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lundi 31 mai 2010

Artistes maudits



Certains auteurs ou artistes ont une vision  optimiste de la vie.
Ils voient dans la création une source d'émerveillement, d'épanouissement.
D'autres expriment dans leurs textes, dans leurs tableaux, une angoisse, une grande souffrance, tel Antonin Artaud qui pensait que " nul n'a jamais écrit ou peint, sculpté, modelé, construit, inventé, que pour sortir en fait de l'enfer."
La vie d'un artiste maudit est triste mais son œuvre peut atteindre le sublime.
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mardi 25 mai 2010

Un jour de mai



   C'est une belle journée de mai, une de ces journées où la chaleur du soleil tend ses pièges.
   Le jardin a pris un air d'été : la terre est sèche, les jeunes plantes se ratatinent. Elles devront attendre la fin du jour pour que la pluie de l'arrosoir leur redonne vigueur.
  Sous le cerisier qui m'apporte un peu de fraîcheur, le corps s'engourdit, l'esprit vagabonde, le regard  se pose paresseusement sur les fruits naissants qui ressemblent à de petites olives vertes. Une guêpe frôle mon visage ; elle a la délicatesse d'aller se poser plus loin.

  Les effluves discrets des lilas qui forment une jolie haie mauve, blanche et verte, parviennent jusqu'à moi. Il s'y mêle des parfums d'herbe, de thym, de menthe et de sarriette.

  C'est l'heure de la sieste, moment délicieux, réparateur.

  Le jardin n'est pas seulement un lieu où l'on travaille.

dimanche 23 mai 2010

PORTRAIT : LE HERON



Alors que l'oeil du profane a beaucoup de mal à mettre
un nom sur le passereau qu'il aperçoit dans son jardin,
il reconnaît au premier regard le héron qui déambule
au bord des étangs, des rivières et s'aventure parfois
même aux abords des villes.
Le héron est un oiseau à la fois gracieux et gracile.
Il doit sa grâce à la longueur du cou et des pattes.
La finesse de celles-ci donne une impression (fausse)
de fragilité.
Le héron aime la lenteur et la patience est sa
principale qualité.
Qu'il marche ou qu'il vole, il se déplace lentement.
Il lui arrive souvent de rester immobile pendant des
heures, tenant sur une patte, le cou replié. Dans
cette performance prolongée, il est aussi parfait que
les statues humaines qui épatent le touriste à Vérone
ou à Florence.
Tel n'est pas cependant l'objectif du héron. Chez
lui, cette posture est avant tout une stratégie de
chasse destinée à tromper le poisson ou la grenouille
qui s'approche imprudemment de lui.
Le héron a appris la patience dès le plus jeune âge,
quand il était au nid. Ses parents chassant dans un
rayon assez grand (*), il s'est habitué à attendre
longtemps sa nourriture ( de quatre à sept heures).
Chez le héron, l'attitude de vieux sage en pleine
méditation qu'il aime prendre est une arme
redoutable.


* pouvant atteindre 40km

mercredi 19 mai 2010

Une mer sans poissons, scénario possible ?



Imaginons un homme réputé sérieux annonçant au début du siècle dernier que la mer risquait de voir un jour prochain les poissons disparaître, on lui aurait ri au nez en déclarant :
─ Mais, Monsieur, que vous arrive-t-il ? Les
mers couvrent une surface immense. Du poisson,
il y en aura jusqu'à la fin des temps. La mer, c'est
notre avenir. Grâce à elle, les hommes ne
connaîtront plus la famine.
Mai 2010. Pavan Sukhdev, directeur de l'initiative
pour une économie verte du PNUE ( Programme
des Nations-Unies pour l'Environnement )
annonce que " si les estimations que nous avons
reçues se réalisent...dans 40 ans nous n'aurons
plus de poissons."
Déjà, 30% des réserves ont disparu. Une pression
trop forte sur la ressource à cause de l'extension
de la pêche industrielle, les nouvelles formes de
pêche, notamment la pêche en eaux profondes
qui détruit les fonds marins, ont abouti à la
situation critique que nous connaissons aujourd'hui
et aux recommandations des scientifiques qui
préconisent de ralentir voire de cesser l'exploitation
d'espèces menacées, telles que le thon rouge, le
turbot, la raie, l'empereur, le grenadier...
Une mer sans poissons serait un scénario
catastrophique du point de vue environnemental
et du point de vue humain, en particulier pour
les pays pauvres où le poisson constitue
l'essentiel de l'apport en protéines pour un
milliard de personnes.
Inimaginable il y a cent ans, ce scénario est devenu
une hypothèse scientifique possible.

