Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but de faire entendre « la rumeur du temps présent ».
Allemagne
J’avais quinze ans. La fin de la guerre n’était pas bien loin : douze ans seulement s'étaient écoulés ; au début des années 50, les stigmates des bombardements étaient encore visibles ici et là. En 1957, le secrétariat d’Etat au Logement était aussi celui de la Reconstruction.
Au mois de mars, à Rome, plusieurs traités avaient été signés ; l’un d’eux avait décidé la création de la CEE (Communauté Européenne Economique).
C’est dans ce contexte que j’ai découvert l’Allemagne au cours d’un séjour dans un camp d’adolescents à l’île de Sylt située tout au nord du pays.
Je me souviens de conversations passionnantes avec les jeunes Allemands. Certains, visionnaires, rêvaient déjà de la réunification de leur pays. Nous parlions peu de la guerre mais plutôt des promesses de l’Europe naissante sur laquelle nous comptions pour garantir la paix.
En 1966, répondant à l’invitation de jeunes fédéralistes allemands, je me rendais à Zweibrucken, située dans le Land de Rhénanie-Palatinat. L’accueil fut des plus chaleureux.
À cette époque, De Gaulle défendait sa vision de l’Europe, une Europe des nations dans laquelle la France devait garder toutes ses prégoratives. Je partageais pour ma part la vision de Victor Hugo, celle qu’il avait présentée en 1849 lors du Congrès international de la paix et qui devait déboucher selon lui sur les Etats-Unis d’Europe, dans un processus semblable à ce qui avait permis l’unité nationale et dans lequel chacune des provinces avait apporté ses propres caractères.
Pour tous les participants à cette rencontre, l’Europe était une chance ; elle était pour la jeunesse un espoir.
Grèce
Les années ont passé, le contexte a bien changé. En 2006, je suis à Athènes et au Pirée où je participe au Forum social européen organisé par les altermondialistes. Tous les pays qui veulent une autre Europe, c’est-à-dire une Europe solidaire, écologique, démocratique, une Europe qui ne laisse pas le marché et les financiers faire la loi, sont représentés. Evidemment, les Grecs sont venus en nombre. Comme les représentants des autres pays, ils définissent une Europe qui est celle que le peuple grec souhaite avoir aujourd’hui.
Europe
Hélas pour eux, devant la crise qu'ils connaissent, les Grecs trouvent peu de solidarité de la part des autres pays européens englués dans une politique inefficace d’austérité. Parmi eux, l’Allemagne qui a la mémoire courte et qui oublie qu’en 1953 un accord a été signé pour permettre à la RFA d'annuler plus de 60% de sa dette ; elle oublie aussi que la Grèce faisait partie de ses 21 créanciers.
Cette attitude est déplorable.
Joseph Stiglitz, l’économiste au prix Nobel a raison quand il déclare qu’ « on assiste à une grotesque trahison de tout ce que prétend être le projet européen ».
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