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vendredi 2 novembre 2012

Dire : Queneau, Rimbaud et les autres




L'herbe: sur l'herbe je n'ai rien à dire
mais encore quels sont ces bruits
ces bruits du jour et de la nuit
Le vent : sur le vent je n'ai rien à dire »

Ces quatre vers sont extraits du roman autobiographique Chêne et chien, de Raymond Queneau ; il est entièrement écrit en vers. Tout à coup, de façon apparemment disparate, l'auteur cite certains mots usuels : herbe, vent, chêne, rat, sable, chien ... pour nous dire ...qu'il n'a rien à dire.
Bien sûr, il n'en est rien.
Est-ce une panne d'inspiration ? Sûrement pas ! Tout au long du poème, Queneau associe au mot sur lequel il affirme n'avoir rien à dire une suite de mots. Et dans ces vers il démontre sa puissance poétique, son inventivité. L'effet de surprise produit par ces associations d'idées relève de la vraie poésie.

Ne rien dire. Il arrive qu'un poète perde brutalement la capacité d'exprimer ce qu'il ressent. Arthur Rimbaud, sans doute le plus grand poète français, en est l'exemple le plus étonnant : génial à 17 ans quand il écrit le Bateau ivre, il abandonne quelques années plus tard la poésie pour le négoce. Il n'écrira plus jamais. Son cas reste une énigme.

Et il y a tous ceux – parce qu'ils n'ont jamais essayé ou que la société a étouffé leur créativité – qui n'ont jamais réussi à mettre sur le papier ce qu'ils éprouvaient devant une scène vue, devant un paysage étonnant par son immensité ou sa beauté. Ceux-là se contentent de regarder. Ils ne disent rien mais derrière le silence se cache une sensibilité. C'est ce qui compte le plus.

Enfin il y a les autres, ceux qui n'ont jamais pensé à admirer  un  coucher  de  soleil. Ils  respirent,  mangent, comptent, dépensent, mais passent   à côté de la vraie vie.



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