POUR UN AUTRE MONDE
2. Vers l'homme " complet"
On a pris l'habitude pendant des siècles de cloisonner les disciplines. La société industrielle a aggravé ce phénomène en inventant l’hyperspécialisation.
Pourtant il suffit d'un regard sur 2500 ans de vie culturelle et politique pour constater que certains ont réussi à se libérer des frontières que l’on a créées entre les différentes disciplines.
C’étaient pour la plupart des gens privilégiés qui avaient fait des études alors que le peuple était illettré. Léonard de Vinci fait partie de ceux-là. Certes, c’était un enfant illégitime et sa mère était pauvre. Mais il eut la chance d’être entouré dans sa jeunesse de personnes qui firent son éducation. Et puis, il se distingue de la majorité des humains par des dons exceptionnels. C’était un génie à l’aise dans maintes disciplines : les sciences, la peinture, la sculpture, l’architecture, la philosophie...
Henry-David Thoreau fut à la fois un poète et philosophe et s'intéressa de près à la politique. Il est un des précurseurs de l’écologie. Son ouvrage La désobéissance civile écrit en 1849 définit la résistance passive qui inspira Gandhi et Martin Luther King dans leur action.
Jean Jaurès fut d'abord un brillant élève de l'Ecole Normale Supérieure. Après avoir choisi pour thème de sa thèse la réalité du monde sensible, il ne cessa dans son action politique de mettre en pratique des principes moraux : position sur la guerre, rapport entre l'idéal et le réel (« Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel »)
Victor Hugo est encore un exemple de l’homme «complet». Poète, romancier, auteur de pièces de théâtre, il s’engagea dans la politique pour défendre les pauvres, dénoncer la dictature et lancer l’idée de l’abolition de la peine de mort.
Plus près de nous, on peut citer Théodore Monod qui fut théologien, explorateur, savant naturaliste, écrivain et surtout humaniste défenseur de belles causes.
Bien sûr, ces personnalités étaient des hommes d’exception vivant dans un milieu favorisé. Il n’est pas question de penser que dans une société mieux organisée et plus juste chaque enfant qui vient au monde pourrait avoir un pareil destin. Mais ce qui est possible et souhaitable, c’est que chaque enfant, quel que soit le milieu dont il est issu, puisse développer ses qualités, les exprimer librement et ainsi s’épanouir.