" Ce que je constate, disait Claude Lévi-Strauss, ce
sont les ravages actuels...L'espèce humaine vit 
sous une sorte de régime d'empoisonnement   
interne..."


samedi 15 mai 2010

REFLEXION : La faim dans le monde




J'ai entamé le 5 mai une série de billets consacrés à l'Afrique. Pour clore celle-ci, il me semble
nécessaire d'évoquer la situation dramatique que connaissent certains pays africains touchés les uns par des conflits ethniques, les autres par la corruption des dirigeants, d'autres encore par
la progression des déserts ou les longues sécheresses.
Il en résulte des famines qui
conduisent à la mort ou une malnutrition entraînant de graves problèmes de santé.
Si l'on prend en compte l'IDH (indice de développement humain) plus juste que le PIB
très contestable, et l'apport journalier de calories (le minimum FAO étant de 2400), on constate que la moyenne des habitants de certains pays vit dans des conditions dramatiques :
- Sierra Leone : IDH 0,336 ; 1936 cal/j
- Tanzanie : IDH 0,467 ; 1960 cal/j
- Ethiopie : IDH 0,406 ; 1850 cal/j
- Somalie : 1628 cal/j (*)
A titre de comparaison :
- France : IDH 0,952 ; 3630 cal/j (1)


Le plus inquiétant dans cette situation, c'est qu'elle provoque très peu de réactions d'indignation, en dehors du travail accompli par certaines associations ou établissements scolaires.
Si la plupart des gens ont enfin compris l'importance du réchauffement climatique, ils n'ont pas pris conscience de la gravité du déséquilibre entre pays riches et pays pauvres.
Je suis de ceux qui pensent qu'une civilisation qui accepte une telle injustice va irrémédiablement au désastre.
Il me semble donc urgent de prendre au niveau international les décisions qui permettraient de faire disparaître la faim dans le monde.
Parmi les pistes possibles, je citerai l'effacement de la dette des pays pauvres et une accélération du désarmement.
Le Secrétaire Général de l'ONU, Ban Ki-Moon, a rappelé récemment que les dépenses pour l'armement dépassaient mille milliards de dollars américains au niveau mondial et ne cessaient d'augmenter.
Accélérer le désarmement dégagerait des crédits en faveur de la lutte contre la faim dans le monde.



1. Source : Atlas des pays du monde 2010 Larousse




jeudi 13 mai 2010

GRENELLE II : le grand malentendu





Les citoyens conscients de la gravité de l'état de la planète qui plaçaient leurs espoirs dans le sens des responsabilités des politiques au pouvoir ont  sans aucun doute perdu toutes leurs illusions.
Après un sommet de Copenhague calamiteux et en France un Grenelle I de l'environnement plutôt décevant, la suite de ce Grenelle a révélé ses abandons, ses renoncements.

Depuis que les partis de gauche et de droite se sont emparés de la question écologique soulevée par les précurseurs ( scientifiques, philosophes, hommes et femmes de terrain) il y a 50 ans, l'écologie est victime de malentendus.

Le premier est dans la définition même du mot, trop souvent confondu avec le mot environnement. Le second est entretenu volontairement ─ et très habilement ─ par les puissances économiques et financières qui ont vu dans cette crise écologique mondiale une opportunité de faire des bénéfices juteux dans ce qui est devenu le business vert.



Lorsque le Président, il y a quelques semaines, déclarait que désormais il faudrait mesurer l'impact des mesures environnementales sur l'économie de l'agriculture, il entrait dans cette logique : donner la priorité à l'économie (en clair à la rentabilité, aux bénéfices) en considérant que la question environnementale ( et donc la santé des gens) est
secondaire.
Tant qu'on ne s'attaquera pas à la racine du mal ( produire n'importe quoi pour enrichir des actionnaires) tous les sommets consacrés au développement dit durable ne serviront à rien.


dimanche 9 mai 2010

Saint-Louis du Sénégal ( Ndar)

Saint-Louis : route de Sor - Carte postale -1902


1. Mermoz et l'Aéropostale

   C'est en vivant au milieu des gens qu'on connaît le mieux un pays, une région. J'ai eu cette chance en me rendant à Saint-Louis- du- Sénégal ( Ndar en wolof).

