limiter le réchauffement  à 1,5 degrés.

‭Un autre repère important est la quantité de CO2 émis dans l’atmosphère. Celle-ci était évaluée à 1,7 milliard de tonnes ( 1,7 Gt) en 1950, elle est passée à 49 gigatonnes en 2 010.

‭Des engagements insuffisants
‭Dans la contribution remise en octobre par 148 pays participant à la COP 21, les engagements pris sont nettement insuffisants : ils conduiraient à environ 60 Gt de CO2 en 2030, ce qui produirait un réchauffement de plus de 3 degrés.
‭On est donc aujourd’hui devant une situation qui empêche tout optimisme. La plupart des pays développés ne sont pas prêts à faire les efforts nécessaires, c’est-à-dire à remettre en cause les modes de production afin d’être moins énergivores et moins polluants.

‭Ces pays semblent également ne pas vouloir consentir à la solidarité qui permettrait aux pays ‭du Sud de réussir leur transition énergétique.

On s’oriente donc vers une COP 21* décevante. Plus que jamais, il faudra compter sur la pression et les initiatives citoyennes pour que la transition prenne son essor.

COP 21 signifie :  Conference Of  Parties, 21 th ( il s’agit de la 21e réunion des parties signataires - actuellement 195 pays)





mercredi 18 novembre 2015

La Région Nord, symbole de la faillite d’un système ( 2e partie) : l'environnement


La Région Nord ( appelons-la ainsi provisoirement dans l’attente de son nom officiel)  peut être considérée comme le symbole du désastre qu’a été  l’ère industrielle.
Nous avons vu la semaine dernière comment la pauvreté s’est installée durablement dans cette région. L’environnement est l’autre victime de l’industrialisation.

DUNES DE LA COTE D'OPALE


Un environnement dégradé

La dégradation de l’environnement ne se voit pas toujours au premier coup d’œil.
Bien sûr, quand on se promène  dans un endroit qu’on a connu verdoyant dans son enfance, on remarque que des prés, des bois, ont disparu pour laisser la place à un lotissement ou à une zone commerciale, on remarque que des lignes à haute tension ont défiguré le paysage. 
Mais la beauté des plages, des falaises, des forêts que nous aimons regarder est trompeuse : dans ces paysages, qu’il s’agisse de l’air, de l’eau, des sols, la pollution est partout.

Pendant des décennies, on a extrait du sol le charbon qui brûlait en polluant l’atmosphère ; quand les aciéries,  les usines de textile, les imprimeries fonctionnaient sans relâche, leurs déchets nocifs empoisonnaient les cours d’eau et la mer, les fumées sortaient, noires ou rougeâtres, des cheminées. Puis les agriculteurs se mirent à utiliser des pesticides, insecticides et engrais chimiques qui souillèrent   les sols, les rivières et les nappes phréatiques .
Les règles imposées par l’État puis par l’Europe, les efforts faits par les collectivités  locales pour protéger l’environnement, n’ont pas réussi à rétablir l’équilibre des écosystèmes : en 2015, ceux-ci restent fortement dégradés.

C’est d’abord la biodiversité qui a été touchée ; son érosion se poursuit ajourd’hui.
Selon les observations de la DREAL (1) , c’est « la nature ordinaire » qui a le plus souffert, ce qui signifie que l’impact négatif  des activités humaines reste très fort dans les zones non protégées.
Or, dans le processus de recherche des équilibres à l’intérieur d’un écosystème, c’est la richesse de la diversité des espèces végétales et animales qui est importante et pas seulement leur rareté.
En un siècle, 88 espèces de la flore régionale ont disparu à cause de l’urbanisation  et des pollutions. (2)
En ce qui concerne l’état chimique des  66 masses d’eau douce du bassin Artois-Picardie,  6% seulement sont de bonne qualité.
On note dans ces eaux la présence de plomb, de mercure, de pesticides et de polluants industriels.
95% des nappes et des cours d’eau de la région sont pollués.

En 20 ans, l’artificialisation des sols a augmenté de 25%,  les surfaces agricoles ont diminué de 7 %.

La qualité de l’air s’est dégradée ; elle provoque chaque année une dizaine de décès pour 100 000 habitants dans les grandes villes.

