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samedi 30 juillet 2016

L'image du week-end : le paon blanc





Le paon 

« Il va sûrement se marier aujourd’hui.
Ce devait être pour hier. En habit de gala, il était prêt. Il n’attendait que sa fiancée. Elle n’est pas venue. Elle ne peut tarder.
Glorieux, il se promène avec une allure de prince indien et porte sur lui les riches présents d’usage. 
...
Et, ne sachant que faire du reste de la journée, il se dirige vers le perron. Il gravit les marches, comme des marches de temple, d’un pas officiel.
Il relève sa robe à queue toute lourde des yeux qui n’ont pu se détacher d’elle ».
( Jules Renard - Histoires naturelles)

   Comme beaucoup d’auteurs qui décrivent des animaux, Jules Renard, dans ce portrait du paon,  est tombé dans le piège de l’anthropomorphisme et, à vrai dire, ses comparaisons avec « le prince indien » et le « pas officiel » du paon ne sont pas très heureuses.
   Comme d’autres animaux, le crapaud par exemple que certains n’aiment pas parce qu’il serait laid, le paon est victime de préjugés : il serait le symbole de l’orgueil. 
- Pourquoi cette croyance ?
- Parce qu’on lui reproche sa beauté.

   Il faut dire que lorsqu’il déploie ses plumes de la queue, pour «faire la roue» le paon offre un spectacle impressionnant et il n’est pas étonnant que cette arme de séduction que la nature lui a donnée produise son effet sur la paonne en quête d’un compagnon. C’est bien le seul avantage qu’il tire de cette particularité qui est aussi un handicap : ces plumes magnifiques le mettent à la merci des prédateurs et son agilité en pâtit.
   
   Quand, en plus, le paon se distingue par la blancheur parfaite de son plumage, l’être humain ne sait que dire; alors il appuie  sur le déclencheur de l’appareil photo pour fixer l’instant de la rencontre. 
   

jeudi 28 juillet 2016

Lire et relire : Préambule



LIRE ET RELIRE
1. Préambule

«Nous avons tant marché sur les chemins du monde
                                         ...que nous avons voulu
nous reposer ici au milieu de nos livres...
pour écouter la terre engourdie sous le givre
Et retrouver enfin ce qui nous aide à vivre. "
( Les grands voyageurs - 2009)

    Livre. Il y a derrière ce mot qui désigne « l’assemblage d’un nombre assez important de feuilles » une grande variété de genres : roman, recueil de poésies, philosophie, biographie, essai, témoignage, ouvrage scolaire...
    Dans cette série de billets, le seul aspect qui sera abordé sera le livre qui relève de la littérature, c’est-à-dire celui qui a fait l’objet de la part de l’auteur de « préoccupations esthétiques»
   
  Quelle que soit la situation ( celle du bon élève en français ou celle de l’élève qui garde un mauvais souvenir de cette matière), la culture littéraire du jeune sortant de l’école n’est pas très riche. Grâce à la lecture, l’objectif d’éducation permanente chère à Condorcet pourra être atteint : lire n’est pas seulement un loisir qui apporte des émotions et des surprises et permet de s’évader, cela permet de mieux connaître l’humain, de découvrir d’autres univers. Les personnages ont beau être la plupart du temps fictifs, ils deviennent, dans les situations que l’auteur a imaginées, un visage et une réalité.

   Un autre fait caractérise la lecture - je l’ai effleuré dans des lignes précédentes: la perception du lecteur varie selon l’âge. C’est pourquoi il est intéressant de relire des ouvrages lus pendant la jeunesse; qu’on l’ait aimé ou trouvé ennuyeux, on aura un autre regard sur le livre (qui lui n’a pas changé).

  Dans les prochains billets, quelques relectures vous seront proposées.

à suivre  

dimanche 17 juillet 2016

Chagrin




                                                          SORROW
Photo courtesy of and copyright Free Range Stock (www.freerangestock.com)‭
Auteur: Stuart Miles


Chagrin

‭   Dans le cadre des billets d’été consacrés à l’art de vivre, vous auriez dû retrouver ce week-end la photo de la semaine accompagnée de quelques réflexions sur toutes ces beautés ou ces plaisirs qui font le charme de la vie. Mais quand l’actualité montre une fois encore le spectacle désolant de la sauvagerie, on sent la nécessité de partager la douleur des familles qui ont été touchées par le drame et d’avoir une pensée pour celles et ceux qui ont perdu la vie ainsi que pour les blessés dont certains luttent contre la mort.

‭     L’heure n’est pas aux commentaires hâtifs, aux propos indécents tenus par certains politiciens ou à l'exploitation - avec des relents de racisme - des origines du responsable de la tuerie , elle est au recueillement.

‭     Il semble aujourd’hui impossible d’éviter à l’avenir un drame semblable à celui qui vient de se produire à Nice puisque le conducteur du camion qui a été utilisé comme engin de mort n’avait pas le profil d’un possible terroriste. La seule chose sûre qu’on sait de lui est qu’il avait eu des problèmes psychologiques, comme c’était le cas du pilote allemand qui avait en 2015 entraîné la mort de tous les passagers de l’avion dont il avait provoqué la chute sur la montagne. 

‭   Dans les deux cas, un moyen de transport a été détourné de son usage normal pour tuer.

‭   Aujourd’hui une réflexion de fond s’impose sur les risques liés au développement technologique. Nous devons notamment nous interroger sur les incohérences des comportements humains. 
Prenons un seul exemple : la mort de plusieurs dizaines de personnes dans une catastrophe émeut tout le pays mais quand ces dernières années trois mille personnes environ meurent sur les routes françaises (à cause de l’alcool, de la drogue, des excès de vitesse, de l’utilisation du téléphone en conduisant...) peu de voix s’élèvent pour lutter contre ce drame que constitue l'irresponsabilité au volant.

mercredi 13 juillet 2016

Art de vivre - été 2016 : Quatorze juillet



« Le jour du Quatorze juillet
Je reste dans mon lit douillet;
La musique qui marche au pas
Cela ne me concerne pas ».
chantait Georges Brassens dans La mauvaise réputation.

  Quand revient le quatorze juillet, je repense immanquablement à cette chanson.

   À ses débuts, Brassens avait choqué beaucoup de monde par son anticonformisme et son antimilitarisme  et certaines de ses chansons étaient censurées. Trente-cinq ans après sa mort, les gens de ma génération et  ceux qui ne l’ont pas connu continuent de l’écouter et de fredonner ses chansons qui sont celles d’un homme libre évoquant l’amitié (les Copains d’abord), les gens humbles (Pauvre Martin, Bonhomme), la solidarité (Chanson pour l’Auvergnat). Brassens aimait aussi la nature (le grand Chêne) et les animaux (Montélimar).

   Dans La mauvaise réputation, Brassens dénonce quelques travers de notre société et le comportement des gens trop dociles, en écrivant :
« Non les brav's gens  n' aiment pas que 
l'on suive une autre route qu'eux».
   
   En affirmant son manque d’intérêt pour les  cérémonies du 14 juillet telles qu’elles sont organisées  depuis que la fête nationale existe, il confirme son côté anarchiste  mais sa position est conforme aux faits historiques.
En effet, lors du premier grand défilé qui  a eu lieu en 1880 sur l'hippodrome de Longchamp, il s'agissait, après la capitulation de 1870 face à la Prusse, de montrer aux citoyens le redressement militaire de la France.
Mais l'esprit de la fête nationale et de la Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, n'était pas dans la mise en valeur de l’armée.

     La prise de la Bastille et la nuit du 4 août 1789 marquent la volonté de rendre le pouvoir au peuple et de lutter contre les inégalités.

     Il serait temps de prendre acte du fait que nous avons changé d'époque et de revenir aux sources historiques. Célébrer la liberté, l'égalité et la fraternité par des chants, des danses et des fêtes populaires, œuvrer pour que ces trois mots entrent concrètement dans la vie de tous les jours, tel est le vrai sens du quatorze juillet.

samedi 9 juillet 2016

Art de vivre - été 2016, n°3 : le mur


La photo de la semaine : Le mur



    Quand on vient de la Lozère et qu’on entre dans l’Aveyron en suivant la vallée du Lot, le premier village qu’on rencontre est Saint-Laurent d’Olt. La partie ancienne de la commune est bâtie sur un piton rocheux. 
   Je découvrais ce jour-là les vieilles ruelles du village. De celles-ci, on a une vue superbe sur le Lot, fougueux à cet endroit. 
Après une courte pause pour admirer le paysage, je me retournai pour continuer ma visite; un mur auquel je n’avais pas prêté attention se dressait devant moi.

