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lundi 28 octobre 2019

Octobre 20





OCTOBRE 2019


   Du mois d’octobre qui s’achève, je retiendrai surtout l’un des défauts de notre époque : la mise en avant de faits secondaires qui font oublier les vrais problèmes. Trois personnages illustrent ce propos  : le ministre Blanquer, obnubilé par le port du voile dans la rue, Zemmour qui déverse désormais ses obsessions antimusulmanes sur la chaîne CNews et le président Macron qui relance à quelques mois des élections municipales le débat sur l’immigration.

   
    L’époque actuelle est loin d’être parfaite et elle est difficile pour beaucoup de gens. Mais il faut avoir des œillères (et des  arrière-pensées)  pour ne pas voir les conquêtes sociales obtenues depuis deux siècles, les progrès faits par la médecine ou l’émancipation des personnes, même si de nombreuses améliorations doivent encore être apportées.
  Oui,  il serait  urgent d’aller vers plus de progrès social et de prendre les mesures garantissant la sécurité écologique.  En vérité, les vrais problèmes qui touchent les gens (le chômage, les fins de mois difficiles, les difficultés pour se loger, l’état de la planète...) n’intéressent pas les prophètes de malheur tels que Zemmour. Et ils n’ont pas envie de dénoncer les causes réelles du mal-être de tant de gens : le système mondialisé qui crée du chômage et enrichit les gros actionnaires, pille les ressources et détruit  la nature. 

   C’est une erreur de croire et faire croire que les problèmes de la France  pourraient être résolus en se refermant sur soi. Ce ne sont pas l’idée européenne et l’idée de mondialisation qui sont mauvaises, c’est la façon dont l’Europe et la mondialisation ont été conçues.

 La lutte contre le dérèglement écologique devrait être la priorité de tous les États. Elle demande des mesures coordonnées, le maintien de la paix exige des décisions communes (à commencer par la limitation puis l’interdiction des armes). Les règles économiques devraient être revues afin d’empêcher les dérives de la finance, les paradis fiscaux et l’exploitation des pays pauvres par les riches.
   Quand un monde s’effondre on ne sème pas la peur, on construit tous ensemble un autre monde.
  Ceux qui détournent l’attention des citoyens en stigmatisant une partie de la population se trompent de combat. Malheureusement trop de médias leur donnent la parole et trop de gens les écoutent.

lundi 21 octobre 2019

Le grain de sel n°16



LES FANATIQUES

«  Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes 
pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, 
est un enthousiaste ; celui qui soutient sa folie
par le meurtre, est un fanatique. »
( Voltaire)

   En une courte phrase, Voltaire a très bien défini le fanatique. Il  s’agit d’une personne qu’on peut juger normale du point de vue psychiatrique, mais qui s’enfonce dans une démarche déraisonnable. Sa foi absolue, son zèle exagéré le poussent parfois à accomplir des actes que rien ne peut excuser.
  À travers l’histoire, les manifestations du fanatisme ont été nombreuses : le massacre de la Saint-Barthélémy au 16e  siècle a conduit protestants et catholiques à s’entretuer. Au 20e siècle, le nationalisme fanatique a connu son paroxysme avec l’élimination des Juifs  dans les camps de concentration. Le 11 septembre 2001 c’est la haine des Occidentaux qui a provoqué les attentats de New York.
  Le fanatisme est une tare qui menace nos libertés, c'est un danger pour l'humanité ; il se répand aujourd'hui de manière sournoise sur les réseaux sociaux. Il a de multiples visages : il regroupe des intégristes religieux,  des racistes qui jettent l'opprobre sur les étrangers, des enragés qui s'introduisent dans des groupes – par exemple parmi les supporters d'une équipe de foot – pour semer la zizanie et la violence. 
 Le fanatique véhicule des propos haineux, déforme la vérité historique ou scientifique pour faire progresser ses thèses immondes ; il véhicule l'intolérance et cherche à semer la peur.
  En politique, ne confondons pas celui qui défend, en toute légalité, des positions radicales avec l'extrémiste qui sème la haine.
  Dialoguer avec un fanatique est impossible car il n'entend pas la voix de la raison.
  Pour la société, il y  a une obligation impérieuse de combattre les thèses et les actions qui mettent en danger les fondements de la démocratie. Laisser progresser le fanatisme, c'est prendre le risque de dériver vers l'abominable.


lundi 14 octobre 2019

Apprendre /Enseigner - Seconde partie


Photo Rawpixel- Pixabay.com

Comment améliorer l'enseignement ?

    Une partie de la réponse est dans la formation des enseignants.  Qu’il s’agisse de l’apprentissage de la lecture, du français, des mathématiques, l’enseignement ne s’appuie pas suffisamment sur les données scientifiques qui permettraient d’améliorer l’enseignement. Pour illustrer cette affirmation, je prendrai deux exemples.
En ce qui concerne la lecture, peu d’enseignants connaissent l’approche psychanalytique sur laquelle Bruno Bettelheim a fait des travaux intéressants qu'il a résumé dans le livre L'enfant et la lecture paru en 1981. Ceux-ci permettent notamment de comprendre les fautes de lecture.