La conjugaison des deux maux dont souffre la région ( pauvreté, chômage élevé, et environnement dégradé ) se traduit par une espérance de vie plus courte qu’ailleurs : une étude de l’INED (3) datant de 2013 montrait que  la différence entre la vie moyenne des habitants était inférieure dans le Pas-de-Calais de   6 ans pour les hommes et de 3,4 ans pour les femmes par rapport aux Hauts-de-Seine (département le mieux classé).

Tel est le bilan environnemental de la région Nord. Un bilan qui montre que le développement "durable" a échoué et qu’il est urgent  de tourner le dos au modèle économique actuel, inadapté à notre époque et aux exigences du futur.


1.Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement
2. Chiffres provenant des DREAL Nord- Pas-de-Calais/ Picardie
3. Institut National des Etudes Démographiques

vendredi 13 novembre 2015

La Région Nord symbole de la faillite d’un système, première partie



Première partie : Un million de pauvres

PAYSAGE D'ARTOIS

La Région Nord qui est la mienne ( appelons-la ainsi provisoirement dans l’attente de son nom officiel)  peut être considérée comme le symbole du désastre qu’a été  l’ère industrielle, celle qui a débuté au milieu du 19e siècle  et qui s’achève dans la douleur des déséquilibres généralisés, dans  la menace des catastrophes  qu’entraînera le dérèglement climatique et dans l’angoisse du lendemain liée à la pauvreté et au chômage. 

Le Nord a beaucoup souffert de l’industrialisation et ses habitants ont beaucoup donné pour faire prospérer celle-ci.
Pendant plus d’un siècle, les Nordistes et les Picards ont produit de la richesse : les mineurs ont extrait le charbon dans de dures conditions, certains sont morts victimes de coups de grisou, d’autres ont souffert de la silicose et sont morts prématurément ; les ouvriers des fonderies et des aciéries ont travaillé dans la chaleur pénible des fours ; l’industrie textile a été prospère en grande partie grâce à des femmes mal payées, usées par les cadences infernales ; la pêche industrielle a pris le dessus sur la pêche artisanale, les chaluts ont permis de ramener à terre tant de poissons  que la ressource est devenue de plus en plus rare et le nombre de pêcheurs n’a cessé de diminuer.
Les petits paysans aux revenus modestes, mais hommes libres, ont disparu peu à peu ; ceux d’aujourd’hui sont étouffés par les crédits, les maîtres de l’agroalimentaire ont imposé leur loi. 
Ce système a enrichi quelques familles, il a exploité beaucoup d’hommes et de femmes dont la plupart n’avaient pas fait d’études.

À partir des années 1960, il aurait été nécessaire d’anticiper l’avenir ; les gouvernements successifs ont tardé à préparer la mutation, les élus locaux avaient peu de moyens d’agir ; les grands industriels ne se souciaient pas de cette situation : ils avaient leurs solutions, les délocalisations, le travail précaire, le licenciement des plus âgés.
Les lois de décentralisation de 1981 et 1982 ont permis aux régions d’apporter des améliorations dans leurs domaines de compétences, la formation professionnelle et les transports ; en ce qui concerne l'économie, leurs leviers d’action étaient limités.
Dans la grande région Nord, ces 20 dernières années les points faibles hérités du passé n’ont pu être effacés. 
La dernière étude de l’INSEE qui vient d’être publiée montre une situation sociale catastrophique : plus d’un million de personnes ( sur 6 millions ) vivent sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 987 euros par mois. Encore faut-il noter que cette étude se base sur des chiffres de 2012 ; en 2015, la situation s'est encore aggravée.

La région Nord est la plus pauvre de France.
Cela se traduit par l’impossibilité pour les gens concernés de payer ce qui permet de vivre dignement (pour se loger, se nourrir, se vêtir...) Devant les bâtiments des associations caritatives, les files de personnes de tout âge qui viennent remplir leur panier pour manger s’allongent.
C'est dans ce contexte de pauvreté que se dérouleront  dans quelques semaines les élections régionales.
L'état de la situation sociale aura sûrement des conséquences sur les résultats des régionales, ceux qui se sentent abandonnés par les gouvernements successifs et ne voient aucune perspective d’espoir, ces victimes du système auxquelles il faut ajouter tous ceux qui vivotent avec de maigres salaires et de petites retraites ayant probablement la tentation de s’abstenir ou de choisir le vote extrémiste.

