LE PROJET D'UNE AUTRE EPOQUE
La
manifestation réussie contre le projet d'aéroport de
Notre-Dame-des-Landes permet de penser que le projet peut encore être
enterré. On peut seulement regretter que, contrairement à ce qui
s'était passé sur le Larzac dès 1971 pour éviter l'extension du
camp militaire et en Haute-Loire en 1989 pour refuser la construction
du barrage de Serre de la Fare, la mobilisation nationale soit venue
tardivement alors que localement, dès 1972, les paysans locaux
avaient entamé leur lutte contre le projet d'aéroport.
Je
ne reviendrai pas en détail sur les arguments qui ont été utilisés
par les uns et les autres pour défendre ou refuser ce projet. Tous
les journaux les ont donnés ces derniers jours. Je voudrais ici
insister sur l'essence même de la discorde : celle-ci révèle
une divergence profonde sur le modèle de développement que nous
devons choisir pour le 21e siècle.
A
l'évidence, Notre-Dame-des-Landes est le projet d'une autre époque.
On était en 1972 quand cette idée d'aéroport est née. Georges
Pompidou, président de la République, poursuivait la politique de
son prédécesseur Charles de Gaulle. Pour eux, "la grandeur de la
France" s'exprimait à travers de grands projets, on encourageait la
consommation et rares étaient ceux qui avaient senti la crise
économique qui allait suivre.
Quarante
ans plus tard, le monde a changé. Continuer à penser l'avenir en
agissant comme on le faisait il y a 40 ans est une grave erreur. Les
opposants au projet d'aéroport ne mènent pas seulement une action
locale. Ils défendent une vision plus juste, plus écologique de la
société d'aujourd'hui et de demain. La référence à la lutte du
Larzac est juste.
Ceux
qui s'opposent à Notre-Dame-des-Landes disent qu'on a suffisamment
sacrifié de terres agricoles ces dernières décennies et qu'il
serait indécent de poursuivre dans cette voie. Nourrir les hommes
reste une des priorités de toute société.
Ils
disent qu'on a suffisamment pollué l'atmosphère depuis 40 ans et
qu'il faut lutter contre le réchauffement climatique, qu'il est
temps de penser à l'après-pétrole et de favoriser les modes de
transports économes.
Ils
disent qu'il y a suffisamment de détresse sociale dans ce pays pour
se permettre d'investir des millions d'euros qui seraient plus utiles
dans d'autres activités utiles socialement.
Ceux
qui mettent en avant la création d'emplois générés par la
construction de l'aéroport raisonnent dans une perspective de court terme.
Une
réflexion axée sur le long terme conduit à rejeter ce projet pour
des raisons économiques, sociales et environnementales.
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