Je viens de refermer le Journal d'Hélène Berr. Ce qui rend poignant
un tel ouvrage, c' est de suivre le récit de la vie d'une jeune fille pendant un certain temps - ici près de deux ans, du 7 avril 1942 au 15 février 1944 -, de partager son enthousiasme, ses passions, son goût de vivre, puis ses doutes, ses soucis, son angoisse lorsque la traque menée contre les siens, sa famille et elle-même, va aller en s' accélérant, alors que l' on sait avant même d'ouvrir le livre l'issue de cette tranche de vie, une vie interrompue à 24 ans à Bergen-Belsen, après un séjour à Auschwitz, quelques jours avant la libération du camp.
En 1942, Hélène Berr avait 21 ans. Elle préparait une agrégation
d'anglais. Elle se passionnait pour la musique, pour la littérature ( Keats, Shelley, Shakespeare...) Elle aimait se retrouver entre amis; avec Jean, elle allait découvrir l'amour.
Bientôt les lois antisémites de Vichy vont bouleverser sa vie: elle doit porter l' étoile jaune, on lui interdit de passer l'agrégation et devient assistante sociale bénévole à l'UGIF (Union générale des
Juifs de France). Le 8 mars 1944, elle est arrêtée...
Dans la très belle préface du livre, Patrick Modiano écrit que c' est parce qu' "elle éprouvait...une inquiétude et un pressentiment" qu' elle a commencé à tenir son journal. Je suis persuadé qu'il a raison.
Mais Hélène Berr est une jeune fille courageuse; elle masque son inquiétude à son entourage. La lettre qu' elle adresse à sa soeur Denise le jour de son arrestation se termine par ces mots: " Tout va bien, chérie. A bientôt. Dix mille baisers."
Une soixantaine d' années après la mort d' Hélène Berr et de millions de juifs, la naissance du nazisme reste un fait troublant, tant les actes produits s'éloignent de la notion d'humanité.
( à suivre )
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