  
À suivre, deuxième partie : 
Faillite d’un système, la Région Nord un environnement dégradé.

lundi 9 novembre 2015

Carnet de bord n° 46 : Feuilles d'automne

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».



Feuilles d’automne

Avec un peu de retard, l’automne a fini par s’installer. Je le constatais hier encore en marchant  dans la campagne boulonnaise ; les petites routes du village où je me promenais étaient parsemées de feuilles humides, jaunes et rougeâtres. Seule la température n’était pas de saison. Plus élevée que la moyenne ordinaire. Un avant-goût du réchauffement qui va s’installer dans les années à venir, renforcé, ont dit les spécialistes, par l’infuence de l’évènement El Niño.

L’automne est aussi la saison où les livres sont à l’honneur. L’attribution du prix Renaudot à Delphine de Vigan pour son livre D’après une histoire ne m’a pas étonné. Le hasard a voulu que je sois plongé dans la lecture de No et moi ( écrit en 2007)  au moment de cette annonce.
J’ai bien aimé le style alerte de l’auteure et l’histoire de cette jeune fille de 13 ans qui se prend d’amitié pour une SDF qu’elle sort de la rue en l’accueillant chez elle. Ce livre est l’occasion pour Delphine de Vigan de  faire passer un message d’humanité, tel que celui-ci : à l’heure où l’homme réalise tant de prouesses techniques « on est capable de laisser mourir des gens dans la rue.»

J’ai déjà eu l’occasion de dire ce que je pensais de la littérature d’aujourd’hui. Cette année qui va s’achever ne me fera pas changer d’avis. J’ai eu entre les mains une centaine d’ouvrages, j’en ai trouvé beaucoup de médiocres. C’est ce qui me pousse à lire de plus en plus d’essais, d’ouvrages relevant des sciences humaines, et à relire les grands écrivains des siècles passés.
Cependant quelques-uns, parmi les livres récents, ont retenu mon attention.
J’ai beaucoup aimé Pas pleurer de Lydie Salvayre qui avait obtenu le Goncourt l’an dernier.
Malgré le contexte pesant de l’histoire - les années 1936-1937 et la guerre civile espagnole - l’auteure emploie un style enlevé qui parvient à être parfois drôle. C’est une belle réussite.
Modiano est un grand auteur. Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier n’est sans doute pas son meilleur livre mais tout ce que Modiano écrit présente toujours un intérêt certain.
Enfin je citerai un livre qui m’a étonné par son originalité et son style : il s’agit de Sagan 1954, d’Anne Berest qui  évoque la jeune Françoise Quoirez  à l’époque où va sortir le livre qui la fera connaître - sous le nom de Sagan - au monde entier  : Bonjour Tristesse. 

Quelques livres qui sortent de la grisaille. Ne boudons pas notre plaisir, d'autant plus qu'il y en a encore d'autres, perdus dans la masse des nombreux ouvrages édités.




samedi 7 novembre 2015

Une photo, une phrase n° 9 : Stendhal



J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.

 Henri Beyle ( Stendhal)

La photo
Cette photo a été prise au cimetière de Montmartre.

Ma passion pour la littérature m’a conduit à visiter les lieux où de grands écrivains ont vécu, les maisons qu’ils ont habitées à un moment de leur vie. Bien sûr, ce sont leurs œuvres qui comptent le plus, mais je pense que leur vie peut apporter des éléments permettant de mieux comprendre ce qu’ils ont écrit.
J’ai ainsi  que j’ai vu la Devinière où a vécu Rabelais, la maison de du Bellay, la maison Vacquerie à Villequier où Victor Hugo a séjourné, celle d’Ernest Renan à Tréguier, celle de George Sand à Gargilesse et le château de Saché qui fut pour  Balzac un lieu d’inspiration...
La tombe des auteurs m’intéresse moins ; j’ai néanmoins profité d’un séjour à Sète pour voir le Cimetière marin où repose Paul Valéry et à Montmartre, je me suis arrêté devant la tombe de Stendhal.



Stendhal
Les tombes de certains personnages célèbres sont parfois de gigantesques monuments, celle de Stendhal est somme toute assez modeste, la stèle est ornée d’un portrait en bronze de l’écrivain et l’épitaphe écrite en italien a été rédigée par l’auteur lui-même : Arrigo Beyle Milanese Scrive Amò Visse ( Henri Beyle Milanais Ecrivit Aima Vécut) mort le 23 mars 1842 ; malgré le temps qui passe, des anonymes continuent de déposer, comme c’était le cas ce matin-là de décembre, quelques pots de fleurs, signes de reconnaissance envers un auteur qui a donné à la littérature quelques chefs d’œuvre immortels.  

vendredi 6 novembre 2015

HORIZON 2050 n°6 : Réduire les déséquilibres

La lutte contre le dérèglement climatique ne doit pas être l’affaire des spécialistes, elle concerne tous les citoyens de France  et d’ailleurs.
Le but de ces billets précédant  la COP 21 est  d’apporter les informations de base permettant de préciser les enjeux de celle-ci.



Réduire les déséquilibres

À l’approche de la Conférence de Paris, des voix s’élèvent à nouveau pour contester le diagnostic établi par les scientifiques sur l’état de la planète. Ne nous laissons pas impressionner par ceux qui mentent pour défendre des intérêts économiques : tous les phénomènes enregistrés ces dernières année (augmentation des gaz à effet de serre, pollutions, montée des eaux, fonte des glaciers...) sont bien liés aux activités humaines, les rapports du GIEC le prouvent.
Pour lutter contre ces menaces, il faut sans tarder  réduire les déséquilibres qui affectent la planète et ses habitants.

LA NATURE
D'abord, il faut agir contre le dérèglement des cycles naturels : celui du carbone produit le réchauffement climatique ; le raccourcissement du cycle de l'eau provoque inondations et sécheresse et réduit la quantité d'eau potable. 

Pour améliorer cette situation, le respect de la nature et  la sobriété énergétique s'imposent. Cela  suppose une autre organisation de la société.

LES HUMAINS

Les déséquilibres qui affectent  dans tous les  domaines ( répartition des richesses, éducation, santé...) la société mondialisée doivent être corrigés.
Trois questions sont essentielles :
- les rapports Nord / Sud :
Seul  un changement économique basé sur la solidarité et l'équité ( en payant au juste prix les produits venant des pays pauvres et en ne pillant pas leurs ressources ) permettra de réduire les maux dont souffrent ces pays : malnutrition, famines, privation d'eau potable, insuffisance de soins, prévention insuffisante des maladies...

- la rupture entre le  rural  et l’urbain :
La société industrielle a dépeuplé les campagnes et les grandes villes sont devenues, selon l’expression de Verhaeren, « tentaculaires ». Pour nourrir l’humanité, le monde rural doit être réhabilité et pour que les gens y vivent mieux, la ville doit se réconcilier avec la nature.

- la rupture entre local et mondial :
La mondialisation  de l’ère industrielle et financière     a étouffé la vie locale et notamment son économie. Si certaines décisions relèvent du niveau international, il faut recréer au niveau local, surtout dans les zones déshéritées, une vitalité permettant à chaque habitant de vivre dignement. Quant à la mondialisation, elle doit être repensée sur les bases de la solidarité.

On attend de la COP 21 qu’elle permette grâce à des décisions concrètes, de réduire ces déséquilibres qui mettent en péril l’humanité. Il faudra ensuite les appliquer : chaque pays  devra alors changer radicalement sa façon de gouverner.

mercredi 4 novembre 2015

Pour vendre, ils nous mentent




Régulièrement l’actualité met en évidence les mensonges commis pour attirer le consommateur et lui faire acheter des produits qui n'ont pas les qualités annoncées.
Quels sont les principaux responsables ?
- Les fabricants, les lobbies, les publicitaires et l’Etat.

Dans une logique productiviste où il faut produire toujours plus, vendre toujours plus, au nom d’une croissance qui n’a pas de sens, la morale compte peu. Tant pis pour votre santé, tant pis pour la planète !