    Dans les années 1970, je m’étais rendu compte qu’on apprenait aux enfants le français de manière anarchique. L’apprentissage du vocabulaire se  faisait au hasard des lectures ou des circonstances. Or des travaux avaient été faits dans les années 1950-60 sous la direction de Georges Gougenheim pour définir le français fondamental, un  noyau de mots fréquents et de règles grammaticales de base. Pour le premier degré ce socle était constitué de 1300 mots. En 1958, une liste complétée d'un deuxième degré paraissait ; elle comportait 3500 mots. Les textes officiels ont ignoré ces travaux. C’est sur cette base scientifique que j’ai conçu mes cours de français. 

Comment enseigner ?

  La bonne méthode est celle où la personnalité de chaque élève est prise en compte. La bonne école est celle où aucun jeune n’est en situation d’échec, c'est une école qui donne l’envie d’apprendre et de coopérer, qui développe l’esprit critique, où chacun se sent heureux.
Le rôle de l’enseignant est de détecter dans chaque enfant les capacités, les dons qui lui permettront de s’épanouir  si on le  dirige dans la bonne voie, celle correspondant à son type d’intelligence (voir ci-dessous).

Comment réduire l’échec lié aux inégalités sociales ?

Il s’agit là de l’échec le plus grave du système français. Alors que l’école gratuite a été créée pour donner les mêmes chances aux enfants qu’elle accueille, quel que soit leur milieu familial, elle ne réussit toujours pas à gommer les inégalités sociales.

   Différentes enquêtes Pisa ont montré que le niveau social des familles avait une influence sur les résultats scolaires des enfants : ceux qui sont issus de familles aisées réussissent mieux que les autres. Cette inégalité ne s’est jamais réduite.
  Une autre cause de l’échec de certains élèves est moins souvent citée : elle vient du fait que la notion d’intelligence reste  mal appréhendée, malgré les travaux réalisés depuis le début des années 1980 par des psychologues tels que Howard Gardner.
   Pour lui, il y a des intelligences aux formes multiples. Il distingue entre autres l’intelligence relationnelle, indispensable dans la vie d’un groupe, l’intelligence créative qui permet l’innovation, l’imagination de récits, de solutions originales, l’intelligence émotionnelle qui est au cœur du comportement humain, l’intelligence pratique qui s’exerce dans de nombreux domaines pour concrétiser des projets. Celle-ci est souvent liée au bon sens.
Cette prise en compte n’est possible que si l’enseignement est individualisé.



lundi 7 octobre 2019

Apprendre /Enseigner



Première partie

Photo Klimkin - Pixabay.com

  Apprendre et enseigner. 
Ces deux mots sont liés. Les premiers apprentissages sont donnés par les parents, la plupart du temps de manière naturelle. C’est ainsi que dans les premières années, l’enfant apprend à parler. Mais il y a des notions qui doivent être apprises : les bases du calcul, de l’orthographe, de la grammaire par exemple doivent être enseignées. Plus tard, si l’enseignement a été bien mené, il arrivera un moment où le jeune n’aura plus besoin de professeurs. Il sera prêt à apprendre seul en utilisant tous les moyens que le monde moderne met à sa disposition.

   Depuis les temps reculés de la préhistoire, apprendre a été un fait permanent. Les progrès réalisés par l’humanité  ont été le fruit de l’expérience, de l’observation, du tâtonnement, de l’intuition. Ils ont été possibles grâce à la démarche intellectuelle qui accompagnait le geste, grâce à une longue réflexion collective qui a permis l’amélioration des  techniques.
Pendant des millénaires, les hommes ont appris ainsi : c’était l’école de la vie. 
  Beaucoup plus tard, l’apprentissage de l’écriture, de la lecture, des mathématiques, a été confié à des spécialistes. Seuls les plus riches bénéficiaient de leur enseignement. La création de l’école publique, gratuite et obligatoire en France à la fin du 19e siècle a été une avancée sociale car elle a permis de sortir de l’illettrisme des millions de personnes. Mais a-t-elle rempli pleinement son rôle ?
On peut affirmer que non, puisqu’elle n’est pas parvenue à effacer les différences sociales et qu’elle a reproduit dans son mode de fonctionnement les travers de la société.
À sa décharge, on peut dire qu’on attend trop de l’école.
  Il est temps de revenir au bon sens et de se rappeler que tout ne s’apprend pas à l’école. Celle-ci devrait avoir pour mission de donner  les outils  permettant à chacun de devenir autonome.
L’essentiel n’est pas d’accumuler toujours plus de connaissances. L’école doit avant tout apprendre à apprendre.

   À propos de l’éducation de nombreuses questions se posent : Que faut-il apprendre aux élèves ? Comment enseigner ? Comment réduire les inégalités sociales ?
C’est ce que nous verrons dans la seconde partie.


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