   S’émerveiller devant des choses banales  qui vous étonnent ou paraissent toujours neuves, c’est mettre un peu de poésie dans sa vie.

   Sur ce mur de pierres grises et rosâtres que la chaux rend solidaires les unes des autres, la mousse s’était installée patiemment. Plante archaïque sans racines et sans tige, la mousse n’a pas besoin de grand-chose pour vivre : un peu d’humidité et l’air ambiant suffisent. Et puis la rage de vivre a fait le reste : des graines ont profité de ce tapis pour germer et former ces belles grappes roses et vert pâle qui décorent le mur.
    Une fois encore, la nature démontrait l'envie de vivre du végétal.

jeudi 7 juillet 2016

Art de vivre -Eté 2016: la peinture


  

Vermeer - La Ruelle
 
 
 
  Dans le poème Amsterdam*, je décris une ville plutôt triste, sentiment provoqué par la vue de jeunes au regard perdu rassemblés sur le Dam et puis, sur la célèbre place, une passante avance, tout change:
“...soudain le sourire
de la femme qui passe,
lumineux, troublant comme
un tableau de Vermeer”.
   Le choix de la comparaison n’est pas le fruit d’un long travail pour trouver le mot adéquat, il est venu spontanément: ce sourire entrevu avait le côté à la fois mystérieux et familier des toiles de Vermeer.
  Peintre né à Delft (Pays-Bas) en 1632, mort dans la même ville en 1695, Johannes Vermeer a bâti sa renommée sur un nombre limité de tableaux. De lui, on connaît surtout la Vue de Delft, la Liseuse à la fenêtre ou encore la Dame au collier de perles mais encore la Laitière et la Jeune Fille à la perle (pour ces deux tableaux, il faut noter que certains spécialistes mettent en doute la paternité de Vermeer).
  La Ruelle a été peinte vers 1667. On voit encore aujourd’hui à Delft et en Hollande des façades de ces maisons typiques en briques rouges semblables à celle que Vermeer a représentée dans cette toile. Mais ce qui frappe au premier regard, c’est le souci du détail chez ce peintre : la disposition des briques, le soin apporté pour peindre les fenêtres, les maisons voisines, le coin de ciel et ses nuages blancs, tout cela a la précision de la photographie.
   Comme dans la plupart de ses tableaux, Vermeer a placé des personnages représentant le peuple; ici les trois femmes illustrent un thème cher au peintre: la vie domestique. L’une, à genoux sur les pavés, occupe la pointe d’un triangle, les deux autres sont aussi en plein travail; celle de gauche, légèrement penchée, plonge les mains dans une grande bassine, la femme à droite, assise, est en train de coudre.
 
  Scène réaliste, symbole d'une époque où la  femme était cantonnée aux tâches ménagères.
Amsterdam (poésie) 

mardi 5 juillet 2016

Art de vivre - Eté 2016 n°1





    
   Pendant plusieurs semaines cet été ce blog prendra un air de vacances. Je n’éprouve pas le besoin de ne pas écrire quelque temps comme le fait tout travailleur qui a besoin de se ressourcer, d’évacuer la fatigue et le stress accumulés pendant les mois précédents.
    Certains écrivent dans la douleur; pour moi, écrire est un plaisir et j’essaie d’éviter le piège de la monotonie qui provoque la lassitude du lecteur.
  Chaque été, le blog abandonne les chroniques habituelles, celles qui sont liées à l’actualité, pour aborder un thème principal. Il y a eu les années précédentes : la liberté, la beauté des jours ordinaires, l’évocation des vacances à travers les siècles, l’évasion, thème illustré par les photos de Ramon Ciuret. 
  Cette année, les chroniques parleront essentiellement de l’art de vivre et les articles paraîtront  le mardi, le jeudi et le samedi.


dimanche 3 juillet 2016

L’image du week-end : Un port


Fête de la mer à Boulogne

Souvenirs d’un port   

    Le port fait partie de mon horizon depuis l’enfance. Celui de Boulogne fut d’abord pour moi un lieu de promenade. Le dimanche, dans la foule qui marchait le long des quais, je regardais avec curiosité les mouettes qui s’approchaient de nous, les bateaux qui avaient tous un nom. Nous  avancions jusqu’à la jetée et là, chaque fois,  je contemplais la mer, ébahi.