Le phénomène n’est pas nouveau. Pendant plusieurs siècles, on a caché la dangerosité du tabac. L’armée distribuait même aux soldats leur ration de cigarettes. Il fallut attendre 1976 pour que Simone Weil présente une loi pour lutter contre le tabagisme.

Les industriels mis en cause pour avoir menti sont nombreux. Citons quelques affaires : médicaments dangereux (le Mediator), agroalimentaire ( lasagnes à la viande de cheval), automobile ( tricherie de Volkswagen) ...

Les lobbies agissent auprès des élus de leur pays et de l’Europe afin d’influencer leur vote. En France, on connaît le poids qu’a la FNSEA auprès du ministre de l’Agriculture.
Ainsi devant la poussée du végétarisme, celui-ci a relayé de fausses informations sur la viande et sur le régime non carné ; celles-ci avaient pour but de soutenir les éleveurs industriels. Ces derniers jours, l'étude réalisée par l'OMS et qui fait le lien entre certains cancers et la consommation de viande rouge et de charcuterie a troublé ce lobby qui a déjà entrepris de minorer l'étude. 

La publicité fait vivre ceux qui la font ainsi que la plupart des médias qui perdent ainsi une part de liberté et d’impartialité. Avec elle, le plat cuisiné frelaté devient un savoureux produit savoureux et le savon aux multiples composants chimiques que tient dans la main la jolie femme de la pub semble bien séduisant !

Les gouvernements participent eux aussi à ce grand mensonge car leur souci principal est la santé de l'économie.
Il y a quelques années, on a favorisé la vente des voitures roulant au diesel sans tenir compte du danger causé par l'émission des particules fines qu'elles provoquent.
Aujourd’hui, c'est la voiture électrique qui est vantée pour ses vertus écologiques, ce qui est faux. On cache la pollution causée par la fabrication des batteries qui produit énormément de CO2 (étude de l'ADEME).
Par ailleurs, on sait que les bornes sont branchées sur le réseau électrique alimenté à 80 % par le nucléaire qui est – n'en déplaise au lobby pronucléaire) – une énergie dangereuse et polluante ( notamment à cause de l'uranium ).

Pour faire face à ces multiples mensonges, le consommateur responsable a donc intérêt à s'informer sur des sites ou des journaux dignes de confiance.







































lundi 2 novembre 2015

Carnet de bord ( semaine 45) : Un monde violent

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but  de faire entendre « la rumeur du temps présent ».



UN MONDE  VIOLENT

Les semaines se suivent et se ressemblent : les conflits, les attentats, les provocations se multiplient. À‭  Calais, la situation des migrants et réfugiés devient de plus en plus dramatique ; ces gens  vivent dans une insalubrité insupportable. Certains défilent pour demander leur départ. Des avocats manifestent pacifiquement, ils sont malmenés par la police.
‭Tout à coup, à quelques semaines de la conférence de Paris sur le climat, le gouvernement qui démontre à nouveau qu’il n’a rien compris aux enjeux de la transition écologique, relance le projet aberrant de l'aéroport de Notre-Dames-des-Landes. Au lieu d’apaiser la situation, il crée les conditions de nouvelles révoltes.

‭Nous vivons dans un monde où règne la violence collective : celle-ci est à la fois politique et économique.

‭La violence politique a lieu quand, au nom de la sécurité, des policiers ou des gendarmes malmènent des militants qui défendent une cause juste, quand l’armée réprime des manifestations pour la liberté, quand on fabrique des armes qui tueront des innocents.

La violence économique est permanente.
Quand une entreprise licencie des salariés alors qu’elle fait des bénéfices, quand un travailleur vit dans la crainte permanente du chômage, quand on ne le respecte pas, il y a violence.
Quand récemment deux cadres d’Air France ont eu leur chemise arrachée, on a beaucoup parlé du geste des salariés. On a oublié de dénoncer la violence des rapports qui existent dans les entreprises à cause de l’attitude du patronat.

La non-violence que prônaient des auteurs tels que  Thoreau et  Tolstoï ainsi  que Gandhi,  ne sera possible que le jour où les rapports sociaux et politiques seront fondés sur la justice, la libre volonté de chacun, dans un monde où  la responsabilité individuelle sera effective.


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