L'un
des principaux enjeux de ce siècle sera de nourrir sainement
l'humanité. En effet, une civilisation évoluée ne peut accepter de
voir la situation actuelle perdurer. Selon l'Observatoire des
inégalités, un milliard de personnes dans le monde connaissent la
famine et 3 milliards vivent avec moins de 2,5 dollars par jour.
Il
s'agit là d'un des déséquilibres illustrant l'état dramatique
dans lequel se trouve le monde d'aujourd'hui, déséquilibre qu'il
convient de replacer dans le contexte global de l'ère industrielle
finissante, avec ses désordres environnementaux et économiques.
D'un
côté, des gens qui souffrent de malnutrition ou qui meurent de
faim, de l'autre des personnes qui absorbent trop de calories ;
d'une manière générale une alimentation produite de manière
industrielle en polluant l'eau et les sols, en dépensant beaucoup
trop d'énergie, et en trompant les consommateurs. Les récents
scandales touchant la viande et les plats cuisinés révèlent enfin
les aspects cachés de l'agroalimentaire.
Une
chose est sûre : la société ne peut continuer de fonctionner
ainsi indéfiniment. Pour des raisons éthiques, écologiques,
sanitaires et sociales, il faut revenir à une
agriculture naturelle et, dans les pays riches, changer nos habitudes
alimentaires. Cela touche particulièrement la consommation de la viande. Car (cela a été prouvé dans plusieurs études récentes
et démontré dans le livre NoSteak) l'élevage industriel coûte
cher à la collectivité, par les pollutions qu'il génère et les
subventions qu'il reçoit. Avec l'accroissement prévu de la
population mondiale dans les prochaines décennies, ce type de
production deviendra impossible.
Il
apparaît donc nécessaire de se préparer dès maintenant à ce
changement - comme on doit le faire dans d'autres domaines pour
entrer dans la société de l'après-pétrole – en diminuant la
consommation de viande ou mieux encore en adoptant un régime
végétarien, en revenant à une agriculture paysanne et en
préparant, par le biais de la formation, la reconversion des
agriculteurs vers l'agriculture de l'avenir.
Dans
le débat qui vient de s'instaurer sur la question de la viande, les
arguments des végétariens sont largement partagés, notamment par
les médecins et les nutritionnistes. En dehors des industriels de
l'agroalimentaire, seuls les défenseurs de la gastronomie
traditionnelle font entendre leur voix. Leur message ne pèse pas
lourd face à l'enjeu mondial qui se présente : nourrir
l'ensemble de l'humanité en respectant l'environnement.