    Pour l’enfant et le poète, le port est avant tout le lieu où naissent les  rêves de voyages. En regardant les paquebots qui sortaient du port, j’imaginais être un de ces passagers qui partaient pour de lointains pays. En réalité, ils allaient  vers l’Angleterre toute proche...

    Et puis de temps en temps, il y avait de fabuleux bateaux qui faisaient escale : des voiliers anciens qui avaient traversé toutes les mers. Les livres de Joseph Conrad et de Pierre Loti entretenaient les rêves.

   En grandissant j’ai compris que le port est d’abord un lieu qui fournit du travail aux hommes. En voyant les caisses remplies de poissons, je pensais à la vie rude des marins et des dockers. Les poèmes de Victor Hugo m’avaient appris les drames causés par les tempêtes et l’angoisse des femmes de marins.

    Toutes ces images, ces sentiments ne s’effacent jamais. Elles resurgissent quand je me promène sur les quais d’un de ces ports à taille humaine de Bretagne, de Normandie ou de la Côte d’Opale que j’aime tant.

     (Mais je fuis les ports gigantesques si tristes où les  hommes sont quasiment absents).

vendredi 1 juillet 2016

Le loup, l’éleveur et l’antispéciste

Photo Freerange Archives


   Les rapports entre l’homme et le loup suscitent à nouveau de nombreuses discussions à tel point que Le Midi libre a récemment mis le sujet à la une de son journal et y a consacré deux pages. En Lozère et en Aveyron, départements d’élevage ovin, deux visions différentes s’expriment : les uns sont partisans d’une nature maîtrisée par l’homme, les autres prônent le retour à une nature sauvage dans laquelle le loup aurait toute sa place.

   Selon le journal, 11 attaques de troupeaux ont eu lieu en Aveyron l’an dernier ( 8 à ce jour en 2016) et 72 en Lozère en 2015 ( 7 cette année).
Il faut d’abord préciser qu’il n’est pas certain que ces attaques soient dues au loup; elles entrent dans la catégorie “ loup non exclu”  qui permet d’indemniser les éleveurs. Les attaques peuvent provenir d’autres animaux.

    Le représentant local de la Confédération paysanne estime que “ la cohabitation  entre l’agropastoralisme  et le prédateur n’est pas possible”. Il propose une solution étrange : éduquer le loup” et n’est pas favorable au retour des brebis à la bergerie la nuit car cela augmenterait le temps de travail.
C’est pourtant la solution choisie par certains éleveurs.

   Dans cette affaire, quelle est la position de l’État ?
Il dépense des milliers d’euros pour installer des clôtures et indemniser les éleveurs. Dans le parc national des Cévennes, on applique le plan national Loup; la ministre de l’Écologie a autorisé en 2015 des “ tirs de défense”. Le préfet de Lozère a annoncé au Midi libre qu’il étudiait “la possibilité de prendre à la mi-juillet un arrêté de prélèvement renforcé pour le Méjean”.

   Chez les écologistes, la position n’est pas toujours claire. Au nom de la biodiversité, on dit qu’il faut protéger l’espèce mais certains ne sont pas opposés à une “ régulation” qui, en d’autres termes, signifie l’abattage de loups.

   La logique antispéciste ne souffre, elle, d’aucune ambiguïté : pour les partisans des droits de l’animal, le loup est un être qui éprouve en liberté un plaisir de vivre que l’homme ne peut interrompre. 
- Mais il lui arrive de tuer des agneaux, des brebis ! Et c’est le travail des éleveurs qui en pâtit ! entend-on souvent.
À cela je réponds : Le responsable de cette situation n’est pas le loup mais l’homme qui depuis des siècles et à un rythme accéléré depuis cent ans a réduit et saccagé les espaces naturels où les animaux sauvages vivaient. Ces moutons naissent pour être abattus la plupart du temps dans des conditions inadmissibles. L’antispéciste refuse qu’on exploite et qu’on tue des animaux non humains.

   Dans un futur plus ou moins proche le métier d’éleveur aura disparu, d’autres métiers apparaîtront et les animaux destinés aujourd’hui à produire de la viande retrouveront la liberté.
     

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