Chaque
semaine, voici - à partir d’un mot - une réflexion développée
brièvement.
Aujourd’hui,
le mot : orientation
Il
y a quelques jours, je participais à un débat sur l'orientation,
question cruciale qui engage l'avenir des jeunes mais qui ne peut
être traitée sérieusement que si elle est prise dans un contexte
global. Celui-ci comprend, outre l'orientation, l'éducation de base qui permet de
maîtriser les outils indispensables : lire, écrire, compter,
savoir s'organiser, travailler ensemble, la formation
professionnelle (initiale et continue) et les débouchés en terme
d'emploi.
Suivant
de près ces questions depuis 20 ans, alors que j'avais en charge la
politique de formation
de la Région Nord/ Pas-de-Calais, je me rends compte aujourd'hui que
la situation a peu évolué, malgré quelques avancées positives,
notamment dans l'amélioration des rapports entre l'école et
l'entreprise.
Comment
expliquer cette situation ?
La
principale cause relève, à mon avis, dans la difficulté à
appréhender le changement de société que beaucoup continuent d'appeler "crise".
Les
institutions publiques et les entreprises privées fonctionnent
encore selon le modèle du siècle dernier, celui de l'ère
industrielle où l'on pensait qu'il suffit de produire de la
croissance pour donner du travail à tout le monde. Ce système
encourageait la compétition et la sélection. S'il a donné
quelques résultats à ses débuts, il a vite montré ses limites :
il a produit alors exclusion, chômage et dégâts environnementaux.
De
nombreux sociologues, philosophes, économistes, responsables
associatifs, sont d'accord aujourd'hui pour dire que nous entrons dans
une nouvelle ère qui nous impose de penser autrement.
En
ce qui concerne l'orientation des jeunes, quel est l'enjeu
essentiel ?
Prenons
le cas d'un élève de 3e appelé à faire un choix important (quelle
seconde choisir?). Né en 1997, il aura 60 ans en 2057. Quel sera le
parcours professionnel de ce jeune ? Même s'il accomplit toute
sa carrière dans le même secteur d'activité, il connaîtra
plusieurs employeurs, s'il décide de créer sa propre entreprise
il sera amené à évoluer, à s'adapter à de nouvelles
technologies et peut-être aussi à changer de métier.
Pour
apporter les meilleures réponses possibles à ce jeune, il est
illusoire de penser que l'école et les structures publiques de
formation et d'emploi pourront résoudre tous les cas individuels. Il
est indispensable que toute la société s'approprie cette
question globale (éducation, formation, orientation, emploi) et
participe à travers les associations et les initiatives citoyennes à
l'élaboration d'un projet collectif permettant de « moderniser
sans exclure » pour reprendre l'expression que Bertrand
Schwartz avait choisie comme titre d'un de ses livres.
Tous ensemble (école, parents, associations) nous devons nous fixer deux objectifs clairs :
1. en terme d'éducation : permettre à ce jeune de s'adapter tout au long de sa vie aux évolutions, en lui donnant les compétences nécessaires.
2. en terme d'orientation : l'aider à choisir la voie la plus favorable à son épanouissement et à sa forme d'intelligence : pour les uns, études s'appuyant en priorité sur les acquisitions théoriques, pour les autres, voie de l'alternance et de l'apprentissage permettant d'accéder à un niveau d'études équivalent dans certains domaines à celui de l'enseignement général.
Dans cette perspective, le choix d'un métier précis apparaît secondaire ; c'est l'envie de travailler dans un domaine d'activité qui doit primer.
Dans cette perspective, le choix d'un métier précis apparaît secondaire ; c'est l'envie de travailler dans un domaine d'activité qui doit primer.
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