Première partie : Un million de pauvres
PAYSAGE D'ARTOIS |
La Région Nord qui est la mienne ( appelons-la ainsi provisoirement dans l’attente de son nom officiel) peut être considérée comme le symbole du désastre qu’a été l’ère industrielle, celle qui a débuté au milieu du 19e siècle et qui s’achève dans la douleur des déséquilibres généralisés, dans la menace des catastrophes qu’entraînera le dérèglement climatique et dans l’angoisse du lendemain liée à la pauvreté et au chômage.
Le Nord a beaucoup souffert de l’industrialisation et ses habitants ont beaucoup donné pour faire prospérer celle-ci.
Pendant plus d’un siècle, les Nordistes et les Picards ont produit de la richesse : les mineurs ont extrait le charbon dans de dures conditions, certains sont morts victimes de coups de grisou, d’autres ont souffert de la silicose et sont morts prématurément ; les ouvriers des fonderies et des aciéries ont travaillé dans la chaleur pénible des fours ; l’industrie textile a été prospère en grande partie grâce à des femmes mal payées, usées par les cadences infernales ; la pêche industrielle a pris le dessus sur la pêche artisanale, les chaluts ont permis de ramener à terre tant de poissons que la ressource est devenue de plus en plus rare et le nombre de pêcheurs n’a cessé de diminuer.
Les petits paysans aux revenus modestes, mais hommes libres, ont disparu peu à peu ; ceux d’aujourd’hui sont étouffés par les crédits, les maîtres de l’agroalimentaire ont imposé leur loi.
Ce système a enrichi quelques familles, il a exploité beaucoup d’hommes et de femmes dont la plupart n’avaient pas fait d’études.
À partir des années 1960, il aurait été nécessaire d’anticiper l’avenir ; les gouvernements successifs ont tardé à préparer la mutation, les élus locaux avaient peu de moyens d’agir ; les grands industriels ne se souciaient pas de cette situation : ils avaient leurs solutions, les délocalisations, le travail précaire, le licenciement des plus âgés.
Les lois de décentralisation de 1981 et 1982 ont permis aux régions d’apporter des améliorations dans leurs domaines de compétences, la formation professionnelle et les transports ; en ce qui concerne l'économie, leurs leviers d’action étaient limités.
Dans la grande région Nord, ces 20 dernières années les points faibles hérités du passé n’ont pu être effacés.
La dernière étude de l’INSEE qui vient d’être publiée montre une situation sociale catastrophique : plus d’un million de personnes ( sur 6 millions ) vivent sous le seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 987 euros par mois. Encore faut-il noter que cette étude se base sur des chiffres de 2012 ; en 2015, la situation s'est encore aggravée.
La région Nord est la plus pauvre de France.
Cela se traduit par l’impossibilité pour les gens concernés de payer ce qui permet de vivre dignement (pour se loger, se nourrir, se vêtir...) Devant les bâtiments des associations caritatives, les files de personnes de tout âge qui viennent remplir leur panier pour manger s’allongent.
C'est dans ce contexte de pauvreté que se dérouleront dans quelques semaines les élections régionales.
L'état de la situation sociale aura sûrement des conséquences sur les résultats des régionales, ceux qui se sentent abandonnés par les gouvernements successifs et ne voient aucune perspective d’espoir, ces victimes du système auxquelles il faut ajouter tous ceux qui vivotent avec de maigres salaires et de petites retraites ayant probablement la tentation de s’abstenir ou de choisir le vote extrémiste.
À suivre, deuxième partie :
Faillite d’un système, la Région Nord un environnement dégradé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire