Peintres du 19e siècle est une série de billets consacrés - à partir des thèmes qu’ils ont traités dans leurs tableaux - aux artistes de la deuxième moitié du 19ème siècle, période fortement marquée par l’impressionnisme.
Cette semaine : Caillebotte et la ville
PONT DE L'EUROPE - 1876 |
RUE DE PARIS PAR UN TEMPS DE PLUIE 1877 |
Les artistes et les écrivains sont sensibles au monde qui les entoure. Vers 1850, l’évolution de la société les a interpellés. Henry David Thoreau, le visionnaire, a été le premier à s’inquiéter des changements qu’il observait et il imaginait un futur peu rassurant, ce que les faits ont confirmé un siècle plus tard.
À la fin du 19e siècle, Emile Verhaeren qui avait chanté les plaines et les canaux de la Flandre publiait Les campagnes hallucinées (1893). Il était attristé de voir la plaine “mangée” par la ville. En 1895, dans les Villes tentaculaires, il décrivait
une ville à la fois “ âpre et profonde”, une ville où se perd la foule :
“ Et par les quais uniformes et mornes
Et par les ponts et par les rues,
Se bousculent, en leurs cohues,
Sur des écrans de brumes crues,
Des ombres et des ombres.”
(extrait du poème L’âme de la ville)
une ville à la fois “ âpre et profonde”, une ville où se perd la foule :
“ Et par les quais uniformes et mornes
Et par les ponts et par les rues,
Se bousculent, en leurs cohues,
Sur des écrans de brumes crues,
Des ombres et des ombres.”
(extrait du poème L’âme de la ville)
Les impressionnistes préféraient peindre des paysages familiers, des scènes au bord de l’eau ou des personnes.
Il est curieux de constater que Manet, lorqu'il peint le Chemin de fer, Gare Saint-Lazare, ne montre pas la gare mais une dame assise tenant un petit chien dans les bras et à côté d’elle une fillette.
Gustave Caillebotte, ami des impressionnistes, ingénieur, régatier et architecte naval, a choisi pour ses premières expositions, des scènes citadines.
Dans ces tableaux, aucune pointe d'hostilité à la ville ne transparaît ; il s'agit plutôt d'une peinture fidèle à la réalité, ce qui lui vaudra une critique acerbe de Zola qui écrit en 1976 à propos du tableau Pont de l’Europe :
« La photographie de la réalité, lorsqu'elle n'est pas rehaussée par l'empreinte originale du talent artistique, est une chose pitoyable»
On peut penser que Zola reprochait surtout à Caillebotte de s’être éloigné des principes impressionnistes.
L’année suivante, l’écrivain révisait son jugement en voyant le tableau Rue de Paris par un temps de pluie :
Caillebotte est « un jeune peintre du plus beau courage et qui ne recule pas devant les sujets modernes grandeur nature. Sa Rue de Paris par un temps de pluie montre des passants, surtout un monsieur et une dame au premier plan qui sont d'une belle vérité ».
Pour ma part, c’est plutôt dans la façon dont Caillebotte a su peindre le pavé luisant sous la pluie que je vois un peintre de grand talent.
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