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mardi 10 avril 2012

Contes brefs : L'heure de vérité (2)


( suite du billet du 30 mars 2012    : Un jour d'élection, Maurice Darieu, maire et ministre, est seul dans son bureau. A quelques heures du verdict, il semble indifférent aux événements)

                   L'homme qui monte 



Depuis quelques semaines, certains signes indiquaient que Maurice Darieu traversait une période délicate.
Jusqu’à ce jour, tout lui avait réussi. Après des études brillantes, il avait choisi la voie de l’enseignement et ses cours de sociologie lui avaient donné une excellente réputation ; il était très apprécié de ses élèves. En tant qu’auteur, il avait connu le succès dès ses premiers livres. Ses analyses étaient jugées pertinentes et il écrivait dans un style alerte, sans pédantisme.
Darieu ne faisait pas partie de ces ambitieux qui rêvent dès l’enfance d’un destin national. La politique l’intéressait en tant que chercheur mais ne le passionnait pas. Il y était entré par hasard, à la suite d’une rencontre avec celui qui allait bientôt devenir Président de la République.
En quelques années, son ascension avait été fulgurante : il avait obtenu les ministères les plus prestigieux. À 48 ans,il était aux yeux de ses amis et des camarades de son parti, le symbole de la réussite. Pour les journalistes, il était l’homme qui monte, celui qui avait de bonnes chances de devenir le prochain Premier ministre. Il était l’un de ceux sur lesquels le Président comptait pour conduire son camp à la victoire après la dissolution de l’Assemblée qu’il venait de décider pour tenter de mettre fin au malaise qui régnait dans le pays. Et cela ne serait sans doute pas  facile car le contexte mondial était défavorable. Le pays s’enfonçait dans la crise, le chômage augmentait d'année en année, les déficits s’aggravaient. Et par-dessus tout, il y avait eu cette succession d’affaires qui avaient jeté la suspicion  sur les hommes politiques.

Maurice Darieu jeta un dernier coup d’œil vers la fenêtre. Le soleil était déjà bas dans le ciel. Cela faisait à peine une demi-heure qu’il était dans son bureau. Il jugea qu’il était temps de descendre dans la salle d’honneur qui commençait à se remplir et où l’on sentait déjà la tension des soirées électorales.

Il était 18 heures. Dans moins d’une heure, il connaîtrait les premières tendances ; dans la soirée, il saurait ce qu’allait devenir sa vie dès le lendemain. Il n'était pas inquiet, il attendait le verdict des urnes avec un grand détachement.

( à suivre) 



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