   Que savais-je auparavant de cette ville ? Qu'elle avait été la capitale du pays avant Dakar, que le commerce y avait été florissant, notamment celui qui a été longtemps passé sous silence : le commerce des esclaves. Les exploits des pionniers de l'Aéropostale m'avaient fait rêver lorsque j'avais une dizaine d'années. Il fallait être un peu fou pour risquer sa vie comme le firent Saint-Exupéry, Guillaumet et Mermoz et porter du courrier de l'autre côté de l'Atlantique, dans de fragiles avions vers 1930. 

   Aussi, lorsque je me retrouvai un matin à l'hôtel de la Poste pour une réunion de travail, je pensai bien entendu à Jean Mermoz qui avait fréquenté cet hôtel à partir de 1927, jusqu'en 1936, année de sa disparition.

  Son équipage avait réalisé en 1930 la première liaison postale transatlantique sans escale,
atteignant le Brésil après 21 heures de vol, en parcourant un peu plus de 3000 kilomètres dans son Latécoère 28.

   Prendre tant de risques pour apporter à l'autre bout du monde des sacs postaux contenant de banales lettres, des cartes, quelques colis, dépassait la volonté d'aider les hommes à communiquer. C'était pour ces aventuriers, comme l'a exprimé Saint-Exupéry, une façon de mieux se connaître en " se mesurant avec l'obstacle."

  C'est ce que je voulais retenir de Mermoz en pénétrant dans cet hôtel qu'il avait bien connu, plutôt que son intrusion controversée dans la vie politique qui a terni l'image du héros de l'aviation.
( à suivre)

vendredi 7 mai 2010

L'âme de l'Afrique





   La civilisation occidentale est dans une impasse, chacun le reconnaît. Si elle a porté des valeurs auxquelles nous tenons ( les droits de l'homme par exemple ), elle s'est fourvoyée, par une volonté de domination et par cupidité, dans des entreprises néfastes pour l'humanité entière : les croisades, les guerres, la colonisation, et plus récemment le massacre environnemental.

   C'est ce constat, apparu au grand jour à la fin des années 60, qui m'a conduit à penser qu'un dialogue des civilisations était indispensable pour sortir de la crise qui s'installait. Aussi est-il logique que mon premier engagement de citoyen ait été le dialogue ( je préfère ce terme à celui de coopération, plus ambigu) avec le Tiers-Monde et plus précisément l'Afrique et Madagascar.

  Pendant plusieurs années, une bonne partie de mes vacances fut consacrée à des échanges avec de jeunes cadres, étudiants, enseignants africains et malgaches, venus en France étudier des questions telles que l'exode rural, la reconversion industrielle ou le développement touristique. Ces rencontres enrichirent mes connaissances livresques. Il me fallut cependant attendre de longues années encore avant de poser le pied en Afrique.

Mon arrivée à l'aéroport de Dakar, une nuit de novembre, fut un choc que je n'oublierai pas. La chaleur était étouffante, l'air moite. Des dizaines de gamins se précipitèrent sur moi pour réclamer une pièce. La colonisation et le néocolonialisme qui avait sévi depuis l'indépendance du Sénégal étaient passés par là : ils avaient bousculé les valeurs traditionnelles, déstructuré l'économie, poussé les paysans vers les grandes villes, produit de la misère.
Je me souviens de cette la longue route pleine d'ornières qui va de Dakar à Saint-Louis.
J'avais loué une vieille voiture ( la ligne de chemin de fer avait disparu) et je traversais des villages grouillants de femmes, d'enfants, qui vendaient leurs fruits, leurs poteries au bord de la route. J'allais à la rencontre des pêcheurs de Saint-Louis qui m'avaient invité à partager leur vie pendant quelques jours.
L'accueil chaleureux qu'ils me réservèrent reflète bien l'âme de l'Afrique, celle que mes lectures et mes rencontres m'avaient permis d'imaginer.


mercredi 5 mai 2010

AFRIQUE ( Du fond de la nuit)





Du fond de la nuit où nous sommes
j'entends monter dans la savane
le chant d'espoir des hommes qui
célèbrent la saison nouvelle



Dans la nuit profonde j'entends
la voix chaude des femmes fières
que les tam-tam tremblants entraînent
dans une danse échevelée


Et quand enfin le jour se lève
on voit s'allumer de grands feux
dans les yeux de l'enfant qui rit


lundi 3 mai 2010

Jusqu'où le singe est-il un homme ?




