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jeudi 30 août 2018

La rumeur du temps : la forêt


1er septembre 2018





Chaque week-end vous trouverez désormais la chronique intitulée La Rumeur du Temps. Celle-ci abordera une question se rapportant à notre époque, vue sous l’angle de la culture, ce mot étant pris dans son sens large : « ensemble des formes acquises de comportement dans les sociétés humaines. » (le Robert)

ARBRES

    Deux éléments jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement de la vie sur terre : la forêt et la mer. On sait comment l’une et l’autre ont été victimes des activités humaines en particulier au cours des deux derniers siècles.

     En ce qui concerne les forêts leur exploitation a commencé dès la préhistoire. Les arbres ont été abattus pour se chauffer, pour laisser la place à des champs, pour bâtir des abris… Mais pendant des milliers et des milliers d’années, la population mondiale était peu nombreuse et l’impact sur l’environnement est resté faible.


   Sous la société industrielle, les forêts ont été saccagées, détruites pour construire des lotissements, des routes, pour cultiver le sol de manière intensive. L’exemple le plus tragique de ce massacre est celui de la forêt amazonienne - plus grand réservoir de la biodiversité - défigurée et appauvrie par 170 000 kilomètres de routes et par l’élevage intensif de bovins !
    Bien avant les scientifiques, les poètes avaient senti l’importance des forêts. Jusqu’au 19e siècle, ils avaient mis l’accent sur différents aspects des bienfaits qu’ils apportent pour l’homme et les animaux qu’ils abritent. Chateaubriand a écrit qu’elles « ont été les premiers temples de la Divinité », Émile Verhaeren sentait le « rythme profond » et la « force totale » de l’arbre passer en lui quand il le touchait.
    Depuis le 20e siècle, de nombreux poètes évoquent la Nature différemment. Ils ne la regardent plus comme autrefois. Ils ne se contentent pas de s’émerveiller devant elle, ce sont des hommes et des femmes engagées.
Citant Bertolt Brecht qui avait écrit ces vers: « Vraiment je vis dans des temps obscurs…
Quels sont ces temps où
Parler d’un arbre est presque un crime -
Parce que c’est un silence sur tant de crimes »,
le poète Pierre Garnier dénonçait en 1958 « nos temps obscurs où des continents entiers sont menacés de voir leur nature rasée par les armées de défricheurs et où les plus avides commencent à cligner de l’œil aux plus lointaines étoiles. » (1)
 Le poète allemand Johannes R. Becher (1891-1951) faisait remarquer que les gens qui aiment la forêt sont nombreux mais ils « ne prennent pas conscience de l’être vivant de la forêt. » Il pensait que « le poète est, par vocation, le médiateur entre la nature et la société. »
   La poésie moderne n’est plus mièvre comme elle l’était quand les poètes étaient au service de rois ou de princes. Les vrais poètes éveillent les consciences, ils nous aident à mieux comprendre la nature et ils préparent l’avenir.


1. dans la préface du livre Trois Poètes allemands de la Nature.





mercredi 29 août 2018

Rentrée


Rentrée(s)


29 août 2018

    Après une pause de quatre semaines, je reprends aujourd’hui ce blog. Cette reprise est déjà la dixième. Bienvenue à ceux qui découvrent ce blog, merci aux lecteurs et lectrices fidèles.

     Pour chacun de nous, les rentrées se suivent et se ressemblent plus ou moins. Chacun a ses propres souvenirs de rentrée. Parlons d’abord de celle des écoliers. En ce qui me concerne, celles-ci étaient attendues avec impatience. Deux mois et demi de vacances (à l’époque), cela paraissait très long. Lorsque j’étais élève, les retrouvailles avec l’école étaient un plaisir. La classe sentait le neuf : les cahiers, les crayons, l’ardoise, le cartable, la blouse que nous portions, tout était nouveau.
    Plus tard, quand je me suis retrouvé devant des élèves, ce fut le même enthousiasme. L’école était un espace où l’enseignant était une personne respectée des élèves et des parents. Malgré des classes souvent surchargées, l’instituteur ou le professeur réussissait à accomplir sa tache avec un certain bonheur. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La profession a été dévalorisée, le comportement des parents et de leurs enfants vis-à-vis des enseignants a changé, à tel point que les candidats au poste de professeur sont de moins en moins nombreux.

    La rentrée des politiques est marquée depuis plusieurs décennies par des réunions qui ont pour but de remotiver les adhérents. Qu’il s’agisse d’universités d’été ou de journées d’été, ces rencontres permettent aussi aux leaders de faire leur retour médiatique avec plus ou moins de succès.
     La rentrée des travailleurs s’effectue dans une certaine morosité. La crainte du chômage est toujours présente et ceux qui sont sans travail ne voient pas la situation économique s’améliorer.
    Et que dire du contexte mondial ? Les effets négatifs de la société industrielle moderne que Marcuse dénonçait déjà à la fin des années 1960 se font sentir de plus en plus. Leur aspect le plus grave est surtout visible dans la détérioration du vivant, dans le dérèglement climatique qui provoque des catastrophes à répétition : les inondations et les ouragans se multiplient, causant des morts et des dégâts matériels importants.
    Le monde entier a été frappé cet été par l’effondrement d’un pont à Gênes faisant une quarantaine de morts. Il n’est pas normal de perdre la vie en empruntant un pont. Cette catastrophe ne relève pas de la fatalité, elle est la conséquence d’un modèle de développement qui met l’humanité en péril.
    Ce pont a cédé car il n’était pas adapté à la charge qu’il supportait chaque jour depuis plusieurs décennies. Les camions qui polluent l’atmosphère sont de plus en plus nombreux sur les routes. Les alternatives écologiques – le ferroviaire et la voie d’eau – dont on parle depuis trente ans n’ont pas été mises en place. Parallèlement rien n’a été fait pour garantir la sécurité des usagers. 
    Nous devons abandonner les projets pharaoniques dangereux et énergivores et redécouvrir la sobriété et la sagesse.
    Les gouvernants de la plupart des pays n’ont pas encore pris conscience des conséquences de leur désintérêt pour la question écologique. Un sondage réalisé en janvier 2018 pour l’Express indiquait qu’une majorité de Français était préoccupée par l’état de la planète. Mais plus de 60 % des sondés montraient leur pessimisme pour l’avenir. Ce chiffre est le signe d'un manque de confiance envers leurs dirigeants.

Il faut que ces personnes comprennent que le pessimisme n’est pas la solution. Agir massivement est le seul moyen d’éviter la catastrophe. Tel est le vœu que je formule en cette rentrée.

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