1
D' abord le voile de la nuit s' est déchiré, la séparant du ciel avec délicatesse.
Alors elle a jailli de l' ombre, onduleuse, secrète. Et je reviens vers elle
à l' heure du réveil la voir avec ferveur.
Mais quand donc l' ai-je vue pour la première fois? Je ne saurais le dire.
Elle m' est familière comme ces visages qu' on a toujours connus.
Et je reviens vers elle subir l' envoûtement. Mais pourquoi cette fascination,
pourquoi ce besoin d' elle, cette envie de la voir ?
Ce désir de la comprendre...
2
Les tissus de la mer. La mer rideau de soie.
La mer drap gris des matins lourds, drap froissé des amours, immense page
qui s' étire, page blanche qui palpite.
Et c' est cette page que je veux noircir en regardant le roc, en écoutant la
vague. Je me battrai avec la feuille blanche et j' en triompherai.
Je décrirai la mer et je l' inventerai.
Emportez-moi ô vagues jusqu' aux portes du rêve et de la déraison
au rythme de vos frémissements.
3
La mer est belle quand l' aube triomphe des ténèbres.
La mer est belle dans sa robe gris-vert. Impalpable, fluide. Divine dans sa
simplicité ( ô majesté des lignes pures)
J' admire le tableau qu' un peintre de génie posa devant mes yeux.
Horizontalité de la mer et disque parfait du soleil posé au-dessus d' elle.