Pendant des siècles, la philosophie occidentale a négligé l'étude de l'animal, considéré uniquement comme un auxiliaire de l'homme, utile pour effectuer de durs travaux, pour lui fournir sa viande, pour le distraire ( bêtes de foires, de cirques, corrida),pour tester médicaments et produits divers.
Depuis des siècles, des animaux ont été sacrifiés,ont enduré les pires souffrances à cause de cette attitude.
Ces dernières décennies, l'éthologie, la psychologie animale, ont permis de faire évoluer les rapports que l'homme entretient avec l'animal.
Les récentes études ont mis à mal les conceptions anciennes et ont montré que la frontière entre l'humain et l'animalité n'était pas aussi claire qu'on le pensait.
Ainsi, la référence à l'outil ─ utilisée autrefois pour définir cette frontière ─ n'est plus pertinente : dans son livre Nouvelle Histoire de l'Homme Pascal Picq rappelle que de grands singes se servent de pierres ou de bouts de bois pour casser des noix de coula aux coques très dures. De même, le séquençage de l'ADN démontre que les grands singes africains - chimpanzés et gorilles - sont plus proches de l'homme que des grands singes asiatiques.
Les observations faites récemment par une équipe de l'Université de Sterling (Ecosse) sur le comportement des chimpanzés apportent de nouveaux éléments.
Ayant assisté à la mort d'une femelle qui avait vécu plus de 20 ans avec d'autres chimpanzés, James Anderson, professeur de psychologie ayant participé à ces travaux a déclaré :
" Certains des comportements (des chimpanzés) étaient fortement similaires aux réactions d'humains confrontés à la mort de leurs semblables."
En effet, alors que la vieille femelle se mourait, ses compagnons l'avaient caressée, puis avaient vérifié qu'elle ne bougeait plus ; ensuite, sa fille avait passé la nuit près d'elle.
Les défenseurs de la cause animale trouveront dans les progrès de l'éthologie de nouveaux arguments en faveur de leur lutte.

samedi 1 mai 2010

MAREES NOIRES



Ainsi, une fois de plus, ceux qui vivent du pétrole
ont sévi et une nouvelle catastrophe s'est déclarée,
causant la mort d'une dizaine de travailleurs et
menaçant les écosystèmes de quatre états américains
( Louisiane, Floride, Alabama, Mississipi).
La cause de ce désastre ?
- L'explosion d'une plateforme de forage en eau
profonde, installée à 70 km au large de la Louisiane,
près d'une zone sensible du point de vue écologique.
Explosion qui déclenche un incendie, puis
l'engloutissement de la plateforme. Deux mille
mètres cubes d'hydrocarbure partent en fumée, le
reste se répand à la surface de la mer. La nappe de
pétrole atteint à ce jour 74 000 m2 et chaque jour
800 m3 continuent de s'échapper.
Les conséquences de cette catastrophe seront
énormes du point de vue écologique ( atteinte de
l'écosystème côtier, mise en péril de la flore et de la
faune - cachalots, dauphins, poissons, crustacés,
oiseaux) et du point de vue social ( 40% des
crustacés consommés aux USA proviennent de la
Louisiane).
Dans le passé, les marées noires avaient pour
cause essentielle les négligences des pétroliers.
Aujourd'hui, en raison de la diminution des réserves
de pétrole, l'exploitation se fait dans des conditions
de plus en plus difficiles, de plus en plus dangereuses,
en mer. Le golfe du Mexique contient à lui seul
3500 plates-formes offshore !
Si l'on continue d'agir ainsi jusqu'à la disparition
du pétrole, de telles catastrophes vont se multiplier.
Cela serait irresponsable. Il est urgent de préparer
dès maintenant l'ère de l'après-pétrole. C'est la
seule façon de préserver les écosystèmes.

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